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La lecture littéraire comme moyen de développer sa culture générale

1.2 Le portrait de Charles (Techniques de soins infirmiers)

1.2.1.2 La lecture littéraire comme moyen de développer sa culture générale

Le lien entre la lecture et l’apprentissage s’est surtout fait, pour Charles, une fois sorti de l’école. Pendant son passage au cégep, il était surchargé par les cours de son programme et souvent, dans un cours de formation générale, il pouvait se demander : « comment je vais appliquer ça pour être un meilleur infirmier? » Outre la difficulté à faire des liens avec son domaine d’études, Charles soutient également « que quand on est au cégep, on a encore une conscience un peu fermée pour les cours de formation générale, on est trop jeunes. » Avec le recul, s’il pouvait s’adresser à des étudiants en soins, il leur dirait : « Faites vos lectures. La lecture, c’est enrichissant. Essayez d’être curieux, de chercher des messages dans vos lectures. C’est le fun une personne qui a une culture générale. Ça permet de se développer soi-même. » Son rapport à la lecture littéraire a donc changé par le contact avec le marché du travail. La lecture littéraire est plus valorisée. Elle permet de s’enrichir, de se développer, elle trouve son importance. En effet, concernant les lectures obligatoires de ses cours de littérature, il affirme :

Je ne me rendais pas totalement compte de ce que ça pouvait apporter. Je me rendais compte de quelques petits messages par ci par là. C’est peut-être par après en fait que je me suis rendu compte de l’importance que ça avait, que j’ai réalisé que j’avais développé ma compétence en lecture, que j’avais appris à apprendre. […] Mais j’ai trouvé que la lecture m’avait fait faire des prises de conscience, sur ce qu’il y avait eu avant. Même si j’aime plus ou moins l’histoire, j’ai vu son importance.

Charles a réalisé qu’il y avait des « messages » qu’il fallait déduire des histoires écrites par les auteurs et qu’en les trouvant, on prenait conscience de certaines choses, on comprenait mieux le monde et on devenait plus savant. Ce sont toutes des compétences qu’il valorise car, pour lui, ça « permet […] de se démarquer » et d’être « plus professionnel ». Ainsi, son rapport à la lecture littéraire rejoint davantage le plan professionnel que le plan personnel, car la culture générale qu’il a acquise par le biais de ses lectures littéraires lui donne l’impression d’avoir plus de crédibilité au travail.

1.2.2 La dimension sociale de son rapport à la lecture littéraire

Chez Charles, la dimension sociale est très peu présente dans son rapport à la lecture littéraire. Il a fait la plupart de ses découvertes littéraires par lui-même. Ses amis ne lisent pas. Ses parents lisent peu. Enfant, il a lu les Amos Daragon à cause de leur popularité. Adulte, il trouve l’inspiration pour ses lectures grâce aux réseaux sociaux : « Oui, en fait, je suivais beaucoup de pages sur l’investissement et tous les gens qui se partent des business lisent pas mal et ils proposent des livres sur leur page Instagram. » Son rapport à la lecture littéraire s’est plutôt construit individuellement, grâce à sa curiosité.

Pour ce qui est du cercle scolaire, il a légèrement contribué à construire le rapport à la lecture littéraire de Charles. Une enseignante en particulier l’a découragé de la lecture littéraire à cause de son attitude en classe et des lectures difficiles qu’elle imposait. Il « regrettai[t] parfois de [s]’être présenté en classe » et a été poussé à faire des recherches par lui-même pour comprendre un peu plus. Pour le reste, il garde un bon souvenir général de ses autres enseignants et des œuvres qu’il a lues, même s’il ne se rappelle ni leurs noms ni les titres. Il a aimé développer sa culture générale en remplissant des tableaux. C’était une méthode employée par deux de ses enseignants. Charles y prenait du plaisir, car elle satisfaisait sa curiosité :

[O]n devait écrire pour chaque année les événements importants et en fonction de l’année de publication de l’œuvre on pouvait voir ce qui l’avait influencée […] c’était le fun apprendre certaines choses en remplissant le tableau, comme des dates d’événements importants.

Cependant, la valeur qu’il accorde maintenant à la culture générale est plus ou moins liée à l’école ou à ses enseignants; elle est plutôt liée à son vécu personnel.

1.2.3 La dimension épistémique de son rapport à la lecture littéraire

Pour Charles, la lecture en soi permet d’apprendre à apprendre. Pour ce qui est de la lecture dite littéraire, elle a enrichi sa culture générale, a développé sa manière de

communiquer et d’aborder les discours d’autrui par le biais des procédés littéraires et a aussi contribué à développer son esprit critique. La dimension épistémique du rapport à la lecture littéraire de Charles s’actualise principalement autour des savoirs, plutôt que des savoir-faire, et influence à la fois les plans personnel et professionnel.

En effet, en tant qu’infirmier, Charles réutilise très peu ses compétences en lecture et en écriture. Les rares lectures qu’il doit faire se résument à des « notes des médecins ou des infirmières qui sont passés avant [lui]. Et ça s’apprend juste à la job, pas à l’école. […] Il faut apprendre à lire le "langage d’hôpital". » Ce sont des notes courtes remplies de mots-clés et de symboles. Parfois, il aura besoin de vérifier une information dans un livre de soins, mais ses lectures professionnelles restent assez limitées. C’est à peu près la même chose en ce qui concerne ses compétences en écriture. La qualité du français ne compte pas vraiment puisque les notes à rédiger dans les dossiers sont très peu développées : « on utilise plus des symboles ou des termes pas vraiment français. […] On écrit juste deux ou trois petits mots, on n’écrit pas des phrases complètes. » La compétence la plus importante que Charles semble avoir développée est la communication. Cette compétence fait l’objet du dernier cours de français obligatoire, qui est un cours de formation générale propre. Charles a même mentionné que « la communication orale aurait dû faire partie de tous les cours parce que ça se réutilise vraiment plus au quotidien ». Que ce soit auprès de ses amis ou de ses collègues de travail, mais surtout au travail, il a perfectionné son habileté à communiquer et sa capacité à s’adapter aux autres en analysant leurs communications :

On dirait que j’analyse les gens avec qui je suis, que j’analyse les conversations. Tu réalises que tu dois adapter ta communication selon les personnes. Quand j’ai commencé à l’hôpital, je parlais plus ou moins. Mais j’ai analysé les personnes et j’ai appris à les approcher.

Il reste que cette compétence, même si elle a partiellement été développée dans un cours de français obligatoire, n’est pas liée à la lecture littéraire.