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LA VI« FÊTE RÉGIONALE DES MUSIQUES GRUÉRIENNES

Le 26 mai 1935, par une claire journée de printemps, la charmante localité dî Vuadens, dont la plaine fertile et les vastes forêts s'égaient au chant des sonnailles — les

P h o t o S. Glasson, Bulle.

La loule des musiciens: uuilornies et Vjreclzons.

Colombettes, berceau du Ranz des vaches, sont si près — a fait une fort aimable et chaude réception aux sociétés de musique de la Gruyère, joyeusement réunies ce jour-là.

Elles étaient venues de Bulle, Broc, La Tour-de-Trême (organisatrice de la V" fête en 1932), Montbovon, Charmey, Echarlens, Gumefens, Gruyères, Vaulruz, et Châtel-St-Denis, montrant bien que leurs efforts étaient au diapason de l'amitié.

Les oriflammes flottaient au vent et les fontaines, ingé-nieusement décorées, souhaitaient à chacun une bienvenue cordiale, faite d'agréable simplicité. La Gruéria locale accueillit, dans la matinée les sociétés arrivantes et la

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tition des morceaux d'ensemble se fit sur la place de la gare.

Voici le moment propice, pour le visiteur profane, de saluer le Moléson et de plonger un peu dans le passé. Vua-dens, lisons-nous dans la notice historique du livret de fête, remonte à une haute antiquité et son nom est l'un des pre-miers que l'on retrouve dans les documents du moyen âge.

On y a découvert de nombreux débris romains, particu-lièrement près du Grêt de la Mottaz et du hameau du Briet ; ce sont des tuiles à rebord, des briques, des poteries, des médailles. Quand les Burgondes pénétrèrent dans l'Helvé-tie, Vuadens fit partie du domaine royal. En 516, le pieux roi Sigismond, dont le culte est resté'si populaire, en fi^

don à l'Abbaye de St-Maurice d'Agaune, sous la dépendance de laquelle elle resta pendant huit siècles,. L'étendue de là Seigneurie dépassait apparemment les limites actuelles de la commune qui comprenait même des propriétés à Marsens et à Maules.

Puis elle passa sous la dépendance des seigneurs de Cor-bières pour revenir sous la houlette des abbés de St-Maurice.

Mais un mauvais vent souffla, déjà alors; on se montrait récalcitrant et l'on refusait de payer cens et redevances.

C'est pourquoi la royale abbaye, dont le gouvernement -devenait difficile, céda son fief au duc de Savoie. Il fit ensuite partie, durant un siècle, du comté de Gruyère ; cette domination a laissé sur une vieille demeure ses armoiries mariées à celles de Savoie et de Fribourg. La république îribourgeoise était créancière de l'infortuné comte Michel.

Vuadens devint sujet de la ville avec laquelle il avait con-clu, déjà en 1475, un traité de combourgeoisie renouvelé en 1501.

Vers le milieu du XVIII^ siècle, les frères Pidoux y ins-tallèrent une fabrique de porcelaine et de faïence qui jouit d'une certaine renommée. Le gouvernement lui ayant en 1758, accordé un privilège spécial pour la fabrication,, disait en termes élogieux que celle-ci « était poussée à ce point de perfection qu'elle peut, tant par la qualité des matériaux que par la beauté des vernis et des dessins, non seulement égaler, mais encore surpasser les faïences que l'on se procurait à grands frais à l'étranger ».

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Aujourd'hui, on retrouve à Vuadens une industrie pros-père, celle des produits lactés Guigoz, jouissant d'une réputation florissante.

Les nombreuses maisons que compte cette belle et riche commune du canton, ne sont pas groupées en village;

elles sont éparsefe dans une contrée riante aux opulents pâturages. On y vit tranquille, soucieux de bon renom, l'esprit prompt à la rispote et le cœur bien placé. Rien n'a

P h o t o S. Glasson, Bulle.

Où l'on songe a u x « S e r v a n t s » des légendes.

donc été négligé pour assurer aux hôtes de la Fête des mu-siques gruériennes le meilleur accueil. Il y eut même une innovation charmante: les sociétés reçurent, comme guide et commissaire, une accorte jeune fille en costume gruérien, ce qui fit éclore, dans la pensée de M. le chanoine Bovet, au cours de la journée, la proposition d'appeler ces aimables personnes des « commissouris »...

Pour ne point s'engager dans le maquis dangereux des incertitudes pécuniaires, le Comité d'organisation, présidé par M. Arthur Gremaud, renonça sagement à édifier une cantine. Le banquet fut servi aux musiciens dans les diffé-rents hôtels de la localité et la partie officielle se déroula

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à l'Hôtel de la gare. Des paroles excellentes célébrèrent les vertus de l'hospitalité et de la bonne chère, de l'idéal musical et patriotique. On entendit tour à tour M. Delabays, préfet de la Gruyère, MM. Nordamnn et Rouiller, délégués des sociétés fédérale et cantonale de musique, M. le curé Rey et M. Pierre Moret, syndic, M. Pierre Sudan, au nom des musiciens du district et M. Fernand Ruffieux, au nom de la presse. M. le chanoine Bovet, salué avec enthousiasme.

Photo S. Glasson, Bulle.

Le cortège s'ébranle. Voici le groupe des cantons.

parla de l'art populaire, si vivant chez nous et si nécessaire à l'harmonieux développement des qualités de notre race, éprise de nobles satisfactions.

L'heure du concert est arrivée. Les trains déversent de joyeux groupes. Bientôt, l'animation est grande aux abords

<ie l'égHse, dans laquelle, par faveur spéciale, seront exécu-tés les morceaux choisis par les sociéexécu-tés. L'audition, précé-dée d'une brillante introduction d'orgue de M. le chanoine Bovet, se poursuivit dans les meilleures conditions. Il est toujours très intéressant de constater combien dans nos campagnes, par exemple, les instrumentistes se donnent la peine, après leurs durs travaux, de se pencher sur une

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ingrate partition et de suivre les indications de -leur direc-teur. Leurs efforts sont vraiment louables et l'on a pu se rendre compte des progrès accomplis, dans le domaine de la justesse, de la fusion, du rythme et de la sonorité. Les groupements plus importants, pourvus de moyens appro-priés, ont présenté des exécutions châtiées, bien conduites et de style heureux. Un chœur d'hommes et un chœur mixte firent une agréable diversion dans le programme.

Photo S. Glasson, Bulle.

Au cortège: la jeunesse vuadensoise sourit...

Le cortège était attendu avec impatience par le public qui manifesta une joie sincère et alerte en voyant les grou-pes pittoresques, jaillis du terroir, former le plus sympa-thique défilé.

C'est dans cette atmosphère sensible, paisible et souriante qu'eut lieu la remise des médailles' fédérale et cantonale à un nombre respectable de vétérans. La hâte du départ n'empêcha point l'exécution des morceaux d'ensemble^

dirigés par M. Paul Bugnon, instituteur, à Vuadens, e t chacun rendit hommage à tous ceux qui n'avaient pas eu la tâche facile d'une organisation particuhèrement

réussie-R. JANS

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