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Déjà l’on commençait à mettre dans l’ifle une po-

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [20] (Page 160-176)

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lic e qu’on n’ y avait point encor vue-, lorfque la fa­ tale guerre de. 1740 d éfok la moitié de l’Europe. Le Cardinal de Fleuri qui l’entreprit malgré l u i , & dont le caractère était de croire foutenir de grandes cho- fes par de petits moyens , mit de l’œconomie dans cette guerre importante. Il retira toutes les troupes qui étaient en Corfe. Gènes loin de pouvoir fubju- guer l’ille fut elle-même accablée par les Autrichiens, réduite à une efpèce d’efclavage , & plus malheureufe que la C o rfe , parce qu’elle tombait de plus haut.

Tandis que l’Europe était défolée pour la fuccef- fion des Etats de la Maifon d’Autriche & pour tant d’intérêts divers qui fe mêlèrent à l’intérêt principal, les Corfes s’affermirent dans l’amour de la liberté & dans la haine pour leurs anciens maîtres. Gènes poffédait toûjours BafHa la capitale de l ’ifle , & quel­ ques autres places ; les Corfes avaient tout le refte ; ils jouirent de leur lib erté, ou plutôt de leur licen ce , fous le commandement de Giafferi élu par eux Gé­ néral .hom m e célèbre par une valeur intrép ide, & même par des vertus de citoyen. Il futaffaffmé en. i y ç j . On ne manqua pas d’ en accufer le Sénat de G èn es, qui n’avaitpeut-être nullepart à ce meurtre.

La difcorde alors divifait tous les Corfes. Les ini­ mitiés entre les familles fe terminaient toûjours par les affaflinats ; mais on fe réunifiait contre les G énois, & les haines particulières cédaient à la haine géné­ rale. Les Corfes avaient plus que jamais befoin d’ un chef qui fût diriger leur fu reu r, & la faire fervir au bien public.

L e vieux Hiacinte Paoli qui les avait commandés autrefois, & qui était alors retiré à N ap les, leur en­ voya fon fils Pafcal Paoli en 17$ ç. Dès qu’il parut il fut reconnu pour Commandant général de toute l’if le , quoi qu’il neut que v in g t-n e u f ans. Il ne pré­ tendit pas le titre de Roi comme Théodore, mais il

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le fut en effet à plufienrs égards en fe mettant à: la tête d’un gouvernement démocratique.

Quelque chofe qu’on ait dit de lui , il n’eft pas poffible que ce ch ef n’eut de grandes qualités. Eta­ blir un gouvernement régulier chez un peuple qui n’en voulait point ; réunir fous les mêmes loix des hommes divifés & indifciplinés ; former à la fois des troupes réglées & inftituer une efpèce d’univerfité qui pouvait adoucir les mœurs , établir des tribunaux de ju ftic e , mettre un frein à la fureur des affaffinats & des meurtres , policer la barbarie, fe faire aimer en fe faifant o b é ir, tout cela n’était pas affurément d’un homme ordinaire. II ne put en faire affez ni pour rendre la C o rie lib re , ni pour y régner pleinem ent, mais il en fit affez pour acquérir de la gloire. ; Deux Puiffances très différentes l’une de l ’autre en­ trèrent dans les démêlés de Gènes & de la Corfe. L ’une était la Cour de Rome & l’autre celle de France. Les Papes avaient prétendu autrefois la fouveraineté de Pifle , & on ne l’oubliait pas à Rome. Les Evê­ ques Corfes ayant pris le parti du Sénat G énois, & trois de ces .Evêques ayant quitté leur patrie, le Pape y envoya un Vjfiteur-général qui allarma beauco'up le Sénat de Gênes. Quelques Sénateurs craignirent que Rome ne profitât de ces troubles pour faire revivre fes anciennes prétentions fur un pays que Gènes ne pouvait plus conferver ; cette crainte était auffi vaine que les efforts des Génois pour fubjuguer les Corfes. L e Pape qui envoyait ce Yifiteur était le même Rez- zomco qui depuis éclata II indifçrettement contre le Duc de Parme ; ce n’était pas un homme à conquérir des Royaumes ; i e Sénat de Gênés ordonna qu’ on em­ pêchât le Vifitéur d’aborder en Corfe. Il n’y arriva pas moins au printems de 1760. L e Général Paoü le harangua pour s’en faire un protecteur ; il fit brûler fous la potence le décret du Sénat ; mais il relia toû- joürs le maître. L e Vifitéur ne put que donner des

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bénédidtions & faire des réglemens _ eccléfiaftiques pour des prêtres qui n’ en avaient que le nom , & qui allaient quelquefois au fortir de la nielle a M n e r leurs camarades. L e Miniftère de France plus agif- fant que celui de Rome , & plus puiffant, fut prié d’alfifter encor Gènes de fes bons offices. Enfin ,

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a Cour de France envoya fept bataillons en Corfe dans l ’année 1764 , mais non pas pour agir hoftilement. Ces troupes n’étaient'chargées que de garder les pla­ ces dont les Génois étaient encor en poffeffion. Elles vinrent comme médiatrices. Il fut dit qu’elles y réité­ raient , & en partie aux dépens du Sénat pour quel­ ques fournitures.

L e Sénat efpérait que la France s’étant chargée de garder fes places , il pourait avec fes propres trou­ pes fuifire à regagner le refte de l’ifle. Il fe trompa : : Paoli avait, difcipliné des foldats en redoublant dans le peuple l’amour de la liberté. Il avait un frère qui ; ‘ parfait pour un brave , & qui battit fouvent les mer- cénaires de Gènes. Cette République perdit pendant ^ quatre ans fes troupes & fon a rg e n t, tandis que Paoli augmentait chaque jour fes forces & fa réputation, L ’ Europe le regardait comme le légiflateur & le ven- geur de fa patrie.

Les quatre années du féjour des Français en Corfe étant exp irées, le Sénat de Gènes connut enfin qu’il fe confumait en vain dans une entreprife ruineufe, & qu’il lui était impoffible de fubjuguer les Corfes.

Alors il céda tous fes droits fur la Corfe à la Cou­ ronne de France , le traité fut figné au mois de Juil­ let 1764 à.Compiégne. Par ce traité le Royaume de Corfe n’ était pas absolument donné au Roi de France, mais il était cenfè lui appartenir avec la faculté ré- fervée k la République de rentrer dans cette Souve­ raineté en rembourfant au R oi les frais itnmenfes qu’il avait faits en faveur de la République. C’était en effet

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céder à jamais la Corfe , car il n’ était pas probable que les Génois fuffent jamais en état de racheter ce Royaume ; & il était encor moins probable que l’ayant racheté , ils puffent le conferver contre toute une na­ tion qui avait fait ferment de mourir plutôt que de vivre fous le joug de Gènes.

■ Mnfi donc en cédant la vaine & fatale fouverai- neté d’un pays qui lui était à ch arge, Gènes faifaît en effet un bon marché , & le Roi de France en fai- fait un m eilleur, puifqu’il était affez puiffant pour Te ' faire obéir dans la Corfe ,. pour la policer , pour la peu pler, pour l’enrichir en y faifant fleurir l’agricul­ ture & le commerce. De plus il pouvait venir un teins où la poffeffion de la Corfe ferait un grand avantage dans les intérêts qu’on aur|it à démêler en

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; i II reliait à favoir fi les hommes ont le droit de vendre d’autres hommes. Mais c’eftune. queffion qu’on n’examina jamais dans aucun traité.

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On commença par négocier avec le Général Paoli. Il avait à faire au Miniftre de la politique & de la guerre ; il favait que le cœur de ce Miniftre était au- deffus de fa naiffance, que c’était l ’homme le plus généreux de l’Europe , qu’il fe conduirait avec une nobleffe héroïque dans tous fes intérêts particuliers, & qu’il agirait avec la même grandeur d’ame dans les intérêts du R o ifo n maître. Paoli pouvait s’atten­ dre à des honneurs & à des réeompenfes , mais il était chargé du dépôt de la liberté de fa patrie. Il avait devant les yeux le jugement des nations : quel que fût fon deffein il ne voulait pas vendre la fie n n e , & quand il l’aurait voulu il ne l’aurait pas pu. Les Cor- fes étaient faifis d’un trop violent entoufiafme pour la lib e rté , & lui-même avait redoublé en eux cette paffioh li naturelle devenue à la fois un devoir Ta- c r é ,

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c une efpèce de fureur. S’il avait tenté feule­

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—i‘—-.v^":;-ment de la modérer , il aurait rifqué fa vie & fa gloire.

; - Cette gloire n’était pas chez lui celle de combattre , il était plus légiilateur que guerrier , fon courage était dans l’efp rit, il dirigeait toutes les - opérations, mili­ taires. Enfin il eut l’honneur de réfifter à un Roi de France près d’une année. Aucune Puiffance étrangère ne le fecourut.. Quelques Anglais feulement amoureux de cette liberté dont il était le défenfeur- & dont il. allait être la victim e, lui envoyèrent de l’argent & des armes, car les Corfes étaient mal; armés^ ils n’avaient point de fufils à bayonnette , même quand on leur en, fit tenir de Londres , la plupart .des Corfes ne. purent:, s’en fervir ; ils préfèrent leurs moufquetons ordinai­ res & leurs couteaux ; leur arme principale était, leur,., courage. Ce courage fut fi grand que dans un des com­ bats vers une rivière nommée le Gaulo ils fe.firent.un-, rempart de leurs morts pour avoir le tems de charger derrière eux avant de faire une retraite néceffaire ; leurs bleffés fe mêlèrent parmi les morts pour raffermir le rempart. On trouve partoufcdela valeur, mais on ne voit de telles aérions que chez des peuples libres. Maigre tant de valeur ils furent vaineus.Le Comte de Vaux fécondé du Marquis d e-Mar bœuf, fournit Kifle entière en moins de tems que le Maréchal de Àlailkbois ne l’avait domtée,

. Le Duc de Cboifeul qui dirigea:, toute. cette entre-’ prife , eut la gloire de donner au Roi fon. maître une province qui peur aifément, fi elle eft..bien culdvée;.y:: nourrir deux cent mille hommes , fournir de braves; foldats, & faire un jour un commerce utile.

On peut obferver que fi la France s’accrut fous Louis X I F de l’ Alface, de la Franche-Comté & d’une partie de la Flandre , elle fut augmentée fous Louis X V de la Lorraine & de la Corfe.

' La récompenfe du Duc de Cboifeul .paraîtrait, bien étrange fi on ne connaiflait les Cours. Une femme le ' fit exiler lui & fon coufin le Duc de P raslin ,,après les

Suite du Précis du Siècle de Louis X V . L

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fervîces qu’ils avaient rendus à l’E ta t, & après que le . Duc J e Cboifeuleut conclu le mariage du Dauphimpetit- fils de Louis X V , depuis Roi de France, avec la fille de l’Impératrice M arie-T birlfe.C’était un grand exemple des viciffitudes de la fortune,.que ceMinifire eûtréufiî à ce mariage, peu d’années après que le Maréchal de Belle-

Isle eut-armé une grande-partie de l’Europe pour détrôner cette même Impératrice, & qu’il ne réuflit qu’à fe faire prendre prifomiier,.--C’était une autre vieilli tude, mais non pas furprenante, que le Duc de Cboifeulfû t exilé.

Nous avons déjà vu que Louis X V avait le malheur : de trop regarder fes ferviteurs comme dés inftrumens qu’il pouvait brifer à fon gré. L’exil eft une punition j & il n’y a que la loi qui doive ponir. C’eft furtout un très grand malheur pour un Souverain, de punir des hommes dont les fautes ne font pas connues, dont les fervîces le font, & qui ont pour eux la voix publique que n’ont pas toûjours leurs maîtres. * I

C H A P I T R E Q.U A R A N T E-U N I E M E. . De l’exil du Parlement de Paris Ç c ' c . S f de la mort

de L O U 1 S X V.

I les exils du Duc de Cboifeul, du Duc de Praslin, du Cardinal de Bsruis, du Comte àMrgenfon, du Garde des fceaux M acbauit, du Comte de M aurefas, du Duc de la Rocbefoucault, du Duc de Cbâtillan, &

de tant d’autres citoyens , n’avaient eu aucune caufe légale, celui du Parlement de Paris, & d’un grand nom -. bre d’autres Magiftrats, parut au moins en avoir une.

Qui aurait dit que ce corps antique qui venait de dé­ truire en France l’ordre des Jéfuites,-éprouverait bien­ tôt après non-feulement un exil rigoureux, mais ferait détruit lui - même ? C’elt une grande leçon aux hom­ mes , fi jamais les leçons peuvent fervir,*

' N ous avons vu que fous Louis X I V le Parlement ne

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fut point exilé après la guerre de la Fronde. Noqfp ayons vu. que les troubles de la Fronde n’avaient com­ mencé que par les oppofitions de cette compagnie à une très mauvaife adminiUration des finances , & que ces oppofitions d’abord légitimes dans leur principe, fe tournèrent biéntôt en une révolte ouverte ^ & en une guerre civile. Nous avons vu que fous Louis X V il n’y eut ni guerre ni révolte ; mais qu’une'adminiftratidn1 des finances plus malheureufe en cor, -jointe aux ridi­ cules de la bulle Unigenitus, occafiannèrent les réfiflan- ces opiniâtres du Parlement aux ordres du Roi. \

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nfait: qu’il fu tcàffé le. 13 Ayril 177,1. Après quoi-eette;Cour des pairs a été rétablie par Je iK oi.Louis X F J :.m e cn quelques modifications néceffaires..

■ Un autre exemple dela fatalité qui gouverne le mon- ’ d e f u t la mort de Louis X F .

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n’avait point profité | de l’exemple de ceux qui avaient prévenu le .danger mortel de la petite vérole en fe la d o n n a n tX furtout du premier Prince du fang le Duc d'Orléans. , .qui avait eu le courage de faire inoculer fes .enfans. •Gette-iBe-J thode était très combattue en France:, où la nation: toujours affervie à d’anciens préjugés, eft’ prefque tou­ jours la dernière à recevoir les vérités & . les ufages:: utiles qui lui viennent des autres pays; : p Sur la fin d’dvril 1 7 7 4 , ce Roi allant à la diafle'yJ rencontre le convoi d’une perfonne : qu’on rportait e n i terre ; la curiofité naturelle qu’il avait: pour les ebofesj lugubres le fait aproeber du cercueil::;il;demande:,qui on va enterrer ? on lui dit que c’eft une jeune tille morte de la petite vérole. Dès ce moment il eft frappé. à mort fans s’en appercevoir.

Deux jours après , fon chirurgien dentîile en exami­ nant fes gencives , y trouve un caractère qui annonce une maladie d.angereufe ; il en averti: un homme atta- 1 ché au Roi ; fa remarque eft négligée ; la petite vérole j la plus funefte fe déclare, Plufieurs de fes officiers font attaqués de la même maladie , foit en le foigpant, f o i t . Æ

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e fon l it , & en meurent. TroisPrincef- fës fes filles que leur tendreffe & leur conrage retiennent Aüprèssde lui , reçoivent les germes dupoifon qui dévore leiir pèreq & éprouvent bientôt le même mal.& le même danger, dont heureufement elles réchappèrent. . :

; Louis meurt la nuit du 10 delMai. On couvre fon corps de c h a u x & on l’emporte fans aucune céré­ monie -à St. -Denis auprès du caveau de fes pères.

'L’hiftoire n’ omettra point que le Roi fon petit-fils, le Comte de Provence, & le Comte d’Artois, frères de Louis X V I , tous trois dans une grande jeuneffe , ap­ prirent aux-Français en fe faifant inoculer, qu’il faut braver le dangerpour éviter la mort. La nation fut tou­ chée & inftruite. T o u t ce que Louis X V I fit depuis, jufqu’à la fin de .1774, le rendit encor .plus cher à toute la France.

C H A P I T R E Q U A R A N T E - D E U X I E M E . " Des Loix.

Es efprits s’éclairèrent dans le fiécle de Louis X I V & dans le fuivant plus que dans tous les 'fiécles précé­ dons. On a vu combien les arts M eslettres s’étaient per­ fectionnées, la nation ouvrit les yeux fur les loix, ce qui n’étaitpoint encor arrivé. Louis X I V avaitfignalé fon rè­ gne par un code qui njanquait à .la France ; mais ce code regardait plutôt l’uniformité de la procédure que le fond d esioix, qui devait être commun à toutes les provinces, . uniforme , invariable ,& n’avoir rien d’arbitraire. La ju- ri(prudence criminelle parut furtout tenir encor un peu: de l’ancienne barbarie. Elle fut dirigée plutôt pour trou­ ver des coupables que pour fauverdes innocens. C’eft une gloire éternelle pour le Préfident de Lamoignon de s’.ëtre fouvent oppofé dans la rédaction de Pordonnance à la cruauté des procédures; mais fa voix qui était celle de l'humanité, fu t étouffée parla voix de Pujfort & des autres Commiffaires , qui fut celle delà rigueur.

D e s L o

, Les hommes les plus inftruits dans nos derniers temsf ont fenti le befoin d’adoucir nos ;loix: yoom m e on a enfin adouci nos mœurs. Il faut avouer que dans ces mœurs il y eut autant de férocité que de légèreté & d’ignorance dans les efprits , jufqu’auxbeaux jours de Louis X I F. 'Pour

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convaincre de .cette; trifte - vérité;.;: il ne faut que jetter les yeux fur le fuppliee d’AtiguJlin de Tbou & du Maréchal de Marîllac., fur l’affaffinat du Maréchal à’A n cr e , fur-fa. veuve condamnée, aux.flam? m e s f u r plus dé vingt affaffinats ou médités ou : entré? pris contre Henri LF^& fur ie œeurtre*:de ee bon RqL Les tems précédens font encor plus Lunettes- -; vous remontez de l’horreur des guerres civiles & de la St. Barthelemi, aux calamités du fiécle ' de François I ; & de-là jufqu’à Clovis toüpeü fauvàge-; les autres peuples n’ont pas été plus humains. Mais il n-y a guère eu dë nation plus diffamée par les affaffinats & -les grands crL mes que la Franqaife. On les racheta ; îongtems à prix d’argent ; & enfuite les loix furent auffi atroces que lés mœurs. Ce qui en fit K.dureté , c’eft que la manière de procéder fut prefque entièrement tirée de la jurifpru- dence ecclcfiaftique. On en peut juger par le procès criminel des Templiers qui, à la honte de la patrie y de la raifon & de l’équité T ne fu t inftruii que par des pré? très nommés par un Pape. Les hommes ayant été fi Iongtems gouvernés par des bêtes farouches, excepte peut-être quelques années fous St. -Louis, fous -Lotus

X I I & fous Henri I V y plus lés efprits fe font civilifès, & plus ils ont frémi de la barbarie dont i l fobfifte encor tant de reftes. La torture qu’aucun citoyen :ni de la Grèce ni de Rom ene fubit jamais j a paru aux jurifcén- fultqs compatiffans & : fenfés ,un fuppliee pire que ; lâ mort , qui ne doit-être refervé que pour les Cbàtels & len Ravaillacs i dont tout un Royaume eft intéreffé à dé­ couvrir les complices. Elle a été abolie en Angleterre & dans une partie.. de l’ Allemagne , elle eft .depuis peu proferite dans un Empire de deux mille lieues ; & s’il n’y. a pas de .plus grands.crimes dans-ces pays que parmi nous, c’eft: une preuve, que. la torture „eft:auffi.,,coiidam-

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nable que les délit? qu’on croit prévenir par e lle , &

qu'on ne prévient pas. ;

On s'eft élevé auffi contre la confifeation. On a vu qu’il n’eft pas jufte dè punir les enfans des fautes de leurs pères. C’eil une maxime reçue au barreau, qui caniij'qne le corps coitjtjque les biens y maxime en vigueur

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