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Le manque d’information ou méconnaissance des missions

III. L’adhésion thérapeutique à l’officine

IV.3. Rémunération du Pharmacien d’officine

IV.4.5. Le manque d’information ou méconnaissance des missions

L’entretien pharmaceutique devant être proposé par le pharmacien officinal aux patients, certains pharmaciens peuvent également manquer d’information sur la réalisation de ces derniers, que ce soit pour les AVK, AOD et asthme ou sur la possibilité de les étendre à d’autres pathologies chroniques (non rémunérés). Cependant, l’absence d’information entourant ces activités peut traduire un manque d’implication du ou des pharmaciens dans ces nouvelles missions. 176, 177

Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, un certains nombres de barrières dans la pratique officinale peuvent freiner la réalisation des entretiens pharmaceutiques et donc de suivi d’observance au sein des officines. Il existe tout de même des officines réunissant tous les critères pour les réaliser, pouvant donc être en mesure de proposer un accompagnement de qualité aux patients souffrant de maladies chroniques autre que celles proposées par l’Assurance Maladie comme les patients goutteux.

IV.5. Coopération entre professionnels de santé

Ces actions d’accompagnement restent centrées autour d’un acteur principal, le patient. De plus, ces exemples d’application des nouvelles missions du pharmacien au patient goutteux ne représentent en rien des substitutions aux consultations médicales mais au contraire représentent un acte de complémentarité mettant en jeu les compétences de chaque professionnel de santé. Ce qui implique une coopération entre tous les acteurs de parcours de soin autour du patient. 178 L’article 51 de la loi HPST stipule que les professionnels de santé « peuvent s'engager, à leur initiative, dans une démarche de coopération ayant pour objet d'opérer entre eux des transferts d'activités ou d'actes de soins ou de réorganiser leurs modes d'intervention auprès du patient. Ils interviennent dans les limites de leurs connaissances et de leur expérience ainsi que dans le cadre des protocoles définis aux articles L. 4011-2 et L. 4011-3 ». Cette coopération est primordiale pour le pharmacien afin d’aller au-delà des conseils du comptoir et pouvoir proposer la réalisation d’entretiens pharmaceutiques auprès d’un patient souffrant de goutte dans le but d’améliorer son observance. 141, 178

Or le cadre législatif a orienté cette évolution vers une substitution de tâches pouvant générer des tensions entre les différents intervenants. Les entretiens pharmaceutiques faisant ainsi suite aux précédentes discordes liées au droit de substitution accordé au pharmacien qui avait fait beaucoup de bruit chez les médecins généralistes notamment. Plus récemment, le projet d’ouvrir le droit à la vaccination pour les pharmaciens a, là encore provoqué, des réactions et de vifs débats au sein de la communauté médicale et pharmaceutique dans notre pays. Ces tensions sont apparues car ces différentes tâches font l'objet de luttes en fonction de leur technicité, leur pénibilité, leur rémunération mais aussi leur prestige, témoignant d’une lutte historique de pouvoir et de notoriété entre les différents professionnels de santé. Ces tensions peuvent ainsi freiner l’élargissement des actions d’éducation thérapeutique au sein des officines. 179

Et pourtant, si elles sont bien réalisées, ce sont de véritables « équipes de santé » qui peuvent ainsi prendre forme, pouvant potentiellement changer positivement les habitudes du patient. En effet, ce travail de concert où le médecin établit les diagnostics et prescrit un traitement adapté au patient, et où le pharmacien consolide la thérapeutique par un suivi du malade, chacun apportant ainsi son savoir-faire, constitue une vraie révolution dans la prise en charge des patients atteints de pathologies chroniques, comme la goutte. 180

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CONCLUSION

Bien qu’ancienne, la goutte est une maladie chronique toujours d’actualité. Bien trop souvent négligée, mise de côté ou mal prise en charge, la goutte est à l’origine de nombreuses complications pour les patients : arthropathie sévère, insuffisance rénale chronique, augmentation de la mortalité cardiovasculaire. La goutte est une pathologie dont la prise en charge doit être revue et réalisée avec attention.

La prise en charge et l’observance du traitement se révèlent cependant très médiocres en France. Trop de médecins ne s’intéressent qu’au traitement des crises de goutte ; celles-ci doivent être bien entendu traitées, symbolisant la face visible et extrêmement douloureuse de la maladie, mais il ne faut pas oublier pour autant la nécessité de lutter contre l’hyperuricémie par l’atteinte de l’objectif thérapeutique, seule mesure à même de traiter la goutte, sous réserve d’une prise quotidienne régulière du traitement hypo- uricémiant. Il est donc également important de mesurer régulièrement l’uricémie du patient avec comme cible un abaissement du taux d’acide urique sanguin en dessous des 60 mg/L, seuil en-dessous duquel la dissolution des cristaux d’acide urique sera obtenue, les crises écartées et la santé des patients restaurée.

La mauvaise observance du patient goutteux est aussi la conséquence d’un manque d’information et d’encadrement de ce dernier. En effet, aucun succès ne peut être obtenu sans une relation de qualité et sans une éducation thérapeutique adaptée au patient. Cette observance peut donc être améliorée par l’éducation afin que le malade puisse comprendre sa pathologie et suivre sa médication. Grâce à l’ETP, le patient pourra reconnaître les signes annonciateurs d’un accès aigu, différencier les traitements de crises et les traitements de fond, adapter son alimentation pour éviter des apports excessifs en purines, mesurer l’efficacité de sa thérapeutique via le bilan sanguin, ou encore intégrer l’intérêt qu’il aura à pratiquer une activité physique et perdre du poids. Toutes ces compétences acquises concourent à l’efficacité du traitement, et doivent être régulièrement évaluées par le patient et les soignants.

Ce processus demande du temps et ne peut se résumer à la seule responsabilité du médecin. Le pharmacien d’officine à également un rôle à jouer dans cette prise en charge. Dans la deuxième partie de cette thèse, nous avons vu la place que peut occuper le pharmacien dans la détection de l’inobservance mais aussi les différents et nombreux conseils et informations qu’il peut délivrer au patient goutteux lors de sa venue à l’officine. Ces conseils encouragent l’observance et renforcent les messages prodigués par le médecin lors de la consultation.

Ces deux professionnels de santé doivent collaborer pour aider les patients goutteux dans leur quotidien en vue d’améliorer leur condition et leur qualité de vie. C’est dans cette optique qu’en 2009, la loi HPST a attribué de nouvelles missions au pharmacien d’officine, soulignant ainsi sa place en tant que professionnel de santé dans le parcours

de soin. Le pharmacien peut ainsi participer aux actions d’éducation thérapeutique et d’accompagnement des patients atteints de maladies chroniques via la réalisation d’entretiens pharmaceutiques et de suivi d’observance, pour les aider à acquérir et maintenir des compétences qui leur permettront de mieux gérer leur vie et d’assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge. Ainsi, le patient est placé au cœur d’une prise en charge pluridisciplinaire, médecin, pharmacien et patient formant ainsi une alliance pour mener à bien le projet thérapeutique du patient atteint de goutte. Cette collaboration entre professionnels de santé peine cependant à se mettre en place, prenant part aux troubles déjà existants entre médecins et pharmaciens dans un contexte de substitution des tâches médicales, de problématiques de rémunération, occasionnant les luttes de pouvoir et de notoriété entre ces deux professions. Et pourtant, ces actions d’accompagnement réalisées par le pharmacien ne se substituent en aucune façon aux consultations médicales, mais sont, au contraire, complémentaires de ces dernières.

Néanmoins, il est important de définir un cadre pour la réalisation de ces programmes d’ETP afin d’en assurer la qualité. À ce jour, la goutte ne fait pas partie des priorités de santé publique et les actions d’accompagnement officinal ciblées pour ces patients n’ouvrent pas le droit à une rémunération de l’Assurance Maladie pour le pharmacien. Toutefois, ces démarches peuvent s’inscrire dans une politique de service et de fidélisation des patients à l’officine, et cette thèse propose une feuille de route pour mener à bien ces entretiens dans cette pathologie.

Ces nouvelles missions octroyées au pharmacien, associées à ses actions pharmaceutiques initiales de conseils liés à l’ordonnance, font de lui un acteur primordial dans la prise charge du patient goutteux ; lui permettant ainsi de participer activement à son adhésion thérapeutique pour, in fine, obtenir une amélioration de son état de santé. Cette place prépondérante permet ainsi de valoriser la profession et de renforcer la confiance de ces patients vis-à-vis de leurs pharmaciens d’officine.

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