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PREMIÈRE PARTIE : CONSTITUTION DE L’OBJET DE RECHERCHE

1.3. La spécificité de l’opération de dénomination

En effet, pour analyser le fonctionnement de la référence tel qu’elle est mise en œuvre dans le genre récit de voyage, un certain nombre de propositions de la sémantique référentielle demeurent valides, notamment la description qu’elle donne de la relation de dénomination au sein de l’ensemble des opérations de référence. Cet appui ne peut cependant s’effectuer qu’à condition d’apporter à la description un certain nombre de réaménagements susceptibles de rendre compte du traitement en discours de l’opération de référence telle qu’elle est adossée à la langue, et telle qu’elle s’articule aux propriétés formelles des expressions référentielles.

De nombreuses critiques ont été émises à l’encontre de l’implantation de la notion de dénomination, d’origine logique, dans le champ de la linguistique.

Celles qui sont rappelées par Kleiber (2001) et Petit (2009), notamment formulées dans le cadre de sémantiques axées sur la description de la polysémie72, lui reprochent en particulier de mettre en œuvre une approche « fixiste » du sens, qui tiendrait peu compte de la diversité des contextes possibles d’emploi d’une dénomination et de la filiation des sens des unités polysémiques. La sémantique de la dénomination impliquerait une conception bi-univoque du lien entre formes lexicales et catégories, conception qui présenterait des similitudes suspectes avec les représentations naïves de la langue-nomenclature (critique par exemple formulée dans Constantin de Chanay 2001). Kleiber, dans son article de 2001,

72 En particulier la sémantique indexicale développée par Cadiot et ses collaborateurs (notamment dans Cadiot & Habert 1997, Cadiot & Nemo 1997, Cadiot & Lebas 2003).

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prend en compte ces critiques pour reformuler ses propositions, mais conserve la plupart des propriétés qu’il avait mises en lumière en 1984 pour caractériser la dénomination. Dans le prolongement de ce travail, Petit (2009) prêche pour un maintien de cette notion et son application dans les champs de la lexicologie et de la terminologie : s’il reconnaît que le modèle souffre certainement pour l’heure d’un déficit de conceptualisation, il montre que la notion demeure efficiente pour la description du fonctionnement sémantique et référentiel du lexique, à condition toutefois de complexifier le modèle de départ.

Les critiques mentionnées se situent dans le même champ de la sémantique lexicale. Notre intérêt pour la dimension discursive nous rend pour notre part attentive à d’autres remises en cause de la notion, critiques soit explicites, soit implicites, et qui viennent principalement d’études axées sur des formes lexicales non plus telles qu’elles sont structurées en langue, mais dans leurs usages en discours.

La notion de dénomination, ou sa variante nomination73, sont largement exploitées dans diverses approches à dominante discursive, qu’il s’agisse de la praxématique (Siblot 1995, 2001a), de certaines analyses du discours à entrée lexicale (notamment, Cislaru et al. 2007), des approches constructivistes de la référence (Apothéloz & Reichler-Béguelin 1995, Berthoud 1999), de l’approche ethnométhodologique (Mondada 1994, Constantin de Chanay 2001), éventuellement articulée avec la cognition située (Dubois & Mondada 1995).

Nous interrogerons ces différents modèles théoriques dans la suite de ce chapitre et de cette étude74, notamment pour souligner des proximités avec la praxématique et les analyses du discours à entrée lexicale dans la conception de la mise en œuvre discursive de la nomination, et pour nous démarquer de l’approche ethnométhodologique. Mais nous pouvons préciser dès maintenant qu’à nos yeux, si c’est le même terme de dénomination qui est employé75, les propriétés mises en lumière par Kleiber sont insuffisamment prises en compte dans la plupart des

73 Cette reformulation proposée par Siblot (1995) présente l’intérêt de déplacer la notion vers le champ du discours, mais laisse du même coup dans l’angle mort les propriétés strictement linguistiques de la dénomination. Nous y reviendrons sur ce point dans la suite de l’étude (section 3.4.1. de ce chapitre).

74 En particulier, les sections 2.2. et 3. de ce chapitre leur sont consacrées.

75 Nous verrons dans la suite (section 2.) qu’il en est de même avec la notion de catégorisation, reliée de manière assez systématique dans les différents modèles avec la question de la dénomination, mais qui n’a pas non plus le même empan dans les diverses conceptions.

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approches discursives, qui tendent à vider la notion telle qu’elle a été formalisée de sa spécificité. Elles font souvent un emploi accueillant du terme de dénomination qui décroche cette notion du cadre dans lequel elle a été décrite.

Or, le travail de Kleiber a eu le mérite de donner une assise fermement linguistique à cette notion empruntée à la logique, en l’ancrant sur le repérage de propriétés sémantiques et formelles. L’intérêt d’une telle notion réside dans la mise en lumière de son fonctionnement spécifiquement sémiotique : une dénomination a pour caractéristique, au sein de l’ensemble des formes référentielles, de référer de manière stable et récurrente à un segment de réalité.

La dénomination est liée à la question de la lexicalisation : cette propriété appartient en propre aux unités lexicales76. Dans la démarche de Kleiber, cette propriété est mise en lumière par l’utilisation de tests ; les formes fonctionnant comme dénominations sont compatibles avec des prédicats métalinguistiques du type x est le nom de / s’appelle.

Les travaux de Kleiber présentent l’intérêt de montrer qu’il existe deux types d’expressions référentielles adoptant des fonctionnements sémantiques différenciés, les dénominations, formes lexicales codées, et les désignations, séquences d’items lexicaux non codées.

Il n’est pas inutile de rappeler les principales propriétés sémantico-référentielles et formelles de la dénomination mises en lumière dans cette optique, tout en les passant rapidement en revue, dans la mesure où ce travail a déjà effectué par Kleiber (2001) et Petit (2009). En outre, notre objectif n’est pas directement sémantique ou lexicologique : il ne s’agit pas pour nous de modéliser la dénomination en langue, mais d’étudier la manière dont ces propriétés inscrites en langue sont convoquées dans les discours, et configurent ces derniers. Dans le cadre de la sémantique discursive que nous essayons de mettre en place pour analyser le corpus, nous mettrons l’accent dans la suite de l’étude sur les propriétés susceptibles d’ouvrir sur l’analyse en discours des formes référentielles articulée à ces propriétés de langue.

76 Comme le rappelle Petit (2009), qui montre dans le même temps que toutes les unités lexicales ne possèdent pas cette propriété.

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Dans le cadre de la sémantique référentielle, la relation de dénomination, opposée à la relation de désignation77 (portée par des séquences non codées d’items lexicaux), est décrite comme présentant les propriétés suivantes :

(1) C’est une relation référentielle entre une expression linguistique X et un élément x de la réalité. Mais au sein de l’ensemble des relations référentielles, elle se distingue de la désignation par l’ensemble des caractéristiques suivantes :

(2) Elle implique un acte de dénomination préalable, c’est-à-dire soit un acte effectif d’attribution d’une dénomination à un type de référents, soit le simple résultat d’une habitude associative.

Alors que la désignation magasin où l’on vend des livres peut être employée sans qu’un lien référentiel préalable ait été établi entre cette séquence et le type de réalités qu’elle désigne, la relation de dénomination suppose que la chose ait été préalablement nommée par ce nom, ce que mettent en lumière les prédicats de dénomination : On a appelé LIBRAIRIE un magasin où l’on vend des livres.

(3) le type de relation entre X et x est une association référentielle durable, cette association visant

à la fixation d’une règle référentielle stable qui permet l’utilisation ultérieure de la dénomination pour la chose dénommée. (Kleiber 2001 : 25)

Par contraste, la désignation est une relation transitoire et contingente.

Les prédicats métalinguistiques, généralement formulés en on (on appelle X un x qui…), indiquent que la dénomination se rapporte à l’ensemble de la communauté linguistique, et non à un locuteur particulier.

77 Les termes dénomination et désignation renvoient chez Kleiber à la fois à la relation signe-chose et à la forme qui porte une telle relation. Chez Petit (2009), la dénomination est présentée comme une propriété de l’unité lexicale. Nous mettons pour notre part l’accent sur la dénomination en tant qu’opération référentielles, d’autre part sur les formes (les dénominations) issues de cette opération.

70 (4) Ce type de relation implique un apprentissage :

Le résultat de la relation de dénomination est l’acquisition d’une

« compétence référentielle »78 – c’est-à-dire de la capacité d’utiliser X pour x.

Ainsi, la dénomination doit avoir été mémorisée, là où une désignation n’implique pas un tel apprentissage :

L’association dénominative entre X et x a en effet pour résultat l’acquisition d’une compétence référentielle, à savoir la capacité d’utiliser X pour x. D’où la nécessité, quelle que soit l’expression X, d’un apprentissage qui, une fois effectué, permet ensuite de désigner x à l’aide de X, sans que l’on ait besoin de justifier le lien référentiel. (Kleiber 2001 : 25)

Cette caractéristique nous semble essentielle. L’intérêt spécifique d’une dénomination réside dans le fait qu’elle présente une disponibilité immédiate pour tout locuteur (Petit 2009). Ce point a selon nous une conséquence importante sur le plan du fonctionnement des discours : apprises par les locuteurs partageant un même code linguistique et ne demandant pas à être justifiées, les dénominations assurent, du point de vue communicationnel, une référence de type économique79.

(5) La dénomination possède un sens représentationnel préconstruit ou codé.

Pour pouvoir employer une dénomination X pour renvoyer à un individu, celui-ci doit vérifier le concept encodé par cette dénomination, ou répondre aux critères d’appartenance à la catégorie correspondante80. Pour qu’une occurrence puisse par exemple être dénommée librairie, il faut qu’elle réponde aux critères d’appartenance de la catégorie des librairies, c’est-à-dire au sens lexical codé ou

78 Afin de préciser le type de compétence dont il s’agit ici, nous parlerons pour notre part de compétence dénominative, dans la mesure où il s’agit de renvoyer spécifiquement à la capacité à utiliser une dénomination codée pour un type de choses.

79 Ce point sera développé dans le chapitre 8, sections 1. et 2.

80 Cette validation des critères d’appartenance est d’abord formulée par Kleiber en termes de concept (dans la formulation de 1984), puis en termes de catégorie (dans la formulation de 2001).

La catégorie référentielle est ici conçue comme le versant extensionnel du concept – il s’agit de la classe des occurrences répondant au concept. Cependant, nous verrons dans la section 2.1. que la distinction entre ces deux niveaux n’est pas systématiquement établie dans l’approche de détail proposée dans le cadre évoqué.

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préconstruit81 de cette dénomination (qu’elle soit un magasin, qu’on y vende des livres, etc.). Ce sens codé est pour Kleiber le trait définitoire des dénominations.

Le sens d’une dénomination comme moucheron n’est pas construit dans l’énoncé, mais préconstruit, contrairement à celui d’une séquence d’items lexicaux telle que petite mouche, qui est compositionnel, construit dans l’énoncé.

Ce point est à relier à la prise en compte de la référence dont nous parlions plus haut : les dénominations se caractérisent par des conditions d’applicabilité référentielle (Bosredon et al. 2001b). Pour qu’un individu puisse être dénommé x, il faut qu’il présente les propriétés encodées dans la dénomination. Dans la perspective de la sémantique référentielle, l’usage des dénominations est donc conçu comme contraint par les propriétés des référents, par leur identité.

Cette caractéristique a également pour conséquence la récurrence sémantico-référentielle des dénominations : elles entrent dans une relation référentielle stable avec une catégorie extralinguistique identifiée.

(6) La dénomination implique une présupposition existentielle.

Kleiber indique qu’une dénomination présuppose l’existence du référent qu’elle dénomme :

Les items lexicaux en tant que dénomination ou names ont pour caractéristique référentielle majeure celle de présupposer l’existence de la chose ou des choses qu’ils dénomment : sage présuppose la propriété d’être sage, courir présuppose l’action de courir, chien la classe des chiens, etc. (Kleiber 2001 : 28)

Pour appuyer ses propos, Kleiber cite des exemples donnés par Martin (1976 : 49-50) pour illustrer ce phénomène :

Dans les phrases suivantes Pierre change, mange, range, *cange, *fange,

*pange, *tange…, l’existence des actions *canger, *fanger, *panger,

*tanger est présupposée au même titre que celle de changer, manger ou ranger. Dire que Ce mouchetis n’est pas très beau, c’est présupposer l’existence d’une chose que l’on appelle mouchetis […] et déclarer une chose herniée, c’est présupposer que la propriété d’être herniée existe.

81 La notion de codage est convoquée dans la version de 1984, puis remplacée en 2001 par celle de préconstruit, qui permet de préciser le fonctionnement sémantico-référentiel des dénominations.

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Nous reformulerons pour notre part cette proposition de la manière suivante : une dénomination présuppose l’existence de la catégorie correspondante. En effet, ce qui est présupposé ici, ce n’est pas l’existence d’un individu singulier, mais d’une catégorie d’individus réunis sur la base de propriétés communes. Employer une dénomination, c’est présupposer qu’il existe une catégorie correspondante, présentant une certaine stabilité, et dont je peux désigner les individus par un nom partagé. Nous nous intéresserons pour notre part à des effets comparables de présupposition existentielle produits en discours par l’usage de formes présentant des propriétés similaires aux dénominations ; nous verrons au cours de l’étude que ce phénomène est particulièrement intéressant en ce qu’il permet de stabiliser des catégories en dehors même du recours à des formes codées82.

(7) Enfin, une dénomination comporte deux « morceaux » de sens.

D’une part, l’unité formelle de la dénomination marque iconiquement qu’elle renvoie à une catégorie de choses, formant un tout83 ; ce segment de sens est commun à toutes les dénominations. D’autre part, elle comporte dans son sémantisme la description du type de choses dont il s’agit, morceau de sens qui varie de dénomination à dénomination (Kleiber 2001).

Vis-à-vis à ce modèle ont été formulées de nombreuses critiques, selon lesquelles la notion de dénomination supposerait une conception naïve impliquant que chaque chose possèderait un nom et un seul, et corrélativement que chaque nom indexerait une chose et une seule. Face à ces critiques, Petit (2009) propose un réexamen de la notion, qui, tout en validant largement le modèle de Kleiber, vise à l’élargir84. Cherchant à rendre compte de la diversité du matériau lexical, l’auteur présente la dénomination comme une propriété non pas monolithique,

82 Une telle approche sera mise en œuvre dans le chapitre 8.

83 Dans la version de 1984, Kleiber indique que le fonctionnement formel d’une dénomination est celui de la condensation (elle synthétise plusieurs traits sémantiques en un seul signifiant), les désignations étant fondées sur un principe inverse d’expansion, caractéristique de la définition.

84 Le modèle est appliqué dans cet ouvrage à l’unité lexicale et à l’unité terminologique, mais seule la première intéresse notre propos.

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mais stratifiée. Il en développe ainsi une approche modulaire. L’intérêt de ce réexamen réside dans les propositions suivantes :

(1) Là où Kleiber centre son étude sur la catégorie du nom, Petit montre que la propriété de dénomination est également attachée aux adjectifs et aux verbes, qui, tout comme le nom, réfèrent de manière stable à des segments de réalité constitués en types85.

(2) La dénomination n’est pas présentée comme une propriété uniformément partagée par les unités lexicales ; elle est conçue comme graduée.

D’une part, toutes les unités lexicales ne dénomment pas : des formes telles que truc, bidule, machin ne sont pas susceptibles d’indexer une catégorie dans la mesure où elles découpent leur référent à un très haut degré de généralité.

D’autre part, toutes les unités lexicales dénommantes n’accomplissent pas leur fonction dénominative de la même manière, ni au même degré. Parmi les noms communs plus particulièrement, l’auteur remet en question l’exclusive accordée dans les études dénominatives aux noms catégorématiques (du type pomme de terre, librairie, chien, cendrier) : les noms syncatégorématiques (beauté) et axiologiques (escroc) dénomment aussi selon lui, tout en n’empruntant pas les mêmes « chemins dénominatifs ».

Petit distingue ainsi les dénominations statutaires, renvoyant à des catégories de re (établies sur la base d’attributs critériaux ontologiques), et des dénominations occurrentielles, renvoyant à des catégories de dicto (construites à l’intérieur de l’univers de croyance du locuteur, le temps d’une énonciation).

(3) Il n’y a pas de bi-univocité entre une catégorie et une dénomination – contrairement à ce que pourraient laisser croire les tests métalinguistiques du type X est le nom de x. En langue, deux ou plusieurs unités lexicales peuvent être disponibles pour une même catégorie ; il peut s’agir par exemple de doublets lexicaux (frigidaire / réfrigérateur), de variantes diaphasiques (voiture /

85 Dans la mesure, où pour notre propos, nous ne nous préoccupons que de formes désignant des entités, et majoritairement des entités concrètes, nous ne traiterons pas de formes relevant de ces autres catégories.

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bagnole86), ou de l’existence d’une unité lexicale et d’une unité terminologique (maladie de la vache folle / encéphalopathie spongiforme bovine).

(4) La délimitation d’une catégorie est elle aussi soumise à variation. Une unité lexicale telle que or, ou encore boisson, ne dénomme pas nécessairement la même catégorie selon qu’elle est en emploi standard ou en emploi terminologique. Les représentations cognitives sous-jacentes sont différentes dans les deux cas.

(5) L’auteur signale aussi que les approches sémantiques qui remettent en question l’intérêt de la notion de dénomination au profit d’une approche dynamique du sens, notamment la sémantique indexicale de Cadiot et ses collaborateurs (entre autres, Cadiot & Habert 1997, Cadiot & Nemo 1997, Cadiot

& Lebas 2003), se fondent sur une confusion entre les propriétés de langue, intéressant les lexèmes, et celles du discours, qui concernent les vocables87, c’est-à-dire les unités lexicales telles qu’elles sont employées en discours.

Ainsi, sur la base des propositions initiales de Kleiber et les reformulations ultérieures qui en ont été proposées, on peut affirmer que les propriétés de la dénomination ont clairement été mises en lumière, et tout particulièrement celle-ci : au sein des relations référentielles, la relation de dénomination présente bien une spécificité, qui tient à sa nature sémiotique, et à son caractère conventionnel.

Or, nous observons, dans une optique proche de celle du dernier point souligné par Petit (2009), que diverses approches convoquant la notion de (dé)nomination pour rendre compte de l’usage des mots en discours (approche praxématique, analyses du discours à entrée lexicale, approche constructiviste de

86 Ainsi la propriété de dénomination peut-elle être limitée à un site discursif plus restreint que la communauté linguistique dans son ensemble : au lieu de prédicats du type on appelle, est le nom de, on met en lumière cette propriété dénominative plus restreinte par des formulations du type : bagnole est le nom familier de la voiture.

87 Petit (2009) reprend ici la terminologie de Mortureux (1997), qui distingue le lexème, unité dénominative construite en langue, répertoriée dans le lexique et pourvue d’une référence virtuelle, et le vocable, le mot employé dans un discours, qui est pourvu d’une référence actuelle, et fonctionne comme élément du vocabulaire de ce discours. Bien qu’attentive à des phénomènes similaires, nous ne reprendrons pas à notre compte cette distinction terminologique, dans la mesure où elle nous semble distinguer deux entités différentes là où nous considérons que la même unité est maintenue, mais envisagée depuis deux points de vue différents, celui de la langue et du discours.

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la référence, approche ethnométhologique)88, tendent à passer sous silence cette propriété sémiotique essentielle, et lissent les différences de fonctionnement entre les types d’expressions référentielles89. Nous pensons pour notre part que tous les types de formes ne construisent pas la référence de la même manière. Nous défendrons l’idée qu’il est important de tenir compte de la spécificité de l’ordre de la langue, non pas seulement quand on travaille sur le fonctionnement du lexique, mais aussi lorsque l’on analyse la référence telle qu’elle est construite en discours ; en effet, nous pensons que l’usage des formes en discours n’est pas décroché de leurs propriétés de langue. Les analyses que nous mènerons des formes référentielles convoquées dans le corpus d’étude étaieront cette conception de la construction discursive de la référence adossée au fonctionnement

la référence, approche ethnométhologique)88, tendent à passer sous silence cette propriété sémiotique essentielle, et lissent les différences de fonctionnement entre les types d’expressions référentielles89. Nous pensons pour notre part que tous les types de formes ne construisent pas la référence de la même manière. Nous défendrons l’idée qu’il est important de tenir compte de la spécificité de l’ordre de la langue, non pas seulement quand on travaille sur le fonctionnement du lexique, mais aussi lorsque l’on analyse la référence telle qu’elle est construite en discours ; en effet, nous pensons que l’usage des formes en discours n’est pas décroché de leurs propriétés de langue. Les analyses que nous mènerons des formes référentielles convoquées dans le corpus d’étude étaieront cette conception de la construction discursive de la référence adossée au fonctionnement