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Vers la repr´ esentation des puits collectifs : bases empiriques

3.3 Statistiques des puits visit´ es

3.3.2 La valorisation de l’eau : diversification des cultures

Nous avons relev´e les cultures implant´ees durant le cycle d’hiver 2002/2003 dans les puits enquˆet´es. Durant le cycle d’hiver, on trouve quatre grands types d’activit´es agricoles. La majorit´e des superficies est occup´ee par des c´er´eales, bl´e et orge (80% des superficies d´evelopp´ees). D’autres cultures sont cepen-dant pr´esentes au niveau de ces puits. En moyenne, les cultures horticoles, et les fourrages (essentiellement la luzerne) occupent environ chacun 10% des superficies.

Cependant, ces moyennes cachent une grande variabilit´e des situations. Dans la majorit´e des cas, les puits collectifs comportent une part minime de cultures fourrag`eres. Cela correspond aux situations o`u certains produc-teurs disposent de placettes r´eduites avec de la luzerne afin de maintenir quelques animaux. Ainsi, vingt-quatre puits sur quarante ont une proportion de fourrage inf´erieure `a 5% de la sole emblav´ee. Mais, dans trois puits (7% des cas) les superficies en fourrage d´epassent trente pour cent de la superficie emblav´ee. Les treize puits restant (32% des cas) comporte des superficies non n´egligeables de luzerne, comprises entre cinq et trente pour cent de la sole emblav´ee.

On constate le mˆeme ph´enom`ene pour les cultures horticoles. Une grande majorit´e des puits ne cultivent aucunes ou une part mineure de cultures horticoles (moins de 5% de la sole). Mais on constate la pr´esence d’une dizaine de puits o`u les cultures horticoles prennent une importante de la sole (entre 5 et 30% de la sole d’hiver).

1 9 15 8 5 0 0 0 0 0 1 0 4 8 12 16 0-15 00 1501 -300 0 3001 -450 0 4501 -600 0 6001 -750 0 7501 -900 0 9001 -105 00 1050 1-12 000 1200 1-13 500 1350 1-15 000 1500 1-16 500

Gamme de revenus (VALi)

N o m b re d e p u it s

Fig. 3.6 – Histogramme des revenus g´en´er´es par les puits par unit´e de d´ebit (Pesos / l · s1

calcule un indicateur unique de valorisation du d´ebit de chaque puits selon la formule : V ALi =

P

cSU Pi M Bc

debit mesur´e en Pesos / l.s-1, o`u M Bi est la marge brute moyenne de la culture i implant´ee durant la culture d’hiver et SU Pi est la superficie emblav´ee au sein du puits. L’analyse de la distribution cet indicateur montre une distribution normale de la valorisation des puits, avec une moyenne de 4.300 Pesos / l.s-1, et un ´ecart-type de 2.370 (Figure 3.6).

Une valeur faible de l’indicateur indique qu’une grande partie des pro-ducteurs ont abandonn´e la production ou que les producteurs cultivent tous des cultures `a faible marge brute. Une valeur forte de l’indicateur montre une forte diversification vers des cultures `a forte valeur ajout´ee.

Le seul puits `a tr`es forte valeur ajout´ee observ´ee sur la distribution cor-respond `a une situation originale dans la r´egion o`u une grande partie de la superficie a ´et´e emblav´ee par des cultures peu demandeuses en eau (pois-chiche) ce qui a permis de diminuer la pression sur l’eau. La diminution de la pression sur l’eau, en contrepartie a permis l’introduction de cultures horti-coles. Cette solution, apparemment int´eressante, est pourtant peu rencontr´ee dans la r´egion. Elle n´ecessite une bonne coordination entre les membres du

groupe, avec un abandon des cultures traditionnelles non-risqu´ees vers des cultures plus risqu´ees.

3.3.3 L’historique des puits

L’historique du puits peut avoir une influence sur son mode de fonction-nement. Gillet et Ollivier (2002) ont ainsi class´e les puits de la r´egion selon leurs modes de formation, elles distinguent : Les anciens puits officiels. Ces puits ´etaient des puits initialement construits et g´er´es par la CNA, `a l’int´ e-rieur du grand p´erim`etre irrigu´e, pour pallier `a certaines d´eficiences du grand p´erim`etre irrigu´e (DR011). Ils sont situ´es dans les zones qui avaient de nom-breux probl`emes d’approvisionnement de par leur position g´eographique (fin de canal, terres plus hautes). En 1992, avec la r´eforme de la loi sur l’eau, ces puits ont ´et´e transf´er´es aux associations d’utilisateurs de l’eau ou modulos de riego. La fonction principale de ces modules ´etant de g´erer l’eau de surface, ils ont `a leur tour transf´er´e ces puits aux utilisateurs finaux, c’est `a dire les membres des utilisateurs de ces puits. Cependant, l’influence des modules reste importante dans leur gestion quotidienne. Des accords de transfert ont ´

et´e formellement sign´es entre la CNA, le DR011, le module concern´e et les nouveaux repr´esentants des puits. Dans ces accords, il est formellement sti-pul´e que la superficie et le nombre de b´en´eficiaires ne peuvent ˆetre modifi´es sans accord du module. De plus, la CNA se r´eserve le droit de superviser la gestion et de r´evoquer l’accord de transfert si elle estime la gestion par les membres du groupe est inad´equate. De fait, la CNA reste propri´etaire des infrastructures du puits et c’est le module qui d´etient le titre de concession. Les modules gardent donc des liens ´etroits avec ces puits. Tout d’abord les aiguadiers du module ont en charge d’intervenir en cas de conflits entre les utilisateurs de ces puits. De plus, lors du transfert les modules ont impos´e que les associations de producteurs prennent un statut l´egal, et soient repr´esent´es par un bureau (pr´esident, tr´esorier, secr´etaire) qui doit ˆetre renouvel´e `a date fixe (tous les 3 ans). Ce bureau est d’ailleurs charg´e de rendre des comptes des irrigations `a l’aiguadier du module. La pr´esence forte du module dans les activit´es de gestion du puits induit donc une certaine stabilit´e dans la gestion du puits.

fi-gure apparaˆıt quand un producteur qui avait investi de mani`ere individuelle dans un puits se retrouve contraint, souvent financi`erement, `a  inviter  d’autres personnes `a partager  son puits. Cela se produit quand un inves-tissement fort s’av`ere n´ecessaire au cours de la vie du puits (´electrification, re-forage plus profond). L’investissement initial est donc r´ealis´e par un seul des membres du groupe qui se sent ainsi  plus propri´etaire que les autres  du puits. La r´epartition du pouvoir au sein de ces groupes n’est donc pas uniforme.

Les puits ´emanant d’une r´eelle initiative collective

L’initiative collective peut ˆetre tout d’abord celle d’un ejido, repr´esent´e par son commissaire, dans le but de subvenir aux besoins de l’ejido. A leur forage, les puits d’un mˆeme ejido ne formaient souvent qu’une seule soci´et´e ejidale, puis la division des terres rendant le nombre de soci´etaires important, ces soci´et´es se sont scind´ees. L’emprunte de l’ejido y est encore forte, puisque les r´eunions et les d´ecisions prises sont celles des ejidos (les membres ne font pas la distinction entre une r´eunion pour une d´ecision g´en´erale de l’ejido et une d´ecision aff´erente aux puits).

Mais il existe ´egalement des puits collectifs dont l’initiative s’est r´ealis´ee en dehors des structures de l’ejido. Ces puits se sont cr´e´es sur l’initiative de groupes ayant un int´erˆet commun, l’obtention de l’eau d’irrigation, et une certaine proximit´e g´eographique ou familiale.