3.3 Les albums de jeunesse qui font référence à l'art à l'école
3.3.4 Le collectionneur d'instants de Quint Buchholz
Une partie du mémoire de Delphine Durand-Gendulphe est consacré à la comparaison des tableaux de Magritte avec les illustrations du Collectionneur d'instants200. Elle propose une séquence de trois séances. Cette séquence a été mise en œuvre. La première séance consiste à montrer des illustrations tirées du Collectionneur d'instants et des tableaux de Magritte aux élèves. Les élèves remarquent d'eux-mêmes les similitudes. Ensuite, l'enseignant demande si certaines de ces œuvres sont réalisables en classe. Avec l'enseignante, ils élaborent les différentes étapes et techniques nécessaires afin de réaliser de telles œuvres. Les deuxième et troisième séances sont consacrées à la réalisation.
Malheureusement, Mme Durand-Gendulphe ne parle pas des ressemblances trouvées par les élèves. Les élèves ne savent pas pourquoi Quint Buchholz fait référence à Magritte, ni en quoi consiste le surréalisme. Il conviendrait d'ajouter plusieurs séances au début de la séquence, consacrées à la lecture de l'album et aux explications sur le texte. Lors de ces séances, les élèves pourraient s'interroger sur les raisons de l'utilisation des peintures de Magritte par Quint Buchholz et sur les raisons qui ont poussé Max à dévoiler ses peintures une fois qu'il est parti.
D'autres pistes sont proposées aux enseignants dans un document réalisé par la circonscription du Havre Ouest, la circonscription de Monthivilliers et l'IUFM du Havre201. Le document parle du rapport texte-image : la nostalgie des premières pages, après que le peintre est parti, manifestée par des illustrations sépia, s'oppose à la découverte des tableaux en couleur. Ce qui est représenté sur les tableaux est en décalage avec les titres. Le cadrage des tableaux amène le lecteur à regarder à l'extérieur de la page, des éléments récurrents incitent au voyage (échelles, fenêtres...) et rappellent les tableaux de Magritte représentant des fenêtres ouvertes sur le ciel. D'ailleurs, la composition du tableau de la page 23, où Max s'est représenté, est similaire à une des versions de La condition humaine. Le document souligne le fait que « Le rôle des
200DURAND-GENDULPHE Delphine, Quels apprentissages sont favorisés par la lecture d'albums ? [en ligne], IUFM de Dijon [2006], consulté le 18 mars 2012. Disponible sur le web :
www.dijon.iufm.fr/doc/memoire/mem2006/06_05STA00803.pdf
201CIRCONSCRIPTION DU HAVRE OUEST, CIRCONSCRIPTION DE MONTHIVILLIERS, IUFM DU HAVRE, Le collectionneur d'instants [en ligne] [date inconnue], consulté le 18 mars 2012.
Disponible sur le web :
http://ecoles.ac-rouen.fr/havreouest/ressources/litt_jeuness/pdf/Le_collectionneur.pdf
tableaux sera à définir : reproduisent-ils la réalité ? Sont-ils des passages entre le réel et des univers étranges ? Sont-ils des passeurs d’émotions ? Ou collection d’instants ? » Le document propose plusieurs pistes de travail.
Tout d'abord, il propose de mettre en parallèle les deux moments de la vie de l'enfant présentés dans l'album. On distingue les moments où Max n'est pas là (avant la rencontre avec Max, une fois qu'il est reparti) des moments où l'enfant est avec le peintre.
Il est possible de travailler sur les tableaux de Max. Dans un premier temps, l'enseignant les montre aux enfants, puis ils les associent avec les titres afin de faire apparaître le décalage entre les sujets représentés et les titres. Les rappellent l’œuvre d'Edward Hopper, qui peignait des moments de la vie quotidienne. Les titres des tableaux sont très caractéristiques : « Parfois des enfants passaient, délibéraient avec l'homme, puis disparaissaient derrière une des portes » représente un homme devant une porte, à Venise. On n'y voit aucun enfant202. « Tout devant était assise une vieille dame, à l'ombre d'un châtaigner, et elle indiquait le chemin aux visiteurs » montre certes, un châtaigner, mais il est coupé par le cadrage, il est donc impossible de voir la vieille dame. Il est possible de considérer que les gens qui montent sur la planche pour regarder quelque chose derrière le mur sont des visiteurs. Mais l'objet de leur visite reste caché203. Les enfants doivent comprendre que certains tableaux sont en décalage partiel avec leur titre : l'objet ou le personnage central cité dans le titre n'est jamais représenté dans les tableaux. En revanche, d'autres tableaux correspondent à leur titre, mais ce qui y est représenté fourmille d'éléments surréalistes (par exemple, « Éléphants de neige au Canada. Cela ne dura vraiment qu'un instant204 »). Faire commenter les phrases où Max exprime sa vision de l'art peut donner aux élèves des informations sur les tableaux de Max, sur le surréalisme et sur l'art en général.
Puis les enfants procèdent à un relevé sous forme de tableau. Ils y notent ce qui est montré dans les tableaux, c'est-à-dire les animaux, les références à la musique, les invitations au voyage (les personnages qui regardent quelque chose à l'extérieur du tableau, les fenêtres, les échelles...)
Il est aussi possible de leur faire mettre en relation les tableaux de Max et des œuvres picturales de Magritte. Les séquences sur les autres albums donnent des
202BUCCHOLZ Quint, Le collectionneur d'instants, Toulouse, Milan, 1998, p. 24-25.
203Ibid., p. 10-11.
204Ibid., p. 12-13.
modalités pour cette activité.
Enfin, il est possible de leur faire analyser la relation entre le peintre et l'enfant.
Ces pistes de travail permettent aux enfants d'aborder le rôle des illustrations et le rôle des références à la peinture au sein des illustrations. Un parallèle serait peut-être à faire avec les tableaux d'Edward Hopper, qui représentaient des moments de la vie quotidienne. En effet, Quint Buccholz s'inspire de Magritte et de Hopper parce que Max représente des instants d'une vie surréaliste, qu'il a imaginée.