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Les consonnes simples

Dans le document UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (Page 39-45)

8 ANNEXE 3

1.8 Structure de la thèse

2.1.1 Le système consonantique

2.1.1.1 Les consonnes simples

Les consonnes qualifiées de simples sont des unités phonologiques qui se réduisent en un seul élément insécable. Sauf le phonème / q / qui, en règle générale, n’apparaît pas en position initiale, les occlusives orales peuvent apparaître dans toutes les positions de mot. Il y a lieu cependant de préciser qu’en position finale, des possibilités de variation entre occlusives simples sourdes et sonores correspondantes sont constatées. Comme le note Dialo, A. (1979 : 42) : « En finale absolue après voyelle, les occlusives simples sont réalisées implosées et l’opposition sourde sonore n’est plus possible : on observe dans ce cas une variation apparemment libre entre p et b, t et d, c et j et k et g […], avec les dentales, la sourde / t / est, sinon de règle, du moins presque exclusive ». Sambou, P.M. et Mbodj, C.

(1990 : 184) rejoignent le point de vue de Dialo, A. lorsqu’ils donnent leur position en ces termes : « Les consonnes / b /, / j /, et / g / [les consonnes dites simples sauf / t /] se réalisent comme des occlusives sourdes implosées, en finale après voyelle »

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Les consonnes simples du wolof de Dakar (01)

Labiales Alvéolaires Palatales Vélaires Uvulaire Glottale

Sourdes p t c k q ʔ Occlusives

Sonores b d j g Nasales m n ñ η

Sourdes f s ç x - Constrictives Latérale l

Vibrante r

Semi-voyelles y w

L’interprétation phonologique des consonnes du wolof a suscité de nombreuses remarques tant convergentes que divergentes faites par les auteurs qui sont intervenus sur le champ d’étude du wolof. Ces remarques portent essentiellement sur la consonne uvulaire [ q ] , le coup de glotte [ ʔ ], la dorso-vélaire [ x ], la constrictive laryngale [ h ] et la palatale [ ç ] en raison de leur statut problématique.

2.1.1.1.1 La consonne / q /

L’étude de l’unité phonologique / q / a fait débat au sein des spécialistes quant à ses différentes réalisations. Tous les points de vue s’accordent sur son attestation en positions interne et finale où elle est distinctive. EIle est interprétée par Sauvageot, S. (1965 : 13) comme une unité ayant une réalisation aspirée en position finale de mot comme il

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l’affirme dans les propos suivants: « La consonne / q / est à considérer comme un phonème qui apparaît en positions intervocalique et finale ; dans cette position, elle possède une réalisation aspirée

[qh ] ».

Cette interprétation de Sauvageot, S. ne recoupe pas celle de Dialo, A. qui, après avoir noté l’absence de correspondant sonore pour / q / confirme son statut de consonne géminée.

Dialo, A. (1981 : 186) remarque que : « La postvélaire q, dernière occlusive buccale est assez particulière attendu que :

- elle n’a pas de correspondant sonore distinctif ;

- son existence comme simple est sujette à caution, car comme initiale de mot, elle n’est pas attestée sur l’ensemble du domaine géographique de la langue wolof ;

- en position non initiale de mot, elle n’apparaît régulièrement que sous forme articulatoire géminée ou comme composante de complexe à nasale »

La position de Dialo, A. est appuyée par Sambou, P.M. et Mbodj, C. (1990) lorsqu’ils avancent l’existence d’une réalisation longue de / q / ([q:]) et celle d’une réalisation vélaire ( [ x ] ).

En plus des auteurs cités plus haut, Cissé, M.T. (1982), se fondant sur l’argumentaire de l’origine et des habitudes linguistiques des locuteurs, compte le plus de réalisations de la consonne / q /. Selon ce dernier, le phonème / q / peut varier en [ xә ], [xxә], [qh], [xq], [qx] et en [xqx].

2.1.1.1.2 Le coup de glotte / ʔ /

A l’instar du statut phonologique de la consonne uvulaire / q /, celui de l’occlusive glottale / ʔ / a également fait l’objet d’une controverse au sein des spécialistes. Au moment où

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d’aucuns, pour une raison ou pour une autre, se positionnent en faveur de la non prise en charge de cette consonne comme un phonème, d’autres l’intègrent dans le système wolof avec un statut de phonème à part entière. Ainsi, Sauvageot, S. (1965 : 49), considérant le wolof comme une langue à attaque dure, atteste cette consonne en tant que simple élément phonétique qui matérialise l’attaque en wolof parce que, dit-il : « Tout mot, quel qu’il soit dont le phonème initial est constitué par une voyelle, est précédé d’un coup de glotte ».

Pour l’illustration de ses remarques, il donne, entre autres, les exemples suivants :

002 alal [ʔalal] « richesse, biens »

óom [ʔo:m] « genou »

Contrairement à Sauvageot, S. (1965), Cissé, M.T. (2006) et Dialo, A. (1981) argumentent en faveur d’un statut phonologique pour la consonne [ ʔ ]. En effet, Cissé, M.T.

(2006) justifie l’existence du phonème / ʔ / dans le système wolof par une correspondance qu’il a établie avec la constrictive laryngale / h / qui constitue un phonème dans la variante faana-faana du Saloum. Parmi tous ces auteurs, c’est Dialo, A. qui est allé plus loin en prouvant diversement le statut phonologique du coup de glotte. Selon Dialo, A. (1981 : 184-185), la prise en compte de l’occlusive glottale comme phonème consonantique découle de ses occurrences :

- Dans les signifiants nasonnés et dans leurs variantes orales où le coup de glotte est susceptible de s’opposer à / x / ou à / h /, de se nasaliser, de se géminer et d’apparaître en positions initiale, médiane ou finale. En guise d’illustrations, l’auteur propose les exemples suivants :

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003 húʔʔu [huʔ:u] « peuh ! »

ʔúʔʔuʔ [ʔuʔ:uʔ] « ah non ! pas ça ! »

- En position médiane dans les signifiants ordinaires, il considère le coup de glotte comme un élément disjonctif, au contact généralement d’une voyelle longue et l’oppose à / w / dans reeʔatí et reewatí et à / r / dans reeʔatí et reeratí.

- En dernier ressort, Dialo, A. se fonde sur l’alternance morphologique : /ʔ/ / /k/ (ʔàttan / kàttan « pouvoir supporter » / « force, viguer ») ; sur les variations contextuelles libres : / ʔ / =

/ y / dans un contexte vocalique palatal (ʔílif = yílif « régir, régenter »), / ʔ / = / w / dans un

contexte vocalique vélaire (ʔoor = woor « jeûner ») et sur le point de vue dialectal / ʔ / = / h / devant les voyelles centrales pour justifier le statut phonologique de / ʔ /.

2.1.1.1.3 La consonne / x /

La discussion des différents auteurs sur la consonne / x / ne porte pas sur son statut phonologique qui est incontestable mais plutôt sur ses occurrences qui peuvent varier d’un auteur à l’autre.

Par un conditionnement d’ordre contextuel, Dialo, A. (1981 : 183) remarque trois réalisations [ x ], [ q ], [ h ] du phonème / x / qu’il résume en ces termes : « Le signe x présente une fricarive d’arrière qui possède, ici, trois variantes : vélaire, uvulaire et laryngale.

Les variantes vélaire et uvulaire sont conditionnées par le contexte (la variante uvulaire étant la plus fréquente) et ne présente pas de possibilité d’opposition distinctive » L’attestation de

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trois variantes du phonème / x / par Dialo, A. n’emporte pas la conviction de Sambou, P.M.

et Mbodj, C. (1990) qui réduisent le nombre de réalisations dudit phonème en une seule réalisation uvulaire [ q ]

2.1.1.1.4 La consonne / h /

Le statut phonologique de la constrictive laryngale [ h ] n’est prouvé par aucun des auteurs précités. Cette consonne est tout simplement reconnue par Sauvageot, S. (1965) comme étant une attaque vocalique qui correspond au coup de glotte et par Dialo, A. (1981) comme un élément libre et irremplaçable qu’on peut trouver :

- dans les variantes savantes de quelques emprunts à l’arabe tels hamdúlila ~ xamdúllaay « Dieu merci » ; faatíha, faatíhah « premier chapitre du coran » ;

- dans les signifiants nasonnés et leurs variantes orales (húhu ! « tiens, regarde » !, úhu, aha, axa ! « oui, c’est ça »)

2.1.1.1.5 La consonne / ç /

Le phonème / ç / est le dernier né de la phonologie segmentale du wolof. Sur la base d’arguments morphologique et morphophonologique, Sambou, P.M. (2005 : 112) démontre l’existence effective de l’unité phonologique / ç / et avance les propos suivants : « En wolof, c’est le son [ s ] qui réalise le phonème / c / en finale après voyelle et le phonème / ç / à l’initiale. Le choix du son [ s ] pour réaliser les phonèmes / c / et / ç / s’explique par la non-existence d’un phonème dental ou alvéolaire constrictif et sourd dans la langue ». Pour l’illustration de ces propos, il donne les exemples suivants :

004 - s / c sacc « voler » / cacc « vol » (pour l’argument morphologique)

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[sa:c] [ca:c]

fas « nouer » / feeccí « dénouer » (pour l’argument [fas] [fe:c:i] morphophonologique)

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