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STATUT ET CARACTERISTIQUES DU PROVERBE

Chapitre 2. Le proverbe et les autres genres phraséologiques

Toute approche des proverbes se heurte à une double difficulté. D’une part, le terme de proverbe, en langue naturelle, recoupe toute une série de notions apparentées telles que : dicton, maxime, adage, sentence, aphorisme, slogan, devise, etc. D’autre part, on bute également sur l’apparente hétérogénéité des diverses propriétés définitoires susceptibles d’être évoquées pour rendre compte de ces notions ou pour les opposer entre elles. En vietnamien, il est facile de confondre le proverbe avec des termes proches tels que thành ngữ (locution) et

ca dao (chanson populaire). Toutes les deux ont une partie qui peut facilement se confondre avec le proverbe. Cette confusion repose sur deux points : la forme structurée de ces deux unités et la conception des chercheurs parfois différente dans leurs recueils. En effet, il y a des proverbes qui sont structurés comme des syntagmes :

No bụng đói con mắt

satiété/ ventre/ faim/ NC/ yeux

Avoir les yeux plus grands que le ventre

et à l’inverse, quelques locutions sont des phrases :

Mèo mù vớ cá rán

chat/ aveugle/ choper/ poisson/ frire

Chat aveugle attrape poisson rissolé

Il existe certains proverbes se présentant sous le mètre de six-huit3 qui est par nature une forme fréquente de la chanson populaire :

Mấy đời bánh đúc có xương

Mấy đời gí ghẻ mà thương con chồng

PAR/ vie/ flan de riz/ avoir os/ PAR/ vie/ belle-mère/ PAR/ aimer/ enfant/ mari

Les gâteaux n’ont jamais d’os comme les belles- mères n’aiment jamais l’enfant de leur mari

En outre, on rencontre dans les recueils de proverbes plusieurs exemples qui ont été considérés comme locutions ou chansons populaires et inversement, dans les recueils de

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locutions et de chansons populaires, on trouve des énoncés qui ont été considérés comme proverbes.

Ce problème est également présent en français. Il existe une série de termes entourant le proverbe : dicton, adage, maxime, aphorisme, apophtegme, sentence, locution… qui sont à l’origine de malentendus de la part des locuteurs et voire même des linguistes. Dans les recueils de proverbes ou dans les études sur les proverbes, on emploie indifféremment le proverbe et le dicton, la maxime… Par exemple : la forme sentencieuse Tel père, tel fils est classée parmi les aphorismes par F. Delacour, parmi les proverbes par F. Montreynaud, A. Pierron et F. Suzzoni (2000). A.J. Greimas (1960) considère Chose promise, chose due comme un dicton alors que C. Schapira (1999), G. Kleiber (2000), P. Arnaud (1992) le considèrent comme un proverbe. A. Pierron n’hésite pas à ranger Les hommes préfèrent les blondes parmi les proverbes sans justifier la raison de sa classification. Beaucoup d’auteurs ne distinguent pas les formes sentencieuses qui sont des énoncés des locutions verbales et adverbiales qui sont des syntagmes.

Face à ce phénomène, il nous faut déblayer le terrain terminologique entourant le proverbe afin de déterminer les propriétés de chaque unité en général et du proverbe proprement dit. Dans le cadre de cette étude, nous distinguerons le proverbe de la locution et de la chanson populaire en vietnamien et du dicton et de la maxime, de l’aphorisme, de la sentence, de l’adage, du slogan en français.

2.1. Distinction entre proverbe vietnamien et formes apparentées

2.1.1. Proverbe et thành ngữ (locution4)

Le proverbe et thành ngữ (locution) ont des traits semblables portant sur la structure et même sur la signification, ainsi que sur la capacité d’expression dans la communication : tous deux sont des unités préexistantes, préétablies, stables, solides du point de vue de la composante lexicale et de la forme que l’on répète telle quelle, sans possibilité d’apporter aucun changement aux termes qui les constituent. Le proverbe et la locution conservent leur sens et leur identité dans tous les emplois. La plupart des proverbes et des locutions sont

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La traduction française du terme thành ngữ n’est pas exacte car elle ne recouvre qu’une partie de la compréhension du terme. Thành ngữ n’est pas un genre du discours mais une forme linguistique. Dans la langue vietnamienne, thành ngữ (suite de mots), par ses propriétés linguistiques, risque facilement de se confondre avec le proverbe. Il nous paraît absolument nécessaire de faire une distinction proverbe/ thành ngữ.

utilisés dans un sens métaphorique. C’est pourquoi, la frontière entre ces deux termes n’est pas facile à délimiter.

D’abord, il faut élaborer un système de critères pour les différencier. Nous nous appuyons ici sur les critères que sont la forme syntaxique et la fonction sémantique.

La différence entre le proverbe et la locution sous le rapport de la forme syntaxique est de l’ordre du degré. Plus précisément, le proverbe est une phrase, complète ou elliptique. La locution est généralement un syntagme et elle peut s’insérer dans la phrase en jouant le rôle d’un nom, d’un verbe, d’un adverbe… Il existe en vietnamien des proverbes dans lesquels on retrouve des locutions et pas de cas inverse:

Đẹp như tiên lo phiền cũng xấu belle/ comme/ fée/ soucis/ PAR/ moche

Belle comme une fée, mais si on a des soucis, on devient moche Cầy sâu cuốc bẫm, thóc đầy lẫm, khoai đầy bồ

labourer/ profond/ piocher/ vigoureux/ paddy/ plein/ grenier/ patate/ plein/ panier

Peiné dans les champs, on aura un grenier plein de riz et un gros panier plein de patates

Có vay có trả mới thoả lòng nhau

PAR/ emprunter/ PAR/ rendre/ PAR/ satisfait/ entrailles/ les uns les autres

Donnant donnant est la seule façon de satisfaire les uns les autres

Insérées dans les proverbes, ces locutions jouent le rôle d’un mot : đẹp như tiên (belle comme une fée) = très belle, cầysâu quốc bẫm (peiner dans les champs) = assiduité, có vay

có trả (ayant une dette, il faut la payer) = net.

Pourtant, si l’on ne se fie qu’au critère de forme syntaxique, que pourra-t-on dire des locutions structurées comme des phrases, telles que :

Cá nằm trên thớt

poisson/ se coucher/ sur/ billot

Le poisson se trouve sur le billot Chuột sa chĩnh gạo

souris/ tomber/ jarre/ riz

La souris tombe dans une jarre de riz Mèo mù vớ cá rán

chat/ aveugle/ choper/ poisson/ frire

Chat aveugle attrape poisson rissolé Trống đánh xuôi, kèn thổi ngược

tambour/ frapper/ vers l’aval/ trompette/ souffler/ vers l’amont

Tambour frappe un sens, trompette souffle dans l’autre sens

ou des proverbes structurés par des syntagmes :

Dưa La, cà Láng, nem Bảng, tương Bần, nước mắm Vạn Vân, cá rô Đầm Sét

pastèque/ La/ morelle/ Láng/ nem/ Bảng/ sauce de soja/ Bần/ sauce de poisson/ Vạn Vân/ anabas/ Đầm Sét

Pastèque de La, morelle de Láng, nem de Bảng, sauce de soja de Bần, saumure de poisson de Vạn Vân, anabas de Đầm Sét

Gan Sặt, mặt Báng, dáng Phù Lưu foie/ Sặt/ visage/ Báng/ taille/ Phù Lƣu

Foie de Sặt, visage de Báng, allure de Phù Lưu

C’est pourquoi, il nous faut avoir recours au critère de la fonction sémantique. La locution est une expression constituée par l’union de plusieurs mots formant une unité syntaxique et lexicologique. La plupart des locutions portent en elles une valeur métaphorique, leur sens est toujours figuré. Ainsi, on ne peut pas déduire le sens d’une locution en additionnant le sens de chacune de ses composantes. Son sens se situe de façon indépendante par rapport à la signification des composants. Par exemple : le sens de la locution Bắt chạch đằng đuôi correspond strictement à la locution française accrocher l’anguille par la queue n’est pas le sens de bắt (attraper) + chạch (anguille) + bằng (par) +

đuôi (queue). L’ensemble des significations des mots qui la composent laisse transparaître son sens : prendre les choses à l’envers.

Le proverbe est une phrase et son sens est un jugement qui a pour valeur vrai-faux, « Il suffira d’ajouter que tout proverbe exprime une logique de jugement, une logique de l’action et souvent une morale, que son attitude est généralement acceptante par rapport au système de valeurs dominant dans la société… » (Rey, 2000 : XII). Le contenu du proverbe est général, comme dit Schapira « Le proverbe est un énoncé investi d’une grande autorité, pour plusieurs raisons différentes, dont la suivante n’est pas la moindre : comme son ancienneté, son origine collective et populaire passe pour une garantie de vérité. Son acceptation par un nombre infini de locuteurs, pendant un long laps de temps, apparaît comme le test irréfutable de la validité de son message » (1999 : 57).

Ainsi, la locution Mèo mù vớ cá rán (Chat aveugle attrape poisson rissolé) n’est pas un énoncé malgré sa forme phrastique. Son sens est l’équivalent sémantique du mot : chance. La locution Trống đánh xuôi, kèn thổi ngược (Tambour frappe un sens, trompette souffle dans

l’autre sens) a pour forme une phrase composée mais ici elle apporte un sens nominatif :

incompatible, inconséquent.

Le proverbe Dưa La, cà Láng, nem Bảng, tương Bần, nứơc mắm Vạn Vân, cá rôĐầm Sét (Pastèque de La, morelle de Láng, nem de Bảng, sauce de soja de Bần, saumure de poisson de Vạn Vân, anabas de Đầm Sét) comporte des syntagmes nominaux mais ce proverbe exprime un jugement général concernant : la pastèque, la morelle, la sauce de soja, la saumure de poisson, l’anabas… rattachés aux régions : La, Láng, Bảng, Bần, Vạn Vân, Đầm Sét. Ce sont les meilleures spécialités de ces régions, précisément, la pastèque de La est la meilleure, la sauce de soja de Bần l’est également… De même, le proverbe :

Chim gà, cá nhệch, cảnh cau

oiseau/ poule/ poisson/ nom d’un poisson/ paysage/ aréquier

Oiseau : poule, poisson : nhệch, paysage : aréquier (traduit mot à mot en français) est constitué par des syntagmes nominaux mais il faut interpréter son sens ainsi : si on élève des oiseaux, il vaut mieux élever des poules (oiseaux de basse-cour) car c’est le plus bénéfique ; si on mange du poisson, le poisson de nhệch est le meilleur; si on fait des plantations, l’aréquier a beaucoup d’avantages. Ainsi, pour comprendre le sens de ces proverbes, il faut les mettre dans une relation implicite que seuls des membres d’une même communauté linguistique peuvent interpréter. Tout cela soulève une interrogation : pourquoi est-il nécessaire de mettre les proverbes en relation en vue d’en interpréter le sens ? Répondre à cette question va peut-être donner un certain intérêt à la distinction entre le proverbe et la locution du point de vue sémantique.

Examinons la locution :

Đầu tắt mặt tối

tête/ éteint/ figure/ obscurci

Tête éteinte, figure obscurcie

Le sens de la locution s’est formé grâce à la structure binaire : đầu tắt / mặt tối (tête éteinte/ figure obscurcie). Đầu (tête) et mặt (figure) sont des parties du corps humain, ce sont les deux parties qui sont en contact immédiat avec le temps et l’environnement. « Tắt » (éteinte), tối (obscurcie) expriment un moment au déclin de la journée. Ainsi, le sens de cette locution est la pénibilité. Semblablement, le sens de la locution :

Trên đe, dưới búa

sur/ enclume/ sous/ marteau

est formé par la structure binaire : trên đe / dưới búa (sur l’enclume / sous le marteau). La symétrie entre trên/dưới (sur/sous) et đe/búa (enclume/marteau) donne une signification de cette locution : la contrainte.

Examinons le proverbe :

Thẳng da bụng, chùng da mắt

tendu/ peau/ ventre/ détendu/ peau/ yeux

Si la peau de son ventre est tendue, celle de ses yeux est détendue

Le proverbe comporte deux membres. Thẳng da bụng –tendu/ peau/ ventre symbolise la satisfaction, chùng da mắt – détendu/ peau/ yeux symbolise la peine. L’association du sens entre les deux membres donne le sens du proverbe: pour être heureux, il faut se donner du mal. On peut établir des tournures linguistiques imaginées pour éclaircir les relations entre les deux membres de l’énoncé proverbial :

(Muốn) thẳng da bụng (phải) chùng da mắt

vouloir/ tendu/ peau/ ventre/ devoir/ détendu/ peau/ yeux

Pour avoir la peau du ventre tendue, il faut détendre la peau des yeux () thẳng da bụng (nên) chùng da mắt

comme/ tendu/ peau/ ventre/ c’est pourquoi/ détendu/ peau/ yeux Parce que la peau du ventre est tendue, celle des yeux est détendue (Nếu)thẳng da bụng (thì) chùng da mắt

si/ tendu/ peau/ ventre/ PAR/ détendu/ peau/ yeux

Si la peau du ventre est tendue, celle des yeux sera détendue

Chaque tournure imaginée produit un effet de sens différent. L’application des conjonctions :

muốn - phải, ví Ŕ nên, nếu Ŕ thì donne un résultat acceptable, ce qui prouve que le proverbe

Thẳng da bụng, chùng da mắt peut être utilisé dans les contextes avec les conjonctions ci-dessus actualisées. Par exemple : le couple muốn - phải donne au proverbe un sous-entendu d’obligation, le couple vì Ŕ nên donne au proverbe un sous-entendu d’affirmation, de

confirmation et le couple nếu Ŕ thì donne au proverbe un sous-entendu de conseil. Cependant, ces tests ont pour but de concrétiser des relations possibles du proverbe, de reconnaître visiblement ces relations. Dans l’usage du proverbe, les Vietnamiens, avec leur subtilité, peuvent interpréter immédiatement le sous-entendu que le locuteur veut y exprimer.

Examinons les trois proverbes suivants :

Gần lửa rát mặt

près/ feu/ brûlant/ visage

Ăn ráy ngứa miệng

manger/ alocasia/ avoir des démangeaisons/ bouche

Mangé de l’alocasia, on a des démangeaisons à la bouche Ôm rơm nhặm bụng

saisir/ paille/ irriter/ ventre

Saisi de la paille, on irrite au ventre

Les trois proverbes ont un point commun, précisément, ils expriment une situation : quand on fait quelque chose, on doit supporter les conséquences de ses actes. Malgré la différence d’expression, les trois proverbes vont dans le même sens : c’est la relation de cause à effet entre un acte et sa conséquence. Le contenu de ces proverbes s’est formé à travers cette relation.

Dès lors, on peut résoudre un cas très intéressant : le processus de proverbialisation d’une locution, autrement dit le processus qui fait qu’une locution transparaît dans un proverbe.

Le proverbe :

Chưa khỏi vòng đã cong đuôi

ne pas/ sortir/ cercle/ PAR/ cambrer/ queue

N’étant pas sorti du cercle, il file, la queue en l’air

implique la locution : khỏi vòng cong đuôi (Hors du cercle, cambrer la queue). Pour que cette locution ait un statut de proverbe, il faut lui ajouter un couple de mots : chưađã (pas encore … déjà). Ces deux mots transforment la locution khỏi vòng cong đuôi (Hors du cercle, cambrer la queue) de la structure syntagmatique avec le sens : l’ingrat en proverbe en bimembre qui évoque la relation de deux procès A et B dont A = chưa khỏi vòng (ne pas encore sortir du cercle) et B = đã cong đuôi (déjà cambrer la queue), A ne change pas encore d’état, B en a déjà changé. Ainsi, le couple de mots : chưađã (pas encore … déjà) permet d’établir une relation entre les deux membres de ce proverbe et le sens du proverbe est conçu dans et par cette relation.

De la locution qui traduit un sentiment commun dans la vie :

người yêu kẻ ghét

personne/ aimer/ personne/ détester

L’un aime, l’autre déteste

au proverbe :

Lắm người yêu hơn nhiều kẻ ghét

Il vaut mieux avoir plusieurs amis que d’avoir de nombreux ennemis

qui traduit le conseil : il vaut mieux recueillir la sympathie que l’antipathie des autres, le processus de proverbialisation se fait par la relation comparative marquée par les mots : lắm

(beaucoup) hơn (supérieur à ). Le procédé d’insertion de la locution dans le proverbe se réalise selon la manière suivante : en profitant de la structure symétrique de la locution, le proverbe ajoute les verbes de comparaison pour inclure la locution dans un système de comparaison. Dès lors, le proverbe est doté d’une relation tout à fait différente à celle de la locution initiale.

La locution :

Có vay có trả

PAR/ emprumter/ PAR/ rendre donnant donnant

fait partie du proverbe :

Có vay có trảmới thoả lòng nhau

PAR/ emprunter/ PAR/ rendre/ PAR/ satisfait/ entrailles/ les uns les autres

Donnant donnant est la seule façon de satisfaire les uns les autres

Pourquoi, lorsqu’on laisse tel quel có vay có trả (donnant donnant), on a toujours une locution, mais avec l’ajout mới thoả lòng nhau (à cette condition, on peut satisfaire les uns les autres), cela devient indiscutablement un proverbe ? La locution có vay có trả (donnant donnant) exprime un état concret, sa signification peut être résumée en un mot, celui de net,

mais le proverbe « Có vay có trả mới thoả lòngnhau » (Donnant donnant est la seule façon de satisfaire les uns les autres) est une vérité générale, c’est une expérience de la vie. On peut gloser le sens du proverbe : il faut être net en ce qui concerne l’argent pour conserver une bonne relation avec autrui. Ce proverbe montre une relation de condition et la locution có vay có trả joue le rôle de support pour que le proverbe Có vay có trả mới thoả lòng nhau puisse achever sa fondation de la relation.

Ainsi, pour transformer une locution en une partie de proverbe, le proverbe doit la mettre dans une relation quelconque et c’est cette relation qui permet de former le sens du proverbe.

Le terme de locution qui est la traduction française du mot vietnamien thành ngữ ne correspond pas rigoureusement à celui du français. La plupart des locutions vietnamiennes ont plusieurs caractéristiques formelles communes avec le proverbe comme la structure binaire rythmique associée à la rime ou aux assonances intérieures :

Locution:

Mặt xanh / nanh vàng

visage/ bleu/ canine/ jaune (se dit d’un air maladif)

Kẻ tung / người hứng

personne/ lancer/ personne/ recueillir (se dit d’une manipulation)

L’un lance, l’autre recueille Mẹ tròn / con vuông

mère/ ronde/ enfant/ carré (se dit d’un bon accouchement) Proverbe :

Có vay có trả / mới thỏa lòng nhau

PAR/ emprunter/ PAR/ rendre/ PAR/ satisfait/ entrailles/ les uns les autres

Donnant donnant est la seule façon de satisfaire les uns les autres Được đằng chân / lân đằng đầu

gagné/ côté/ pied/ empiété/ côté/ tête

Si on a concédé une petite part, on sera obligé de concéder davantage La répétition d’un même terme et / ou une syntaxe symétrique dans les deux volets soulignent le moule binaire de la locution et du proverbe. C’est pourquoi les locuteurs risquent de confondre la locution et le proverbe. La distinction entre la locution et le proverbe est nécessaire pour que l’on puisse justifier les caractéristiques de la locution ainsi que celles du proverbe.

De ce qui précède, on peut tirer une conclusion : du point de vue de la forme syntaxique, le proverbe diffère de la locution par son statut phrastique. La locution est généralement un syntagme et celle-ci peut s’insérer dans la phrase proverbiale en jouant le rôle d’un nom, d’un verbe, d’un adjectif... Quant au contenu informationnel de ces deux formes, la locution apporte toujours un sens nominatif alors que le sens du proverbe est un jugement.

2.1.2. Proverbe et ca dao (chanson populaire)

Comme le proverbe, la chanson populaire est une création populaire anonyme. Le trait le plus marquant de la chanson populaire est celui de la forme rythmique : toutes les chansons populaires existent en mètre de six Ŕ huit (une chanson populaire comporte au moins deux phrases : la première comprend six syllabes, la deuxième comprend huit syllabes ; la sixième syllabe de la première phrase fait rime avec la sixième syllabe de la seconde. La chanson

populaire est une formule rythmée typique, que l’on peut chanter ou déclamer. Pour cette raison, on la nomme chanson populaire.

On trouve dans quelques études sur les proverbes des phrases qui sont l’objet d’étude de la recherche sur les chansons populaires :

1. Nuôi lợn thí phải vớt bèo.

Lấy chồng thí phải nộp cheo cho làng

élever/ porc/ PAR/ devoir/ retirer/ laitue d’eau/ prendre/ mari/ PAR/ devoir/ donner/ droit de mariage/ à/ village

Quand on nourrit des porcs, il faut retirer des laitues d’eau, Quand la jeune fille se marie, elle doit payer le droit de mariage au village

2. Thâm đông, hồng tây, dựng mây Ai ơi đợi đến ba ngày hẵng đi

noir/ est/ rose/ ouest/ beaucoup/ nuage/ qui/ PAR EXC/ attendre/ jusqu’à/ trois/ jours/PAR/ partir

Quand il fait noir à l’est, il fait rouge à l’ouest, il fait du vent roux, Il faut attendre