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Chapitre 2 : Entre continuités, diversification et mise en visibilité au sein du champ migratoire

4.1 La latinisation des Etats-Unis

4.1.1 Les catégories de race, ethnicité, latino et hispano aux Etats-Unis

Les catégories que nous allons décrire ont une importance à plusieurs niveaux, politique, économique, mais aussi social puisque l’appartenance à l’une d’elle peut être source de reconnaissance ou de discrimination. En effet, les catégories permettent de définir l’allocation des ressources ainsi que les politiques publiques comme l’éducation ou la santé. Elles sont donc un outil nécessaire à l’Etat pour contrôler la population, mais aussi une source de tensions et d’intérêts très forts au sein de la société civile. Pour comprendre la position des Colombiens au sein de la société états-unienne il est donc nécessaire de passer par une explication rapide des catégories utilisées et en particulier de leur construction.

4.1.1.1 Prégnance de l’ethnicité et de la race dans la société états-unienne

Les Etats-Unis sont un pays dit « multi culturaliste », c'est-à-dire qui se pense comme fondé sur une diversité de cultures, d’opinions….

Cependant il a fallu attendre les années 60 pour que des émeutes d’une violence sans précédent manifestent un dérèglement complet de la loi et de l’ordre pour que s’imposent une redistribution des cartes et une intégration partielle des individus auparavant exclus.

L’une des réponses données par le Congrès des Etats-Unis a été d’accorder à la notion de race une reconnaissance légale. A partir de la loi sur les droits civiques en 1964, une codification reconnue et officielle, fondée sur des distinctions de race, a cherché à mener les minorités vers une égalité de « résultats ». Des quotas ont été établis et une politique d’action préférentielle en direction des minorités ou Affirmative action, a été engagée.

104 SIMON, 2006, chapitre 3

Le pays se caractérise par l’importance de catégories ethnico raciales utilisées pour penser et agir sur la société qui se présentent comme l’équivalent de celles construites après l’abolition de l’esclavage, mais servent aujourd’hui des objectifs d’égalité et de réparation105. Ces catégories influencent la vie privée comme la sphère publique et sont des critères dans la fragmentation sociale de la ville états-unienne.

Cette situation résulte aussi d’une certaine remise en cause de l’idéologie de l’assimilation,

« melting-pot », ainsi que de la mobilisation en faveur des droits civiques. Au Congrès il existe des structures institutionnalisées comme l’hispanique ou le black caucus qui sont capables de gommer temporairement les divergences pour infléchir les élections en faveur de l’un ou l’autre de leurs candidats. Les partis politiques prennent eux aussi conscience des implications de la cohésion ethnique et certains hommes politiques n’hésitent pas à se donner une image « latino » plutôt que colombienne. Il y a donc eu une ethnicisation de la vie politique qui va de la création de lobbies se définissant à partir d’une appartenance ethnique aux politiques d’action affirmative.

4.1.1.2 Des catégories basées sur une division profonde entre blancs et noirs

A la fin du 19eme siècle, à la suite d’une forte urbanisation liée à l’industrialisation et à l’arrivée massive d’immigrés, les états-uniens prirent véritablement conscience de la diversité culturelle de leur société et ont considéré qu’ils appartenaient à une société plurielle.

Cependant la pluralité ne signifie pas l’égalité. A cette époque, les anglo-américains,

« Yankees », avaient du mal à classer la population et attachaient beaucoup d’importance à la religion. Ils faisaient ainsi la différence entre les Allemands protestants, catholiques et juifs, tout en marquant leur distance à l’égard de ces deux derniers groupes. La frontière religieuse était donc déterminante, aujourd’hui cette dernière est devenue ethnique et raciale. Le concept de race aux Etats-Unis a longtemps été conçu de façon binaire entre « blancs » et « non blancs » avec une volonté de préservation de la « pureté » de la première catégorie. En effet jusqu’en 1967 avoir un seul ancêtre « non blanc » excluait définitivement une personne de la catégorie « blanc » indépendamment de la couleur de sa peau. Par ailleurs, dans l’organisation du recensement ce n’est qu’à partir de 1970 que l’opinion de l’agent a été remplacée par l’auto détermination de la population recensée. Nous comprenons donc que ce n’est que très récemment que des catégories imposées par les institutions commencent à être repensées, en particulier grâce l’augmentation importante de migrants originaires d’Amérique Latine qui ont remis en question les classifications traditionnelles car ne se considérant la plupart du temps ni « blancs » ni « noirs ». C’est d’ailleurs lors du dernier recensement de 2000 que la nouvelle catégorie de « race mixte » a été proposée. Or selon une étude de 2006 au sein des

105 MARTINIELLO et REA, 2003

latinos 0,8% se définissent comme « noirs », ¼ comme « blancs » et 2/3 comme « autre race »106.

4.1.1.3 Latinos et Hispaniques

Nous allons développer ici les deux catégories qui nous intéressent: « latino » et

« hispanique », elles font référence à un groupe ethnique qui désigne l’origine géographique ou nationale.

Ces deux catégories ont été construites à partir de l’hypothèse selon laquelle les personnes originaires d’Amérique Latine partageraient un héritage commun: l’espagnol, l’expérience coloniale et le catholicisme.

La catégorie d’« hispanique » est née d’une définition institutionnelle107 puisque c’est la catégorie démographique retenue par le bureau du recensement des années 70. En effet, c’est en 1976 que le congrès des Etats-Unis a fait passer une loi pour collecter et analyser des informations sur un groupe ethnique spécifique : « Américains d’origine espagnole ou leurs descendants ». Or cette appellation statistique a été petit à petit transformée par le public en une réelle entité sociale.

La catégorie de « latino » fait référence à une mobilisation collective militante et intellectuelle, elle a été construite par des organisations issues du mouvement des droits civils des années 1960. En effet en suivant l’exemple des afro-américains, ils ont décidé de se définir comme « minorité » et ont commencé à s’organiser en lobbies pour améliorer leur statut politique et leurs conditions de vie.

Ceux sont des catégories « ethniques » et non « raciales » du recensement, ce qui indique que les personnes se définissant comme telles ont la possibilité de se situer au sein de différents groupes raciaux définis par le recensement comme : « blancs », « noirs » ou « race mixte ».

4.1.1.4 Position des Colombiens face à ces catégories

Comme de nombreux autres migrants originaires d’Amérique Latine, les Colombiens rencontrés ont tendance à se définir en fonction de leur origine nationale et à se différencier des autres migrants d’Amérique Latine. De plus, ces catégories ne sont pas associées à une image positive, comme nous allons le voir par la suite, ce qui renforce la volonté de certains de s’en différencier. Cependant, au bout de quelques années de vécu, ces catégories sont plus ou moins intégrées dans le langage courant et en particulier dans celui des secondes générations qui les utilisent plus volontiers. Nous verrons plus tard comment certains Colombiens intègrent et utilisent ces catégories.

106 Enquête sur les hispaniques CORREA, Centro Wilson datos

107 Lire OBOLER, 1995

4.1.2 Une croissance importante, « première minorité » devant les afro-américains

4.1.2.1 Nombre de latinos

D’après le recensement de 2006 sur 298,7 Millions de personnes qui résident aux Etats-Unis, 44,3 millions c’est à dire 15%, sont hispanoss. Si l’on observe les migrants récents, une grande partie est originaire d’Amérique Latine puisque 47,2% des personnes nées à l’étranger résidant aux Etats-Unis se disent latinos108. C’est le groupe qui augmente le plus vite puisque de 2000 à 2007 ils sont passés de 10,2 millions à 45,5 millions, c’est à dire une augmentation de 29%. Cependant alors que dans les années 90 la forte augmentation était due à la migration, aujourd’hui celle-ci s’explique à 60% par la croissance naturelle de ce groupe au sein du pays109. Le taux de fécondité des hispaniques est de 2,9 en moyenne, alors que celui des non hispaniques n’est que de 1,9, ils vont donc continuer à avoir un poids de plus en plus important. Enfin, en 2001 ils ont remplacé les afro-américains en tant que « première minorité » ethno raciale du pays110.

Cette population exerce désormais une influence sur la vie politique. Cela est dû en partie à l’une des caractéristiques du système politique états-unien : tous ceux qui résident aux Etats-Unis, citoyens ou non, légaux ou non, influencent le système électoral à travers le processus de découpage des circonscriptions.

4.1.2.2 Une concentration qui a renforcé leur poids

Au départ, les différents groupes originaires d’Amérique Latine se sont installés sur le territoire états-unien de façon très concentrée. En 1990 les ¾ de la population résidait dans 65 des 3141 counties. Encore aujourd’hui, 48% des hispaniques vivent en Californie ou au Texas et 15 Etats ont au moins 500 000 résidents hispaniques : Arizona, California, Colorado, Florida, Georgia, Illinois, Massachusetts, Nevada, New Jersey, New Mexico, New York, North Carolina, Pensylvania, Texas et Washington. Cette concentration favorise l’organisation et donc le poids que sont en train de former les « latinos » des Etats-Unis.

4.1.3 Une grande diversité des latinos

Bien que la catégorie soit employée dans le langage courant, le concept de « latino » ne renvoie à aucune réalité. En effet, les migrants originaires d’Amérique Latine viennent de pays très divers, cependant d’autres aspects de cette diversité sont à prendre en compte.

108 US Census Bureau's 2006 American Community Survey

109 FRY, 2008

110 DURAND et MASSEY, 2003

4.1.3.1 Variation de la période de mise en place de la migration

Tous ne sont pas arrivés à la même époque. Voici un aperçu rapide de l’ordre d’arrivée de façon importante des principaux groupes de migrants latinos des Etats-Unis :

Figure 33. Périodes de migration

Région d’origine Pays d’origine Période de migration

Amérique Centrale Mexique 19ème siècle

Porto Rico 1940-1950

Caraïbes République Dominicaine, Cuba 1960 Amérique Centrale Salvador, Guatemala, Honduras 1980 Amérique du Sud Colombie, Pérou, Equateur 1990

Au sein de l’Amérique du Sud, c’est essentiellement l’immigration des pays andins qui a été importante. Or au sein de ce groupe, d’après le tableau suivant nous pouvons observer que non seulement la migration colombienne vers les Etats-Unis est la plus importante, mais aussi que bien qu’elle ne soit devenue visible que dans les années 90, elle a dépassé les 70 000 permis de résidence dans les années 1970 alors que pour l’Equateur et le Pérou il a fallu attendre les années 90 pour atteindre un tel chiffre. Au sein de l’explosion de la migration sud américaine, la migration colombienne se détache comme ayant augmenté plus précocement.

Figure 34. Evolution de l’immigration andine avec un permis de résidence aux Etats-Unis entre 1930 et 2005

En fonction de l’époque d’arrivée des premiers migrants de chaque groupe, les relations avec la société états-unienne et les conditions d’insertion n’ont pas été les mêmes. Comme nous l’avons vu dans le chapitre historique, les Colombiens ont vécu une période d’ouverture des frontières des Etats-Unis dans les années 70 puis de fermeture dans les années 90.

4.1.3.2 Différence de situations légales :

Le tableau suivant est une synthèse rapide de la diversité des statuts au sein de la catégorie latino :

Figure 35. Diversité de status dans la catégotie « Latino »

Citoyens Résidents Réfugiés Situation illégale Attente entre 2 statuts Portoricains Mexicains Cubains Dominicains, Colombiens Salvadoriens, Guatémaltèques

En fonction de leur nationalité d’origine, ils n’ont donc pas les mêmes droits ni le même accès à l’emploi.

Les portoricains sont des latinos, mais pas des immigrants puisqu’ils ont la nationalité états-unienne. Cependant ce sont des citoyens de deuxième classe, ils n’ont pas les mêmes droits que les citoyens américains tant qu’ils vivent sur leur île, ils les acquièrent en arrivant sur le continent. Mais ils ne développent pas les mêmes attitudes face à leurs territoires d’origine.

En effet en tant que citoyens états-uniens les familles de migrants portoricains restées dans leur île natale ont accès à des aides de l’état ce qui explique que les migrants depuis le continent n’envoient pas autant de transferts que d’autres groupes latinos.

4.1.3.3 Différence dans leur poids démographique au sein du pays

Les différents migrants originaires d’Amérique Latine ne sont pas présents aux Etats-Unis en nombre équivalent, voici un tableau du poids des principales nationalités.

Figure 36. Latino-américains aux Etats-Unis

Nationalité Nombre % au sein des Hispaniques

Mexicains 29 189 334 64,3%

Ces chiffres ont des conséquences sur leur visibilité et leurs possibilités d’organisation. Les Colombiens sont peu visibles au niveau national, mais le sont dans certains lieux comme la Floride ou New York.

4.1.3.4 Pourcentage de personnes nées à l’étranger

Au sein de chaque sous-groupe, le pourcentage de personnes nées à l’étranger, c'est-à-dire d’immigrants, varie également beaucoup.

Figure 37. Pourcentage de personnes nées à l’étranger au sein de la population latino Mexicains 40,1%

Les pourcentages les plus faibles, comme celui des Mexicains ou des Panaméens correspondent à une part importante des deuxièmes et troisièmes générations, or les intérêts et difficultés de celles-ci ne sont pas les mêmes que celles des primo arrivants. Les Colombiens ont une part importante de migrants et ont donc de façon générale des intérêts de migrants récents.

4.1.3.5 Différence de poids politique

Les Cubains, les Portoricains et les Dominicains sont les groupes les plus organisés et actifs au niveau politique, ils ont donc un impact particulier sur la société d’accueil. Les Colombiens ont malgré leur relative longévité au sein de l’espace national, développé très peu de poids politique comme le montre les études de Sánchez, Guarnizo ou Portes.

4.1.3.6 Diversité des régions d’implantation :

Longtemps les migrants mexicains se sont installés dans le Sud Ouest des Etats-Unis, les Portoricains et les Dominicains à New York et les Cubains dans le sud de la Floride.

Cependant aujourd’hui la migration se décloisonne. En effet, sur la carte suivante apparaissent en foncé les Etats qui connaissent une augmentation importante de l’arrivée de cette population latino.

Figure 38.

On observe que les régions traditionnelles d’accueil comme la Californie, le Texas, l’Arizona, le Nouveau Mexique, la Floride, New York et le New Jersey connaissent aujourd’hui une croissance moindre que de nouvelles régions telles que le Nevada, l’Arkansas, le Tennessee, l’Alabama, la Georgie et les Caroline du Nord et du Sud. Cependant certains groupes conservent une concentration forte. Les plus concentrés sont les Cubains 68,7% vivent en Floride, 37,6% des Mexicains vivent en Californie et 25% au Texas, 38,5% des Salvadoriens vivent en Californie et 13,9% au Texas, 80,3% des Dominicains vivent dans le Nord Est dont plus de 52,4% à New York111.

Les Colombiens, à l’opposé de la concentration de nombreux migrants originaires d’Amérique Latine sont présents au sein de régions très diverses depuis de nombreuses années, comme nous l’avons déjà évoqué.

4.1.3.7 Diversité linguistique

La plupart des immigrés parlent l’espagnol, mais leurs enfants, qui entrent également dans la catégorie « latino », sont bilingues et souvent plus à l’aise en anglais. Selon une étude du Pew Hispanic de 2007, seulement 23% des migrants latinos se disent capables de parler un bon anglais mais 88% de leurs enfants adultes le peuvent112.

Cependant il est intéressant de remarquer que la langue espagnole reste prégnante dans un bon nombre de quartiers urbains, c’est le cas dans le Queens à New York comme nous allons le voir. Par ailleurs de plus en plus de populations indiennes migrent et utilisent leurs langues traditionnelles, c’est le cas des mixtèques par exemple. Enfin les Colombiens ont la particularité d’être au sein des latinos, parmi ceux qui parlent le mieux anglais.

4.1.4 Des latinos en milieu urbain aux Etats-Unis

Les chercheurs ont observé que les espaces qui connaissent une augmentation de la concentration latino depuis 2000 sont à 94% ce que le bureau du recensement définit comme des « villes au sein d’une aire métropolitaine »113.

Aux Etats-Unis les Latinos sont des citadins, plus de 90% d’entre eux vivent dans des centres urbains, ou près de ces centres. Ils se concentrent dans ces zones parce qu’ils ont plus de chance d’y trouver un emploi. Les Colombiens ne font pas exception à la règle et sont installés dans de grandes villes telles que : New York, Miami, Chicago, Washington ou Los Angeles.

111 Bureau Community Survey, 2007

112 HAKIMZADEH and COHN, 2007

113 FRY, 2008

Par ailleurs, au sein de ces villes les latinos ont acquis une visibilité importante. En effet, ils sont devenu nécessaires au sein de la main d’œuvre ou ont développé des habitudes de consommation qui intéresse les entreprises. Ces dernières utilisent de plus en plus les groupes ethniques dans leur marketing et en particulier les latinos114. Les latinos représentent un véritable marché qui attire de nombreux intérêts en particulier celui des banques telles que Bank of America qui a développé des cartes de crédits spécifiques pour les latinos qui n’ont pas de numéro de sécurité sociale c'est-à-dire les clandestins. Nous avons en effet aperçu sur le plan du quartier de Jackson Heights dans le chapitre 3 un nombre très important de succursales de Banques dont le Citibank.

Enfin eux même sont actifs au sein d’un marché ethnique qui les rend visibles, que ce soit des produits de consommation, des journaux ou des chaînes télévisions. Ils ont deux chaînes de télévision, Univision et Telemundo, 60 chaînes câblées, 160 chaînes de télévision locale, 300 stations de radio et 70 journaux quotidiens ou hebdomadaires. Cohen estime par exemple qu’il existe une dizaine de journaux quotidiens en langue espagnole comme El Diario/ La Prensa de New York115.

4.1.5 Latino, une catégorie plutôt négative et synonyme de main d’œuvre dominée

Il faut comprendre la position des latinos au sein du lexique états-unien. En effet, le traitement différentiel des migrants par la société d’accueil a des conséquences sur l’insertion spatiale et sociale de ces populations.

4.1.5.1 Latinos et illégalité

Selon le Pew Hispanic Center il y aurait 11 millions d’immigrés sans papiers aux Etats-Unis, c'est-à-dire 5% de la main-d’œuvre états-unienne. Or 71% de ces personnes en situation illégale sont des latinos ce qui explique en partie les préjugés négatifs face à cette catégorie.

C’est d’autant plus vrai pour les Mexicains qui représenteraient 57% de ces illégaux116. Cependant ces chiffres varient selon les Etats. En 2004, 24% des illégaux vivaient en Californie soit 2,4 millions alors que seulement 7% à New York soit 650 000 et 4% dans le New Jersey soit 350 000. Or, la concentration des migrants sans papiers a une influence sur les réactions des sociétés des lieux d’accueil, le sujet des sans papiers est moins épineux à New York qu’en Californie. La composition de cette population varie également. En 2000 en Californie et au Texas plus de 70% de ces sans papiers étaient originaires du Mexique ce qui contribue à stigmatiser fortement ce groupe de migrants, alors que dans l’état de New York la

114 DAVILA, 2002

115 COHEN, 2004

116 PEW HISPANIC, 2004

plupart sont originaires « d’autres pays d’Amérique Latine » et d’Asie, moins de 15% sont originaires du Mexique et moins de 10% d’Amérique Centrale.

Les Colombiens sont également en grand nombre en situation d’illégalité, mais comme nous allons le voir, ils essayent de trouver des solutions pour légaliser leur situation.

4.1.5.2 Catégories et Domination

Le concept de « latino » a été construit en partie dans un contexte de conquête de territoires et de processus de développements inégaux entre anglo et latino américains. C’est ce que l’on retrouve au sein des frontières symboliques internes aux Etats-Unis.

Le concept de « latino » fait référence à une position du bas de l’échelle sociale de personnes originaires d’Amérique Latine et des Caraïbes résidant aux Etats-Unis. La société assigne donc avec la catégorie « latino » une identité dévalorisée.

Pour bien comprendre l’importance de la stratification de race, ethnique et de classe aux

Pour bien comprendre l’importance de la stratification de race, ethnique et de classe aux