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Les facteurs de risque individuels

D. Facteurs de risque

1. Les facteurs de risque individuels

Les facteurs de risque systémiques révèlent une certaine susceptibilité à développer la maladie arthrosique (33).

a) L’âge

Le principal facteur de risque individuel de la gonarthrose est l’âge. En effet, nous pouvons noter que l’augmentation de la prévalence et de l’incidence de la gonarthrose est en lien avec l’augmentation de l’âge du patient. Cependant, la corrélation qui existe entre l’incidence de la gonarthrose et l’âge du patient n’est pas linéaire puisque le nombre de nouveaux cas s’accroit entre 50 et 75 ans mais reste limité après 75 ans (16).

b) Le sexe

Dans la population féminine, nous observons une prévalence et une sévérité de la gonarthrose plus importante par rapport au sexe masculin, avec un odds ratio (OR) combiné de 1,68. L’augmentation de la prévalence et de l’incidence de la maladie chez les femmes aux alentours de la ménopause fait suspecter un rôle des œstrogènes dans le mécanisme de l’arthrose. Cependant, les études réalisées n’ont pas été concluantes (16).

c) L’ethnie

L’appartenance à un certain groupe ethnique constitue également un facteur qui entre en jeu dans la prévalence de la gonarthrose. La population chinoise féminine par exemple, présente un plus grand risque de développer une arthrose du genou certainement dû à des accroupissements répétés qui provoquent de fortes pressions sur l’articulation (16).

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d) L’hérédité

Des études familiales ont permis de mettre en évidence l’implication des facteurs génétiques dans le développement de l’arthrose. Dans la gonarthrose, la composante héréditaire compterait pour 40 %. De nombreux gènes vont jouer un rôle dans le processus de gonarthrose : DVWA, GLN3/GLT8D1,

BTNL2, COG5/GPR22/DUS4L/HBP1, MCFL2, HLA-DQB1, TP63, FTO et SUPT3H/RUNX2. Nous retrouvons également le gène GDF5 qui serait

impliqué dans l’apparition de lésions de l’os sous-chondral, de dommages articulaires, de modification de la démarche ou encore dans l’inhibition de la chondrogenèse (16).

e) Le surpoids et l’obésité

Le surpoids constitue un facteur de risque supplémentaire de développer une gonarthrose avec un odds ratio combiné de 1,98. Un patient est considéré en surpoids lorsque son indice de masse corporelle (IMC) est situé entre 25 et 30.

Dans le cas d’une personne souffrant d’obésité, l’indice de masse corporelle est supérieur à 30. L’obésité est un facteur favorisant la survenue d’une arthrose du genou avec un odds ratio combiné de 2,66. De plus, il existerait une relation linéaire entre obésité et incidence de la gonarthrose. En effet, des études ont montré qu’une augmentation de l’IMC de 5 unités serait en lien avec une augmentation de 35 % du risque de gonarthrose.

Un lien entre arthrose et syndrome métabolique a été mis en évidence par des études, montrant ainsi que les effets inflammatoires systémiques causés par l’obésité du patient favoriserait l’apparition d’une arthrose (16).

f) Les comorbidités

L’influence des comorbidités sur la gonarthrose est difficile à évaluer dans la mesure où chacune d’elles aggraverait la progression de l’autre.

Parmi les facteurs métaboliques, le rôle de l’obésité dans la pathologie a déjà été mis en évidence. Le diabète de type II ou une hyperglycémie constitue

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également un facteur de risque de survenue de gonarthrose. En effet, l’accumulation de glucose provoquerait une inflammation systémique, créant ainsi un environnement défavorable et toxique qui serait lié au développement de l’arthrose. De plus, les produits finaux de la glycation avancée ou AGE (advanced glycosylation end products) participeraient au phénomène de détérioration du cartilage et à l’activation des chondrocytes. Au cours d’une étude américaine, il a été montré que la prévalence du syndrome métabolique était deux fois plus importante chez les sujets arthrosiques que chez les sujets indemnes de la maladie.

D’autres études ont montré l’implication des maladies cardiovasculaires (hypertension, maladie cardiaque ischémique) et respiratoires, des dyslipidémies ou encore d’une intolérance au glucose dans le développement d’une gonarthrose. Réciproquement, l’arthrose accentuerait ces comorbidités peut-être à cause de la sédentarité des sujets. Les patients souffrant de gonarthrose présenteraient une production excessive de cytokines pro- inflammatoires par le tissu adipeux participant ainsi à l’apparition de pathologies cardiovasculaires (16).

g) Le tabac

L’implication du tabac dans le développement d’une gonarthrose est difficile à déterminer. Une étude menée en 2014 avait permis de dire que la consommation de tabac conférait une protection modérée face à l’apparition d’une arthrose du genou. Cependant, une étude récente n’a pas pu mettre en évidence de lien significatif entre le fait d’être fumeur et l’apparition d’une gonarthrose, avec un odds ratio combiné de 0,92 (16).

h) L’alimentation

L’action des vitamines et autres facteurs alimentaires dans l’arthrose fait l’objet de nombreuses recherches. Cependant, des études cliniques supplémentaires permettraient d’obtenir de meilleurs résultats quant au rôle de l’alimentation dans la maladie.

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Il semblerait que de faibles taux en vitamines C, D et K joueraient un rôle dans l’apparition de l’arthrose mais les résultats obtenus sont parfois contradictoires d’une étude à l’autre. Une étude réalisée en 2013 a montré qu’une supplémentation en vitamine D, parallèlement au placebo, n’a pas permis de diminuer la douleur ni même la perte cartilagineuse. Alors que deux autres études récentes ont montré qu’un déficit en vitamine D accentuerait l’évolution symptomatique de la gonarthrose.

Pareillement pour la vitamine C et E, les résultats des recherches sont contradictoires. Certaines études suggèrent qu’un taux plasmatique élevé en vitamines C et E apporterait une protection contre l’arthrose et sa progression. D’autres études montrent que l’incidence de la gonarthrose radiographique est plus importante chez des patients présentant des taux élevé en vitamines C et E. Pour la vitamine K en revanche, le risque de progression des lésions articulaires serait plus important chez les patients ayant de faibles taux plasmatiques de vitamine K1.

Concernant les acides gras, une alimentation riche en acides gras polyinsaturés oméga-3 (en particulier d’acide docosahexaénoïque retrouvé dans les poissons gras) serait associée à une plus faible perte en cartilage fémoropatellaire. De plus, un apport élevé en acides gras polyinsaturés oméga-6 (plus précisément d’acide arachidonique contenu dans la viande) augmenterait le risque de développer une synovite.

La consommation de légumes crucifères (brocolis) serait associée à un effet protecteur des articulations dû à la présence de sulforaphane. Ce composé inhiberait, dans les chondrocytes et les fibroblastes de la membrane synoviale, la synthèse d’enzymes induites par des cytokines pro-inflammatoires. Cependant, l’administration par voie orale de sulforaphane n’est pas possible en pratique courante car la quantité à ingérer serait trop élevée pour avoir des concentrations tissulaires efficaces.

Le resvératrol est un autre composé végétal qui, utilisé par voie intra- articulaire, aurait un effet sur l’évolution de la gonarthrose en luttant contre la mort des chondrocytes par apoptose. Nous le trouvons en grande quantité

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dans la peau du raisin rouge et donc dans le vin rouge. Le curcuma peut être utilisé en synergie avec le resvératrol grâce à ses propriétés anticataboliques. Il est également capable d’inhiber des médiateurs de l’inflammation (16).

i) La densité et masse osseuse

D’après deux études récentes, les personnes possédant une masse osseuse très élevée à différents endroits auraient de plus grande chance de développer une gonarthrose. En revanche, il a été montré que la masse osseuse systémique ou sous-chondrale était associée positivement à l’épaisseur du cartilage, chez des sujets avec ou sans gonarthrose.

De plus, la diminution de l’activité physique du patient avec la progression de la gonarthrose réduirait la charge appliquée sur l’articulation et serait associé à une diminution de l’épaisseur du cartilage (16).

j) Les biomarqueurs

A côté des facteurs de risques cliniques, les marqueurs biochimiques représentent un groupe prometteur de marqueurs pronostiques de la gonarthrose. Plusieurs biomarqueurs de la destruction de la matrice cartilagineuse en liens avec l’incidence de la maladie arthrosique ont été identifié :

o Le télopeptide C-terminal urinaire du collagène de type II (uCTX-II) ; o La protéine matricielle oligomérique du cartilage (COMP) ;

o Les métalloprotéases matricielles sériques participant à la dégradation du collagène de type II.

D’autres biomarqueurs diagnostiques et pronostiques de l’arthrose ont été mis en évidence dans une étude récente :

o L’acide hyaluronique (biomarqueur positif) ;

o Le propeptide N-terminal du collagène de type IIA (biomarqueur positif) ;

o Le produit de clivage du collagène de type I et II ([sCol2-3/4] biomarqueur négatif).

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Cependant, les chercheurs ont précisé que les intervalles de référence ainsi que les concentrations des biomarqueurs diagnostiques et pronostiques devaient être fonction de l’âge, du sexe et de l’ethnie des patients (16).