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2.4 Dispositif ´electronique et m´ecanique du for¸cage des ´ecoulements

3.1.2. a Le mod`ele de Hazewinkel et al

Durant leur convergence vers l’attracteur inviscide, les ondes voient leur longueur d’onde diminuer d’un facteur γ `a chaque r´eflexion focalisante. Ce processus de r´eduction des ´echelles des ondes `a chaque “tour de cavit´e” pendant leur propagation est visible dans les exp´eriences d’attracteur d’ondes internes de gravit´e men´ees en 2017 par Brouzet et al. [78] au sein d’une cavit´e trap´ezo¨ıdale : en for¸cant une onde plane `a grande ´echelle (de la hauteur de la cavit´e), ils ont ´etudi´e l’´evolution avec le temps de la longueur d’onde dominant le champ de vitesse pendant l’´etablissement de l’´ecoulement et aussi apr`es l’arrˆet du for¸cage.

Visible `a la figure 3.5, leurs donn´ees r´ev`elent une d´ecroissance de la longueur d’onde vers une valeur asymptotique durant l’´etablissement de l’attracteur ainsi qu’une deuxi`eme d´ecroissance pendant son d´eclin, apr`es l’arrˆet du for¸cage. Des r´esultats comparables avaient d´ej`a ´et´e pr´esent´es en 2008 par Hazewinkel et al. [84] toujours dans des exp´eriences d’attracteur d’ondes internes de gravit´e.

Hazewinkel et al. proposaient dans ce mˆeme article un mod`ele pour l’attracteur en consi-d´erant la progression d’une onde plane monochromatique de fr´equence σ0, de longueur d’onde initiale λf et d’amplitude en vitesse initiale U0. Pendant la propagation de l’onde sur une dis-tance ξ, le facteur d’att´enuation visqueux de l’amplitude en vitesse de l’onde s’´ecrit : ǫλf = exp(−ℓ2ξ(2π)33f) avec ℓ2 = ν/p4Ω2− σ02 pour une onde d’inertie (cf. partie 1.3.2) et ℓ2 = ν/2pN2− σ2

0 pour une onde interne de gravit´e avec N la fr´equence de flottabilit´e aussi dite de Brunt-V¨ais¨al¨a. En notant la longueur de l’attracteur inviscide La et en consid´erant que l’onde se propage d`es ses “premiers tours” le long de l’attracteur inviscide, l’onde aura, apr`es un tour d’attracteur et juste apr`es sa r´eflexion sur la paroi inclin´ee, une amplitude en vitesse

Figure3.5 – Longueur d’onde λ dominant le champ de vitesse en fonction du temps dans une exp´erience o`u une onde interne de gravit´e est forc´ee `a grande ´echelle dans une cavit´e trap´ezo¨ı-dale. On observe le r´egime transitoire apr`es le d´emarrage du for¸cage, l’´etablissement du r´egime stationnaire puis un autre r´egime transitoire suivant l’arrˆet du for¸cage (mat´erialis´e par la droite verticale tiret´e). Les couleurs indiquent diff´erentes amplitudes de for¸cage. Extrait de Brouzet et al. [78].

U1 = U0γ exp(−ℓ2La(2π)33f). On peut montrer par r´ecurrence qu’apr`es n tours d’attracteur, l’amplitude en vitesse Un de l’onde sera

Un= U0γne−ℓ 2La(2π)3 1−γ3n λ3 f(1−γ3) (3.1) et sa longueur d’onde λn = λfn. (3.2) `

A partir de ce mod`ele, Hazewinkel et al. ont pu pr´edire le “spectre spatial” dans la direction transverse `a la direction de l’attracteur inviscide. Ce spectre r´esulte de la superposition de toutes les ondes ayant effectu´ees un nombre de tours d’attracteur diff´erents. La comparaison du mod`ele aux exp´eriences est visible `a la figure 3.6. L’accord raisonnable entre le spectre exp´erimental et le spectre th´eorique montre que ce mod`ele r´eussit `a rendre compte de la physique r´egissant les ´echelles transverses de l’attracteur en montrant l’´emergence d’une ´echelle dominante conforme `

a celle observ´ee. Le d´esaccord observ´e aux petites ´echelles est attribu´e par Hazewinkel et al. au bruit de mesure.

Remarquons ici que le spectre mesur´e par Hazewinkel et al. est continu alors que leur mod`ele pr´edit l’existence d’une assembl´ee de longueurs d’onde discr`etes et donc d’un spectre compos´e de pics `a ces longueurs d’ondes. La version continue du mod`ele repr´esent´ee en ligne tiret´ee `a la figure 3.6 est obtenue en consid´erant n comme une variable continue dans l’´equation (3.1). Ce n’est pas ´evoqu´e par les auteurs, mais cela peut se justifier par le fait que le for¸cage exp´erimental n’injecte pas l’´energie dans une onde plane monochromatique mais dans un paquet d’ondes portant une longueur d’onde caract´eristique.

3.1. LES ATTRACTEURS D’ONDES INTERNES P (kη ) P (kηn) P (kη)

Figure 3.6 – Densit´e spectrale de puissance P (kη) de la composante du gradient de densit´e dirig´ee selon l’axe η transverse `a l’attracteur en fonction du nombre d’onde kη observ´e dans une exp´erience d’attracteur d’ondes internes de gravit´e. Les donn´ees exp´erimentales sont en trait plein et le mod`ele d´ecrit dans le texte est repr´esent´e par les carr´es noirs. La version continue du mod`ele (obtenue en consid´erant n comme une variable continue dans l’´equation (3.1)) est repr´esent´ee par une ligne tiret´ee. Le mod`ele est normalis´e pour que le maximum de la courbe ait la mˆeme valeur que celui de la courbe exp´erimentale. Extrait de Hazewinkel et al. [84].

en effet ´ecrire l’amplitude en vitesse de l’onde plane lors de sa propagation le long de l’attracteur inviscide pendant son n+1`emetour d’attracteur. Pour cela, il faut prendre en compte l’att´enuation visqueuse qu’aura subie l’onde apr`es avoir parcouru une distance s ∈ [0, La] depuis sa derni`ere r´eflexion sur la paroi inclin´ee. L’amplitude de l’onde apr`es n tours et le parcours de la distance s pendant le n + 1`emetour s’´ecrit ainsi

U (n, s) = U0γne−ℓ 2La(2π)3 1−γ3n λ3 f(1−γ3) e−ℓ 2s(2π)3 γ3n λ3 f . (3.3)

On peut alors pr´edire l’´echelle dominant l’attracteur localement `a la coordonn´ee s en calculant la longueur d’onde associ´ee au maximum par rapport `a n de la fonction U (n, s) de l’´equation (3.3). En d´erivant par rapport `a n, on trouve que le maximum de U (n, s) est atteint pour

nmax= − ln  3ℓ2(2π)3 λ3 f h s + La (γ3−1) i 3 ln(γ) . (3.4)

On trouve l’´echelle dominante `a la coordonn´ee s en injectant nmax dans l’´equation (3.2) :

λnmax(s) = 2π31/32/3  s + La3− 1) 1/3 . (3.5)

Remarquons ici que n repr´esente le nombre de tours d’attracteur et qu’il ne peut par cons´equent qu’ˆetre positif. Pour que la longueur d’onde dominant l’attracteur soit bien λnmax, il est donc n´ecessaire d’avoir nmax ≥ 0, ce qui peut se r´e´ecrire

Comme U (n, s) ne comporte qu’un seul maximum local par rapport `a n, cette derni`ere relation montre que l’´echelle dominant l’attracteur sera le minimum entre la longueur d’onde du for¸cage λf et λnmax. Cette pr´ediction refl`ete l’absence de processus “d´efocalisant” permettant de trans-f´erer l’´energie de l’onde forc´ee vers des ondes de plus grandes ´echelles au sein de la cavit´e de l’attracteur.

En posant ξ = s + La/(γ3 − 1) dans l’´equation (3.5), on trouve pour la longueur d’onde caract´eristique de l’attracteur la loi λ(ξ) ∝ ℓ2/3ξ1/3. Cette loi est formellement identique `a celle pour la longueur d’onde caract´eristique d’un faisceau d’onde auto-similaire issu d’une source ponctuelle (invariante selon y) `a une distance ξ de la source (cf. partie 1.3.2). On peut mˆeme remarquer que les pr´efacteurs num´eriques `a ces deux lois sont proches (9.06 dans l’´equation (3.5) contre 7.07 dans un faisceau auto-similaire de Moore et Saffman). Ainsi, le faisceau d’ondes de l’attracteur, une fois “d´epli´e”, peut ˆetre vu comme un faisceau auto-similaire issue d’une source ponctuelle virtuelle qui serait situ´ee `a une distance L0 = La/(γ3− 1) en amont de la r´eflexion focalisante.