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Doctorante, LIRHE (Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les ressources humaines et l’emploi), Université Toulouse 1 (Sciences sociales), 2 rue du Doyen Gabriel Marty, 31042 Toulouse Cedex

L’objectif du présent travail consiste à mettre en lumière une nouvelle perspective théorique selon laquelle le développement durable (dorénavant DD) peut être étudié. Il s’agit de considérer le DD tel un cadre d’analyse et d’évaluation de la création de valeur partenariale ou sociétale. À cette fin, il s’avère indispensable d’examiner les interconnexions existant entre ce concept et la théorie de la valeur. Or, cet attachement nécessite de recourir à la théorie des parties prenantes (désormais TPP). En effet, celle-ci constitue le fondement théorique du DD et y trouve un champ d’application particulièrement riche (Sharma, 2001) et pertinent. C’est pourquoi, la TPP semble correspondre aujourd’hui à l’approche dominante en matière de développement durable (d’Arcimoles et al, 2002 ; Dejean et al, 2002). Ainsi, deux ancrages théoriques de l’approche stakeholder (Goodpaster, 1991 ; Donaldson, Preston, 1995) peuvent-ils être analysés afin de comprendre le contexte dans lequel s’inscrivent aujourd’hui les débats relatifs au développement durable et d’illustrer leur apport à ce concept. Il s’agit de sa finalité normative et de son caractère instrumental.

L’approche normative de la TPP s’attache à (re)définir les finalités de l’entreprise. Elle lui impose de recon- naître, défendre et satisfaire les intérêts de l’ensemble des partenaires, en vertu de leur caractère légitime et de leur valeur intrinsèque.

Cette conception est alors justifiée sur la base de considérations morales ou éthiques qui cherchent à établir un principe de responsabilité. Ce principe suppose que l’entreprise reconnaisse et engage sa responsabilité en termes d’externalités induites par son activité. L’organisation se voit donc contrainte de maîtriser les impacts socio-écologiques occasionnés par ses choix stratégiques et ses décisions managériales. Or, l’intégration des stakeholders dans la stratégie organisationnelle induit des responsabilités croissantes que l’entreprise est amenée à assumer vis-à-vis de multiples acteurs. Elle est, en effet, incitée à intégrer des mécanismes équitables dans son management, afin de satisfaire de nombreux intérêts. Dans une telle démarche, l’éthique devient ainsi progressi- vement un nouveau mode de gestion des entreprises. Celles-ci sont désormais tenues d’adopter un comportement responsable et de se conformer à certaines normes éthiques. L’organisation est ainsi conduite à repenser et rema- nier son système de gouvernance, ce qui donne lieu à une extension de l’objectif de création de valeur vers l’idée de valeur sociétale.

Cependant, les firmes ne peuvent faire abstraction d’un contexte entrepreneurial qui les amène à être sensi- bles à l’obligation de résultats. Le concept de développement durable fait finalement converger deux visions. Le principe de responsabilité, qui fonde l’approche normative, semble être une condition de l’efficience économique de l’entreprise en vertu d’une approche instrumentale. La vision normative s’intéresse aux fins alors que la vision instrumentale traite des moyens à mettre en œuvre. Cette dernière s’intéresse, en effet, aux aspects stratégiques et pragmatiques de la mise en œuvre des objectifs organisationnels.

L’approche instrumentale de la TPP amène à s’interroger sur les bénéfices d’une stratégie durable. La mise en place d’une législation contraignante et l’utilisation conjointe d’instruments économiques (tels que les systèmes de taxes ou de subventions) ont incité les entreprises à s’efforcer, désormais, d’agir en faveur d’une croissance respectueuse de l’environnement et du bien-être social. Toutefois, parallèlement, se sont développées, à l’initiative de certains dirigeants, de nouvelles pratiques de gestion axées sur l’idée d’un profit (au sens d’uti- lité) partagé. Les parties prenantes sont alors considérées comme des facteurs permettant à l’entreprise de répon- dre à ses obligations fiduciaires. Satisfaire équitablement les attentes de l’ensemble des stakeholders (attentes qui s’avèrent convergentes dans la logique d’un développement durable de l’entreprise) semble être une condition de survie et d’épanouissement de la firme. Souhaitant préserver les intérêts de tous dans le cadre d'un équilibre général, le DD relève alors de la problématique de l’optimum.

La démarche du DD peut donc s’inscrire dans la perspective stakeholder puisqu’il en constitue une générali- sation et un prolongement.

(l’efficacité économique, l’équité sociale et la préservation de l’environnement écologique) sans prépondérance de l’une sur l’autre. Le DD représente alors une généralisation de la TPP en cela qu’il édifie un cadre d’analyse global. Ce cadre impose la satisfaction simultanée des intérêts de l’ensemble des partenaires, sans impliquer de hiérarchisation entre eux quant à leur prédominance aux yeux des dirigeants. Les deux perspectives partagent alors un cadre théorique commun : celui de la théorie de la valeur-utilité.

Enfin, troisièmement, le développement durable présente le mérite de se détacher des recherches théoriques afin d’adopter une démarche plus opérationnelle, particulièrement sur deux points. Il définit, en effet, les condi- tions globales d’une croissance soutenable, notamment les engagements souhaités, voire exigés, des pouvoirs publics, des organisations privées, des clients, des fournisseurs, et plus généralement des citoyens. Il suggère, de plus, des préconisations empiriques, en cela qu’il énonce des principes qui régissent le fonctionnement de l’en- treprise auxquels il ne peut être question de déroger. En effet, le DD implique un ensemble de prescriptions, à l’intention des entreprises, afin de favoriser certaines pratiques de gestion partenariale (telles que la présentation d’un rapport).

La dynamique d’émergence et de structuration du 'Green Business' comme