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1.3 Le portrait de David (Techniques d’informatique)

1.3.2.2 Des enseignants valorisants

Avec ces influences, David était, au secondaire, « un peu plus littéraire que la moyenne de la classe. » Grâce à son intérêt pour la littérature et le théâtre, la plupart de ses enseignants l’ont remarqué et l’ont encouragé dans ces passions. Ils ont nourri cet intérêt. C’est surtout par le biais d’activités de création que David a été stimulé au secondaire :

En secondaire 4, on avait un cours où on écrivait des nouvelles, des petites histoires, et la prof venait me voir à l’extérieur du cours pour me dire qu’elle avait vraiment trouvé ça bon ce que j’avais écrit, elle me faisait lire mes textes devant la classe. C’était valorisant, surtout quand tu n’as jamais écrit.

Cette reconnaissance de la part d’enseignants lui a permis d’aimer profondément ses cours de français et d’être motivé à les suivre. Puis, au cégep, le cours qui l’a le plus marqué est celui sur la communication dans lequel l’enseignante « avait organisé une activité […] C’était vraiment cool, imaginatif », une sorte de « Tout le monde en parle où chacun jouait le rôle d’un invité ». Encore une fois, le volet plus créatif a marqué David. À cela s’ajoute le fait que l’enseignante « portait une attention particulière à [lui] en classe. Elle passait des commentaires, [l]’appelait par [s]on nom… » Étant donné que David était un étudiant brillant et intéressé, il se faisait remarquer par ses enseignants qui avaient envie de lui en apprendre plus. C’est ce qui a fait la différence.

En résumé, la dimension sociale marque le rapport à la lecture littéraire de David, surtout sur le plan personnel. Le plaisir de lire s’est acquis en famille, de même que plusieurs découvertes littéraires, et cette passion a été reconnue par ses enseignants qui se sont davantage impliqués pour nourrir l’intérêt de cet élève qui se démarquait.

1.3.3 La dimension épistémique de son rapport à la lecture littéraire

Pour David, « il n’y a jamais trop de cours de français ». Il considère que les connaissances et les habiletés liées à ces cours, autant d’ordre grammatical que d’ordre littéraire, sont pertinentes, et qu’elles enrichissent les individus autant sur le plan personnel que le plan professionnel. Il garde cependant un souvenir très vague de ses lectures obligatoires et a plutôt été marqué par la rigidité de la structure et de l’analyse.

En effet, David mentionne que ce dont il se souvient le plus de ses cours de littérature, « c’est qu’il fallait faire une analyse très poussée, très technique, et ce n’est pas vraiment ce qui [lui] plaît en littérature, [lui] c’est vraiment plus de décrocher. » Ainsi, comme la lecture servait essentiellement d’excuse pour réaliser des analyses et des dissertations, le contenu des romans l’a peu marqué; il n’a pas décroché, il n’a pas été diverti, il a lu dans le but de réaliser une performance scolaire, c’est-à-dire une analyse de texte. Il ajoute même que les lectures réalisées dans ses cours perdaient de leur sens à cause du processus d’analyse :

J’avais l’impression… ben, que c’était comme en math. On avait une formule à apprendre et à appliquer. Il fallait juste trouver nos variables dans le texte et appliquer la formule telle quelle sans nécessairement comprendre ce qu’on faisait. Dans mon cas, ce n’était pas si pire, mais j’ai beaucoup d’amis que je voyais étudier qui cherchaient des mots- clés, des adjectifs… Ils mettaient ça sur leur feuille, ils n’avaient rien compris de ce qu’ils avaient lu, mais c’était ça qu’il fallait qu’ils écrivent, ils appliquaient la formule.

Ce témoignage permet de croire que si David n’avait pas déjà été passionné par la lecture et doué avec les règles de français, ses cours obligatoires de littérature l’auraient

probablement découragé et auraient rendu la lecture littéraire inaccessible, complexe, rebutante.

Il reste que David garde un souvenir positif de ses cours et considère leur utilité. Il accorde de l’importance à un bon français écrit, aux découvertes littéraires et à la communication. Pour David, « il y a une grande majorité des gens qui ne comprennent rien au français, qui ne prennent pas la peine d’apprendre leurs règles » alors qu’à son travail, la qualité du français est importante, « surtout les documents que tu présentes à un client. Ce n’est pas très professionnel s’il y a des fautes. » Par conséquent, les collègues qui envoient des textes remplis de fautes perdent de la crédibilité à ses yeux, David trouve que « c’est quasiment un manque de respect ». Dans son travail, il écrit et lit beaucoup. Il écrit beaucoup d’analyses de problème à présenter à des clients et, même si certains rapports viennent avec un modèle déjà fait (à l’université ou au travail), il admet que la structure de texte qu’il a apprise dans ses cours obligatoires de littérature lui sert (« J’ai même continué à l’appliquer dans mes rapports »). Pour ce qui est des lectures, elles sont essentiellement en anglais puisque le domaine de l’informatique l’est lui aussi, alors ses cours de littérature ne l’ont pas préparé à cet aspect de son travail. Ce qu’il retient de ses cours, en termes d’habiletés, c’est d’avoir appris à « formaliser [s]a critique et [s]on analyse de texte ». Il admet aussi qu’il est « intéressant de savoir » des connaissances comme ce qui est enseigné en littérature québécoise, en communication, et d’approfondir l’histoire littéraire, mais il base cette opinion sur les questions posées pendant l’entretien et non à partir de lectures littéraires marquantes.

Pour résumer, la dimension épistémique est peu présente dans le rapport à la lecture littéraire de David. Il « [s]e souvien[t] qu’il y avait des bons livres », pas de leur titre, leur auteur ou leur histoire. Il a surtout appris à structurer sa pensée dans ses cours et ce n’est pas vraiment par le biais des lectures littéraires.

1.3.4 La dimension praxéologique de son rapport à la lecture littéraire

Chez David, la dimension praxéologique occupe une place assez importante dans son rapport à la lecture littéraire. Même s’il lit « beaucoup moins », il « li[t] encore », environ une fois par mois, pendant quelques heures. Ce temps consacré à la lecture lui procure du plaisir, de la détente, du divertissement. Il lit des classiques (Alexandre Dumas, Charles Dickens), des romans policiers, des récits fantastiques. Il a une affection particulière pour le fantastique. Il aime l’éventail de possibilités que ce style offre à l’imaginaire. La lecture est un plaisir qu’il redécouvre, qu’il savoure dans un hamac l’été. Peu importe le style, David aime découvrir, décrocher grâce à une bonne histoire et s’attacher aux personnages. Il choisit parfois ses lectures en fonction de ses autres passions. Il a lu The Witcher (Andrzej Sapkowski) à cause du jeu vidéo lui étant associé et Altered Carbon (Richard Morgan) à cause de la série télévisée qu’il avait regardée. Qu’elle soit littéraire ou non, la lecture doit être passionnante pour lui. C’est pourquoi il affectionne Dumas et Dickens, qui racontent surtout des aventures, et a moins aimé Germinal de Zola (« j’ai trouvé ça cru pour rien »). De son passage au cégep, il ne se souvient pas d’une lecture en particulier, mais il garde un souvenir très positif de ses cours obligatoires de littérature, des « découvertes littéraires » qu’il a faites, il se souvient « qu’il y avait des bons livres ».