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31 AOUT - 2 SEPTEMBRE

SOUVENIR DU « KATHOLIKENTAG »

31 AOUT - 2 SEPTEMBRE

Assurément le souvenir du « Katholikentag » est encore bien vivant dans les cœurs de tous ceux qui y ont pris part.

Mais, pour que la joie qu'ils ont éprouvée ces jours-là

•demeure et qu'elle se communique même, s'il est possible, à ceux qui n'ont pas eu le privilège d'assister àcessolennités, il n'est pas inutile de rappeler les principales manifestations du Congrès et de dire les pensées qu'elles ont suggérées aux

•catholiques suisses. .

Le Congrès était organisé par* l'Association populaire catholique suisse qui groupe, comme on le sait, touteslesfor-ces catholiques suisses, sur le plan religieux et social.

La grande Association des catholiques suisses qui, sous pa forme actuelle, date de l'année 1904, est en réalité bien plus vieille. Elle fut fondée en 1857 déjà, sur les rives idylliques du lac des Quatre-Cantons, par une poignée de prêtres et de laïcs ardents et profondément dévoués aux intérêts de l'EgHse et de la Patrie. Elle porta d'abord le nom du glorieux Pape Pie IX, et c'est sous cette dénomi-nation allemande de Piusverein qu'elle a longtemps et vaillommcnt combattu pour assurer aux catholiques suisses la place de choix qu'ils occupent maintenant — et qui leur revient — au sein de la Confédération où ils ont une

in-fhience incontestée.

Il n'est (.[ue de rappeler les conséquences, fâcheuses pour les catholiques suisses, de la guerre du Sonderbund et du Kulturkampf, cette lutte de la culture germanique et laïque contre l'esprit latin et l'Eglise romaine, pour dire quelques-uns des plus grands mérites que s'est acquis l'Association populaire catholique suisse dans la défense

<le nos droits. Plus que jamais, l'Association populaire catholique suisse doit stimuler méthodiquement l'activité

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des laïcs catholiques; son rôle est extrêmement important à l'heure actuelle où les catholiques sont appelés à sauver leur pays menacé par l'athéisme, le laïcisme, le socialisme et le communisme, dont le danger n'est certes pas un mythe en Suisse.

Le Congrès de Fribourg était le huitième de l'Association populaire catholique suisse: il eut un éclatant succès et les belles manifestations de foi et de fidélité à Jésus-Christ

'ii'jLo J.'. -Mj.Aerel, i r i u o u r g . La communion des enfants à Bourguilion.

Dans un geste symbolique, les enfants offrent les épis et les raisins qui deviendront le corps et le sang du Christ.

auxquelles il a donné lieu nous ont laissé l'espoir invincible que les catholiques suisses ont conscience de leurs respon-sabilités et sont prêts à défendre leur foi. Cela ne signifie évidemment pas que le Congrès de Fribourg ait manifesté la moindre intention belliqueuse à l'égard de qui que ce soit.

Le combat des chrétiens est « bon et pacifique » selon la formule de l'Action catholique, tnais ce puissant rassemble-ment des troupes catholiques a eu la signification d'une pieuse veillée d'armes dans les jours troublés que nous

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vivons, où le catholicisme est en butte à beaucoup d'atta-ques, ouvertes ou cachées.

Je ne puis songer à retracer toutes les manifestations du Congrès. Je n'en mentionnerai que les actes les plus impor-tants. Le Congrès a duré trois jours, mais c'est le dimanche que je voudrais spécialement évoquer ici.

Pourtant, qu'on me permette de rappeler la première manifestation du Congrès, la plus touchante des

cérémon-Piioto F. iviaciierei, Ji-riuourg.

La communion des enfants à Bourguillon,

Dans un geste symbolique, les enfants offrent les épis et les raisins qui deviendront le corps et le sang .du Christ.

nies, la communion de quatre mille enfants, à Bourguillon, le samedi 31 août. A vrai dire, les autres actes du Congrès, sans rien perdre de leur grandeur, sont diminués en ferveur pieuse, si on les compare à cette inoubliable communion des enfants qui a été, n'en doutons pas, une source de divines faveurs pour notre pays. ]L,a grande journée du «Katho-likentag » fut favorisée par un temps splendide. L'on peut bien supposer que la Providence répondait favorablement à tant de prières qui lui avaient été adressées dans

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Couvents et par toutes les âmes pieuses qui passèrent encore en adoration nocturne la nuit du premier septembre. Ad-mirable puissance de la prière ! Le dimanche matin, de bonne heure, la ville s'animait. Les oriflammes semblaient palpiter à l'unisson des cœurs. C'est qu'en effet la ville de Fribourg avait mis dans la préparation de ce Congrès tout

«on zèle, toute son ambition de faire honneur à sa réputa-tion. Par l'éclat de ses joyeux décors, elle s'était faite.

J*hot() P . Macherel, FribourQ-.

L'office pontifical célébré aux (jraiicrjMacos par S. E. Mgr Rieler, doyen des évô(|iios suisses.

en l'honneur de ses hôtes, aussi avenante qu'aux grandes journées du Tir fédéral.

Plus de 40 000 personnes étaient venues de toutes les parties catholiques de la Suisse. Dès neuf heures du matin, une foule immense se pressait aux Grand'Places pour assis-ter à l'Office pontifical, célébré par S.E. Mgr Bieler, évê-que de.Sion, doyen des évêévê-ques suisses.

L'autel se dressait au milieu du superbe décor de verdure des Grand'Places, encadré d'une double haie de drapeaux

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multicolores et surmonté du drapeau féd<''ral. portant ainsi témoignage de la fidélité des catholiques suisses à 1;>

Patrie.

L'épiscopat suisse était là, presque au complet, entouré des autorités civiles, MM. les Conseillers fédéraux Motta et Etter; les représentants de neuf gouvernements canto-naux, le Conseil d'Etat et les autorités civiles du canton de Fribourg « in corpore ».

P h o t o F . IMaiherel, Fribourg.

La foule immense qui avait assisté à l'of^-e [loutifical s'écoule l e n t e m e n t des Grand'Places.

Quel frisson d'émotion en considérant le recueillement de la multitude. L'on pensait que le catholicisme est chez nous encore bien vivant, losqu'on voyait tous les fidèle»

s'associer par le chant au saint sacrifice et écouter avec une pieuse ferveur les allocutions vibrantes de Mgr Vincenz, évêque de Coire et de Mgr Besson, évêque,de Lausanne, Ge-nève et Fribourg, qui proclamèrent la royauté du Christ^

le bienfait de l'Eucharistie et la nécessité de la communion fréquente.

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L'instant qui restera gravé pour la vie dans la mémoire est celui oîi, devant le décor immobile des grands arbres et de l'emblème de la Patrie, aux yeux d'une foule proster-née et adorante, tandis que les tambours battaient, on vit s'élever la blanche Hostie, le Corps du Christ vivant.

L'après-midi, ce fut l'inoubliable cortège qui comptait, selon les approximations les plus dignes de foi, 18 000 participants. « Ce cortège était une image saisissante de

P h o t o P . Mocherel, Fribourg.

U n groupe très a p p l a u d i : les éclaireurs saluent les autorités eoclésiasti(iues et civiles groupées sur la place de l'Hôtel cantonal.

la Suisse, c'était la Suisse même qui passait », ai-je lu, dans une revue française qui a consacré un article au Con-grès de Fribourg. Non seulement les vingt-cinq cantons ont défilé l'un après l'autre, mais chacun avec ses costumes, ses chants, son allure. Rien de varié, de bariolé, de pitto-resque comme ce cortège où les Valaisannes, les Singinoises, les accordéonistes de la Chaux-de-Fonds, les vendangeuses

•du lac de Bienne, les horlogers du Jura, les armaillis de la Gruyère ont été particulièrement applaudis. Partout

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la même santé, la même simplicité, la même joie se mani-festaient sur les visages, la même fierté, oserais-je même dire,, de participer à cette grande revue des troupes catholiques.

Les groupes de Jeunesses catholiques ont fait une impres-sion particulièrement forte par leur nombre et leur tenue ; les bravos qui éclataient à leur passage disaient assez la confiance que chacun avait en leur force, en leur enthou-siasme.

Au cortège.

-Photo P. Macherel, Fribourg.

Paysans uranais.

Après le cortège, à l'assemblée romande, sur la place Georges Python, le discours de M. Motta, conseiller fédéral, laissa une très profonde impression. L'orateur parla du catholicisme, religion de paix, et ne craignit pas d'affirmer que le christianisme seul saura garder sur la terre l'ordre, la paix et la liberté.

A l'assemblée allemande, M. le conseiller fédéral E t t e r décela comme source du malaise social actuel le renverse-ment des valeurs, le primat du matériel sur le spirituel^

du temporel sur l'éternel, de l'humain sur le divin, et il

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indiqua comme remèdes principaux 'à nos yeux l'amour de Dieu et l'amour des hommes.

Une cérémonie patriotique commune — parce que dans notre pays toujours la pensée de Dieu entraîne celle de

"S ,

Au cortège. •

Photo P. Macherel, Fribourg.

- Groupe de Guin.

la Patrie — clôtura magnifiquement ce deuxième acte officiel du Congrès. Les discours qui furent prononcés dans les quatre langues nationales montrèrent de nouveau l'union des catholiques suisses et leur fidélité à leur foi et à leur Patrie.

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Un autre souvenir bien vivant que nous gardons de cette mémorable journée est la représentation du «Mystère»-de M. le chanoine Bovet. C'était bien la première fois qu'un Congrès des catholiques était agrémenté d'un spectacle.

Photo P. M^cherel, Fribourg.

L'après-midi, à l'assemblée romande, M. le conseiller fédéral Motta parle du catholicisme,

religion de paix.

On pouvait craindre que tout ce qu'il y a de profane, même dans un théâtre religieux, ne diminuât un peu le caractère strictement religieux d'un Congrès eucharistique. A la

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vérité, le «Mystère» couronna dignement le Congrès. II s'adaptait parfaitement bien à l'atmosphère pieuse de la journée, parce qu'il était une œuvre de foi et une glorifica-tion de l'Eucharistie, que la liturgie catholique de la messe appelle justement « mysterium fidei ».

Joué et chanté en plein air, sur la vieille et pittoresque place de Saint-Jean, par huit cents acteurs, excellement préparés par M. J. Bœriswyl, le «Mystère» était un beau spectacle. On s'en souvient: le propos de la pièce est simple.

Pour la première communion de ses deux cadets, le paysan Théophile veut offrir lui-même la farine qui deviendra l'Hostie. Tour à tour, les semailles, les rogations où l'on prie pour que le blé germe, la poussée et la maturation des épis, la récolte, défilent sous les yeux des spectateurs en tableaux somptueux et vivants, expliqués tantôt par l'un des deux chœurs, tantôt par quelque soliste. Des scènes , plus gracieuses ou plus intimes sont intercalées: c'est, par exemple, la leçon de catéchisme des premiers commu-niants, c'est la rencontre joyeuse du meunier et de son âne par les enfants. Enfin, c'est le grand jour de la première communion et la bénédiction finale du Saint-Sacrement, où subitement, la fiction théâtrale se change en réalité et où les spectateurs s'agenouillent pour adorer, tandis que sonnent les cloches de toutes les églises avoisi-nantes.

Quoi qu'on ait pu dire, « Le Mystère » était un spectacle très digne et, par la symphonie parfaitement réussie des sons et des couleurs, il provoquait une bienfaisante émo-tion.

Mais, comme on le pense bien, un Congrès n'est pas seule-ment une revue de troupes, ce qui est déjà beaucoup et ce qui est nécessaire pour donner aux catholiques le senti-ment de leur force et l'esprit de solidarité; un Congrès est mieux encore : c'est une occasion de bon et salutaire travail. Qui dira toute la besogne qui s'est faite dans les séances des différents comités et les diverses sections de l'Association populaire catholique suisse. Le samedi et le lundi, les différentes sections ont siégé pour renouveler leurs bureaux, présenter des rapports sur l'activité de l'an-née, discuter quelque problème actuel. Toutes ces séances

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furent fort intéressantes et étaient de nature à donner une synthèse vivante du catholicisme suisse.

• Au total, le VIII« Congrès des catholiques suisses a été une affirmation solennelle de foi et une manifestation sincère de dévouement à Dieu et à la Patrie.

Pour Fribourg, c'est à la fois un honneur d'avoir assuré le succès du Congrès et un privilège d'avoir vu une si mémorable manifestation du catholicisme suisse.

J. V.

L E IVe MARCHE-EXPOSITION

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