• Aucun résultat trouvé

La dimension subjective de son rapport à la lecture littéraire

1.1 Le portrait de Benjamin (Techniques d’électronique et d’informatique)

1.1.1 La dimension subjective de son rapport à la lecture littéraire

Dans le rapport à la lecture littéraire de Benjamin, la dimension subjective connaît deux pôles, deux extrêmes. Pendant sa jeunesse, Benjamin s’est découvert un grand amour pour la lecture. Elle était source de plaisir et de divertissement. Cet amour est revenu quand ses études collégiales ont été terminées. Il a découvert de nouveaux auteurs et de nouveaux buts à ses lectures : apprendre, évoluer. Toutefois, à la fin du secondaire et pendant son passage au cégep, la lecture littéraire était complètement dénuée d’intérêt. Elle était associée à l’ennui le plus profond et suscitait des sentiments de haine et de frustration.

1.1.1.1 La lecture littéraire comme moyen de s’épanouir

Il serait possible de qualifier Benjamin de « grand lecteur ». En effet, il se qualifie comme une personne qui « adore lire » et qui ressent une sorte de malaise quand il ne lit pas pendant une longue période. Cet amour s’est développé très jeune, d’abord, avec les bandes dessinées, car « [c]’est plus facile à lire quand tu es jeune », puis, avec les

Amos Daragon et Les Chevaliers d’Émeraude. Benjamin a « toujours aimé les histoires

[…] L’amour de la lecture est venu naturellement. » Après ses études collégiales, une fois sur le marché du travail, il a voulu retrouver ce plaisir qu’il éprouvait avec les livres : « j’ai voulu recommencer, parce que je lisais tout le temps avant, alors je m’y

suis remis, lentement mais sûrement, avec Bernard Werber j’ai justement retrouvé cet amour que j’avais pour la lecture. » D’ailleurs, l’objectif associé à ses lectures s’est lentement modifié avec l’âge adulte : « Maintenant mes lectures n’ont plus seulement le but de me divertir, mais également d’apprendre et d’évoluer. Oui, mon but, c’est d’apprendre des nouvelles choses que je ne savais pas avant. » C’est pourquoi il s’est tourné vers Bernard Werber, car ses œuvres comportent un « côté fictionnel qui […] garde captivé, intéressé », mais dans lesquelles le lecteur apprend des choses. Benjamin fait également des lectures moins littéraires : « je lis aussi beaucoup sur l’immobilier, la finance, l’économie. J’ai commencé à trouver un intérêt à ça. » Pour Benjamin, la lecture, littéraire ou pas, permet de se découvrir des passions et de changer sa façon de voir le monde. Elle peut avoir un impact fort et positif :

Et c’est après avoir lu ces livres-là [Un barbier riche et Père riche, père

pauvre] que j’ai été complètement chamboulé. J’ai eu des grosses

remises en question. […] Et dernièrement, quand j’ai lu L’empire des

anges de Bernard Werber, ça a changé complètement ma façon de voir

le monde. Techniquement, ce livre-là a changé ma vie.

1.1.1.2 La lecture littéraire comme moyen d’haïr l’école

La fin du secondaire et le passage au collégial de Benjamin ont été des périodes difficiles. Ses cours de littérature y ont grandement contribué. Pour Benjamin, la lecture littéraire au cégep a détruit son plaisir à lire de plusieurs façons : lectures obligatoires ennuyantes, mauvais professeurs, programmes ministériels trop stricts… Sa haine des cours de français a commencé par un manque d’intérêt dans les lectures : « Il y avait des lectures de poésie qu’il fallait faire que je détestais. Je lisais 10-15 pages et j’avais juste envie de lancer le livre au bout de mes bras. », « Un classique québécois. Le

Survenant. Je me souviens de cette lecture-là. Quel ramassis de perte de temps… »

Certains professeurs aussi l’ont découragé : « Moi, j’avais lu le livre, qui était vraiment plate. Je m’étais forcé pour le lire au complet et là j’allais avoir “0” en plus et je ne suis plus jamais allé à son cours. » Enfin, la structure très rigide des cours de littérature lui a semblé étouffante : « Ce qui m’a nui et ce qui m’a dérangé, c’était le manque de liberté. On était trop pris. » Alors qu’au primaire, au secondaire et sur le marché du

travail, Benjamin est un passionné de lecture, au cégep, il s’est mis à détester lire : « L’école, la technique, le français, tout ça m’avait enlevé le goût de lire. À force d’avoir des lectures ennuyantes, ça a brisé l’amour que j’avais pour la lecture. » Il a accumulé les mauvaises expériences et pour lui, la lecture n’est pas un moyen d’aimer les cours de français à l’école : « Au contraire, ça nous l’a fait haïr. Les lectures étaient tellement plates, on ne les lisait même plus au complet. »

Il faut donc comprendre que la dimension subjective de son rapport à la lecture littéraire s’actualise différemment en fonction de son histoire personnelle et de son histoire scolaire. De plus, la dimension subjective se rattache surtout au plan personnel chez Benjamin. Ses intérêts, sa quête de sens, la valeur qu’il accorde à la lecture sont tous reliés à sa croissance personnelle, à sa vision du monde. Toutefois, les nouvelles passions qu’il se découvre peuvent toucher le plan professionnel, considérant le fait qu’il se « prépar[e] à investir en immobilier », et ce, à cause des lectures qu’il a faites sur le sujet. Il songe même à revoir ses objectifs de carrière : « J’ai trouvé une job de technicien parce que je veux juste avoir une paie parce que j’ai un appartement à payer et des dépenses, mais mon but, c’est de devenir investisseur immobilier. »