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II/ Cadre théorique

1.2. Le bilinguisme en Algérie

1.2. Le bilinguisme en Algérie

Au lendemain de l’indépendance la société algérienne était tiraillée entre deux langues (l’arabe et le français), le gouvernement devait alors agir rapidement

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G .Lüdi et B. Py : « Etre bilingue », p10.

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G .Lüdi et B. Py ibid p13.

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J .Dubois, M .Giacomo. & al :« Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage », p67

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pour restaurer l’identité arabo-musulmane en appliquant une politique d’arabisation massive dans les différents secteurs cependant la réalité était autre, un bilinguisme arabe / français occupait déjà le territoire national, il fallait donc accepter cette réalité et considérer la langue coloniale comme « un mal transitoire, inévitable, et nécessaire devant s’atténuer progressivement pour enfin disparaître »19.

Aujourd’hui les choses n’ont pas changé et ce bilinguisme n’a pas disparu, bien au contraire il gagne de plus en plus du terrain ,les algériens commencent même à l’adopter, en cela C.Y Benmayouf écrit : «En 1988 et même aujourd’hui ,quarante ans après l’indépendance,non seulement le bilinguisme arabe-français n’a pas disparu, mais il s’est développé et les comportements langagiers des Algériens ont également changé,une première tendance consiste à se décomplexer vis-à-vis de la langue française et du bilinguisme ,les sentiments de culpabilisation et d’interdits soigneusement entretenus depuis 1962 doivent laisser place aux sentiments d’attachement. »20

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2. La diglossie

Étymologiquement le terme diglossie (du grec di-gloss) signifie bilinguisme (du latin bi-ling).La notion de diglossie est apparue pour la première fois en 1885 dans l’ouvrage de Psichari (helléniste français d’origine grecque) intitulé Essais de grammaire historique néo-grecque, dans lequel il abordait l’étrange diglossie dont souffraient les Grecs.

En 1918 le disciple de Psichari Hubert Pernot définit la diglossie comme suit : « la diglossie ou dualité de langues est l’obstacle principal auquel se heurtent non seulement les étrangers qui s’initient au grec moderne, mais aussi les Grecs dès leurs études primaires. De très bonne heure, en effet, le petit

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C .Y . Benmayouf : « Renouvellement social, renouvellement langagier dans l’Algérie d’aujourd’hui », p43

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hellène doit se familiariser, même pour la désignation des objets les plus usuels, avec des mots et des formes différentes de ceux qu’il emploie journellement»21 . Les Grecs étaient les précurseurs dans la recherche sur la diglossie, mais la théorisation du concept revient au sociolinguiste Charles André Ferguson, qui définit dans son article Diglossia la diglossie comme étant : « une situation linguistique relativement stable, dans laquelle en plus des dialectes primaires de la langue (comportement éventuellement un standard ou des standards régionaux)existe une variété superposée, très divergente, hautement codifiée(souvent plus complexe grammaticalement), qui véhicule un corpus de littérature écrite…,variété apprise essentiellement à l’école et utilisée dans la plupart des communications écrites ou orales formelles, mais n’est utilisée pour la conversation ordinaire dans aucune partie de la communauté.»22 .Pour lui, il s’agit de la coexistence de deux variétés linguistiques, l’une qualifiée de haute (H/Hight), l’autre de basse (L/Low), ces deux variétés appartiennent nécessairement à une même langue, cependant elles sont distinctes et ont des fonctions spécifiques selon la situation d’élocution.

Quelques années plus tard Fishman23 reprend la définition de Ferguson en apportant quelques modifications, il commence d’abord par faire la distinction entre bilinguisme et diglossie (le bilinguisme c’est la capacité d’un locuteur à utiliser plus d’une variété linguistique, alors que la diglossie c’est l’usage de plusieurs langues dans différentes situations de communication), puis il précise que l’on peut avoir plus de deux codes linguistiques qui n’ont aucune relation de parenté. Pour lui la diglossie est la cœxistance de tous types de codes dans leurs variations possibles.

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cité par F. Laroussi :« La problématique du plurilinguisme et du pluriculturalisme », Université de Rouen,dans http://www.univ-rouen.fr

22

C A .Ferguson, Diglossia, dans :Dell Hymes, “Pidginization and Creolization of languages”,London , chap45, p429-437.

23

Cité par L.Hua Zheng :« langage et interactions sociales: la fonction stratégique du langage dans les jeux de face, logiques sociales » ,p15

En résumé pour les sociolinguistes Nord- Américains le concept de diglossie désigne « une répartition fonctionnelle de deux variétés d’une même langue ou de deux langues différentes au sein d’une même communauté »24.Pour eux « il y a diglossie lorsque la distribution linguistique repose sur la délimitation claire et nette entre les fonctions de la variété de la langue dite ’’haute’’ et celle de la variété de la langue dite basse’’.Par exemple la variété où la langue haute peut être affectée traditionnellement aux discours publics de type formel (administratif, religieux) et la variété ou la langue basse aux échanges ordinaire»25.

Si l’on applique la diglossie Fergusonnienne sur le contexte linguistique de l’Algérie, On constate que les algériens utilisent deux variétés de la même langue : l’arabe classique considéré comme variété haute, et l’arabe dialectal considéré comme variété basse.

Ces deux variétés qui dérivent de la même langue sont distinctes, donc pour Ferguson, ce qui caractérise la situation diglossique c’est la dichotomie qui sépare la variété haute de la basse, mais ce modèle ne peut être applicable à cent pour cent pour la raison suivante :le statut de langue nationale accordé au berbère fait diminuer la dimension diglossique, on peut dire dans ce cas qu’il n’y a pas de langue haute et autre basse puisque les quatre variétés (français, berbère, arabe classique et dialectal ) sont toutes utilisées , d’une manière ou d’une autre, dans l’ensemble des situations linguistiques.