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Le pharmacien, un acteur de la santé publique

Le pharmacien : rôle d’accompagnant de l’image de so

A. Le pharmacien, un acteur de la santé publique

1. Le pharmacien, rôle d’écoute et d’information du patient

Pour le patient malade et dans le cadre du cancer, il n’est pas toujours évident de se tourner vers le corps médical pour aborder les sujets qui le questionnent.

Le cancer du sein par exemple est une pathologie complexe dont les traitements et les conséquences engendrées ne sont pas toujours compris par la patiente et l’entourage.

L’équipe médicale pluridisciplinaire peut paraitre parfois inaccessible lors des questionnements : il faut se rendre à l’hôpital, le médecin est difficilement joignable, l’oncologue peut impressionner, etc. C’est dans ce cadre que le pharmacien d’officine peut avoir un rôle prépondérant car il s’agit du premier intermédiaire entre le patient et le médecin, le patient et le traitement.

Les pharmacies sont des lieux ouverts au public, disponibles sans rendez-vous, gratuitement, facilement grâce à leur répartition sur tout le territoire, et en permanence grâce à un service de garde 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les patients peuvent y trouver une écoute, une aide, des conseils pertinents et adaptés au cas de chacun.

D’après l’étude « Avenir Pharmacie » réalisée auprès de 414 pharmaciens titulaires d’officine et 1001 patients sur l’ensemble du territoire, entre le 21 février et le 6 mars 2018, qui s’est intéressée à « l’expérience patient en pharmacie », le pharmacien est considéré comme le professionnel de santé le plus facilement accessible (63% des patients), devant le médecin (33%) et l’infirmier (4%). Près de 9 patients sur 10 font confiance à leur pharmacien pour leur donner des conseils appropriés en cas d'urgence. [141]

Professionnel spécialiste du médicament, le pharmacien est le premier recours disponible lorsqu’un patient s’interroge sur un symptôme, un traitement, ou même des angoisses engendrées par la maladie. Le simple rôle d’écoute est parfois d’une grande aide face à des personnes bouleversées psychologiquement.

Au comptoir, il est plus facile de se confier et il arrive que certaines informations capitales soient données permettant au pharmacien d’informer le patient et le médecin pour améliorer la

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prise en charge. Le pharmacien a un rôle d’écoute important et il peut ainsi mettre en lumière les problèmes que rencontre le patient : des effets indésirables gênants ou inattendus, des signes de surdosage ou de possibles interactions médicamenteuses, une observance compliquée.

Ce rôle capital permet d’améliorer la prise en charge du patient et améliorer sa qualité de vie. Le pharmacien a également un rôle d’orientation des patients. En fonction de la nature et de la gravité des symptômes, il peut soit leur prodiguer des conseils et proposer un traitement adapté, soit les orienter vers une structure de soins adaptée (médecin, psychologue, spécialiste…).

Son rôle est d’encourager le patient à exprimer ses inquiétudes, ses doutes et ses difficultés liées à la maladie. Le pharmacien doit rester à l’écoute du patient, sans le juger et en lui portant l’intérêt nécessaire. Il ne doit pas minimiser les problèmes, mais chercher à trouver les bonnes solutions ou les mots rassurants en valorisant les efforts réalisés par le patient. Si besoin, il peut prendre contact avec le médecin, avec l’accord du patient, pour lui faire part de ces difficultés et essayer de les résoudre. Il peut également mettre le patient en contact avec une association de patients et/ou une structure d’éducation thérapeutique susceptible de le prendre en charge pour l’aider à mieux gérer sa pathologie.

2. Rôle d’aide au dépistage précoce du cancer du sein

Au cours de l’année 2019, le taux national de participation des femmes concernées par le dépistage du cancer du sein était seulement de 48,6%. [142] Ce taux reste à améliorer et le pharmacien d’officine peut y jouer un rôle important.

En tant qu’acteur de prévention et d’éducation à la santé, il est nécessaire que le pharmacien s’implique par des actions d’information et de prévention. A l’occasion d’Octobre Rose, qui permet de mettre en lumière la maladie, d’améliorer la transmission des informations concernant le cancer du sein, de sensibiliser le grand public et de réunir des fonds pour aider les chercheurs et les soignants, le pharmacien peut lui aussi avoir un rôle à jouer.

En effet, de nombreuses brochures et affiches sont à la disposition de l’équipe officinale notamment sur le site Cespharm ou le site des groupements pharmaceutiques pour promouvoir le dépistage des femmes entre 50 et 74 ans. [143] Cela peut aider le pharmacien à ouvrir une discussion avec les femmes concernées, notamment en expliquant la prise en charge à 100% de la mammographie par l’Assurance Maladie et en répondant aux questions sur l’examen mammographique, la pathologie, les traitements.

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Le pharmacien peut également questionner la patiente sur son suivi, et lui rappeler l’importance d’une mammographie préventive, mettre en lumière l’importance d’une bonne observance en cas d’hormonothérapie post cancer du sein et les mammographies de contrôle. Il peut également conseiller des applications permettant l’apprentissage d’une autopalpation afin d’apprendre à la patiente à devenir actrice de sa propre santé et à la responsabiliser En plus de l'examen annuel, recommandé chez le médecin ou le gynécologue, et de la mammographie, recommandée tous les deux ans entre 50 et 74 ans pour les personnes à risque faible à modéré de cancer du sein ; l'autopalpation des seins peut aider à un dépistage en détectant une tumeur précocement, ce qui qui peut augmenter les chances de guérison d'un cancer du sein.[145]

D’après l’HAS aucune étude n’a démontré l’efficacité de l’autopalpation mais il peut être intéressant d’apprendre à la patiente les signes qui peuvent pousser à une consultation médicale et ainsi conduire à un dépistage précoce.

Le pharmacien peut jouer un rôle en parlant de ces gestes au cours du mois d’octobre rose par exemple.

Il est recommandé de faire cet auto-examen régulièrement, à partir de 20 ans, quelques jours après les règles, les tissus étant alors plus souples. [145]

Il existe des applications pour smartphone, comme "Check yourself", qui programme un jour d’autopalpation des seins en fonction du cycle mensuel. [146]

Keep A Breast est une association californienne qui promeut depuis plus de vingt ans la prévention contre le cancer du sein. L’association a lancé une application gratuite téléchargeable sur smartphone, qui invite les utilisatrices à adopter les premiers gestes de prévention.

Tous les mois, les femmes inscrites reçoivent un rappel à procéder à l’examen de leurs seins ainsi que des questions de contrôle. En cas de doute, l’utilisatrice pourra se tourner vers un professionnel de santé via doctolib ou consulter son médecin.

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Figure 19 : Copie d’écran de l’’application Keep a Breast : apprentissage de l’autopalpation

Cette application comprend également de nombreux témoignages de femmes ayant eu un cancer du sein.

L’autopalpation est un geste anodin mais il est essentiel d’apprendre à le réaliser correctement. Ces gestes ne remplacent pas l’avis d’un médecin ou une mammographie de contrôle et il est important au pharmacien de le rappeler à sa patiente.