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Le rôle de la communication dans la transition

5. Présentation des résultats

5.5 Le rôle de la communication dans la transition

Au cours des entrevues, les participants ont maintes fois souligné l’importance de la communication comme facteur déterminant les transitions vécues. La maîtrise du français est l’un des principaux défis auxquels les participants sont confrontés en ce qui a trait à la communication et naturellement, les participants sont tentés d’intégrer un milieu de travail qui partage une langue qu’ils ont déjà acquise. L’intégration à un tel milieu permet aux personnes immigrantes d’éviter l’ajout d’une transition supplémentaire dans leur processus d’immigration. En effet, l’apprentissage du français est une transition majeure; ce projet est évalué en années et l’atteinte de cet objectif peut nécessiter des changements importants pour la personne qui devient un apprenant en français.

« Après l’arrivée au Québec, je suis resté à la maison pour m’occuper de mes enfants. Puis, j’ai travaillé dans mon domaine, mais seulement dans un milieu où les autres qui parlent ma langue, donc pas de français. Donc j’ai dit : c’est fini, je dois retourner à l’école pour apprendre le français pendant plusieurs années. »

Non seulement est-il nécessaire pour les participants de suivre des cours de français, mais ils indiquent également qu’il est impératif d’élargir leur cercle social afin de pouvoir parler avec des francophones pour ainsi espérer apprendre mieux et plus rapidement. Il s’agit en fait d’un double défi : parler en français pour s’intégrer davantage et s’intégrer pour parler davantage

en français. Certains participants soulignent d’ailleurs les possibilités qu’offre l’élargissement du cercle social en termes d’opportunités et d’entraide.

« Ce qui est difficile pour ceux qui ne s’intègrent pas, c’est la langue. Parce que si on ne parle pas et on ne comprend pas, ça sera difficile. Si on ne parle pas, on a moins de possibilités. Plus tu parles à des gens, plus tu as des possibilités. Tu parles à quelqu’un et il te dit : « J’ai vu ça ou je connais quelqu’un » et il va t’aider. »

Le contact avec les collègues de travail représente une opportunité d’échanger et de connaître le monde du travail québécois. Une stratégie adoptée par quelques participants lors de leur arrivée est d’avoir tenté immédiatement l’intégration du marché du travail justement en vue d’améliorer leur français et de mieux comprendre les façons de faire au Québec.

« J’ai un peu travaillé dans une usine de légume à Québec. Ce n’était pas mon choix [comprendre ici : Je n’avais pas le choix], car pour avoir l’intégration, il faut entrer dans l’équipe des autres ici pour voir comment ça marche ici. Et il faut parler pour intégrer, pour communiquer avec les autres. Il faut entrer dans le marché pour s’améliorer dans la langue. »

Cette perspective révèle le caractère intrépide du participant et contraste avec le discours de certains de ses collègues, pour qui la communication avec les francophones représentait plutôt une source importante de stress, et par le fait même, réduit leur aptitude à élargir leur cercle social afin d’être en contact avec le français.

À cet égard, des participants mentionnent que le programme ISP leur a permis de réduire progressivement leur niveau de stress en lien avec le fait de communiquer en français avec

expliquent que lors de leur arrivée, ce contexte de communication suscitait de la peur, alors qu’après le Programme ISP, ils envisagent le fait de communiquer en français avec confiance.

« Je ne suis pas stressé, pas du tout, pour mon stage. Avant, je rencontre des Québécois et j’ai peur. Je ne comprends pas. Après la francisation, je comprends un peu. Avec ISP, je comprends toutes les demandes pour le travail. Si je comprends pas, je peux demander. Je sais comment. Dans mon pays, il y a pas ça quelqu’un qui te montre et pour poser des questions si tu ne comprends pas. »

Ce participant souligne que le type de formation pour l’intégration à l’emploi n’était pas disponible dans son pays d’origine. Il indique d’ailleurs que le programme ISP lui a fait prendre conscience que l’intégration d’un employé dans sa condition est un processus sensiblement différent de ce qu’il a déjà vécu. Il explique qu’il a désormais le droit de ne pas comprendre, et que dans cette situation, il sait comment réagir et exprimer son incompréhension sans craindre des représailles. Il envisage que ses futurs collègues seront empathiques et feront preuve d’ouverture envers sa réalité.

D’autres participants indiquent que le programme ISP leur a permis de saisir l’importance de nourrir la relation avec les supérieurs en milieu de travail afin que cette dernière soit marquée par le respect et la confiance. Chacun des partis doit communiquer efficacement, sans quoi des frictions peuvent survenir. Cette façon de faire semble nouvelle pour certains participants, qui avaient plutôt l’habitude de réduire au maximum la communication avec les collègues et les supérieurs, et ce peu importe la situation.

« Au ISP, j’apprends qu’il faut travailler. J’apprends qu’il faut le respect avec les personnes et le chef du travail. Il faut se parler. Si je comprends pas, il faut parler. Il faut que le chef parle si pas content. Parler pour pas fâché. Si tu arrives et faire tes choses sans parler, c’est pas bon. Il faut toi parler aux autres. »

5.6 Les caractéristiques personnelles nécessaires à la réussite des