• Aucun résultat trouvé

2. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.1. LA PRODUCTION DE VIANDE ET LE CAPRIN CREOLE

2.1.2. Le caprin Créole: origine, élevage et atouts

La population caprine Créole s'est constituée à partir d'importations de races diverses provenant d‟Europe, d‟Afrique et de l‟Inde. Cette appellation de chèvre Créole est commune dans d‟autres zones de la Caraïbe (Creole Goat) et d'Amérique Latine (Cabra Criolla). D‟un point de vue génétique, la chèvre Créole est un génotype proche des races africaines (Naves et al., 2001). Son gabarit est moyen et son poids vif adulte est en moyenne de 28 kg pour la femelle et de 38 kg pour le mâle. En Guadeloupe, les systèmes d'élevage sont très diversifiés car ils sont souvent associés à d'autres productions animales et agricoles et sont bien souvent un complément de revenus dans le cas d‟exploitations familiales (Alexandre et al., 2008a).

2.1.2.2. Une ressource biologique efficiente et un troupeau productif

Les caractéristiques physiologiques de la chèvre Créole sont des atouts dans une conduite intensive de la reproduction. Alexandre et al. (1997b) ont montré sur une période de 20 ans de travaux que les taux de fertilité et de prolificité sont en moyenne supérieurs à 90 % et 2,3 chevreaux par mise bas, respectivement. Le taux de mortalité pré-sevrage moyen atteint 22 % et est inférieur à celui généralement reporté en zone tropicale (environ 50 %; revue Alexandre et al., 1997b). Une chèvre créole produit en moyenne 20 kg de chevreaux sevrés par an grâce à son désaisonnement naturel qui lui permet trois mises bas tous les deux ans. Le niveau de production

et la composition du lait permettent d'assurer un bon départ en croissance des chevreaux. De ce fait, la reproduction aisée de cette race, associée à des taux de fertilité et de prolificité élevés ainsi qu'à de bonnes qualités maternelles, la classent parmi les meilleures chèvres de la zone tropicale (Tableau 1, Alexandre and Mandonnet, 2005). Pourtant, malgré cette forte productivité, les effectifs de race Créole restent menacés pour les raisons citées précédemment.

Race Localisation Poids adulte

(kg)

Productivité Numérique*

Productivité Viande**

Boer Afrique du Sud 40 1,11 488

Kambing Asie du Sud-Est 25 1,49 499

Naine Afrique de l‟Ouest 20 2,01 707

Anglo-Nubien Caraïbe 35 1,52 458

Créole Guadeloupe 28 2,67 755

Tableau 1: Comparaison de la race creole avec d’autres races (Alexandre et Mandonnet, 2005). * Chevreaux sevrés/femelle/an ; ** kg carcasse /ha/an

2.1.2.3. Un animal adapté aux contraintes majeures de l'élevage tropical

Le caprin Créole a une grande souplesse d'adaptation à des conditions extrêmes qui sont à la fois climatiques, alimentaires et pathologiques. En effet, les disponibilités en aliments sous les tropiques sont très variables en quantité et en qualité (Archimède et al., 2000) et la pression parasitaire est forte (Mandonnet et al., 1997). La chèvre Créole s‟adapte bien en valorisant fourrages, feuillages et aliments grossiers et en résistant aux parasites internes et externes. Le Créole présenterait donc cette faculté qu‟ont les animaux rustiques à faire face à un environnement hostile (Alexandre and Mandonnet, 2005), en ajustant leur comportement et leur métabolisme, pour maintenir leur bien-être et garantir leur survie et celle de leur descendance. Cette rusticité est sans doute due à des combinaisons de gènes leur conférant une meilleure adaptation (Mandonnet et al., 2001).

2.1.2.4. Une variabilité génétique disponible pour la sélection

Certaines évaluations des paramètres génétiques (qualités maternelles, croissance des jeunes, résistance au parasitisme) se révèlent être originales dans l‟espèce caprine du fait de la rareté même des travaux en la matière (FAO, 2007; Shresta and Fahmy, 2007). Les travaux de Mandonnet et al. (2001, 2006) sur la résistance génétique des Créoles aux strongles ont montré que les héritabilités calculées étaient dans la gamme moyenne des référentiels des ovins viande: 0 .14 pour la taille de portée, 0.17 pour le poids à 30j, et 0.21 pour le critère de résistance (œufs/gramme de fèces à 11 mois). Il apparait donc possible de proposer une politique de sélection sur des critères à la fois d‟élevage et de résistance aux parasites gastro-intestinaux (Alexandre and Mandonnet, 2005). Cet optimum génétique, d´abord réalisé dans le troupeau expérimental de l´INRA, pourra ensuite être suivi d‟un programme de sélection collectif (Jacquot, 2008) qui permettrait de conserver des ressources génétiques intéressantes pour la pérennisation de la race Créole en zone tropicale. Ces actions entrent dans le cadre d‟un plan de sauvegarde de la chèvre Créole de Guadeloupe puisque ses effectifs sont en déclin (Jacquot, 2008) et les croisements anarchiques réalisés avec des races de plus grand format menacent la race comme c‟est déjà le cas en Martinique (Alexandre et al., 2009).

2.1.2.5. Un potentiel boucher peu étudié

Dans les systèmes les plus répandus, les chevreaux sont élevés au pâturage (Alexandre et al., 1997a) où ils subissent l‟action directe du climat, et les effets croisés des facteurs alimentaires et des contraintes parasitaires. Ces conditions sont limitantes pour atteindre des performances élevées, bien que des niveaux de productivité élevés aient été reportés pour le troupeau allaitant de Créoles (Mahieu et al., 2008) et soient apparus supérieurs aux autres races tropicales (revues par Alexandre et Mandonnet, 2005). Pour la phase de croissance-engraissement, le système d‟élevage au pâturage ne permet d‟atteindre que 35 g/j qui est bien en deçà de résultats déjà observés (85 g/j) avec des rations complémentées (Alexandre and Mandonnet, 2005). Ces critères laissent présager une bonne place à défendre dans la filière viande.

Forts de ces acquis et soucieux de décrire le potentiel de ces animaux afin d‟intégrer des caractères bouchers dans les actions de sélection en cours ou de proposer de nouveaux systèmes d‟élevage, les études sur la production de viande des caprins Créoles doivent dépasser la détermination des performances de croissance après sevrage. Les critères de qualités de carcasses

et de viande doivent être pris en compte et il convient donc de mieux les appréhender. La viande de caprins est connue essentiellement sous deux formes, celle de chevreaux de lait (ou capretto) obtenu souvent comme sous-produits de filières laitières ou comme niche de consommation typique (Teixeira et al., 1995; Marichal et al., 2003) et la viande rouge de chevreaux plus âgés (chevon) très répandue dans de nombreux pays tropicaux ou très appréciée comme produit de consommation ethnique dans certaines régions tempérées (Alexandre et al., 2008a; Dhanda et al., 2003a; Simela and Merkel, 2008).

Avant de réaliser une revue de la littérature sur les paramètres de qualités de carcasse (partie 2 de la bibliographie) et de viande (partie 3 de la bibliographie), il est apparu important de faire le point des définitions et descriptions des phénomènes en jeu, sur la base d‟une revue des travaux sur ruminants produisant de la viande rouge.