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Ladite lettre , ainfi que le­ dit écrit annexés à la minute

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [20] (Page 135-160)

dudit interrogatoire.

{.*) Çe mjflraWe eftropie pref»

.que tous les-noms de ceux: dont il

Auffi le Roi ne fit aucune difficulté de remettre le jugement du coupable^ à ceux^ de la gfand’Cliamhre qui n’avaient pas donné leur démiffion. Il voulut mê­ me que les Princes & les Pairs rendirent par leurpré- fence le procès plus folemnel plus autentique dans tous fes points aux yeux d’un public auffi défiant que ■ curieux exagérateur, qui voit toujours dans ces avan- tures effrayantes au-delà de la vérité. Jamais en effet la vérité n’a paru dans un jour plus clair. Il eft évident ique cet infenfé m’avait aucun complice : il déclara toujours qu’il n’avait point voulu tuer le R o i, nids qu’il avait formé le deffein de le blefier depuis l ’exil du Parlement.

D ’abord dans fon premier interrogatoire , il dit que la Religion feule l’a déterminé à cet attentat.

Il avoue qu’il n’a d it d u nui! que des m olznijles & de ceux q u i refufent les fa cre m e n s , que ces gens-là croyeut Apparem m ent de ux D ie u x .

Il s’écria à la queftion , qu’i l avait cru faire nue œu­ vre méritoire fo u r le ciel $ c’ejl ce que fentendais dire à tous ces prêtres dans le palais. Il përfifta conftnmment à dire que c’étaient l’Archevêque de Paris, les refus de facremens , les difgraces du Parlement', qui l ’avaient porté à ce parricide ; il le déclara encor à fes confef- fe'urs. Ce malheureux n’ était donc'qu’un infenfé fa­ natique , moins abominable à h vérité que Ravaillac à. Jean Cbatel, mais plus fo u , & n’ayant- pas plus de complices que ces deux énergumènes. Lesfeuis com­ plices pour l’ordinaire de ces monftres, font des fina- tiq ues, dont les cervelles échauffées allument fans le ' favoir un feu qui va. embrafer des efprits f.ibles , io- fenfés & atroces. .Quelques mots dits nu bavard fuf- fifent à cet embraf’ement. Damiens agit dans la même illufion que Ravaillac , & mourut dans les mêmes

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Quel eft donc l’effet du fanatifine , & le deftin des Rois ! Henri I I I & Henri IVConl affaffinés parce qu’ ils ont foutenu leurs droits contre des prêtres, Louis X V eft affaffîné parce qu’on lui reproche de n’avoir pas affez févi contre un prêtre. Voilà trois Rois fur Iefquels fe font-portées des mains parricides dans un pays re­ nommé pour aimer fes Souverains.

L e père , la Femme , la fiMe de D amie-ns, quoîqu’in- nocens, furent bannis du Royaum e, avec défenfe d’y reven ir, fous peine d’étre pendus. Tous fes parens furent obligés p arle même arrêt, de quitter leur nom de Damiens devenu exécrable.

Cet événement'fit rentrer en eux-mêmes pour quel­ que tems ceux qui par leurs malheureufes querelles eccléfiaftiques avaient été la caufe d’ un fi grand crime. On voyait trop évidemment ce que produifent l ’efprit dogmatique , & les fureurs de Religion. Perfonne n’avait imaginé qu’une bulle & des billets de confef- fion , puffent avoir des fuites fi horribles ; mais c’eft ainfi que les démences & les fureurs des hommes font liées enfembie. L ’efprit des Poitrot & des Jacques Clé­ ment qu’on avait cru anéanti fubfifte donc encor dans les âmes féroces & ignorantes ! La raifon pénètre en vain chez les principaux citoyens :1e peuple eft tou­ jours porté au fanatifme ; & peut-être n’y a - t - il d’au­ tre remède à cette contagion que d’éclairer enfin le peuple même ; mais on l’entretient quelquefois dans des fuperftidons on voit enfuite avec étonnement ce que ces fuperftitioris produifent.

Cependant feize Confeillers qui avaient donné leurs démifiions étaient envoyés en exil ; & l’ un d’eux(Æ) qui était clerc & qui fut depuis Confeiller d’honneur, célè­ bre pour fon patriotiftne & pour fon éloquence , fonda

( O L'Abbé de Cbauvilm r

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tiné méfié à perpétuité pour remercier Die u d’avoir conferve la vie du Rui qui l ’exilaiti

Ôn confina aufii plufieurs Officiers du Parlement de Refimcon dans differentes villes , pour avoir refufé Penregiftrement d’ un fécond vingtième , & p. ur avoir donné un décret contre l’Intendant de la province.

Le Roi malgré Enttentat commis fur fa perfonnè, îïialgré une guerre ruineufe , s’occupait toujours du foin d’étouffer les querelles des P^riemens & du Cler­ gé i effavant de contenir chaque état dans fes bornes 4' exilant encor l’Archevêque de Paris, pour avoir cam treVenu à fes loix dans la fimple élection de 1» fopéi rieure d’un couvent ; r..ppeil:-nt enfuite ce Prélat. & rendant toûjours par la modération la fermeté plus tefpeétable. Enfin , les affaires mêmes du Parlement de P''ris s’accommodèrent ; les membres de ce c<» ps qui avaient donné leur démiffion , reprirent leurs ch r^ ges & leurs fonctions : tout a paru tranquille au-^e-, dans, jufqu’à ce que le faux zèle , & l’efprit départi faite naître de nouveaux troubles»

C H A P I T R E T R E N T E - H U I T I E M E . MJfqffinât du Roi de Portugal. Jéfuites chaffés du Por±

tugal, & enfuite de France.

TN ordre religieux ne devrait pas faire partie de; l’hiftoire. Aucun hiftorien de l’antiquicé n’eft en­ tré dans le détail des établiffemens des prêtres de Ùibele , ou de fanon. C’eit un des malheurs de no­ tre police Européane , que les moines deftinés pat leur inftitut à être ignorés , ayent fait autant de bruit que lès Princes , foit par leurs immenfes richelfes 4 foit par les troubles qu’ils ont excités depuis leur

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Les jéfuites étaient, comme on fa it, les Souverains véritables du Paraguai, en reconnaiffant le Roi d’Ef- pagne. La Cour d’Éfpagne avait cédé , par un traité d’échange, quelques diftricts de ces contrées au Roi de Portugal Jofepb, de la Maifon de Bragance. On accufa les jéfuites de s’ y être oppofés, & d’avoir fait révolter les peuplades qui devaient paffer fous la do­ mination Portugaife. Ce grief, joint à beaucoup d’au­ tres , fit chalfer les jéfuites de la Cour de Lisbonne.

Quelque tems après, la famille Tavora, & furtout, le Duc d’ A veiro, oncle de la jeune Comteffe A tai­ de d’Atouguia ; le vieux Marquis & la Marquife de Tavora , père & mère de la jeune Comteffe ; enfin le ComteA ta id e fon époux , & un des frères de cette Comteffe infortunée , croyant' avoir reçu du Roi un outrage irréparable, ils réfolurent de s’en venger. La Il vengeance s’accorde très bien avec la fuperftition. gf Ceux qui méditent un grand attentat cherchent par- i mi nous des cafuiftes & des confeffeurs qui les encou- ‘ ragent. La famille qui penfait être outragée, s’adreffa à trois jéfuites , M alagrida^ A lexandre; Mathos, Ces cafuiftes décidèrent que ce n’était pas feulement un péché qu’ils appellent véniel, de tuer le Roi. (a).

îl eft bon de favoir , pour l’intelligence de cette décifion , que les cafuiftes diftinguent entre les pé­ chés qui mènent en en fer, & les péchés qui condui- fent en purgatoire pour quelque tems ; entre les pé­ chés que l’abfolution d’un prêtre rem et, moyennant quelques prières, ou quelques aumônes , & les péchés qui font remis fans aucune fatisfaction. Les premiers font mortels , les féconds font véniels,

La confeflion auriculaire caufa un parricide en Por­ tugal , ainfi qu’ elle en avait produits' dans d’autres

( «) C’eft ce qui eft rap- j rationautentiqne du Confeil

porté dans Vttcorduo ou décla- I Royal de Lisbonne.

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J É S U I T E S C H A S S É S

Jmÿs, Cë qui a été introduit pour expier les crimes $ en a fait commettre. T elle e ft, comme on l’a déjà vu Couvent dans cette hiftoire , la déplorable condition humaine.

Lès conjurés munis de leurs pardons pour l ’autre m onde, attendirent le Roi qui reven it à Lisbonne d’ une petite maifon de campagne , feul , fans dnmef- tiques , & la nuit : ils tirèrent fur fon carroffe, & bluffèrent dangereufement le Monarque.

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complices , excepté un domeftique , forent arrêtés. Les uns périrent par la roue , les autres fu­ irent décapités. La jeune Comteffe Atnide , dont le tnari fut exécuté , alla par ordre du Roi pleurer drns tra couvent tant d’horribles malheurs dont elle par­ fait pour être la eaufe. Les feuls jéfuîtes qui avaient confeillé & autorifé l’affaffinat du Roi par le moyen de la confdïion , moyen auffi dangereux que f.cré , échappèrent alors au fupplice.

L e Portugal n’ayant pas encor reçu dans ce tems- là les lumières qui éclairent tant d’ Etats en Europe, était plus fournis au Pape qu’ un autre.

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n’ et.iit pas permis au Roi de faire condamner à la mort par fes .juges un .moine parricide ; il fa lait avoir le confe..re­ nient de Rome. Les autres peuples étaient dans le dix-huitième fiécle , mais les Portugais femblaîent être dans le douzième.

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La poftérité 'aura peihe à croire que le R oi de Por­ tugal fit foiliciter à Rome pendant plus d’un an la permiffion de faire juger chez lui des jéfuîtes fes fu- jets i & ne put l’obtenir. La Cour de Lisbonne & celle de Rome furent longtetns dans une querelle ouverte ; on alla même jufqu’à fp flatter que le Portugal ièeoue,. rait un joug que l’Angleterre fon alliée & ù protec­ trice avait foulé aux pieds depuis fi longtems ; mais le Miniftère Portugais avait trop d’ennemis pour

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§ D U P O R T U G A L . 1 37 fê?

| ... ... ... ... 1 ' ______ _ t ofer entreprendre ce que Londres avait exécuté -, il montn;*à la fuis une -grande fermeté & une extrê­ me condefcendance.

Les jéfuites-les plus coupables étaient en prïfon à Lisbonne*; le Roi les y laîfla , & prit J e parti* d’en­ voyer à Rome tous les jefuitcs de fes Etats. On les déclara bannis pour jamais du Royaume ; mais on n’o- fait. livrer à la mort les trois jéfuites accufés :& con­ vaincus de parricide. Le Roi fut réduit à l ’expédient de livrer du moins Malagrida à l’inqtiîfition , com­ me fu fp e â d’avoir autrefois avancé quelques propqfi- tîons téméraires qui Tentaient l’héréfie.

Les dominicains qui étaient juges du St. Office;* & affiftans du grand Inquiftteur, n’ont jamais, aimé : les jéfuites : ils fervirent le Roi mieux que n’avait

fait Rome. Ces moines déterrèrent un petit livre de J ; la -sir héroïque de Ste. Anne * mère-de-,Marie , di&é au révérend père Malagrida fa r Ste. Anne: elle-même. Elle lui avait déclaré que l’immaculée conception lui appartenait comme ,à fa fille , qu’elle avait parlé & pleuré dans le ventre de fa m ère, & qu’elle avait fait pleurer les chérubins.. Tous les écrits de Mala­ grida étaient au ffi fages ; de p lu s , il avait fait des. prédictions *& des miracles ; & celui d ’éprouver à Page de foixante.&.quinze ans des pollutions dans fa prifon , n’ était pas un des moindres. Tout cela lui fut reproché dans fon procès* & voilà pourquoi il i lut condamné au feu , fans qu’on l’interrogeât feule­

ment fur l’affaflînat du Roi , parce que-ce n’eft qu’une faute contre un fé c u lie r, & que le refte.eft un cri- 1 me contre DIEU. Ainfi l’excès du ridicule & de Tab- | furdité fut joint à l’excès d’horreur, Le coupable ne ! fut mis en jugement que comme un prophète, & ne j fut brûlé que; pour avoir été fou , & non pas pour | avoir été parricide,

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avanture réveillait la naine qu’on leur portait en Fran­ ce , où ils ont été toujours jpuiffans & déteftés., Il arriva qu’un profès de leur ordre nommé la Valette, qui .était le chef, des miffions à la ,Martinique , & le plus fort commercant des .Mies,, fit une . banqueroute de plus de trois millions. Les intéreffés fe pourvurent au Parlement de Paris. On crut découvrir alors que legéné- ra l jé fu ite ré fid a n t à Rome , gouvernait defpotique- ment les biens de la fociété. Le Parlement de Paris condamna ce .général & tous les frères jéfuites foli- dairement, à payer la banqueroute de la Valette.

C e procès qui indigna la France contre les jéfu ites, conduifit à examiner, cet inftitut fingulier qui rendait amfisun : général Italien maître abfoiu des perfonnes & des fortunes d’une fociété de Français. On fut fur- pris de voir que jamais l’ordre des jéfuites n’avait été formellement reçu . en-, France par la plupart des Par- ïemens du Royaume ; on déterra leurs conftitutions, &',;toûs les; Parlemens les trouvèrent incompatibles avec les loix. Ils rappellèrent alors toutes les ancien­ nes plaintes faites .contre c e t o rd re, & plus de cin­ quante volumes de leurs dédiions théologîques con­ tre la fûreté.de la vie des Rois. Les jéfuites ne fe défendirent qu’en difant que les jacobins '&-St. Tho­ mas en avaient écrit ,autant. Us ne . prouvaient par cette réponfe autre chofe , finon que les jacobins étaient condamnables comme eux. A l’égard de Tho­ mas £ A q u in , -il eft canonifé ; mais il y a dans fs Som­ me ultramontaine des décrions que les Parlemens de France feraient brûler, le jour de fa fête , fi on vou­ lait s’en fervir pour troubler l’Etat. Comme il dit . en divers .endroits , que l’Eglife a.le .droit .de dépofer Un Prince infidèle à l’E g life, il permet en ce: cas le par­ ricide. On peut avec de telles maximes gagner le paradis & ia corde.

Le Roi daigna fe mêler de l ’affaire des jé fu ite s, & pacifier encor cette querelle comme les autres.

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Il voulut par un édit réformer paternellement les jéfuites en France ; mais on prétend que le Pape Clément X I I I ayant dit qu’ il faiait ou qu’ils reftaflent comme ils étaient, ou qu’ils n’ exiftaffent pas , cettè réponfe du Pape eft cè qui les a perdus. On leur re­ prochait encor des aïïemblées fecrettes. Le Roi les abandonna alors aux Parlemens de fon Royaume , qui tous l’un après l’autre, leur ont ôté leurs collèges & leurs biens.

Les Parlemens ne les ont condamnés que fur quel­ ques règles de leur inftitut que le Roi pouvait réfor­ mer ; fur des maximes horribles , il eft vrai , mais niéprifées, publiées pour la plupart par des jéfuites étrangers, & défavouées formellement depuis peu par les jéfuites Français.

Il y a toujours dans les grandes affaires un prétexte qu’ on met en a v a n t, & une caufe véritable qu’on dif- fimule. Le prétexte de la punition des jéfdices , était le danger prétendu de leurs mauvais livres que per- fonne ne lit : la caufe était le crédit dont ils.avaient longtems abufé. Il leur eft arrivé dans un fiécle de lumière & de modération, ce qui arriva aux templiers dans un fiécle d’ignorance & de barbarie ; l’orgueil perdit les uns & les autres ; mais les jéfuites ont été traités dans leur difgrace avec douceur, & les tem­ pliers le furent avec cruauté. Enfin le Roi. par un-édit folem nelen 1764 aboli td a n s fes Etats cet ordre, qui avait toujours eu des perfonnages eftimables, mais plus de brouillons ; à qui fut pendant deux cent ans un fujet de difeorde.

Ce n’eft ni Sanchez , ni LeJJius, ni Efcobar, ni des abfurciitis de cafuiftes qui ont perdu les jéfuites , c’eft le TelHer , c’eft la bulle qui les a exterminés dans prefque toute la France. La charrue que le jéfuite lè TelHer avait fait paffer fur les ruines de P o rt-R o y a l, a produit au bout de foixante ans les fruits qu’ils re­

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cueillent aujourd’hui : la pcrfécucion que cet homme yiolçnt & fourbe ayait excitée contre des hommes entê­ tés , a rendu les jéfuites exécrables à la France: exem­ ple mémorable , mais qui ne corrigera aucun con- fefleur des Rois , quand il fera ce que font prefque tous les hommes à la C o u r, ambitieux & 'intrigan.s,, & ,qu’il dirigera un -Prince peu in ftru it, affaibli par­ la vieilleffe. '

L ’ ordre des jéfuites fut'enfuite chafle de tous les Etats du Roi d’Efpagne en Europe , en Afie, en Amé­ rique ,'çhàffé des deux Siciles , chaffe de Parme & de Malthe-, preuve évidente qu’ils n’étaient pas auffi grands politiques qu’on le croyait. Jamais les moines ft’ont été puiffans , que par l’aveuglement des outres hommes ; & les yeux ont commencé à s’ouvrir dans ce iiccle. Ce qu’il y eut d’affez étrange dans leur dc- faftre prefqu’univerfel , c*elt qu’ils furent profcrits dans le Portugal, pour avoir dégénéré de leur infti- tu t; & en France pour s’ y être trop conformés. C'eft qu’en Portugal on n’ofait pas encor examiner un infti- tut confaçré par les Papes, & on Lofait en France. 11' en refaite qu’un ordre religieux parvenu à fe f-iré haïr de tan t dé nations , eft coupable de cette haine.

Cet ordre fut exterminé dans prefque tous les pays qui avaient été les théâtres de fa puill.mce , en Efpa- pagne , aux.Philippines, au Pérou , au M exique, au jaraguai , en Portugal , au B refif, en France , dans les deux Siciles, dans le Duché de Parme , à Malthe ; mais il fuUconfervé (d u moins pour quelque tem s) en H ongrie, en Pologne, dans le tiers de l’ Allema­ g n e , en_Flandre, & même à Venife où il n’avait au­ cun crédit & dont il avait été autrefois chaffé.

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parait raifonnable & jufte que des Souverains mécontens d’un ordre religieux s’ en défaffent ; & que les- Puiffanoes qui en font .RtisFaites les confervent dans leurs Etats.

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• ' Enfin cettë foçîété a été abolie après bien des né­ gociations par le Pontife de Rome GanganeUi , fuc- cefl’eur du Pape Iiczzonico. Tous les Princes Catho- liquês de l’Europe ortt chafle les jéfu ite s, & le Roi dePrufife Prince proteftant les a confervés, au .grand étonnement' des nations. C’eft que ce Monàrqùe ne voy rit en eux que des hommes capables d’ élever chez lui lajeuneffe d’enfeigner les belles «lettres, peu cultivées dans fes E tats, excepté par 'lui-'même. Il les croyait utiles', & ne les crTgn it pas ; il regardait du même œil les C ilviniftes, les Luthériens .les P ip iftèsj ceux qu’on appelle les Miniftres de l’Evanj g ile , & ceux qu’ on appelhit les Pères dè la fociéte de Jefu , les dédaignant tous également, établiflunt la tolérance universelle comme le premier des dog­ mes , plus occupé dè fon armée que de fes Collèges ; Tachant très bien qu’avec des foîdats il contiendrait tous les théologiens.;'& fe fouciant fort peu que ce fut un jéfuite ou un prédicant qui fît connaître Cicé­ ron & Virgile à la jeunèffe.

C H A P I T R E T R E N T E - N E U V I E M E . D e la bulle du .Pape R ezzo n ico , CiÉM ENT X III , 6?

de fes fuites,

'Infant Duc de Parme Don Ferdinand de Rôtir- lù o n , ayant fuivi l’exemple de tous les Princes de fa Maifon en chaffant les jéfuites , fit dans fes Etats plufieurs. réglemens utiles qui réprimaient Tes abus monaftiques ; & fon Miniftre 'très éftimé dans l’Europe, .eut furtoutTa prudence de pré venir les pré- „ tentions de la Cour- de Rome qui croyait être en droit de juger toutes lès «fFtires contentieufes de Parme , Plaifance & Guaftalle , & de conférer tous les béné­ fices. Ces prétentions'étaient tirées premièrement de St, Pierre qu’ on prétend avoir été Evêque de Rome.

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Secondem ent, de la ComtefTe Mathilde , qui avait donné Parme & Plaifance au Pape Grégoire V I I , avec plufieurs autres beaux domaines ; mais il n’a ja­ mais été prouvé que St. Pierre ait été à Rome ; &

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