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Distinction entre l’alternance codique, code mixing, interférence et emprunt

II/ Cadre théorique

3.4. Distinction entre l’alternance codique, code mixing, interférence et emprunt

3.4. Distinction entre l’alternance codique, code mixing,

interférence et emprunt

3.4.1 Le code mixing

Le code mixing ou le mélange de codes est une stratégie de communication employée par les locuteurs bilingues au même titre que l’alternance codique. J Hamers et M. Blanc le définissent comme étant « caractérisé par le transfert d’éléments d’une langue L y dans la langue de base L x, dans l’énoncé mixte qui en résulte on peut distinguer des segments unilingues de L y alternant avec des éléments de Lx qui font appel à des règles des deux code(…) le mélange des codes transfère des éléments à des unités appartenant à tous les niveaux linguistiques et pouvant aller de l’item lexical à la phrase entière »51

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Pour faire la distinction entre le code switching et le code mixing les sociolinguistes se fondent sur le critère du non-respect de l’intégrité des deux systèmes en présence.

G Lüdi et B Py font la distinction entre les deux phénomènes comme suit : « on se trouve en présence d’un mélange de langues quand les règles et les unités appartenant à deux systèmes linguistiques ont été réunies en un seul comme c’est le cas- dans le plus large de ces termes- pour le pidgin ou le créole»52

Christian Baylon note à son tour que le code switching s’associe « à une attitude, à l’intensité des émotions et aux différents types d’identités »53

alors que le code mixing où « les unités linguistiques sont transférées d’un code à un autre, mais toujours en suivant des règles fonctionnelles et formelles (un

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JJ .Gumperz ibid ,p158

51

J .Hamers et M. Blanc :« Bilingualité et bilinguisme » , p204-205

52

G .Lüdi et B. Py cité par S .Khouras, ibid p38

53

C Baylon cité par N.E Lombarki :« l’alternance codique comme stratégie de communication chez les enseignants de français » , thèse de magistère ,université de Batna,2008, p34.

locuteur de la variété en question serait donc en mesure de juger une phrase contenant du code mixing comme étant plus ou moins acceptable »54.

Toutefois P Gardner Chloros souligne que « la distinction entre code switching et code mixing est difficile à comprendre puisque la définition du premier est donnée en termes psychologiques et celle du deuxième en termes linguistiques »55 (P.Gardner Chloros,1983 :24).

On doit signaler que le code mixing et le code switching peuvent néanmoins avoir les mêmes fonctions dans une conversation et répondent à des stratégies discursives communes comme : produire du sens, montrer la maitrise d’une langue étrangère, éviter ou exclure une partie de l’auditoire, attirer l’attention de son interlocuteur…etc.

3.4.2. L’interférence linguistique

L’interférence est définie comme un accident du bilinguisme entrainé par un contact entre les langues, le locuteur opère un croisement entre deux langues il en découle qu’une modification des formes et des structures des codes linguistiques se produit. On relève dans ce cas : les interférences phoniques, grammaticales, et lexicales.

Dans le dictionnaire de la linguistique on dit qu’il ya interférence quand : « le sujet bilingue dans une langue cible A a un trait phonétique, morphologique, lexical ou syntaxique caractéristique de la langue B. l’emprunt et le calque sont souvent dus,à l’origine, à des interférences. Mais l’interférence reste individuelle et involontaire, alors que l’emprunt et le calque sont en cours d’intégration ou sont intégrés dans la langue A (…). La problématique de l’interférence est considérée par certains didacticiens des langues étrangères comme liée à celle de la faute. Posant que dans la forme mixte il faut prendre en compte ce qui relève de la langue cible et non ce qui vient de la langue source, ils proposent de

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C. Baylon cité par N.E . Lombarki . ibid p34

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raisonner non en termes d’interférence, mais en termes de systèmes intermédiaires approximatifs d’apprentissage.»56 . L’interférence est considérée comme un phénomène individuel, elle se manifeste chez les locuteurs qui ont une connaissance limitée de la seconde langue qu’ils utilisent.

Josiane F Hamers souligne que l’interférence « se manifeste davantage dans la langue seconde que dans la langue maternelle, mais on constate des effets de la langue seconde sur la langue maternelle en particulier lorsque la pression sociale de la seconde langue est forte, et que les locuteurs y sont constamment exposés »57.

Il ne faut pas faire la confusion entre interférence et code switching. Dans ce dernier on parle de deux codes linguistiques différents alternés dans un même énoncé, alors que l’interférence est une déviation par rapport aux normes de deux langues en contact, elle est parfois perçue comme un type particulier de fautes que commet le locuteur quand il est en contact avec une langue qui lui est étrangère et cela sous l’effet des habitudes des structures de sa langue, on parlera alors de glissements.

Pour Douglas Schaffer : « il faut deux codes bien distincts pour parler de codes switching alors que l’interférence est un pas vers la fusion des deux langues, c'est-à-dire que l’interférence est une instance de nivellement ou de rapprochement de deux codes (…) en fait l’interférence est susceptible de se codifier et de devenir un emprunt.»58.

3.4.3. L’emprunt

L’emprunt est un phénomène à la fois linguistique et social : linguistique parce qu’il est étroitement lié à la formation d’une langue, présentant des aspects

56

Cité par N .Herry- Bénit : « Evaluation objective et subjective de la prosodie anglaise parlée par des français » , p174.

57

J.F. Hamers cité par M-L .Moreau, ibid p178

58

D .Schaffer”The place of code switching in linguistic contact” , in Aspect of Bilingualism, p265-268.

variés sur le plan phonétique, graphique, et sémantique ; social parce que l’introduction d’un terme étranger est due à de multiples besoins sociaux.

L’emprunt est un phénomène collectif par opposition à l’interférence qui est un phénomène individuel.

Dans le dictionnaire de la linguistique de Dubois il ya ’emprunt linguistique « quand un parler ‘’A’’ utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existerait précédemment dans un parler ‘’B’’ et que ‘’A’’ ne possédait pas .l’unité ou le trait emprunté sont eux-mêmes appelés emprunts. L’emprunt est le phénomène sociolinguistique le plus important dans tout contact de langues. Il est nécessairement lié au prestige dont jouie une langue ou le peuple qui la parle, ou bien au mépris dans lequel on tient l’un ou l’autre (péjoration) »59. Selon cette définition l’emprunt est un procédé utilisé par un locuteur ou une communauté, dans le but d’emprunter une unité ou un trait linguistique .la classe d’unité a laquelle appartient l’emprunt n’est pas spécifiée.les auteurs soulignent également l’importance du phénomène et lui accordent une place de privilège dans le contact des langues, en effet au bout d’un certain temps le terme emprunté s’intègre et se stabilise dans la langue d’accueil, c’est l’unique marque transcodique qui fait l’objet d’une standardisation et d’une reconnaissance graphique.

Pour sa part Jean Louis Calvet pense que l’emprunt peut être produit par une interférence lexicale poussée au bout de sa logique, en effet « plutôt que de chercher dans sa langue un équivalent difficile à trouver d’un mot de l’autre langue, on utilise directement ce mot en l’adaptant à sa propre prononciation. Au contraire de l’interférence, phénomène individuel, l’emprunt est un phénomène collectif : toutes les langues ont emprunté à des langues voisines, parfois de façon massive (c’est le cas de l’anglais empruntant au français une grande partie de son vocabulaire), au point que l’on peut assister, en retour, à

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des réactions de nationalisme linguistique »60( J.L Calvet,1993 :p26). Pour l’auteur l’emprunt est un phénomène collectif qui s’effectue généralement au niveau de l’unité lexicale, l’introduction de ce dernier est issue d’un choix délibéré et conscient. Calvet note que chaque langue dispose d’un réservoir lexical qui lui permet d’exprimer des réalités extralinguistiques, mais dans certains cas le locuteur puise directement les termes dont il a besoin dans une autre langue. L’emprunt vient donc combler une lacune à un moment de la conversation. De se fait il n’est pas forcément une stratégie de bilingue.la définition de Calvet considère l’adaptation phonologique comme préalable à l’emploi de toute unité empruntée, cette adaptation est censée réduire l’écart entre l’emprunt et sa langue d’accueil.

On ne doit pas confondre emprunt et alternance codique, Safia Rahal en fait la distinction comme suit : «Les emprunts à une langue vont se plier aux règles morphologiques et syntaxiques de l’autre langue, alors qu’en ce qui concerne l’alternance nous avons affaire à des segments qui découlent d’une langue pourvue des caractéristiques morphologiques ,syntaxiques, et lexicales propres à cette langue, et qui viennent se juxtaposer à un segment d’une autre langue»61

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