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Chapitre 1. Problématique

1.9 Lecture de livres d’histoire bilingues : état des recherches et objectifs généraux de

Comme nous l’avons brièvement mentionné, depuis environ une décennie, quelques chercheurs ont tourné leur attention sur l’exploitation de livres bilingues. Comme nous le verrons plus en détail dans le chapitre suivant, les livres bilingues présentent une histoire écrite dans deux langues, qu’elles figurent toutes deux sur chaque page ou qu’elles soient représentées en alternance au sein du livre (Perregaux, 2009). Ainsi, la présence de deux langues dans ces livres permet de mettre en valeur à la fois les LM et la langue de scolarisation, le cas échéant. Rappelons dès lors que trois études (Huennekens et Xu, 2010; Lugo-Neris et al., 2010; Roberts, 2008) ont démontré que le recours à ces deux langues lors de la lecture de livres d’histoire aux enfants d’âge préscolaire apprenants d’une LS était susceptible de présenter des effets positifs sur le développement du langage et de la littératie et cela, dans les deux langues. En ce qui concerne les recherches qui ont porté sur l’exploitation de livres bilingues, celles-ci ont été menées en classe, auprès d’enseignants et de leurs élèves (Naqvi et al., 2012; Appelt, 2008; Robertson, 2006; Ulanoff et Pucci, 1999), en milieu familial, auprès de parents et de leurs enfants (Rowe et Fain, 2013; Ariaz, 2010; Ma, 2008; Sneddon, 2008) ou encore en combinant les deux milieux (Rodriguez-Valls, 2011; 2009). Ces études ont mis l’accent sur les effets positifs de l’exploitation de livres bilingues sur différentes dimensions : développement de l’identité personnelle et culturelle; développement de la littératie en LM et en langue de scolarisation; développement de la conscience linguistique et, enfin, engagement dans des activités de lecture en LM et en langue de scolarisation. Toutefois, comme peu de recherches ont porté sur le sujet et que les objectifs poursuivis dans chacune d’elles étaient très variés, les résultats de ces études sont, à ce jour, difficilement généralisables. Considérant ces faits, il nous semble important que de plus amples recherches faisant intervenir des livres bilingues soient conduites dans le but d’approfondir les connaissances sur le sujet.

Qui plus est, il est important de préciser que la majorité de ces recherches qui ont porté sur l’exploitation de livres bilingues ont été effectuées auprès d’enfants apprenants d’une LS qui avaient déjà commencé leur apprentissage de la lecture ou qui maitrisaient déjà cette compétence soit en LM, soit en langue de scolarisation ou dans chacune de ces langues. À notre connaissance, seulement quelques recherches, parmi celles mentionnées ci-haut, font exception à la règle et ont été réalisées auprès d’enfants plus jeunes. Celles de Naqvi et al. (2012) et d’Appelt (2008) ont été réalisées dans des classes de maternelle pluriethniques du côté anglo-canadien. Dans le cadre de la recherche de Rowe et Fain (2013), réalisée en milieu familial, 249 familles avec un enfant à la prématernelle ont reçu à la maison des livres traduits dans leur LM. Cette dernière étude est la seule dans laquelle la lecture parent-enfant de livres bilingues a été étudiée en milieu familial auprès d’enfants d’âge préscolaire. Toutefois, dans cette étude, les chercheurs ont évoqué le sujet des interactions qui ont eu lieu entre parent- enfant (liens entre l’histoire et l’expérience personnelle des enfants, travail sur la numératie, etc.), mais ils n’ont pas pris en compte les interactions parent-enfant à propos du vocabulaire pendant l’activité de lecture. C’est donc l’objet de notre propre étude qui sera réalisée au Québec auprès de familles immigrantes et allophones.

En effet, comme nous l’avons mentionné, l’impact de ces interactions sur le développement du vocabulaire d’enfants d’âge préscolaire a été démontré à la fois en contexte monolingue (Mol et al., 2008; Sénéchal et al., 1995; Sénéchal et Cornell, 1993) et bi/plurilingue (Walsh et al., 2012; Ariaz, 2010; Lugo-Neris et al., 2010; Roberts, 2008; Collins, 2004), mais il n’existe, à notre connaissance, aucune information sur la façon dont les parents allophones traitent « naturellement » le vocabulaire lors de la lecture de livres d’histoire bilingues avec leur enfant d’âge préscolaire.

Par ailleurs, toujours dans l’étude de Rowe et Fain (2013), les chercheurs n’ont pas précisé à quelles langues les parents ont eu recours pour lire le texte bilingue des histoires. Qui plus est, dans cette étude, les chercheurs ont fourni aux familles des petits cahiers que ces dernières pouvaient exploiter à leur guise avant, pendant ou après les lectures. Grâce aux quelques exemples que fournissent les chercheurs à propos des entrées qui ont été faites dans les cahiers par les familles, il est possible de constater que certaines sont dans une langue autre que celle

de scolarisation. C’est ce qui nous amène à penser que les interactions parent-enfant autour des livres ont pu se produire dans une ou plusieurs langues, mais Rowe et Fain (2013) n’ont pas porté leur attention sur cet aspect. Ainsi, à notre connaissance, il n’existe pas de données sur les langues auxquelles ont recours les parents et leurs enfants d’âge préscolaire dans le cadre des interactions se produisant autour de la lecture de livres bilingues. En somme, compte tenu de l’importance de l’exposition à une langue, soit en termes de quantité et de qualité des interactions (Long, 1996; Hart et Risley, 1992), il nous parait important de documenter les langues auxquelles ont recours les parents pour faire la lecture des livres bilingues ainsi que les langues auxquelles ont recours à la fois les parents et les enfants dans le cadre des interactions entourant la lecture de ces livres.

L’exposé de cette problématique pratique et scientifique sur la lecture de livres monolingues et bilingues, en milieu familial et scolaire, auprès d’enfants monolingues et bi/plurilingues nous mène donc à préciser les objectifs généraux du présent mémoire :

1. Décrire les langues des lectures et des interactions pendant la lecture de livres bilingues;

2. Décrire les interactions parent-enfant allophones d’âge préscolaire à propos du vocabulaire lors de la lecture à voix haute de livres bilingues;