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La Revue française et étrangère (janvier 1837-juillet 1838)

Le publiciste et philosophe d’origine danoise Ferdinand d’Eckstein fonde la Revue

française et étrangère dont le premier numéro paraît en janvier 1837. Ce n’est qu’un mois

après le lancement du périodique que la Bibliographie de la France annonce brièvement sa parution :

« 890. La Revue française et étrangère. Tome Ier. Premier numéro. Janvier 1837. In-8° de 10 feuilles ½. Imp. de Ducessois, à Paris.— À Paris, rue des Grands-Augustins, n. 28 »411.

Cette annonce très courte et tardive par rapport aux annonces préalables concernant la Revue Encyclopédique, la Revue de Paris ou encore la Revue des Deux Mondes signale l’étroite dimension nationale du périodique et ses moyens éditoriaux assez faibles. Les preuves tangibles de ce jugement sont les références erronées d’Eugène Hatin412, auteur de l’ouvrage de base la Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, et celles du chercheur russe Piotr Zaborov413.

En outre, la Revue française et étrangère ne paraît que pendant un an et demi. Sa périodicité s’étend du mois de janvier 1837 à celui de juillet 1838. Les numéros de format in-8° sont réunis en sept tomes au total. Chaque tome porte sur trois mois414 et deux tomes (sauf le dernier) sont reliés en un seul volume.

En juillet 1837, le périodique accueille Marc-Antoine Jullien, fondateur-directeur de la Revue encyclopédique dissoute en 1835, et élargit son titre. Dès le mois de juillet 1837 jusqu’à sa disparition au mois de juillet 1838, le recueil s’intitule : Revue française et

étrangère ou Nouvelle revue encyclopédique.

Pour assurer son audience en dehors de la France, la Revue dont le bureau se trouve à Paris tente de se promouvoir chez les libraires à Londres, à Leipzig, à Saint-Pétersbourg, à Rome, à Madrid. À Saint-Pétersbourg elle se vend tout d’abord chez Bellizar, puis, à

411

La Bibliographie de la France, XXVIe Année, 1837, N° 7, 18 février 1837, p. 82.

412

Eugène Hatin est prêt à faire l’amalgame avec la Revue française : « J’ai rencontré dans je ne sais plus quel catalogue une Revue française et étrangère également de 1837-1838. 7 vol. in-8°. Est-ce la même ? », p. 1838.

413

Dans sa courte recension de 1979 intitulée « L’Article sur Pouchkine dans la revue française de 1838 », Piotr Zaborov, à la manière d’Eugène Hatin, confond les années de parution de la Revue française et de la Revue française et étrangère.

414

Janvier-mars 1837 (Tome Ier), avril-juin 1837 (Tome II), juillet-septembre 1837 (Tome III), octobre-décembre 1837 (Tome IV), janvier-mars 1838 (Tome V), avril-juin 1838 (Tome VI) et juillet 1838 (tome VII).

partir du mois d’octobre 1837, chez Graeff, les plus grands libraires petersbourgeois de l’époque.

Orientation

Soucieuse de sa présentation, la rédaction insère au début du premier numéro 1837 deux prospectus sans doute rédigés par Ferdinand d’Eckstein et suivis immédiatement par l’introduction de 10 pages.

Dans le premier prospectus, très court, intitulé « Objet spécial et plan de la Revue » s’amorce le caractère polyvalent du périodique :

Philosophie, histoire, sciences sociales et politiques, doctrines religieuses, législation, poésie, romans, beaux-arts, sciences physiques et naturelles, archéologie, systèmes d’enseignement, tels sont les objets qu’elle embrasse415.

Dans le deuxième prospectus se dessine clairement l’orientation politique du périodique. La Revue française et étrangère se définit comme organe du centre gauche416 prenant ainsi de la distance vis-à-vis du pouvoir représenté par les libéraux. Son point de vue épouse celui de l’opposition politique : « Il est donc de la plus haute importance de bien faire connaître la situation des esprits, de faire voir comment sur tous les points la grande majorité de la nation partage les idées du centre gauche, de cette imposante fraction de la chambre qui a triomphé dans les élections dernières »417.

Le périodique prône la « discussion » concernant les questions « les plus hautes », favorisant ainsi le développement des « doctrines », alors que les quotidiens, estime-t-il, en sont dépourvus totalement. Ainsi, il se fixe l’objectif de combler une lacune dans la presse du jour marquée par la doctrine ministérielle (la Revue des Deux Mondes et la Revue de

Paris), mais aussi par la doctrine légitimiste (la Revue de France) et par celle de l’extrême

415

« Objet spécial et plan de la Revue », janvier 1837, t. I, p. I.

416

Iakov Tolstoï dans son rapport du 18/30 janvier 1838 soumis au comte de Benckendorff décrit le paysage politique : « Quelques Journaux ministériels ont contesté l’existence d’un centre gauche ; ils prétendaient que cette fraction s’étant formée sous la restauration comme opinion modératrice entre l’extrême gauche et le centre droit, serait aujourd’hui sans aucun but, attendu que le Gouvernement était lui-même centre gauche ». Voir le GARF, fonds 109, inventaire 4a, n° 188, fol. 56 r°.

417

gauche (la Nouvelle Minerve) : « Le centre gauche est la seule fraction de la chambre qui ne possède rien de semblable »418.

Pour comprendre ce ton défensif, il nous semble nécessaire de dégager quelques éléments pertinents du contexte précis dans lequel paraît la Revue française et

étrangère : l’instabilité politique entre le roi, le premier ministre et la Chambre

(1836-1839), l’écroulement des périodiques légitimistes tels que la Revue européenne, L’Europe

littéraire, Le Panorama littéraire de l’Europe et la Quotidienne, la publication du

légitimiste convaincu Paul Julvécourt La Balalaïka, ainsi que le lancement par Emile de Girardin en 1836 de La Presse419, quotidien d’une nouvelle génération grâce à la publicité et au roman-feuilleton.

Dans le deuxième prospectus, l’appel à « un loyal concours »420 des partisans de la gauche centriste montre comment le périodique du baron d’Eckstein a du mal à s’imposer en force dans un espace journalistique assez instable : « [La Société] réclame leur appui comme abonnés, actionnaires, collaborateurs ou même simplement comme propagateurs »421.

Néanmoins, dans son introduction la Revue française et étrangère affiche un programme esthétique fort ambitieux. En premier lieu elle se révolte contre les « productions frivoles et éphémères » mais aussi contre les nouvelles formes romanesques comme les contes, les nouvelles et les romans qui ont inondé « la république des lettres » : « C’est le temps de la nouvelle et du roman... L’art est oublié, les lois qui l’avaient constitué jusque-là, méprisées »422.

Ces propos révèlent ainsi le refus de ce que Balzac appelait la « littérature industrielle » car plus loin l’auteur de l’introduction précise le type de la production fustigée : « des romans, des contes, des magasins pittoresques à deux sous »423. Cette nouvelle littérature a fortement influencé, regrette-t-il, les recueils « les plus estimés » comme la Revue Encyclopédique, Le Globe, la Revue française et elle a même provoqué la chute de ces derniers.

418

Revue française et étrangère, op. cit., p. 2.

419

C’est justement le périodique de Girardin qui publiera l’année suivante l’extrait du court ouvrage de Augustin Chaho accusant à tort Ferdinand d’Eckstein d’être un porte-parole de Nicolas Ier. Cet ouvrage s’intitule La Propagande russe à Paris. Examen des fragments et considérations de M. le Bon d’Eckstein, sur le passé, le présent et l’avenir de l’Espagne, Paris, Mme Goullet.

420

Revue française et étrangère, janvier 1837, t. I, p. 2.

421

Op. cit.

422

« Introduction », Revue française et étrangère, janvier 1837, t. I, pp. 2-3.

423

À l’opposé des périodiques qui ont échoué, la Revue veut élaborer une « véritable » critique qui manque à la France. À cette fin, elle veut rompre avec les entraves de la critique qui « se borne à constater la conformité ou la non conformité d’une œuvre avec les règles d’Aristote, ou même avec les règles générales de l’art »424.

Elle se fixe l’objectif de miser sur la fonction sociale de la littérature :

Nous croyons qu’il importe autant d’apprécier la valeur sociale d’une œuvre que sa valeur littéraire, d’aborder les questions philosophiques et de moralité, aussi bien que les questions de goût425.

L’ambition de la Revue s’implique aussi dans son envie de préserver l’objectivité de façon à respecter la « réputation de l’artiste ou du littérateur » et à « séparer l’artiste de son œuvre »426. Faute de détails, nous n’apprenons pas comment le périodique compte procéder.

Toujours dans son introduction, la Revue prône l’étude des littératures étrangères. Elle veut ainsi élargir son regard au-delà des « trois grandes nations » (France, Allemagne et Angleterre), qui sont « à la tête de la civilisation européenne »427. Les littératures scandinaves, slaves et orientales, « à peine se doute-t-on parmi nous qu’elles existent »428, seront désormais à la portée du public français.

Cependant, la rencontre des civilisations étrangères doit être axée sur l’aire française : « Paris, qu’on a nommé le pôle de la pensée, le foyer de la civilisation, sera leur point de réunion ; la Revue française et étrangère leur organe ; et la langue française, qui a presque réalisé le rêve d’une langue universelle ... méritait .... d’être choisie pour répandre au loin toutes les découvertes, pour faire connaître tous les chefs-d’œuvre »429.

Suite à la fusion avec l’ancienne Revue encyclopédique, on voit apparaître, dans le numéro de juillet 1837, la « Circulaire servant d’introduction » signée par Marc-Antoine Jullien.

Cette circulaire suggère de rectifier l’approche de la Revue française et étrangère. L’ouverture vers les civilisations étrangères annoncée dans l’introduction de janvier 1837

424 Ibid., p. 7. 425 Ibid. 426 Ibid., p. 9. 427 Ibid., p. 8. 428 Ibid. 429 Ibid., p. 10.

doit conduire à l’« union fraternelle »430 des nations. Marc-Antoine Jullien met en avant « l’universalité des connaissances humaines » et désire transformer le périodique en « une sorte de tribunal supérieur littéraire »431.

C’est avec un « sentiment de haute moralité » que doit se tenir le discours de la nouvelle Revue :

Notre entreprise littéraire, si elle réalise ce que nous nous proposons, ne sera pas un simple ouvrage périodique, mais pourra devenir une véritable institution qui réalisera, d’un côté, la conception philosophique de Bacon, sur l’unité, la dignité et l’accroissement des sciences ; de l’autre, la pensée non moins féconde et généreuse, de l’union pacifique et de l’alliance fraternelle des peuples, de leur appréciation mutuelle et de la direction commune de leurs travaux divergents vers un même but : le perfectionnement moral et intellectuel de

l’homme, et l’amélioration de la condition humaine432.

Les rubriques permanentes ou fragmentaires rédigées par les littérateurs, les politiques, les économistes, les médecins révèlent une véritable diversité du périodique : « Beaux-arts », « Revue dramatique », « Bulletin de la littérature étrangère », « Bulletin bibliographique », « Nouvelles scientifiques et littéraires », « Académie des sciences ». Après le changement du titre en juillet 1837 intervient la réorganisation, quoique formelle, des rubriques :

Revue française et étrangère Revue française et étrangère ou Nouvelle revue encyclopédique

1. Articles généraux sur l’état des différentes I. Mémoires originaux et notices sur des branches de la science ou de l’art chez les objets d’un intérêt général. – Lettres différentes nations du monde civilisé philosophiques et mélanges.

2. Articles développés sur les auteurs ou II. Analyses raisonnées d’ouvrages les ouvrages les plus remarquables de l’époque choisis

3. Analyses raisonnées, mais courtes, III. Bulletin bibliographique, ou des œuvres d’un ordre secondaire. comptes ouverts, par nation,

contenant l’indication des productions

430

« Circulaire servant d’introduction », juillet 1837, t. III, p. 181.

431

Op. cit., p. 178.

432

les plus dignes d’intérêt, publiées dans chaque pays.

Bulletin bibliographique IV. Bulletin scientifique et littéraire, également classé par nation.

Fondateur et collaborateurs

Discrète pour afficher la liste du comité de rédaction, la Revue française et

étrangère attire des hommes de domaines divers. Ferdinand d’Eckstein ne se contente pas

uniquement du statut de fondateur, il y rédige les études religieuses433.

Parmi les collaborateurs attitrés de la Revue nous pouvons citer les noms suivants : Camille Baxton434, le docteur Édouard Carrière435, Adolphe de Circourt, C. Famin436, Charles Farcy437, H. Ternaux-Compans438, Raimond Thomassy439, Joseph Tissot440.

433

Citons-les volontiers : une série d’articles d’ordre religieux « Du Sacerdoce selon les institutions du christianisme. (Extrait d’un ouvrage sur les origines du pouvoir dans l’Europe moderne) », 1837, t. I, pp. 220-252 ; « Jésus-Christ comme fondateur de l’église chrétienne. Préambule. 1ère partie », 1837, t. II, pp. 91-123, pp. 228-260 ; L. Aimé-Martin, « Mémoires et articles originaux. Introduction au Panthéon littéraire », 1837, t. III, pp. 5-64 ; « Léa Cornélia, par Anna Marie, auteur de l’Ame exilée », 1837, t. III, pp. 282-296 ; « Des religions païennes Selon leurs formes et leurs développements », 1837, t. III, pp. 416-454, t. IV, pp. 157-208 ; M. Michelet, « Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel », 1837, t. IV, pp. 388-414 ; Granier de Cassagnac, « Analyse d’ouvrage. Introduction à l’Histoire universelle. Première partie. Histoire des classes ouvrières et des classes bourgeoises », 1838, t. V, pp. 79-153 ; « Analyses raisonnées, Sciences morales. D’un article de M. Guizot intitulé De la religion dans les sociétés modernes », 1838, t. V, pp. 277-309, pp. 399-443.

434

Elle rédige la plupart des comptes rendus des écrits littéraires français à la Revue : C. B., « Du rôle que le roman joue dans la société moderne. I. Notre-Dame, de M. Victor Hugo », 1837, t. I, pp. 11-32 ; « George Sand », janvier 1837, t. I, pp. 200-219 ; « Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny », mars 1837, t. I, pp. 353-373 ; C. B., « Henrietta Temple. Histoire d’Amour par d’Israeli, auteur de Vivian Grey », 1837, t. I, pp. 304-313 ; « Jules Janin, Balzac », avril 1837, t. II, pp. 42-62 ; Camille Baxton, « Le bibliophile Jacob, Frédéric Soulié », juin 1837, t. II, pp. 394-412 ; « Eugène Sue », août 1837, t. II, pp. 297-323 ; C[amille] B[axton], « The Duchess de La Vallière, A play in five acts. By E.L.Bulwer, author of Eugène Aram, Rienzi, etc. (Paris, Baudry’s, europeen library, 9, rue du Coq », 1837, t. II, pp. 429-437 ; « Latouche, Michel Raymond », décembre 1837, t. IV, pp. 415-431 ; « Le Génie d’une Femme, par M. Brisset », février 1838, t. V, pp. 310-326 ; « Coup d’œil sur quelques romans nouveaux. César Birotteau, de M. de Balzac. – Aymar, d’Henri Delatouche. – Les Flavy, de Madame de Bauer. — Chavornay, de Charles Didier. — La Comtesse de Servy, de Madame Angélique Arnaud », avril 1838, t. VI, pp. 80-99 ; « Le bourgeois de Gand, Par M. Hippolyte Romand. Drame en cinq actes et en prose », avril 1838, t. VI, pp. 107-115 ; « Du génie des femmes », juillet 1838, t. VII, pp. 35-45.

435

C’est principalement lui qui assure le domaine scientifique du périodique. Il rédige tout d’abord la rubrique « Académie des sciences », puis « Bulletin scientifique, industriel et littéraire », ainsi que les études scientifiques.

436

Il soumet à la Revue les articles économiques : « Des traités de commerce et de navigation », août 1837, pp. 187-217, septembre 1837, pp. 386-415 ; « Des traités de commerce et de navigation. 2e article », septembre 1837, pp. 386-415.

Le statut des rédacteurs de la Revue est défini dans le dernier paragraphe du second prospectus :

Pour assurer les capitaux de ceux qui voudront bien seconder nos efforts comme actionnaires, il a été décidé que la direction n’aurait droit désormais à aucun appointement, tant que l’entreprise ne ferait pas ses frais, et que les rédacteurs ne seraient payés que sur les bénéfices441.

La Circulaire de Marc-Antoine Jullien évoque, elle aussi, les conditions du travail au sein de la Revue française et étrangère ou nouvelle Revue encyclopédique :

Nos Correspondants, à mesure qu’ils auront bien voulu s’unir à nous pour l’accomplissement de notre tâche, recevront, après une année, le titre d’Associés de notre réunion encyclopédique. De plus, ils auront droit, suivant la nature et l’importance de leur coopération, soit à une indemnité convenue, qui pourra être augmentée en raison de l’accroissement progressif du nombre de nos souscripteurs, soit à un envoi gratuit du Recueil.

Ils pourront aussi, par le moyen de notre Recueil central, provoquer la solution de questions qu’ils auront proposées, et obtenir les éclaircissements qu’ils auront pu demander sur les objets spéciaux de leurs recherches, appliquées, s’ils le désirent, à différents pays qu’il leur sera utile et agréable d’étudier, de bien connaître et de comparer sous des rapports déterminés442.

Nous évoquons maintenant les détails biographiques de Ferdinand d’Eckstein qui pourraient clarifier l’intérêt de son périodique pour la littérature russe. Signalons cependant que la Revue française et étrangère est absente à la fois dans les correspondances

437

Rédacteur en chef de la Gazette spéciale de l’instruction publique et du clergé du 19 mai au 11 octobre 1838, il assure à la Revue la rubrique « Beaux-Arts ».

438

Il se spécialise dans le domaine espagnol : « Compendio de la Historia de la ciudad de Guatemala, escrito por D. Domingo Juarros, presbytero secular de l’Arzobispado Guatemala. (Ignacio Beteta. 1808-18. Deux vol. in-4°. Abrégé de l’histoire de la ville de Guatemala, par D. Domingo Juarros, etc. », août 1837, pp. 271-281, dans la revue retrospective : « Poésie espagnole : Eugenio Martinez », août 1837, pp. 324-331 ; « Coup d’œil sur le théâtre en Espagne », janvier 1838, t. V, pp. 64-78..

439

Chartiste et médiéviste, il publie les articles suivants : « Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe, par M. le comte de Montalembert, pair de France », janvier 1837, t. I, pp. 87-97 ; « De l’unité et de l’universalité moderne de la langue française », pp. 374-386 ; « La Chanson de Roland, publiée pour la première fois d’après le manuscrit de la bibliothèque bodléienne, par M. Francisque Michel », mars 1837, t. I, pp. 469-479.

440

Il excelle dans la philosophie : « Formule générale de l’Histoire de tous les peuples. Par M. Ballanche », pp. 33-78 ; « De la philosophie de l’histoire telle surtout que l’entend F. Schlegel », janvier 1837, t. I, pp. 132-139 ; « Cours de droit naturel professé à la faculté des lettres de Paris, par M. Th. Jouffroy », avril 1837, t. II, pp. 5-22 ; « De la philosophie chinoise. Le Tao-te-King de Lao-Tseu et le Tao-Hio de Khoung-fou-Tseu (Confucius), traduits en fr par M. P. Pauthier », juin 1838, t. VI, pp. 365-377.

441

Revue française et étrangère, janvier 1837, t. I, p. 2.

442

d’Eckstein publiées par Louis Le Guillou443 et dans les thèses de doctorat de Nicolas Burtin et de François Berthiot consacrées à la vie de Ferdinand d’Eckstein444.

Le baron Ferdinand Frédéric d’Eckstein445 (1790-1861) connu surtout par ses surnoms, « baron Bouddha » ou « baron sanskrit », est une figure cosmopolite par excellence. Danois de naissance et juif d’origine, le baron d’Eckstein reçoit une éducation toute germanique. Il fait ses études supérieures à Göttingen et à Heidelberg et y acquiert son goût pour l’histoire et la philologie. Il montre son intérêt particulier pour les cultures diverses et surtout orientales446. À son arrivée en France, lui, catholique convaincu, s’aligne sur le christianisme social de Lamennais et collabore aux Annales de la littérature

et des arts, au Drapeau Blanc, au Correspondant et à L’Avenir. Il fonde Le Catholique

(1826-1829) et neuf ans plus tard la Revue française et étrangère. Entre temps, le baron sanskrit est le correspondant de Lamennais, Lacordaire, Montalembert, Hugo, Renan.

Le russe et parisien Alexandre Tourgueniev, qui jouait le rôle d’intermédiaire entre les Français et ses compatriotes est, lui aussi, le correspondant du baron d’Eckstein depuis leur rencontre dans le salon de Mme Svetchina. Le contact entre le baron d’Eckstein et Alexandre Tourgueniev n’aboutit pas pour autant à la collaboration de ce dernier avec la

Revue française et étrangère. Les trois lettres du baron d’Ecsktein destinées à Alexandre

Tourgueniev (20/09/1827, 15/10/1837 et ?/01/1838) publiées par Piotr Zaborov447 montrent les relations amicales existant entre eux.

Dans sa lettre du 20 septembre 1827, le baron d’Ecsktein exprime son envie d’étudier la langue et la culture russes :

443

Louis Le Guillou, Lettres inédites du baron d’Eckstein. Société et littérature à Paris en 1838-1840, Presses Universitaires de France, 1984 ; Louis Le Guillou, Le « baron » d’Eckstein et ses contemporains (Lamennais, Lacordaire, Montalembert, Foisset, Michelet, Renan Hugo, etc.). Correspondances. Avec un choix de ses articles, Paris, Honoré Champion, 2003.

444

Berthiot François, Le baron d’Eckstein, journaliste et critique littéraire. Thèse : Lettres : Paris IV, 1998, 337 p. ; P.M. Burtin, Nicolas. Un semeur d’idées au temps de la Restauration : Le baron (Ferdinand) d’Eckstein (1790-1861). Thèse : Lettres : Fribourg. Paris, E. de Boccard, 1931, IV, 411 p.

445

Hoefer, Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources, Paris, Firmin Didot, 1852-1866, pp. 172-174 ; Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, 6e éd., Paris, Hachette, 1893, p. 175.

446

Le baron d’Eckstein est persuadé que « l’Orient berceau du genre humain ... résoudra les plus hauts problèmes que l’homme puisse jamais se soumettre en révélation, en philosophie et en toute sorte de sagesse et d’instruction ». Voir l’article de Ferdinand Baldenserger « Le dossier du baron d’Eckstein aux archives nationales », Revue d’histoire littéraire de la France, Paris, Armand Colin, 1913, p. 921.

447

Пётр Заборов, «Французские корреспонденты А.И. Тургенева : М.А. Жюльен, Е. Эро, П.С. Баланш, Ф.

Экштейн », Ежегодник рукописного отдела Пушкинского дома на 1976 год [Piotr Zaborov, « Les

Correspondants français d’A.I. Tourgueniev : M.A. Julien, E. Héreau, P.S. Ballanche, F. Eckstein », Annuaire du département Manuscrit de la Maison de Pouchkine pour l’année 1976], Leningrad, Naouka, 1978, pp. 258-275.

Vous m’avez transformé en Russe, Monsieur : je ne me fusse jamais cru capable de