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La dérivation nominale

Dans le document UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (Page 162-167)

8 ANNEXE 3

1.8 Structure de la thèse

3.1.1 La dérivation nominale

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Chapitre I

3.1 Dérivation

En règle générale, la dérivation est définie par Dubois, J. et alii (2007 : 136) en ces termes : « Pris en un sens large, le terme de dérivation peut désigner de façon générale le processus de formation des unités lexicales. Dans un emploi plus restreint et plus courant, le terme de dérivation s’oppose à composition (formation des mots composés), le recours à la dérivation étant variable selon les langues ». C’est donc dire qu’il s’agit d’un ensemble de procédés de formation qui consiste à forger un nouveau mot par affixation à partir d’un radical12. Par extension, cette notion de dérivation renferme d’autres procédés de formation tels que l’alternance consonantique initiale, la dérivation zéro et la combinaison, entre autres.

En wolof, la dérivation est principalement faite à partir de radicaux verbaux pour l’obtention de dérivés nominaux dans le cadre de la dérivation nominale et pour l’obtention de dérivés verbaux dans le cadre de la dérivation verbale.

L’affixation se fait conformément aux règles de formation des dérivés autorisées par la langue telles que l’épenthèse, la coalescence, l’harmonie vocalique, entre autres.

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de dérivation nominale déverbale (3.1.1.2).

3.1.1.1 La dérivation nominale dénominale

Les procédés de formation morphologique qui entrent dans le cadre de la dérivation nominale dénominale sont la dérivation zéro (3.1.1.1.1), la réduplication (3.1.1.1.2), l’alternance consonantique initiale (3.1.1.1.3), la suffixation (3.1.1.1.4) et la combinaison (3.1.1.1.5).

3.1.1.1.1 La dérivation zéro

La dérivation est susceptible de modifier les propriétés syntaxiques d’une unité lexicale en la recatégorisant ou en lui faisant changer de classe nominale. C’est ainsi que la dérivation zéro, dans notre étude, correspond à un changement de catégorie grammaticale ou de classe nominale d’un lexème sans aucune modification portant sur sa forme initiale. Dans le cadre de la dérivation nominale dénominale, c’est le changement de classe nominale qui constitue un élément d’illustration. Ce procédé consiste, en wolof de Dakar, en la substitution de l’indice de classe du lexème de départ à un autre. Il participe à l’enrichissement du lexique en ce sens que la variation du classificateur du même terme implique une différence sémantique entre ces derniers.

Schéma dérivationnel générique : ((X)RAD.N)N

177 new b- « la pomme dite du Cayor » / new g- « le pommier dit du Cayor » (Parinari macro phylla Sab.) doom b- « le fruit, le produit » / doom j- « le fils, la fille »

ràbb b- « le tisserand » / ràbb g- « le tissage, action de tisser »

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ragal b- « le poltron » / ragal g- « la peur » lúu b- « le muet » / lúu g- « le mutisme »

mbokk m- « le parent » / mbokk g- « la parenté »

janq b- « la jeune fille » / janq j- « les jeunes filles » (collectif)

sëriñ b- « le marabout » / sëriñ s- « la caste des marabouts » (collectif)

La dérivation zéro est aussi un procédé attesté en WOLEB et en WOFAA comme il existe en WODAK. La seule particularité notée dans ces exemples est une particularité morphophonologique caractéristique du faana-faana et du lébu de Ouakam. Il s’agit de la voyelle de soutien (cf. 2.3.6, pp.74-88) qui apparaît dans le contexte phonique subséquent aux séquences consonantiques (géminées ou prénasales). Cette dernière correspond à / ë / après toute séquence consonantique en wolof de Dakar, à / ë /, / u / et / i / selon le contexte phonique en faana-faana, se présente en lébu de Ouakam sous la forme centralisée / a / pleinement réalisée après tout complexe consonantique.

WOFAA WOLEB

178 ràbbú b- / ràbbú g- ràbba b- / ràbba g- mbokk- m- / mbokk- g- mbokka m- / mbokka g- janq- b- / janq- j- janqa b- / janqa j-

doom b- / doom j- doom b- / doom j- ragal b- / ragal g- ragal b- / ragal g- lúu b- / lúu g- lúu b- / lúu g- new b- / new g- new b- / new g- sëriñ b- / sëriñ s- sëriñ b- / sëriñ s-

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3.1.1.1.2 La réduplication

La réduplication consiste à redoubler un radical nominal ou verbal attesté dans le lexique de la langue pour former un nouveau mot. Dans la dérivation partant d’un nom, le radical est un nom de région, de contrée et sa reprise aboutit à des dérivés dont le signifié renvoie à « habitant de » ou « originaire de ». Elle est toujours totale.

Schéma dérivationnel générique : ((X) RAD.N1)- (RAD.N1))N

179 Bawol bawol-bawol « habitant, originaire du Baol » Baol « région centrale du Sénégal »

Jolof → jolof-jolof « habitant, originaire du Djolof » Djolof « région centrale du Sénégal »

Kajoor → kajoor-kajoor « habitant, originaire du Cayor » Cayor « région du centre-ouest du Sénégal »

Njaambúr → njaambúr-njaambúr « habitant, originaire du Ndiambour » Ndiambour « région du nord-ouest du Sénégal »

Saalúm → saalúm-saalúm « habitant, originaire du Saloum » Saloum « région centrale du Sénégal »

Sìin → sìin-síin « habitant, originaire du Sine » Sine « région centre-ouest du Sénégal »

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Waalo → waalo-waalo « habitant, originaire du Walo » Walo « région septentrionale du Sénégal »

Kaw → kaw-kaw b- « habitant, originaire de l’intérieur du pays » kaw g- « l’intérieur d’un pays »

D’un point de vue structural, la formation par réduplication permet d’enrichir le lexique de la langue par des dérivés qui présentent les propriétés suivantes :

- L’impossibilité d’inserer un quelconque morphème entre les deux signifiants du dérivé, - Les rappotrs de substitution qu’entretiennent les unités simples sur l’axe paradigmatique sont les mêmes que ceux qui caractérisent unités simples et dérivés issus de la réduplication, - Les réduplicatifs constituent la combinaison de deux signifiants formellement identiques.

Pour l’ensemble des cas de réduplication, le procédé reste le même au niveau des trois dialectes mis en comparaison sauf des cas de variations portant sur le timbre de certaines voyelles et un cas d’alternance consonantique qui caractérisent le WOLEB par rapport au WODAK et au WOFAA.

WOFAA WOLEB

180 waalo-waalo waala-waala bawol-bawol bawal-bawal kajoor-kajoor ʔajoor-ʔajoor

jolof-jolof jolaf-jolaf

kow-kow kaw-kaw

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njaambúr-njaambúr njaambur-njaambur

saalúm-saalúm saalum-saalum

síin-síin síin-síin

3.1.1.1.3 L’alternance consonantique initiale

L’alternance consonantique initiale consiste à forger un mot nouveau à partir d’un autre mot existant en lui faisant changer de consonne initiale. Son conditionnement est d’ordre lexical ou grammatical en ce sens qu’il permet de passer, avec le même lexème radical, d’une forme nominale à une autre (dérivation nominale dénominale) et d’une forme verbale à une forme nominale (dérivation nominale déverbale). Elle n’embrasse pas la totalité des segments consonantiques, mais elle est observée au niveau des occlusives sonores et au niveau de certaines constrictives sourdes ou sonores. En effet, les occlusives sonores b, d, j et g, marques verbales, alternent respectivement avec les prénasales sonores mb, nd, nj et ng, marques nominales et les constrictives f, s et y, w, marques verbales, alternent respectivement avec p, c et k, initiales nominales.

Parmi les consonnes susceptibles de varier en position initiale dans la dérivation nominale dénominale, on note, à la fois, des cas de consonne à alternance régulière et des cas de consonne à alternance particulière.

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