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Le pharmacien d’officine dans la prise en charge de la gonarthrose

C. Traitements non médicamenteux

IV. Le pharmacien d’officine dans la prise en charge de la gonarthrose

A. Sa place dans la stratégie thérapeutique

1. Le rôle du pharmacien d’officine

De nombreux professionnels de santé (médecins généralistes, rhumatologues, kinésithérapeutes) vont être amenés à intervenir dans le parcours de soin du patient, et notamment le pharmacien d’officine dont le rôle va nous intéresser plus particulièrement.

Lors de la prise en charge d’un patient à l’officine, le pharmacien doit accomplir son devoir professionnel en procédant à :

La vérification de la concordance de l’ordonnance avec le profil du patient : dosage, posologie et durée du traitement, respect des contre- indications et précautions d’emploi (terrain, interactions médicamenteuses). Pour cela, le pharmacien peut utiliser le dossier partagé (DP) du patient s’il en possède un ou bien l’interroger directement (attention à l’automédication) ;

• La vérification de la bonne compréhension du traitement par le patient : l’indication de chaque médicament, le schéma de prise ; • La mise en garde du patient vis-à-vis de la survenue éventuelle

d’effets secondaires à la prise du traitement et la conduite à tenir ; • La mise à disposition de conseils concernant son traitement (mode

d’emploi, modalités de prise des médicaments), sa maladie, les mesures hygiéno-diététiques, les traitements alternatifs et traitements non médicamenteux ainsi que sur la persistance ou l’aggravation de symptômes (orientation vers une consultation médicale) (84) ;

L’encadrement de l’automédication, correspondant à l’utilisation de médicaments hors prescription médicale par la propre initiative du patient. Elle a aussi son importance avec la volonté d’assistance et de conseils de la part du pharmacien (84).

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2. L’éducation thérapeutique du patient

L’éducation thérapeutique du patient souffrant d’arthrose du genou fait partie intégrante de sa prise en charge (21). Elle correspond à la formation du malade par des professionnels de santé comme le pharmacien d’officine. Cette formation apportera au patient les connaissances nécessaires, le savoir- faire ainsi que les comportements à adopter afin de gérer lui-même sa maladie. Cette éducation du patient doit se faire en étroite collaboration avec tout le personnel soignant.

L’intérêt de cet apprentissage étant de rendre le patient autonome et responsable, qu’il soit en mesure d’expliquer sa pathologie, d’en prévenir les éventuelles complications et d’avoir une bonne observance de son traitement afin d’améliorer sa qualité de vie et son pronostic vital (84).

3. Résumé de la prise en charge globale à l’officine

Pour un pharmacien d’officine se trouvant face à un patient atteint de gonarthrose diagnostiquée, qui se présente sans prescription médicale et à la recherche de conseils, une démarche de prise en charge globale de sa pathologie est proposée ci-dessous, associant traitements aigus et traitements de fond.

Dans un premier temps, le pharmacien doit rassurer le patient sur le caractère bénin de la maladie (81) et sur la possibilité de ralentir son évolution en corrigeant les facteurs de risque et d’aggravation (21). Pour cela, il est essentiel de lui apporter des conseils hygiénodiététiques ainsi que des règles d’économie de l’articulation, celles-ci seront également utilisées dans la prévention de la gonarthrose puisque nos « articulations doivent être protégées et ménagées tout au long de la vie » (44).

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Dans un second temps pour le traitement de la crise d’arthrose, le pharmacien pourra conseiller en soulagement de la douleur :

o Un antalgique par voie orale :

Paracétamol en première intention à raison de 4 gramme par jour maximum en 4 prises espacées de 4 heures minimum.

Ibuprofène en deuxième intention, si les douleurs du patient ne répondent pas au paracétamol, à raison de 1 200 mg par jour maximum, en 3 prises espacées de 6 heures, ou du kétoprofène, sans dépasser 75 mg par jour en 3 prises. Une durée de traitement la plus courte possible sera conseillée (56).

o En alternative ou complément de l’antalgique :

 Des plantes médicinales par voie orale, indiquées dans la phase aiguë grâce à leurs propriétés antalgiques et anti- inflammatoires : Cassis, Curcuma, Harpagophyton, Reine des prés, Saule ;

 Des souches homéopathiques par voie orale, indiquées dans le traitement des crises articulaires (Cf. Homéopathie) (56)

o En application locale, associé à l’antalgique par voie orale :  Du diclofénac sous forme de gel (VOLTARENE®) ou

d’emplâtre (FLECTOR TISSUGEL®) (42);

De l’argile verte (43) en poudre pour cataplasme (ARGILETZ®) ou en emplâtre (EAU THERMALE MONTBRUN®) (85).

Le cataplasme d’argile verte doit être appliqué en couche épaisse au niveau de l’articulation douloureuse recouverte d’un linge et laissé 1 à 2 heures puis retiré lorsqu’il est entièrement sec (43).

Des huiles essentielles indiquées dans l’arthrose, diluées dans une huile végétale (de Calophylle notamment) (86).

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 Des spécialités à bases d’huiles essentielles et/ou de plantes médicinales à usage externe (OEMINE ARTRO®, KOTOR GEL ARTICULAIRE®) (56).

o Des bains de Romarin :

Un bain de 10 à 20 minutes par jour à réaliser 2 fois par semaine. Pour sa préparation, réalisez une décoction de 20 g de rameaux ou sommités fleuries de Romarin (Rosmarinus officinalis CT camphora : décontracturant musculaire (87)) dans 1 litre d’eau pendant 15 minutes à ajouter ensuite à l’eau du bain. Ces bains de Romarin sont contre-indiqués chez l’enfant de moins de 12 ans, en cas de plaies ouvertes, d’affections cutanées aiguës, de fièvre élevée, d’infection sévère, de troubles circulatoires importants ou d’insuffisance cardiaque (56).

Enfin, dans le traitement de fond de la gonarthrose le pharmacien pourra conseiller :

o Des Antiarthrosiques d’Action Lente (médicaments) :

Glucosamine : 1500 mg/jour (DOLENIO®, FLEXEA®, OSAFLEXAN®, STRUCTOFLEX®) ;

Chondroïtine sulfate : 1200 mg/jour

(CHONDROSULF®, STRUCTUM®) ;

Insaponifiables d’avocat et de soja : 300 mg/jour (PIASCLEDINE®).

o Des souches homéopathiques indiquées dans le traitement de fond ;

o Des complément alimentaires à bases de :

Antiarthrosiques symptomatiques d’action lente ;

Plantes aux propriétés reminéralisantes et/ou antalgiques, anti-inflammatoires : Bambou, Cassis, Frêne, Lithothamne, Grande Ortie, Prêle, Reine des près ; Micronutriment : vitamines C, D, K, Calcium, Cuivre,

Magnésium, Or, Phosphore, Soufre, Zinc (Granions®, Oligostim®) ;

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 Autres composés : Méthylsulfonylméthane, acide hyaluronique, acide gras oméga 3, huile de Krill.

Avant la délivrance de toute spécialité, le pharmacien doit impérativement vérifier l’absence de contre-indications, donner les posologies ainsi que les précautions d’emploi au patient.

Enfin, le pharmacien peut conseiller, si nécessaire, l’utilisation d’une aide à la marche, d’orthèses de genou ou encore d’orthèses plantaires (sur avis spécialisé). Il pourra orienter le patient vers un kinésithérapeute qui lui conseillera des exercices quotidiens de musculation et de mobilisation articulaire (42).

Il ne faut pas oublier qu’il existe des limites au conseil du pharmacien d’officine. Les traitements recommandés par celui-ci devront être adressés à des patients dont le diagnostic de gonarthrose a été établi. De plus, la persistance de symptômes en dépit du traitement ou l’existence de douleurs articulaires associées à un gonflement, une rougeur de l’articulation ou de la fièvre nécessite une consultation médicale (56).

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