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Les apports des neurosciences au management :

PARTIE I : LES NEUROSCIENCES AU SERVICE DU MANAGEMENT, ATOUT D’INNOVATION

Chapitre 02 : INTRODUCTION AU NEUROMANAGEMENT

2 Les apports des neurosciences au management :

Nous allons articuler les principaux apports des neurosciences au management sous formes de trois aspects: l’équilibre homéostatique, le désapprentissage et enfin l’utilité des émotions. On détaillera chaque aspect dans l’une des trois sous-sections qui suivent.

2.1 L’équilibre homéostatique:

On a déjà définit le concept de « l’homéostasie » dans le chapitre 01, pour rappel, il se définit comme suit : « C’est l’ensemble des processus homéostatiques qui gouverne à tout instant

85J.R . Schermerhorn, J.G. Hunt, R.N.Osborn, C. De Billy, Comportement humain et organisation, Edition Education Innovation Passion, Québec, Canada, 2010, P74.

65 chaque cellule de notre corps. Ce pouvoir s’exerce selon un dispositif simple : premièrement, quelque chose change dans l’environnement d’un organisme individuel, de façon interne ou externe. Deuxièmement, ce changement a le potentiel d’altérer le cours de la vie de l’organisme (il peut constituer une menace pour son intégrité ou bien une occasion de mieux être). Troisièmement, l’organisme détecte le changement et agit en fonction de lui d’une façon conçue pour créer la situation la plus bénéfique à sa préservation et à son fonctionnement efficient. Toutes les réactions se produisent selon ce dispositif et représentent ainsi des moyens d’apprécier les circonstances internes et externes dans lesquelles se trouve un organisme, et d’agir conformément à elles »86. En bref, l’homéostasie est la capacité de quelconque système à maintenir un certain équilibre de fonctionnement face aux différents changements de l’environnement.

Ainsi, le phénomène de « l’homéostasie » peut être appliqué au sein des organisations, il en est même la cause d’une résistance au changement ou d’un refus d’innovation, ce qui représente une des limites de l’organisation mécaniste, qu’on a développé en-dessus dans les failles du management par processus. Néanmoins, la prise en considération de ce phénomène, mènera à un nouveau style de management, nommé le « Neuromanagement », qui saura diluer petit à petit les résistances de la part des collaborateurs face au changement ou à une mise à niveau.

On s’intéressera dans cette sous section aux différentes formes de l’homéostasie (comment qu’elles se manifestent) et son application ainsi que sa prise en considération au sein des organisations.

2.1.1 Les différentes formes de l’homéostasie :

Le neuropsychologue « Elkonon Goldberg »87 illustre le phénomène de l’homéostasie à travers deux concepts : « la reconnaissance de formes » et « l’élagage ». Quant au neurologue « Lionel Naccache »88, il l’illustre par la notion de : « la fiction installée au sein du mental de chacun ». Nous allons définir chaque concept/notion et faire le lien avec les comportements/réactions au sein de l’entreprise.

 La reconnaissance de forme : c’est la capacité du cerveau humain à : reconnaitre une forme (un objet, une rue, une personne, etc.), à analyser un problème et le résoudre, et conserver le tout sous forme de classeurs dans le cerveau. En cas de similarité de la forme ou du problème, il n’y aura pas besoin de recommencer tout un processus

86 A.R Damasio, Spinoza avait raison, Edition Odile Jacob, Paris, 2003, P231.

87 B. Lecerf-Thomas, Neurosciences et Management –le pouvoir de changer-, Edition Eyrolles, Paris, 2006, P35.

66 cognitif nouveau, mais de reconnaitre la forme ou de résoudre le problème d’une manière rapide, voire même inconsciente. Elkonon Goldberg explique ceci par : « La reconnaissance de forme est l’une des aptitudes les plus fondamentales dans notre univers cognitif…Sans cette aptitude, chaque objet, chaque problème constituerait un défit totalement nouveau ; nous serions incapables de nous servir de la moindre de nos expériences passées à les traiter »89 . Ainsi, la reconnaissance de formes dans le cerveau humain se fait par « des attracteurs », c’est « des cellules nerveuses essentielles pour le traitement de l’information à l’intérieur du cerveau, reliées entre elles par des connexions puissantes, l’une de leurs propriétés les plus spécifiques, c’est qu’ils peuvent être activés automatiquement et facilement par une gamme très large de stimuli extérieurs. C’est cela, en quelques mots, le mécanisme fondamental de la reconnaissance de formes »90, entre autres, les processus de « reconnaissance de forme » traités enrichissent nos expériences passées et se stockent dans la mémoire, se manifestent face à des stimuli, et cela contribue bien sûre à l’intelligence humaine. Le processus de reconnaissance de forme, s’applique aussi à la société, et se transmet d’une génération à une autre par la culture et à l’aide de l’éducation (sur : les valeurs, les principes, les religions, les traditions, la langue, etc.), cette dernière permet de faciliter ce processus, afin de créer une synergie entre les générations et les entrainer sur comment agir face à différentes situations, selon toujours Elkonon Goldberg : « La culture est un attribut unique, propre à la société humaine, très puissant, qui a joué un rôle crucial dans notre succès en tant qu’espèce »91.

De même la culture de la société, il existe une culture de l’entreprise, qui pourrait manifester le phénomène de l’homéostasie et devenir un obstacle face au changement.  L’élagage : la notion d’ « élagage » constitue dans le cerveau humain un moyen qui

facilite, enrichie et renforce les connaissances, en privilégiant, après un certain temps et d’expériences, certains choix et au contraire en refusant et écartant d’autres. Ainsi, des « circuits privilégiés » se créent après que des élagages ont été faits. Selon Elkonon Goldberg : « Les synapses minuscules, zones d’interface entre les dendrites et les axones, jouent un rôle fondamental dans la communication entre les neurones, après la création de circuits privilégiés, cela amène à un renforcement par la suppression des neurones non utilisés, dendrites et axones superflus. Ce processus connu sous le nom d’élagage ou apoptose, démarre après la naissance, pour se

89 Ibid, P36.

90 Ibidem.

67 produire à diverses périodes, et à des rythmes variables, dans les différentes parties du cerveau »92 . En bref, l’élagage nous permet de privilégier certaines options ou choix, en écartant et éliminant d’autres.

L’élagage est aussi appliqué, pour ce que nous voulons mémoriser ou même entendre, ce qui mènera à un ancrage dans l’esprit humain et renforcera par conséquent le phénomène « d’homéostasie ». Quant au l’élagage au sein des entreprises, Lecerf-Thomas le considère comme une perte de faculté potentielle dans les choix qu’elles font et les compétences qu’elles privilégient, et illustre ceci par l’exemple suivant : « La réussite de Microsoft serait due à l’aide apportée par IBM à des petits jeunes. IBM, en effet, ne croyant pas à la micro-informatique, n’aurait pas vu l’intérêt de cette avancée technologique et aurait aidé Bill Gates à devenir le milliardaire qu’il est ! Bel exemple d’élagage »93.

 La fiction installée au sein du mental de chacun : Lionel Naccache dans son livre intitulé : « Le nouvel inconscient » sous titré : « Freud, Christophe Colomb des neurosciences »94, assiste la théorie de Freud sur : le postulat d’un imaginaire non conscient qui structure la pensée de chaque personne, et que le conscient et l’inconscient sont fortement liés. En effet, chacun se construit au sein de son mental une fiction, élaborée à partir de ses connaissances et de sa culture, pour représenter la réalité dans laquelle il vit. Cette fiction est issue d’un certain raisonnement propre à chacun, par conséquent, elle participe à l’homéostasie psychique de la personne, Naccache explique ceci comme suit : « Les interprétations conscientes fictives sont des croyances extrêmement fortes chez tous les patients…Sans abuser de la formule, toutes ces descriptions proclament haut et fort, que pour ces patients, la vie consciente repose sur ces processus d’interprétation et de croyance . La maxime de leur existence pourrait être : « J’interprète, donc je suis ! »95

Lionel Naccahe ajoute aussi que : « Chaque personne est représentative de la construction originale d’un équilibre psychologique humain, fruit d’un héritage construit au fil du temps. Il donne lieu à la création d’un monde imaginaire, qui est vécu par chacun d’entre nous comme une forme de rationalité, mais qui est aussi et surtout la construction d’un monde spécifique, fondé sur un ensemble de

92 Ibid, P37.

93 Ibid, P38.

94 Ibidem.

68 connaissances et sur une cohérence systématique articulée par des déclencheurs émotionnels et vraisemblablement chimiques »96.

2.1.2 Le système homéostatique au sein de l’entreprise :

Dans le Neuromanagement, l’entreprise est considérée exactement comme le système humain, avec son homéostasie, son organisation est donc régie par une identité et une culture qui assure l’équilibre homéostatique, qui se traduit par le bon fonctionnement de ses activités, évoluant dans un environnement avec différents acteurs internes et externes.

Lecerf Thomas propose dans ce contexte de considérer : « Le système d’information de l’entreprise comme un système nerveux d’un organisme humain, puisqu’il joue le même rôle et contribue à l’équilibre d l’homéostasie de l’entreprise ; chaque individu comme un neurone, puisque ce dernier a peu de pouvoir par rapport aux forces homéostatiques du système ; l’équipe pour sa part, correspond à un sous-système, elle appartient à une organisation d’un niveau plus élevé, elle possède un équilibre homéostatique spécifique à l’intérieur de l’homéostasie de l’entreprise »97.

Ainsi, l’homéostasie au sein de l’entreprise se manifeste sur trois niveaux : - L’homéostasie de la personne (le collaborateur).

- L’homéostasie de l’organisation. - L’homéostasie de l’équipe.

Nous développerons chaque niveau homéostatique ci-dessous :

 L’homéostasie de la personne : chaque personne née dans ce monde, est le fruit d’une liaison de deux personnes, qui possèdent elles aussi : une culture, une histoire familiale, religieuse et sociale. Ainsi, la personne acquit dés sa naissance la culture et l’histoire de ses deux parents, évolue dans un environnement et au fil du temps et de l’expérience, à partir de son vécu et de son apprentissage, elle bâtira sa propre culture, ses propres compétences et aura ses propres faiblesses. L’équilibre homéostatique de la personne se crée au fil des années et à partir de sa propre fiction sur la réalité, la personne aura sa propre manière d’appréhender l’environnement et réagit et interagit avec les autres acteurs, ce que Elkonon Goldberg nomme : les caractéristiques du cerveau de chacun, par sa citation : « Comme pour les autres composantes de notre corps, notre taille, notre poids, la couleur de nos yeux ou de nos cheveux, notre capacité pulmonaire, notre tension moyenne, nos cerveaux sont aussi l’expression de nos caractéristiques individuelles. La mesure du talent que les gens possèdent pour

96 Ibid, P39.

69 telle ou telle activité dépend pour une très large part des caractéristiques de leur cerveau »98.

 L’homéostasie de l’organisation : Chaque organisation possède son propre fonctionnement et ses rigidités, qui se développent à partir de la fiction ou de l’imaginaire des dirigeants, ces derniers influencent inéluctablement (voire même d’une manière inconsciente) par leurs décisions sur : la fiction, le comportement ainsi que le rendement des collaborateurs. Dans la plupart des cas, les émotions et les décisions des dirigeants s’autorenforcent dans un processus qui entraine l’ensemble du corps social à produire ce qui veut être évité99.

Notant que la culture de l’entreprise qui contribue à la constitution de l’équilibre homéostatique, se crée à partir de trois éléments : l’histoire de l’entreprise, sa fonction et son organisation. Tout d’abord son histoire ; chaque entreprise possède une histoire, depuis sa création, la personnalité de son fondateur lui a infligé une certaine base culturelle, plusieurs années après, les mêmes valeurs qui ont été ancrées depuis le lancement de cette entreprise, continuent à influencer les décisions stratégiques, surtout quand il s’agit d’entreprises familiales, qui s’attachent et transmettent la culture du fondateur à travers les générations. Ainsi, les réussites de l’entreprise et les crises qu’elle a pu faire face contribuent à la création de son « inconscient », imaginaire ou fiction, qui se répercute par la suite sur son fonctionnement.

Deuxièmement sa fonction ; l’activité de l’entreprise crée son identité, les organisations à but non lucratif n’ont pas la même vision et culture que celles à profit, les banquiers n’interagirent pas avec les acteurs de l’environnement de la même manière que les investisseurs. En bref, chaque métier d’une organisation influence sa culture et ses valeurs.

Troisièmement son organisation ; le mode d’organisation appliqué pour structurer le fonctionnement de l’entreprise qu’il soit : centralisé, décentralisé, en réseau, très hiérarchique, matriciel, agile, etc.100 renforce la culture et le système homéostatique. Lecerf Thomas ajoute deux éléments pour illustrer le type d’organisation qui renforce la culture d’entreprise, elle les nomma : procédures molles et procédures dures, selon elle, les procédures molles sont issues de la politique d’entreprise, elles concernent la gestion managériale des relations clients, des ressources humaines, de la

98 Ibid, P45.

99 Ibid, P48.

70 communication et de la qualité101. Quant aux procédures dures, ça concerne plutôt les grandes entreprises, il s’agit de l’offre (brevets, contrats commerciaux avec les clients, sous-traitants, etc.), les normes (lois, règlements, règles comptables, etc.), l’éthique (contrôlée par le comité d’étique, sachant que l’étique et les valeurs sont intimement liées), les moyens de production et le système d’information (SIM)102.

 L’homéostasie de l’équipe : au sein de chaque équipe, on y trouve : des relations de pouvoirs, des tensions relationnelles, des contentieux, des inimités, des alliances, des clans, des non-dits, des petits secrets, des rumeurs, du chacun pour soi, des relations de protection, des conflits, des trahisons103, etc. ce qui rend l’équilibre homéostatique au sein des équipes difficile à cerner et à l’appréhender. Toutefois, il dépend aussi de : son histoire (qui a été recruter en premier, la responsabilité de chacun ainsi que le profil de chacun), sa fonction (la fonction de chaque équipe : RH, marketing, recherche et développement, production, finance, maintenance, etc. ainsi que l’importance de chaque fonction), et de son organisation (si l’équipe est organisée par niveaux hiérarchiques ou matricielle, le style de leadership, etc.).

Enfin, pour conclure le premier apport des neurosciences au management qui s’articule autour de la prise en compte de l’équilibre homéostatique du : collaborateur, de l’organisation et des équipes face aux aléas de l’environnement, Lecerf-Thomas propose aux managers d’anticiper les besoins de l’environnement et d’en agir en transformant l’équilibre homéostatique petit à petit d’un ancien à un nouveau, sans pour autant le basculer ou même le négliger. Elle ajoute que les entreprises leaders trouvent toujours un nouvel équilibre homéostatique, en faisant de l’anticipation des besoins du marché et des compétences une culture, pour ne pas tomber dans le piège de la résistance face aux changements, elles créent le changement, elles sont proactives et adoptent la stratégie offensive104, afin de déstabiliser l’équilibre homéostatique des concurrents.

2.2 Désapprendre pour apprendre :

Cette phase consiste à mettre en lumière le processus d’inhibition des stratégies cognitives, qui sera bénéfique à l’innovation au sein des entreprises, puisqu’il est nécessaire de désapprendre pour apprendre à nouveau, puis on s’intéressera aux différents niveaux qu’opère le désapprentissage au sein de l’entreprise.

101 Ibid, P50.

102 Ibid, P53-54.

103 Ibid, P57.

71 2.2.1 Inhiber les stratégies cognitives du passé :

Les stratégies cognitives se développent dans le cerveau humain, depuis sa naissance, jusqu’à son arrivé à l’âge adulte, grâce aux apprentissages et aux expériences passées, certaines stratégies qui ont prouvé leur utilité, par la répétition, sont ancrées dans la mémoire à long terme et il est difficile surtout pour un collaborateur d’inhiber ces stratégies afin d’innover et d’être créatif. Mais avant d’être mémorisées solidement, Oliver Houdé illustre leur développement et leur efficacité comme suit : « Les stratégies cognitives sont comme des vagues qui se chevauchent, selon cette métaphore, chaque stratégie cognitive est à l’image d’une vague qui approche d’un rivage, avec plusieurs vagues, ou façons de résoudre le problème, susceptibles de se chevaucher à tout moment et donc d’entrer en compétition. Avec l’expérience et selon les situation, l’humain apprend à choisir l’une ou l’autre façon de procéder »105 . Ainsi, une fois la stratégie cognitive prouve son efficacité ; la phase de sa mémorisation à long terme se fait automatiquement.

Eric Kandel, a consacré une large partie de ses recherches pour résoudre la question suivante : comment les souvenirs se créent ? Sa réponse à cette question, lui a valu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 2000106. Voici l’expérience de Kandel : « il a travaillé sur une limace de mer, l’aplysie, qui présente la particularité d’avoir peu de neurones, mais d’avoir de gros neurones. Un des neurones sensoriels de l’aplysie est pratiquement visible à l’œil nu, il fait 1mm de diamètre. Après avoir fait faire un certain nombre d’exercices aux aplysies, afin de stimuler leurs mémoires, Kandel et ses collaborateurs ont pu observer des comportements synaptiques sensiblement différents entre la mémorisation à court terme et la mémorisation à long terme »107 , la preuve présentée dans la figure ci-dessous.

105 Ibid, P63.

106 Ibid, P61.

107 Extrait du livre : B.Lecerf-Thomas, Neurosciences et Management, le pouvoir de changer, Edition Eyrolles, Paris, 2014, p64 -65.

72 Figure n°14 : Les deux types de mémoires observées sur une limace dans l’expérience de

Kandel

Source : B.Lecerf-Thomas, Neurosciences et Management, le pouvoir de changer, Edition Eyrolles, Paris, 2014, P65.

D’après la figure, nous remarquons que l’anatomie du neurone composé d’un noyau et d’une synapse diffère entre les deux types de mémoires, à court et à long terme chez la limace. A court terme, la sécrétion chimique de glutamate est moins intense pour renforcer la synapse au neurone moteur, tandis que dans la mémoire à long terme, une nouvelle connexion synaptique se crée et une sécrétion accrue de glutamate est constatée. Voici ce que nous décrit Kandel sur ces résultats : « La mémoire à court terme engendre une modification de la fonction de la synapse, en renforçant ou en atténuant les connexions préexistantes, la mémoire à long terme en revanche, demande des modifications anatomiques. Un enchainement répété par sensibilisation (autrement dit une pratique) conduit les neurones à faire croître de nouvelles

73 terminaisons, fabriquant alors une mémoire à long terme »108. Ceci nous amène à constater combien l’inhibition des stratégies cognitives est une tache redoutable chez le collaborateur pour innover, mais avec le Neuromanagement, cela ne relève pas de l’impossible.

Bernadette Lecerf-Thomas, propose trois mécanismes bien connus des psychologues109, qui permettent d’observer des résistances et d’agir sur l’inhibition des stratégies cognitives :

 Le processus de deuil : qui est une étape indispensable face à l’attachement de certaines stratégies cognitives surtout quand ces dernières ont prouvé leur utilité et efficacité, et donc les abandonner ou ne plus y avoir recours nécessite un deuil et une phase temporelle pour l’acceptation.

 La concurrence entre les personnes : au lieu de laisser libre court à la concurrence des idées, cela prend un aspect personnel et engendre une concurrence entre les personnes, ce qui constitue un frein majeur à l’innovation et au changement.

 L’approche systémique : qui s’appuie sur la notion de « système », composé de plusieurs éléments en interaction pour créer la cohérence et l’homogénéité, cette approche s’appréhende dans la globalité du système, contrairement à l’approche analytique qui isole les composantes d’un système et les étudie d’une manière distinctive ou séparément.

On relatera ces trois mécanismes ci-dessous :

a- Le processus de deuil : Si les managers prennent en compte le deuil des stratégies cognitives de leurs collaborateurs et les accompagnent durant ce processus, l’acceptation se fera rapidement et le rendement serait au rendez-vous. D’ailleurs, il est préférable de faire appel à une tierce personne (un consultant ou un coach) pour accompagner le deuil, une personne externe à l’entreprise, car si on fait appel à une personne interne (directeur des RH par exemple), elle aussi a subi le changement (planification de nouvelle tâches ou postes par exemple), et est en sa propre phase de deuil, comment pourrait-elle accompagner le deuil des autres personnes ? Ainsi, le deuil, c’est le renoncement à l’ « idée d’une perte », c’est accepter de sortir de l’idée que l’on est entrain de perdre quelque chose d’irremplaçable, pour cela, on passe par un processus émotionnel composé de cinq phases110 : 1- le déni : qui est un système de protection, pour amortir la réalité et d’encaisser le choc. 2- la colère : le déséquilibre