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PARTIE I : LES NEUROSCIENCES AU SERVICE DU MANAGEMENT, ATOUT D’INNOVATION

Chapitre 01 : LES APPORTS DES NEUROSCIENCES AU COMPORTEMENT HUMAIN (LA PRISE DE

1 Emotion et prise de décision :

Si on observe et on analyse comment nos décisions sont vraiment prises, on retrouve une grande part d’émotions : le cerveau qui pense, raisonne, calcule, est le même qui rit, pleure, aime, éprouve du plaisir et du déplaisir12.

L’homme compte sur la raison persuadé que l’émotion va le déranger mais en fait la raison n’est rien sans l’émotion. Cette étrange découverte, on la doit à Damasio et son épouse, grâce à leurs travaux sur le cerveau du célèbre patient en Neurologie « Phinéas Gage », que nous allons traiter dans la première section de ce chapitre nommée: émotion et prise de décision. Ensuite, on abordera les différentes parties du cerveau humain et comment elles s’activent et fonctionnent, pour enfin déduire les structures cérébrales impliquées dans la prise de décision.

1 Emotion et prise de décision :

Les recherches scientifiques qui se sont intéressées à l’impact des émotions sur les processus décisionnels, sont apparues dans diverses disciplines académiques telles que la psychologie (Lewis et Haviland-Jones, 2000), les théories du comportement organisationnel (Ashforth et Humphrey, 1995 ; Martin et al, 1998), l’anthropologie (Levy, 1984) et bien sûre le domaine qui a rapporté plus de valeurs, c’est les neurosciences (Damasio, 1994)13. Ces recherches ont mis en lumière l’apport de l’émotion à la cognition en général et au processus de prise de décision en particulier.

En effet, depuis Platon, Kant et Descartes, il est considéré que le raisonnement purement rationnel, logique et cartésien, écarté de toute influence émotionnelle mène à la solution de n’importe quel problème. L’émotion était donc loin d’être considérée comme un élément important dans le processus de raisonnement lors de la prise de décision, la preuve sera apportée ci-dessous dans la première section de ce chapitre intitulé l’approche classique de la théorie de décision. Ensuite on passera à l’approche moderne des neurosciences concernant toujours la prise de décision, et enfin on traitera ce qu’est une émotion, sa typologie, et les structures impliquées dans sa perception et dans la réponse ou réaction émotionnelle.

1.1 L’approche classique de la prise de décision :

La prise de décision est un processus qui consiste à choisir entre différentes alternatives (possibilités, itinéraires, solutions, etc.) qui s’offrent à nous face à une quelconque situation

12 A.R. Damasio, L’erreur de Descartes, Edition Odile Jacob, Paris, 2010, Couverture du livre.

13 A. Nacer, « Chapitre 10. Les traces émotionnelles dans la prise de décision », in Slim Masmoudi et al, Du percept à la décision, De Boeck Supérieur « Neurosciences et cognition », Paris, 2010, P274.

14 (difficulté ou problème, besoin, études, projection dans l’avenir, etc.). Ainsi, depuis des siècles, ce processus était considéré comme étant le fruit de l’unique raisonnement logique. Platon (427 avant J-C), Descartes (1637) et Kant (1944) ont affirmé successivement que : « le monde du sensible est inadmissible et qu’il perturbe la réalité », « C’est la raison qui nous fait homme, il faut donc cultiver notre seule intelligence » et enfin « Il est permis de formuler, uniquement à titre de jugement rationnel… »14.

Ajoutant que de nombreuses théories et courants sont apparus indiquant la façon dont on procède pour prendre une décision, commençant par les courants normatifs, selon lesquels l’être humain présupposé rationnel effectue ses choix en fonction de critères formels et de calculs objectifs15 laissant très peu de place aux émotions lors du processus de prise de décision. Ensuite, les théories descriptives qui développent et décrivent (comme leur nom l’indique) en détail les étapes du processus de prise de décision, quant aux théories

prescriptives, elles ont pour but de démontrer comment choisir pertinemment. Selon Berthoz (2003) : « Ces trois courants ont en commun l’hypothèse d’une multiplicité de

stratégies cognitives. Mais ils diffèrent sur le rôle de la prédiction et de l’identification des stratégies utilisées par les agents. Ils diffèrent aussi sur le rôle de la mémoire de travail, c’est-à-dire la capacité que nous avons de retenir en mémoire pendant un temps bref des notions et des faits ou des mots et des chiffres »16 . En bref, le point en commun qui est la multiplicité de stratégies cognitives concerne essentiellement l’évaluation des alternatives lors du processus de prise de décision, qui est aussi sujet dans les théories de décision au travers les émotions. L’évaluation des alternatives/possibilités/solutions, est le fait que l’individu prédit, estime, recense, pèse et juge pour enfin choisir l’alternative la plus pertinente et bénéfique, cette évaluation dépend de trois grands paradigmes17 :

 La fonction d’utilité : prise de décision à l’aide de formules mathématiques (Bernouilli ,1713 ; Von Neumann et Morgenstern, 1944). Selon ce modèle, la prise de décision dépend tout d’abord des croyances et valeurs de l’individu, puis particulièrement des résultats escomptés. Savage 1954 reformule la fonction d’utilité, en avançant que le choix de l’individu est dépendant de ses préférences et croyances et

14 L.Guillermit, Leçons sur la critique de la raison pure de Kant, Edition VRIN, Paris, 2008, P203.

15 M.Habib, Thèse de Doctorat intitulé : « Influence des émotions sur la prise de décision chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte : Comment le contexte socio-émotionnel et le développement des émotions contrefactuelles influencent-ils nos choix ? », Université Paris Descartes, 2012, P14.

16 A.Berthoz, La décision, Edition Odile Jacob, Paris, 2003, P30.

17 D. Van Hoorebeke, « L'émotion et la prise de décision », Revue française de gestion,(n° 182), 2/2008,P36.

15 cela en dépit des conséquences. Quant à Kahneman et Tvershy (1973) propose la théorie du prospect, qui une fonction mathématique de prédiction combinant une fonction des valeurs et une fonction des probabilités subjectives.

 La rationalité limitée : avancée par Herbert Simon, qui a été Lauriat du prix Nobel en 197818 , suite à son analyse de la rationalité de l’individu lors du processus de prise de décision. Selon lui :

- L’individu se trouve dans un environnement très complexe, pour qu’il l’appréhende dans sa globalité.

- La connaissance des conséquences d’une décision est toujours partielle. - L’individu analyse un nombre restreint de choix possibles de solutions.

- Enfin la rationalité de l’individu reste limitée faute de temps, de capacité de mémorisation et d’analyse, et sans doute d’informations.

 Le processus algébrique : sous forme d’équations et de moyennes pondérées, il est le calcul agrégé du jugement ou de l’évaluation.

Ainsi, on retient que ces trois paradigmes ont un point en commun : c’est qu’ils sont purement cognitifs, loin d’êtres émotionnels et diffèrent dans les stratégies empruntées pour établir l’évaluation des alternatives.

Une évaluation émotionnelle dans tout ça? Si les prémices d’une intervention émotionnelle dans la prise de décision sont déjà discernables, dans le principe de l’antithèse de Darwin dans the expression of the emotions in man and animal (1872) ; où il remarque que la prise de décision s’accompagne d’un foncement des sourcils indiquant un embarras de l’esprit et une émotion exprimée avant l’action. Ou dans la recherche de Lazarus (1991), par laquelle il souligne que les émotions ont plusieurs fonctions, telles qu’informer la personne sur la situation dans laquelle elle vit, l’aider à l’évaluer, comment se comporter, entre autres stimuler sa réflexion et le développement de sa pensée. Ce n’est qu’en 1994 que Damasio affirme nettement que les émotions sont nécessaires à la prise de décision, à partir de sa théorie des marqueurs somatiques ou « perception des émotions secondaires des conséquences prévisibles »19 , qu’on traitera dans la sous section qui suit.

18 Lasary, La théorie des organisations, Edition Es-Salem, Cheraga, Alger, 2004, p111.

16

1.2 L’approche moderne / neurologique de la prise de décision :

Antonio Damasio a été le premier qui a émis l’idée que nous prenons nos décisions de façon émotionnelle et que l’être humain, que nous croyons jadis : raisonnable et rationnel, ne l’est enfaite pas.

Lorsque Damasio a avancé l’hypothèse dite des marqueurs somatiques, qui énonce que les émotions jouent un rôle important dans la prise de décision ; pour la première fois en 198520, cela a fait hausser des sourcils. Car depuis le temps de Descartes, l’humain est considéré comme un être pur rationnel, les émotions freinent sa rationalité et la raison et les émotions fonctionnent en opposition (la raison étant dominante et les émotions comme étant des freins). Or, en réalité la raison n’est rien sans l’émotion. Être rationnel, ce n’est pas de se couper de ses émotions, ces dernières assistent le processus de raisonnement au lieu de le déranger comme on le supposait auparavant, bien sure cette assistance peut être avantageuse ou néfaste selon les circonstances et le vécu de celui qui décide.

L’hypothèse de Damasio devenue très acceptée et même approuvée par ses propres travaux ainsi que les travaux d’autres chercheurs (Bachara, Tranel, etc.), a été déduite d’abord : par l’observation de patients qui, possédant de bonnes facultés mentales leurs permettant de bien raisonner et distinguer ce qui est bon pour leurs intérêts, décidaient au contraire d’une manière nocive, et en même temps ne manifestaient pas de réactions à des émotions (troubles de l’émotion). Ensuite, en travaillant en 1994, avec son épouse Hanna sur le crâne exhumé de Phinéas Gage, conservé au musée de Harvard, un cas très célèbre dans le domaine de la Neurobiologie.

Nous sommes en été 1848, Gage est américain, a 25 ans, travaille en tant que chef d’équipe dans les travaux de construction des voies ferrées, pour la compagnie Rutland and Burlington Railroad, dans le Vermont (USA). Aux yeux de ses employeurs, il est davantage qu’un homme doté de bonnes qualités physiques. Ils disent de lui qu’il est le plus apprécié, compétent et efficace de tous ceux qui sont à leur service21.

Au cours du projet, arrivés à une rivière, le terrain est très irrégulier avec des couches rocheuses extrêmement dures, plutôt que de contourner chaque escarpement, il a été décidé de

20 A.R. Damasio, L’erreur de Descartes,Op.cit, P21.

17 faire sauter les rocs de loin en loin, afin d’obtenir un tracé plus rectiligne et plus horizontal22. Gage supervise avec compétence l’ensemble des opérations, notamment quand il s’agit de faire sauter des mines. Celles-ci requièrent d’être préparées en plusieurs étapes obéissant à un ordre précis : il faut d’abord creuser un trou dans le rocher, après l’avoir rempli à moitié de poudre, on y insère une mèche, et on le bourre avec du sable. Ce dernier doit être tassé au moyen d’une tige de fer actionnée en une série de coups bien calculés, pour finir, on allume la

mèche et, si tout va bien, l’explosion se produit au sein de la roche. Le bourrage de sable est essentiel, car s’il est mal fait, les gaz issus de la combustion de la

poudre s’épancheront hors de la roche sans la briser. La forme de la barre de fer et la façon dont on la manipule sont aussi essentielles23. Par un après-midi, Gage vient juste de verser la poudre dans le trou et de demander à l’ouvrier qui l’aide de la recouvrir avec du sable. Quelqu’un l’appelle derrière lui, et Gage regarde au loin, il commence à bourrer la poudre avec sa barre de fer, alors que son aide n’a pas encore versé le sable, presque instantanément, cela met le feu à la charge explosive, et la mine lui sauta à la figure. La barre de fer a pénétré dans la joue gauche de Gage, lui a percé la base du crâne, traversé l’avant du cerveau, pour ressortir à toute vitesse par le dessus de la tête. Gage survécu à cet accident et sera finalement rétabli en moins de deux mois mais il perdit l’œil gauche. Cependant, le côté étonnant de ce dénouement va être dépassé de loin par l’extraordinaire changement de personnalité que cet homme va connaître. Son caractère, ses goûts et ses empathies, ses rêves et ses ambitions, tout cela va changer24. Il s’emportait facilement et devenait grossier dans ses paroles, il perdit le sens de la responsabilité et n’arrivait plus à prendre une seule décision sensée. Résultat : Gage fut renvoyé de son travail et pendant 12 ans (jusqu’à sa mort) ne cessa de changer d’emploi et de pays, laissant toujours derrière lui le souvenir d’un homme capricieux, bagarreur, insatisfait, désordonné, fantasque et sans moral.

Hanna Damasio, neuroanatomiste, a pu reconstruire l’image du crâne de Gage en 3 dimensions sur ordinateur à l’aide des techniques de résonnance magnétique nucléaire de haute résolution, cette technique permet d’observer sur ordinateur des cerveaux humains comme si on les observait sur la table d’autopsie. La lésion de Gage a détruit une certaine partie des cortex préfrontaux, leurs portions ventrales et internes, et ceci dans les deux hémisphères (droit et gauche). Ainsi, une partie de la région préfrontale appelée :

22 Ibid, P21.

23 Ibidem.

18 médiane était certainement endommagée chez Gage25. En neuro-anatomie, la région ventro-médiane se situe au ventre du lobe frontal, à la proximité de la ligne ventro-médiane séparant les deux hémisphères par leur face interne. Les Damasio ont conclu que cette partie détruite chez Gage l’a privé de sa capacité à suivre les règles sociales, apprises antérieurement, à faire des choix dans son propre intérêt, à programmer des actions dans le futur. Son cerveau ne faisait plus le lien entre raison et émotion, il avait tout simplement perdu le contrôle de lui-même.

Figure 1 : La lésion du cortex préfrontal (ventro-médiane) de Gage

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Phineas_Gage

Ainsi dans son livre « L’erreur de Descartes » (1994), Damasio met en lumière que la lésion de Gage de son cortex préfrontal (particulièrement la partie ventro-mediane) avait deux conséquences : une difficulté à prendre une décision sensée et des troubles émotionnels voire même un déficit émotionnel (changement de personnalité de Gage : bagarre, non respect de soi même et des autres…). Donc l’émotion est intimement liée au raisonnement, s’il y a un déficit émotionnel alors on ne pourra pas prendre une décision sensée. Ainsi, Jean Pierre Changeux, auteur de la préface du livre de Damasio « L’erreur de Descartes » nota que : « Lorsque l’émotion est laissé totalement à l’écart du raisonnement, comme cela arrive dans certains troubles neurologiques, la raison se fourvoie encore plus que lorsque l’émotion nous joue des mauvais tours dans le processus de prise de décision »26.

Damasio a aussi travaillé sur d’autres patients, souffrant de la même lésion du cortex préfrontal que Gage (particulièrement la région ventro-médiane), et il s’avéra qu’ils on beaucoup de traits en communs dans leurs comportements sociaux. Notamment le patient : « Elliot » (opéré suite à une tumeur), dont les choix professionnels et personnels se sont

25 Ibid,P57.

19 révélés désastreux, ne sachant plus réagir de façon adaptée à divers situations professionnelles et personnelles, et ne manifestait plus des réactions, lors de la présentation d’images à forte connotation émotionnelle (meurtre, noyade, etc.), tout cela nous démontrent qu’il a eu une perturbation dans les mécanismes permettant de prendre des décisions conformes aux intérêts personnels, aux conventions sociales ou aux principes moraux27 et que l’émotion est intégrée à la cognition et participe à la prise de décision.

En compte rendu de ces résultats, Damasio a proposé l’hypothèse de l’existence des « marqueurs somatiques », selon les quels : lorsque l’être humain est confronté à prendre une décision et à choisir entre plusieurs alternatives, ou même lors de l’existence d’une seule alternative (ce qu’on appelle l’inexistence de choix), avant même d’analyser le rapport coût/bénéficie de chaque alternative, ou de commencer un processus de raisonnement, quelque chose va se ressentir au niveau du corps, une sensation déplaisante, ça se traduit par une sensation au niveau du ventre par exemple, par une augmentation de la température du corps, ou par l’accélération des palpitations du cœur, etc. accompagnant la visualisation d’une scène (image) à l’esprit en cas de choix d’une quelconque alternative, bien sûre cette sensation se ressent en cas ou la conséquence de l’alternative est néfaste pour le bien être où l’intérêt de l’être humain, dans le cas contraire il ressentira une sensation de plaisir. Puisque cette perception concerne le corps, Damasio donne à ce phénomène le terme de perception d’un « état somatique » et puisqu’elle est associée à une image ou une scène particulière, à la

façon d’un repère ou d’une marque, il l’appelle donc « marqueur » 28 . Ces marqueurs somatiques fonctionnent en fait comme des sonnâtes d’alarme afin de rejeter

immédiatement une alternative donnée et de faire d’autres chois. Fonctionnant rapidement, ils réduisent largement le nombre d’actions envisageables puis vient le processus de raisonnement et d’évaluation des pours et des contres afin de compléter le processus de prise de décision. Les marqueurs somatiques sont acquis par les expériences passées de l’être humain (une activation de la mémoire émotionnelle) sous l’égide du système d’homéostasie interne (qui est formé par des mécanismes biologiques régulateurs innés afin d’assurer le bon fonctionnement de l’organisme, quand l’état somatique surgit, l’homéostasie le fait disparaître de façon à rechercher du plaisir et à fuir la douleur, c’est pour cela qu’on fuit les alternatives dont l’état somatique était déplaisant sur notre corps), et sous l’influence de l’environnement

27 P. Allain, « La prise de décision : aspects théoriques, neuro-anatomie et évaluation », Revue de neuropsychologie, (Volume 5), 2/2013, P72.

20 externe qui comprend les circonstances de la situation mais aussi les valeurs et règles sociales et éthiques.

Cette hypothèse des marqueurs somatiques fonde à présent les théories modernes des neurosciences sur les émotions et la prise de décision. En effet, selon Pierre Changeux, l’auteur de la préface du livre « L’erreur de Descartes » de Damasio : « L’émotion participe à la raison, et elle peut assister le processus de raisonnement au lieu de nécessairement le déranger, comme on le supposait couramment. »29. Puisque le processus de prise de décision inclurait deux cheminements : un processus émotionnel et un processus cognitif (voir la figure n°02) : d’abord la mémoire émotionnelle s’active par les marqueurs somatiques face à une situation donnée, ressenties autrefois face à des expériences passées puis vient le processus cognitif qui analyse les faits, alternatives possibles et conséquences futures. Notant que ce processus prend en compte les marqueurs somatiques dans sa stratégie de raisonnement afin de bien mener la prise de décision, et que l’information contenue dans les marqueurs somatiques peut être consciente ou pas.

Figure 2 : L’implication des marqueurs somatiques dans la prise de décision.

Source : Traduit d’A. Bechara, H. Damasio, D.Tranel, et al. Deciding advantageously before knowing the advantageous strategy. Science 1997 ; n°275, P5.

29 Ibid, P02. Situation de prise de décision Faits Options de décision possibles Représentation des conséquences futures Stratégies de raisonnement Activation implicite des biais liés à l’expérience émotionnelle antérieure associée à des situations comparables Décision

21 Damasio n’a pas été le seul à s’intéresser au lien étroit entre l’émotion et la prise de décision, Bechara (1998) ; Sherer (2001) ; Loexenstein et Lerner (2003)30 ont eux aussi mis en pratique l’hypothèse des marqueurs somatiques. L’impressionnante et célèbre expérience a été celle de Bachara (1998) réalisée auprès des patients souffrant de lésions frontales, lors de son stage effectué dans le laboratoire de recherche de Damasio. En effet, Bachara a procédé à un test qu’il nomma « test du jeu de pocker », dans lequel : les individus normaux et les patients souffrant de lésions frontales ventro-médianes devaient choisir des cartes à partir de quatre paquets baptisés A, B, C et D. Le but de ce jeu est d’évaluer la capacité à prendre des décisions sensées et pour leur propre intérêt. Les joueurs commençaient donc à choisir aléatoirement des billets à partir des quatre paquets, et après de multiples essaies, il s’est avéré que les paquets A et B contenaient plus de cartes gagnantes tandis que les paquets C et D contenaient plus celles qui faisaient perdre le joueur. Les individus normaux, même ceux qui se décrivaient comme aventuriers, se sont mis à choisir des cartes uniquement des paquets A et B, tandis que les patients souffrant de lésions choisissaient plus celles des deux autres paquets C et D, en persistant donc sur les mauvais choix. Bachara ainsi que le groupe