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Afin de répondre aux hypothèses et pour mieux saisir le fonctionnement de l’alternance codique, on s’est basé sur les travaux de Gumperz et de Poplack pour l’analyse des données.

Dans un premier temps, on va préciser l’importance de l’alternance codique arabe dialectal /français au sein de notre corpus.

Dans un second temps, on va essayer de relever les différents types d’alternances codiques, à savoir : l’alternance intraphrastique, interphrastique et extraphrastique, puis de faire une analyse des items alternés.

Enfin, on essayera de déterminer les différentes fonctions de l’alternance codique.

1. L’alternance arabe dialectal / français

Rappelons que l’intitulé de note recherche est : « l’alternance codique arabe dialectal / français dans le parler des jeunes locuteurs algériens».Or lors de l’analyse, on s’est aperçu qu’il y avait plusieurs formes d’alternances et que l’arabe classique était également utilisé par les informateurs.

Dans certains cas, deux langues sont alternées. Dans d’autres on alterne trois langues à la fois.

Les langues alternées se présentent comme suit : 1. Alternance de deux langues :

.L’arabe dialectal suivi du français. .Le français suivi de l’arabe dialectal. .Le français suivi de l’arabe classique. .L’arabe dialectal suivi de l’arabe classique. 2. Alternance de trois langues :

.Le français suivi de l’arabe dialectal suivi de l’arabe classique .L’arabe dialectal suivi de l’arabe classique suivi du français

Ce qui nous intéresse dans notre étude est bien évidemment l’emploi de l’arabe dialectal et du français. On va donc, dans cette partie du travail, se pencher sur l’utilisation de ces deux langues par les jeunes locuteurs.

Il faut signaler que par souci de rigueur scientifique. On a pris en considération dans nos calculs la part de l’arabe classique dans le corpus (les résultats seront synthétisés par la suite).

L’alternance codique arabe dialectal /français se manifeste comme suit :

I9 L32 : [lazəm] il faut réfléchir à deux fois (Il faut réfléchir à deux fois)

I10 L1 :[lħarga] pour moi c’est la seule solution pour ces jeunes

(L’immigration clandestine pour moi c’est la seule solution pour ces

jeunes)

I11 L21 : [tsəmma ʔnnas tʃuf əl] parabole

(C’est-à-dire que les gens regardent la parabole)

L’alternance arabe dialectal/ français représente 58.30 % de l’ensemble du corpus, ce taux important peut être expliqué comme suit :

L’arabe dialectal est la langue de base dans les productions des informateurs, ces derniers tiennent leurs propos en arabe dialectal puis, alternent des unités en français.

Si l’on observe bien les occurrences relevées, on constate que l’utilisation des deux langues varie d’une seule unité à une séquence entière.

Dans la première occurrence, l’informateur a inséré une unité de l’arabe dialectal [lazəm] dans une phrase en français.

On remarque dans cette situation que l’informateur traduit en français, ce qui a été dit en arabe dialectal ([lazəm] /il faut).on suppose alors que l’alternance par reformulation ou par traduction donne du sens à l’énoncé. C’est d'ailleurs l’une des fonctions proposées par Gumperz.

Dans la deuxième occurrence, l’informateur insère également une unité de l’arabe dialectal [lħarga] dans une séquence en français. On peut dire alors que l’étudiant ne connaît pas l’expression en langue française équivalente à [lħarga], d’où son recours à la langue maternelle.

Dans la troisième occurrence, l’informateur insère une unité de la langue française dans une séquence en arabe dialectal .Le terme « parabole » est un terme qui n’a pas d’équivalent en arabe dialectal, d’où son utilisation en français.

Le tableau qui suit montre la place qu’occupe l’alternance codique arabe dialectal / français par rapport aux autres alternances :

Tableau 4 : Tableau représentant les langues alternées

A dialectal/ Français Français/ A dialectal A dialectal/ A classique Français/ A classique A dialectal/ A classique/Français Français/A dialectal/ A classique 58.30% 25.39% 03.76% 02.19% 05.64% 04.70%

Graphique représentant les langues alternées A dialectal/ français français /A dialectal A dialectal /Aclassique français /A classique A dialectal/A classique/français

français/A dialectale/A classique

Graphique1 : Graphique représentant les langues alternées

A la lecture de ce graphique, on constate que l’alternance arabe dialectal/ français est la plus pratiquée par les jeunes locuteurs avec un taux de 58.30%, elle occupe la première place.

L’emploi simultané de l’arabe dialectal et du français est systématique dans chaque énoncé, ce mélange semble être spontané.

Plusieurs facteurs peuvent justifier l’emploi fréquent de l’alternance codique arabe dialectal/ français :

1. Les informateurs ont des difficultés à trouver le mot adéquat, ou à construire une phrase complète en français, à cause de leurs incompétences dans cette langue, d’où le recours au code switching.

2. Les informateurs alternent en reformulant ou en traduisant ce qui a été dit, pour s’assurer que le message est bien passé.

3. L’emploi simultané de l’arabe dialectal et du français est une stratégie de communication, élaborée par le jeune informateur, obéissant au principe du moindre effort, c'est-à-dire que l’informateur se sert du premier mot qui lui vient à l’esprit, évitant ainsi la recherche du terme équivalent dans la langue dans laquelle il s’exprimait.

2. Le poids des langues alternées dans le corpus :

Après une analyse détaillée des données et une série de calcul, on a pu quantifier les unités de l’arabe dialectal et du français dans l’ensemble du corpus recueilli. Les tableaux contiennent des données statistiques qui correspondent aux spécificités des interventions des informateurs, les histogrammes illustrent par la suite les données mentionnées dans chaque tableau, ils rendent compte plus apparents les écarts soulevés dans les tableaux contenant les données chiffrées. Dans la première série de calcul, on s’intéresse à la fréquence de l’arabe dialectal et du français dans l’ensemble du corpus et pour chaque informateur, puis on analyse le poids de ces deux langues. Dans la seconde série de calcul, on analyse les caractéristiques de l’emploi de ces deux langues en prenant en compte le sexe et le niveau d’étude des informateurs.

2.1. L’arabe dialectal prépondérant dans l’ensemble du

corpus :

Après l’analyse du corpus, on a pu obtenir les résultats suivants :

Arabe dialectal 55.51% (2672 unités)

Français 43.40% (2089unités)

Total 4761 unités

Tableau 5 : Tableau représentant le nombre des unités produites en arabe dialectal et en français dans le corpus

Graphique représentant les unités