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Les Colombiens aux Etats-Unis des migrants discrets qui ont acquis une notoriété malheureuse

Chapitre 2 : Entre continuités, diversification et mise en visibilité au sein du champ migratoire

2.2 Les Colombiens aux Etats-Unis des migrants discrets qui ont acquis une notoriété malheureuse

Il est également difficile d’obtenir des chiffres sur l’évolution du nombre de Colombiens aux Etats-Unis car le recensement états-unien ne donnait pas d’informations sur le pays d’origine

des migrants originaires d’Amérique Latine avant 1960. Par ailleurs à partir de 1960 toutes les nationalités n’ont pas été représentées. En effet les nationalités recensées sont celles qui ont un poids suffisamment important au niveau national, c'est-à-dire les Mexicains, les Portoricains, les Cubains, les Salvadoriens et les Dominicains. Or au sein du dernier recensement seules les trois premières apparaissent. Cette invisibilité des Colombiens aux Etats-Unis est un limitant pour notre travail.

Alors que la migration colombienne vers les Etats-Unis trouve ses racines dès le XIX siècle, il y a eu une forte augmentation dans les années 80, puis le flux a explosé à partir du milieu des années 1990.

Entre 1990 et 2000, le nombre de Colombiens légaux aux Etats-Unis serait passé de 399 788 à 742 406 d’après le centre de recherche Mumford21, c’est à dire une augmentation de 86%.

Cette explosion confirme les chiffres observés par le recensement de 2005 de Colombie.

Voici un tableau qui compare les estimations du Mumford avec celles du Recensement pour 1990 et 2000

Figure 12. Estimation de la population hispanique aux Etats-Unis en 1990 et 2000

D’après les estimations Mumford D’après la question hispanique dans le recensement

1990 2000 Variation 1990 2000 Variation

Tous les hispaniques 21 900 089 35 305 818 +61% 21 900 089 35 305 818 +61%

Sud-Américains 1 095 329 2 169 669 +98% 1 035 602 1 353 562 +31%

Colombiens 399 788 742 406 +86% 378 726 470 684 +24%

Source : MUMFORD, 2001

2.2.1 Chiffres

Figure 13. Entrée des personnes nées colombiennes aux Etats-Unis entre 1930 et 2000 (résidents officiels permanents)

Année 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000

Nb d’entrées 1 233 3 858 18 048 72 028 77 347 122 849 140 685 152 171 Source : SANCHEZ , p 59

On observe dans ce tableau un pic important dans les années 60 puis dans les années 80.

Cependant nous devons prendre en compte que n’apparaissent ici que les Colombiens ayant un statut de résidents.

21 Lewis Mumford Center for Comparative Urban and Regional Research, University at Albany.

2.2.2 Division symbolique au départ entre une destination régionale pour les moins aisés et les Etats-Unis pour une élite

De nombreuses études expliquent que la distance parcourue dans la migration a un rapport avec les moyens économiques des migrants, d’où le fait que souvent les moins aisés migrent vers les pays limitrophes. Plusieurs recherches sur la migration colombienne confirment cette hypothèse en montrant qu’il y avait une différence de capital économique et social entre les migrants régionaux et ceux qui allaient aux Etats-Unis. Il existait donc au départ une division forte entre les deux options. A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème les patrons de fincas de café envoyaient par exemple leurs fils faire des études d’ingénieurs aux Etats-Unis22. Cardona explique que dans les années 70 essentiellement des personnes de classe moyenne et haute d’origine urbaine partaient aux Etats-Unis, car bien que le coût des transports ait été en diminution il restait tout de même trop cher pour beaucoup23. De plus cette période correspond également en Colombie à une période de protectionnisme où les rares personnes à avoir accès à des produits états-uniens étaient les plus aisés qui pouvaient voyager, d’où le renforcement de l’association entre consumérisme, bien être, Etats-Unis et privilèges. Pendant ce temps vers le Venezuela, l’Equateur et le Panama migraient des techniciens qui allaient travailler dans des zones de développement capitaliste, ou des paysans pour ouvrir de nouvelles frontières agricoles et travailler dans les zones pétrolières24. L’étude de Gómez et Diaz de 1983 décrit par exemple les migrants colombiens sans papiers qui allaient couper la canne à sucre au Venezuela. Carlos, un migrant de New York, raconte que lorsqu’il était jeune à Cúcuta, une ville de Colombie à la frontière avec le Venezuela, des Colombiens de classe basse allaient travailler au Venezuela et faisaient leurs achats en Colombie : “nous avions un oncle qui avait un magasin d’habits, à l’époque de l’explosion du pétrole au Venezuela, les gens qui allaient là-bas n’étaient pas les gens bien, ceux qui avaient de l’argent allaient en Europe ou aux Etats-Unis. L’ouvrier Colombien qui travaillait au Venezuela venait à Cúcuta, il venait au magasin pour acheter 8 pantalons et 12 chemises, ont acceptait les bolivars (monnaie vénézuélienne) à Cúcuta, ils venaient avec beaucoup d’argent alors on devait bien traiter tout le monde »25.

Pedro un boulanger qui a migré au Venezuela avant d’arriver à New York explique à son tour:

“ A cette époque le Venezuela...c’était la façon la plus simple de changer de vie”26. Enfin le fait d’avoir surnommé dans les années 70 le lieu d’installation des Colombiens à New York

22 SAFFORD, 1976

23 CARDONA, 1986

24 MURILLO, 1979 pour le Venezuela, TORALES, 1979 pour le Panama, UGARTA, 1979 pour l’Equateur

25 « teníamos un tío con un almacén de ropa, cuando el auge del petróleo en Venezuela, la gente que viajaba allá no era la gente bien, los que tenían plata iban a Europa o a Estados Unidos. El obrero colombiano que trabajaba en Venezuela venía a Cúcuta, venía al almacén compraban 8 pantalones y 12 camisas, se manejaban los bolívares en Cúcuta, venían llenos de billetes, no tocaba menospreciar a nadie »

26 « En ese tiempo Venezuela…era como la forma más fácil de cambiar de vida »

« Chapinerito », du nom d’un quartier de classe moyenne de Bogotá, est une autre preuve que cette population migrante n’était pas mal considérée en Colombie.

Par ailleurs Suzy Bermudez explique qu’au 19ème siècle le fait de migrer aux Etats-Unis créait un véritable statut: « Lorsqu’on lit les pages sociales des journaux (de l’époque) (…) ce qui est intéressant est qu’elles montrent que c’était une fierté pour la société lettré colombienne d’apparaître dans El Tiempo, cela permettait de maintenir ou d’augmenter son statut social grâce à la distinction obtenue par le fait que les gens étaient mis au courant de leur départ aux Etats-Unis. Ce qu’ils allaient y faire, que ce soit du tourisme, des études ou du travail, obtenait de l’importance »27. Or cette tradition est longtemps restée d’actualité puisque nos entretiens nous ont permis d’observer que cela se faisait encore dans les années 60. En effet, Ines explique que lorsque sa sœur, qui était partie aux Etats-Unis quelques années avant elle, a mis en place la réunification de ses six enfants qui ont pris seuls l’avion entre Bogotá et New York, cela a été une véritable nouvelle en Colombie. Ces enfants ont été filmés et sont passés dans la séance des actualités avant le film au cinéma et leur photo a également été publiée dans El Tiempo. Or cette association de la migration historique vers les Etats-Unis à une image positive est déterminante. En effet cela explique en partie le départ des classes moyennes urbaines vers ce pays, travailler aux Etats-Unis entraînait des formes de reconnaissance importantes en Colombie, contrairement à ce qui pouvait se passer dans d’autres pays d’Amérique Latine. En effet, avant d’être considérés comme des héros, pendant longtemps les Mexicains vivant aux Etats-Unis étaient surnommés « pochos » c'est-à-dire

« les fruits pourris ». De plus, ce point est déterminant pour comprendre l’insertion de la population colombienne aux Etats-Unis, comme nous allons le voir par la suite.

2.2.3 Des relations Etats-Unis/Colombie qui expliquent la migration :

La migration a un rapport très important avec la pénétration politique et économique des pays d’accueil dans les pays d’origine. Sassen dit ainsi : « les flux migratoires prennent place au sein de systèmes donnés »28. La Colombie est un pays au sein duquel il y a une eu une influence des Etats-Unis à plusieurs niveaux, influence qui s’est renforcée récemment. Or certains auteurs comme Portes et Walton29 expliquent que la pénétration du capital économique construit une population qui tend à vouloir migrer vers le pays d’où est originaire ce capital.

2.2.3.1 Liens économiques

27 BERMUDEZ, 2007, p118

28 SASSEN, 2007, p 146

29 PORTES et WALTON, 1981

En Colombie au début du XXème siècle le pétrole et l’industrie bananière ont été deux industries enclaves pour le capital étranger et en particulier états-unien. Or au sein de ces multinationales, ce n’est pas un hasard si la Tropical Oil Company était une succursale de la Standard Oil de New Jersey, qui se trouve à côté de New York, que la Socony également présente sur le territoire colombien était l’autre nom de la Standard Oil Company of New York, ou la United Fruit Company originaire de Boston à quelques heures de New York avaient toutes leur siège social sur la côte est des Etats-Unis.

Des entreprises de la côte est des Etats-Unis et en particulier du grand New York ont eu des intérêts en Colombie, ce qui a facilité le départ des migrants vers ces lieux d’arrivée.

2.2.3.2 Liens politico-militaires

Par ailleurs, dans les années 60 la Colombie et le Chili sont les deux pays qui ont le plus développé le programme « Alliance pour le progrès » mis en place par les Etats-Unis pour réduire l’attrait de la révolution cubaine en favorisant le capitalisme progressiste ; cela a donc renforcé les liens politiques avec le voisin du nord. Dans le contexte de construction idéologique pendant la guerre froide a été développée une image des Etats-Unis comme une société ouverte et démocratique, ce qui a renforcé son classement au sein des possibles pays d’accueil. Plus récemment l’apport d’argent et d’hommes dans le cadre du Plan Colombia, programme d’aide militaire et économique pour lutter contre la production de drogues, créé en 1995, a fait de la Colombie un des pays vers lesquels les Etats-Unis investissent le plus d’argent et un des pays d’Amérique Latine avec la plus forte présence militaire des Etats-Unis. L’apport financier entre 1989 et 1999 pour l’aide anti-drogue et sécurité a été de 1388 millions de dollars. En 2003 la Colombie a reçu une aide de 860, 3 milliards dont 59,2 d’assistance militaire et 213,1 pour la police30. Enfin dernièrement des pourparlers ont été mis en place sur un accord de 10 ans pour augmenter le nombre de bases militaires états-uniennes sous forme de concessions en Colombie.

2.2.3.3 Une position stratégique

Les Etats-Unis ont assez tôt montré un intérêt pour la Colombie car c’est la porte d’entrée de l’Amérique Latine. La Colombie a des avantages comparatifs qui ont facilité ses relations avec les Etats-Unis. Le fait qu’elle soit le seul pays d’Amérique du Sud à avoir accès aux deux océans, mais aussi sa proximité avec le Canal de Panama est considérablement facilité le transport vers les Etats-Unis qui est souvent plus rapide par mer que par terre puisque le voyage jusqu’à Miami ne prend que quatre jours par bateau.

30 Washington Office on Latin America, 2007

D’autre part les moyens de transport ont également déterminé en partie les lieux d’arrivée des colombiens aux Etats-Unis. Dans les années 60 et 70 la plupart des vols arrivaient à New York ou Miami qui, comme nous allons le voir, sont deux lieux d’installation de Colombiens.

Par ailleurs, des changements dans les trajets des transports ont eu des conséquences directes sur les lieux d’installation des migrants. En comparant les entretiens de « Polisones » 31 de Buenaventura, principal port du Pacifique connecté aux Etats-Unis, nous avons pu remarquer que les bateaux de marchandises des années 60 qui passaient par Buenaventura arrivaient dans le port de New York, alors qu’aujourd’hui ils vont vers les ports du sud et en particulier Houston. Or c’est un des lieux où la migration colombienne a beaucoup augmentée ces dernières années, d’après le recensement de 2000 il y aurait 5821 colombiens à Houston.

Selon nos entretiens réalisés à Cali et à Buenaventura c’est la ville où se concentre un nombre important d’afro colombiens sans papiers.

2.2.3.4 Des liens commerciaux

Les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial de la Colombie. Aujourd’hui selon le US Census Bureau, les exportations des Etats-Unis vers la Colombie sont passés de 4,7 billions de dollars en 1996 à 6,7 billions en 2006 soit une augmentation de 42% . Par ailleurs, selon l’Atlas du commerce international, en 2006 les Etats-Unis achetaient 40% des exportations colombiennes.

C’est donc au sein d’une consolidation de liens politiques, économiques et géopolitiques que la migration colombienne vers les Etats-Unis s’est renforcée.

2.2.4 Changements politiques des Etats-Unis en 1965 et accueil plutôt favorable

2.2.4.1 Une volonté de faciliter la migration colombienne

Aux Etats-Unis à partir de 1965 la nouvelle loi a éliminé les préférences pour les migrants originaires d’Europe, utilisées depuis 1924, ce qui a permis à un plus grand nombre de pays de pouvoir avoir accès à la migration. La nouvelle politique définissait un quota de 20 000 visas annuels pour chaque pays et autorisait la réunification familiale, ce qui avantagea l’immigration en provenance d’Amérique Latine et des pays asiatiques.

A cette époque en Colombie, non seulement il était facile d’obtenir des visas de tourisme mais les consulats favorisaient les départs en venant rencontrer les candidats. Lucho parti dans les années 70, originaire de Pereira a migré à New York avec sa mère et aujourd’hui réside en Colombie : « quand nous avons fait notre dossier à Cali pour partir aux Etats-Unis, le

31 « Polison »: Personne qui monte dans un bateau de marchandises de façon clandestine pour aller dans un autre pays.

consul est venu en personne nous rencontrer à Pereira, nous sommes arrivés aux Etats-Unis et quelques jours plus tard nous avons reçu nos cartes de résidents (il me montre la sienne qu’il a conservée en souvenir) »32. De plus, dans les années 1970 l’Ambassade des Etats-Unis proposait souvent directement des cartes de résidents aux Colombiens qui voulaient partir, ce qui est une forme de recrutement indirect facilité par le gouvernement du pays d’accueil. En effet, Ines explique qu’au départ elle ne voulait partir que quelques mois puis rentrer en Colombie. Mais lors de son entretien au consulat pour son visa de tourisme, le consul lui a expliqué qu’il était préférable de faire une demande de résidence, c’est donc ce qu’elle a fait.

Une amie de Juan partie de Montenegro en 1971 raconte : « Ici à l’époque quand on demandait un visa de touriste ils nous répondaient : « tu ne préfères pas un visa de résident ? », parce qu’ils avaient besoin de beaucoup de main d’œuvre là-bas »33.

Cette pratique n’était pas exceptionnelle car de nombreuses personnes y font référence, le consul colombien de New York nous l’explique également : « En 1950, 55, 70 en Colombie, lorsque les gens allaient à l’Ambassade américaine à Bogotá on leur donnait la résidence, pas un visa, directement la résidence »34. Cet accès facile aux documents entraînait des allers et retours entre les deux espaces, la femme de Montenegro explique : « ils partaient, travaillaient quelques mois et revenaient parce que avant il était plus facile d’obtenir un visa »35.

Par ailleurs, une fois sur place, les documents pour mettre en place une vie stable étaient d’accès facile. Une migrante raconte : « il y avait du travail partout, ils donnaient facilement le social security, il suffisait d’y aller avec le passeport et ils le donnaient. »36. Ceux qui restaient au-delà du temps accordé par le titre de séjour arrivaient à légaliser plus facilement leur situation. Andres et sa femme Camila expliquent que la naissance de leur fils sur le territoire états-unien leur a permis d’obtenir des papiers : « nous avons obtenu des papiers par notre fils qui est né aux Etats-Unis et en 76 cette politique s’est arrêtée »37. De même les migrants racontent que l’accueil au sein de la société de New York était plus chaleureux, ils étaient appréciés en tant que bons travailleurs. Lucho dit ainsi : « la plupart des patrons étaient juifs...ils parlaient entre eux: ceux-ci sont des latinos...mais c’est une main d’oeuvre excellente...personne ne travaille aussi bien qu’eux”....il y avait un salaire de base, mais la

32 « cuando hicimos los papeles para irnos en Cali, el vice cónsul vino personalmente para conocernos a Pereira, llegamos a los Estados Unidos y unos días después recibimos nuestra residencia »

33 « Aquí cuando uno se presentaba para pedir visa de turista te decían “quieres visa de residente?”, porque necesitaban mucha mano de obra allá »

34 « en 1950, 55, 70 en Colombia, uno se acercaba a la embajada Americana en Bogotá, daban residencia, no la visa;

directamente la residencia »

35 « se iban, trabajaban unos meses y se devolvían porque antes era más fácil conseguir una visa »

36 « en todas partes había trabajo, daban el Social Security muy fácil, no era sino ir allá con el pasaporte y lo entregaban » Le social security est le numéro de sécurité sociale qui donne accès au travail aux Etats-Unis car il permet de déclarer son salaire.

37 « nosotros calificamos por el estatus por nuestro hijo que nació en los Estados Unidos y en el 76 cerró este programa »

plus grande partie nous la faisions avec des heures supplémentaires, ils se battaient pour nos embaucher »38.

2.2.4.2 Le textile : de bons ouvriers « made in Colombia »

Saskia Sassen explique: « la plupart des migrations ont été amorcées grâce au recrutement direct des entreprises, des gouvernements, des agences pour l’emploi ou des trafiquants (…) Mais une fois que la communauté d’immigration existe, le réseau des immigrés a tendance à remplacer le recrutement extérieur, et la chaîne d’immigration se met en place »39. Ce recrutement est également présent dans l’histoire de la migration colombienne aux Etats-Unis, il s’est mis en place en particulier en faveur de l’industrie textile des Etats-Unis.

Construction d’un lien fort entre Antioquia et New York

Comme pour de nombreux autres migrants originaires d’Amérique Latine, la vitalité de l’économie états-unienne des années 70 couplée à l’ouverture des portes de 1965 a créé une demande de main d’œuvre colombienne.

Or il est intéressant d’y voir un lien avec la mise en place d’une présence états-unienne forte en Colombie. Dans une étude très intéressante Suzy Bermudez explique que dès le 19ème siècle c’est dans la région d’Antioquia autour de Medellín, que le plus de voies de communication ont été ouvertes, ce qui a facilité la construction de liens forts entre les habitants et le capital anglais et états-unien. Elle explique également que des chefs d’entreprises avaient pris l’habitude d’aller aux Etats-Unis pour parfaire leur anglais et leur éducation et allaient en particulier sur la côte est, la plus industrialisée, à New York40. Par ailleurs, une des spécificités de la migration colombienne a été la demande d’ouvriers qualifiés spécialisés dans le textile. Ceci a créé un lien particulier entre la région autour de Medellín très industrielle et spécialisée dans le textile depuis le début du 20ème siècle et la région de New York et du New Jersey. Medellín, principal lieu de l’industrialisation précoce financé par l’élite d’Antioquia, s’est consolidée entre les années 30 et 50 comme une ville industrielle en particulier dans le textile, elle est aujourd’hui le second centre urbain et second pôle industriel de la Colombie. Par ailleurs, d’après Nancy Foner il y avait dans le grand New York au milieu des années 70, 250 000 personnes qui travaillaient dans le secteur du textile, car New York était depuis la fin du 19ème siècle « la capitale de la mode de l’Amérique. Elle était au dessus de toutes les autres villes américaines pour la production de vêtements faits en

38 « la mayoría de los jefes eran judíos… hablaban entre ellos: “son unos latinos… pero es una mano de obra excelente…

38 « la mayoría de los jefes eran judíos… hablaban entre ellos: “son unos latinos… pero es una mano de obra excelente…