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3. Le toucher dans le développement psychique de l’enfant

3.1 Le toucher dans la relation parent-enfant

a) Processus d’attachement

L’attachement est lié à des processus multisensoriels, cognitifs, et à des réponses motrices complexes. Il correspond à un lien puissant et durable, visant à une recherche de sécurité.

29 Dès les premiers instants de vie, le bébé est déposé sur le corps de sa mère. Les études d’ANDERSON et MOORE (2007) montrent que ce peau à peau précoce favorise les comportements d’affection, de liens et d’attachement de la mère. Cependant, selon G. BINEL, « ce processus d’attachement ne démarre pas à la naissance mais bien avant, il explique que l’attachement est un processus lent et continu, qui débute au moment où naît le désir d’enfant, se développe pendant la grossesse, et se poursuit au moment de la naissance et dans les mois qui suivent ».

A sa naissance, l’enfant est immature, sa survie dépend de son entourage. Face à cette situation, il est nécessaire que des conduites d’attachement entre le bébé et la mère se mettent en place.

J. BOWBLY, en 1958 présente pour la première fois sa théorie de l’attachement. Selon lui, l’attachement du bébé dépend d’un ensemble de « réponses instinctives ». Il a identifié 5 réponses : sucer, attraper, suivre (quand le développement moteur commence à le permettre), pleurer, et sourire. La présence de ces comportements signifie que le bébé a déjà, malgré son immaturité, des compétences cognitives et motrices bien présentes. Selon H. MONTAGNER, le bébé guide ses parents, pour les amener à une certaine adaptation face à lui.

AINSWORTH et AL (1978), ont mené une étude afin de déterminer les comportements maternels en lien avec un attachement sécure. Il en est ressorti que les comportements en faveur sont le contact physique fréquent et soutenu entre les deux partenaires, la capacité de la mère à calmer son bébé en le prenant dans ses bras ; sa sensibilité aux signaux du bébé ; une ambiance contrôlée et prévisible (permet au bébé d’inférer ses propres actions) ; et un plaisir des deux partenaires à vivre tout cela.

Le rôle de l’hormone ocytocine a été prouvé dans les liens et les comportements d’attachement. Selon GEORGES et SALOMON (2008), on nomme caregving les comportements d’action génétiquement programmés, ayant pour but, pour le parent, de répondre aux besoins de l’enfant. L’ocytocine est donc la base biologique de tous ces comportements, favorisant ainsi leur émergence, en passant en partie par le toucher du parent vers son bébé.

BOWBLY, AINSWORTH, BLEHAR, WATERS, et WALL (1983, p.7) ont parlé de la figure d’attachement, comme source de sécurité, de protection et de réconfort pour l’enfant, tout en lui offrant une base sécure à l’exploration.

30 AINSWORTH explique que ce n’est pas quantitatif mais qualitatif : c’est la qualité de la relation d’attachement qui est importante, et pas seulement sa présence ou son intensité.

Toujours selon cette théorie, chaque sujet, tout au long de sa vie, a besoin de contact humain, de réconfort face aux évènements et dommages de la vie. Ce contact humain sécure est d’autant plus important au début de la vie du sujet, quand celui-ci est dépendant de cet attachement pour son bien-être psychique et émotionnel.

De plus, ce lien d’attachement parent-enfant amène non seulement le plaisir de

communiquer chez l’enfant, et une sécurité corporelle, mais il est aussi une base

primordiale au développement d’une bonne estime de soi.

b) Vulnérabilité du nouveau-né

En fin de grossesse, le bébé, s’étant développé, occupe toute la place de l’utérus et est alors complètement en contact avec les parois. Il se retrouve alors contenu dans cette enveloppe. A la naissance, le nouveau-né perd toute cette contenance et se retrouve confronté à l’apesanteur. Il arrive alors dans un monde nouveau pour lui : le monde aérien.

Tous ses repères changent, il est soumis à de nombreuses stimulations (auditives, visuelles, vestibulaires…). Le toucher prodigué par le parent sera alors très important, et le bébé y sera très réceptif. En effet, ce toucher aura une capacité protectrice, rassurante, car il rappellera au bébé le contact avec la paroi utérine. L’enfant est donc entièrement vulnérable et dépendant de son entourage, pour tous les soins du quotidien. Selon BOWBLY, l’attitude maternelle joue donc un rôle crucial dans le développement de l’attachement. Tous les comportements de la mère, les soins prodigués à l’enfant, sont nécessaires d’un point de vue physiologique, compte tenu de sa grande dépendance, mais participent également à ce lien d’attachement. Toujours d’après BOWBLY, le bébé de son côté, a aussi des comportements favorisant l’attachement. Le fait que son entourage réponde de façon adaptée et stable à ses comportements permet à l’enfant de développer un sentiment de sécurité et de confiance, ainsi il affrontera mieux les étapes ultérieures telles que les séparations. BOWBLY explique qu’en plus de cela, cette proximité mère/enfant, cette disponibilité de la figure d’attachement, sont responsables de meilleures acquisitions, un développement cognitif plus riche, et par conséquent un développement des interactions sociales ultérieures.

31 Le toucher joue donc un rôle essentiel dans l’instauration du lien entre les parents et le nourrisson autour de la naissance. Et ce même lien permet un développement psychique harmonieux de l’enfant.

3.2 Toucher et portage : des interactions corporelles à l’origine de fonctions