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2 Le concept central de vulnérabilité territoriale

CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

II- 2 Le concept central de vulnérabilité territoriale

II-2-1 Vulnérabilité et systèmes socio-écologiques

Les SSÉ ont comme concepts centraux le risque, la vulnérabilité, l’adaptation et la résilience. Le concept de vulnérabilité nous semble particulièrement adapté aux relations ville- port.

Deux approches fondamentales – théories de l’équilibre et de l’évolution – s’opposent sur la vulnérabilité d’un système socio-écologique, en fonction d’un même risque identifié.

Selon la théorie de l’équilibre, chaque organisme ou système possède un état d’équilibre, qu’il cherche à conserver malgré ses interactions permanentes avec l’extérieur. La vulnérabilité de l’organisme ou du système est, selon cette approche, soit une fragilité interne de l’organisme ou du système, soit une perturbation extérieure trop forte pour que celui-ci puisse l’absorber sans rompre son équilibre. La vulnérabilité a donc une connotation négative et le but est de la réduire au maximum afin d’assurer la résilience du système, un retour à son état initial. Cette approche tant à nier l’évolution. C’est la théorie la plus courante, ce qui fait que la vulnérabilité revêt la plupart du temps une connotation négative (Gallopin 2006).

• Selon la théorie de l’évolution, chaque organisme ou système possède un état dynamique qui se modifie perpétuellement sous l’action des interactions permanentes avec le milieu extérieur, selon une trajectoire résultant des réactions de l’organisme à ces stimuli (fig 17). Le retour à l’état antérieur n’est pas envisagé, et il n’existe véritablement aucun état initial ou aucun état définitif à atteindre. Le concept de vulnérabilité est donc très différent de celui de l’approche précédente. Ici, la vulnérabilité est davantage une capacité d’adaptation au monde extérieur, une opportunité de changement, beaucoup plus qu’une menace pour l’intégrité de l’organisme ou du système. La vulnérabilité a donc ici une connotation positive et l’organisme ou le système concerné va davantage chercher à se doter de mécanismes d’évolution et d’adaptation, que d’outils de protection et de résilience contre les stress internes et les perturbateurs externes.

Figure 17. Vulnérabilité et théorie de l’évolution

Source : Gallopin (2006)

Selon l’approche évolutionniste de la vulnérabilité, les SSÉ analysent le processus de transformation spatiale d’un territoire. La vulnérabilité est à l’origine de la production d’un nouveau territoire, à la fois naturel et humain (Gallopin 2006).

C’est cette approche qui nous semble la plus pertinente pour l’étude des relations ville-port car tout territoire anthropique est nécessairement en évolution permanente. C’est bien le cas des interfaces ville-port.

II-2-2 Vulnérabilité et gestion territoriales

La vulnérabilité dont il est question dans les relations ville-port est à questionner. Les études portuaires se concentrent traditionnellement sur la vulnérabilité économique et/ou logistique des ports et des systèmes de transport. Les études urbaines ne prennent pas en compte la vulnérabilité logistique en lien avec les transports de fret, seuls les transports de passagers étant traditionnellement associés à ce champ d’étude. La logistique urbaine de fret reste ainsi largement associée aux études portuaires.

Les études urbaines traitent surtout de vulnérabilité sociale ou économique des territoires. Récemment, la vulnérabilité environnementale, des ports ou des territoires, a été introduite dans l’un et l’autre champ d’études, mais de manière séparée et partielle. Les études portuaires se penchent sur la vulnérabilité des écosystèmes impactés par les activités portuaires, ainsi que sur la vulnérabilité des ports face aux risques naturels et manifestations climatiques extrêmes, en lien avec le changement climatique. Risques, atténuations et adaptations sont donc des concepts qui entrent dans les études portuaires depuis une dizaine d’années, mais la vulnérabilité environnementale est encore peu traitée. Surtout, elle n’est pas encore associée au champ des relations ville-port. Quant à la vulnérabilité sociale, elle commence à être étudiée par quelques auteurs (Woudsma 2012 ; de Lara 2012)

Nous pensons que les relations ville-port doivent travailler sur leur vulnérabilité territoriale de façon holistique à partir de l’analyse des processus économiques, sociaux et environnementaux. La gestion territoriale qui en découle est alors adaptée tant à l’entreprise qu’à la société.

Nous voulons donc étudier l’évolution d’une interface par le biais de la réduction de ses vulnérabilités (Cenci et al. 2014). La stratégie territoriale face à celles-ci est alors d’adopter des mesures à la fois réactives (mesures d’atténuation) et proactives (mesures d’adaptation), ce qui conduit à la création d’un territoire commun moins vulnérable. Cette nouvelle gestion territoriale nécessite la collaboration de tous les acteurs, publics, privés, opinion publique, dont les moyens matériels et humains sont indispensables (Cenci et al. 2014 ; Chhetri et al. 2014).

L’adoption d’une approche d’écologie territoriale nous a amené à former un nouveau cadre conceptuel centré sur la vulnérabilité territoriale pour notre étude des relations ville-port. La mise en œuvre de cette étude requiert également un cadre méthodologique adapté.

L’écologie politique est une nouvelle manière de réfléchir, en réponse à de nouveaux enjeux académiques. Elle ne nécessite pas un arsenal méthodologique spécifique. Les outils traditionnellement utilisés dans le champ des relations ville-port peuvent donc s’appliquer à notre étude. Nous devons les ajuster à nos cadres théorique et conceptuel.

IIICADRE

METHODOLOGIQUE

Nous allons présenter successivement notre cadre méthodologique, les problèmes et limitations méthodologiques soulevés, notre terrain d’étude puis les critères et indicateurs qui en découlent. Nous détaillerons ensuite les outils de collecte et d’analyse des données. Enfin, nous conclurons sur les forces, les limites et les lacunes de notre étude, ainsi que sur les axes de recherche future.