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Fondateurs et Collaborateurs

Les fondateurs de L’Illustration le géographe Adolphe Joanne (1813-1881), l’avocat Édouard Charton (1807-1890), l’homme politique Jean-Jacques-Julien Dubochet (1798-1868) et l’éditeur Jean-Baptiste-Alexandre Paulin (1796-1859), qui sont déjà caractérisés chez Jean-Noël Marchandiau, avaient tous « une vive intelligence »143 et « des sentiments républicains »144.

Par ailleurs, Marie-Laure Aurenche met en valeur le rôle de Charton dans l’élaboration du projet pivot du journal, à savoir les gravures sur bois :

Si L’Illustration a financièrement été fondée par les libraires Paulin et Dubochet, qui ont rassemblé les fonds nécessaires à son lancement, l’idée et la réalisation de ce journal d’actualité illustré sont à l’initiative d’un seul homme qui avait déjà fait ses preuves au Magasin pittoresque, Édouard Charton145.

Comme le dit Marchandiau, Paulin tend à améliorer une transmission rapide et fiable de l’information à L’Illustration, grâce à ses cinq méthodes :

140

E. Legouvé, op. cit., p. 2.

141

« Préface », L’Illustration, 4 mars 1843, p. I.

142

Ibid.

143

Jean-Noël Marchandiau, L’Illustration, 1843-1944, vie et mort d’un journal, Paris, Bibliothèque historique Privat, 1987, p. 17.

144

Jean-Noël Marchandiau, op. cit.

145

Marie-Laurence Aurenche, « Du Magasin pittoresque (1833) à L’Illustration (1843) : La naissance du nouvellisme illustré », Presses et plumes. Journalisme et littérature au XIXe siècle, Nouveau Monde Éditions, 2004, p. 170.

le recours à la lecture de la presse étrangère ; l’envoi de correspondants sur le théâtre des événements ; la collaboration des lecteurs de L’Illustration, répartis aux quatre coins du monde ; une technique nouvelle d’exposition des faits ; enfin, le classique appel aux agences146.

Ce sont avant tout les illustrateurs qui apporteront un succès énorme au journal : Henri Valentin, Édouard Renard, Louis Lebreton, Sulpice Guillaume Chavelier sous le pseudonyme Gavarni, Janet Lange, Pharamond Blanchard, Auguste Marc, Rodolphe Töpferr et Charles-Albert d’Arnoux dit Bertall.

De tous ces artistes se dégage en premier lieu Pharamond Blanchard (1805-1873). C’est lui qui accomplissait des missions courtes en Russie pour L’Illustration : il assistait notamment aux fêtes de Saint-Pétersbourg, se rendit au Caucase, lieu des conflits armés, et préparait des croquis pour le journal147.

En outre, Paulin invite Louis Viardot (1800-1883) qui accepte volontiers de couvrir les sujets russes durant les premières années du magazine.

Directeur du Théâtre-Italien de Paris, chroniqueur intéressant et fécond, impresario très occupé et très connu, enfin traducteur de Don Quichotte, Viardot entre activement dans la direction de plusieurs périodiques prometteurs. En 1841, il devient cofondateur et codirecteur de la Revue Indépendante, aux côtés de George Sand et Pierre Leroux, et en 1843, il commence son importante collaboration à L’Illustration.

Sa culture internationale et la gestion des affaires théâtrales lui ouvrent plus aisément la découverte des sociétés et des cultures étrangères. En octobre 1843, Viardot accompagne sa femme Pauline Garcia à Saint-Pétersbourg lors de ses premières tournées russes, qui se poursuivent ensuite en 1844-1846. Dans la capitale russe Viardot fait de nombreuses connaissances, en particulier celles d’Ivan Tourgueniev et de Stepane Guedeonov (1815-1878), fils du directeur des théâtres de Saint-Pétersbourg.

En premier lieu, parlons d’Ivan Tourgueniev (1818-1883). Ce jeune aristocrate et écrivain d’esprit occidentaliste, liera sa destinée aux événements et à l’histoire de la France. Il deviendra, on le sait, l’admirateur passionné du talent de la célèbre cantatrice, épouse de Viardot, s’approchera des cercles français à partir des années 1850 et par la suite

146

Jean-Noël Marchandiau, op. cit., p. 25.

147

nouera une profonde amitié avec Flaubert et Maupassant. Son rôle dans la diffusion de la littérature russe en France a fait l’objet de plusieurs recherches approfondies148.

Retournons naturellement à ses balbutiements des années 1840. De juin 1838 à août 1839, ce jeune aristocrate étudie à Berlin, aux côtés du futur dissident Mikhaïl Bakounine. Après son retour à Saint-Pétersbourg, il entame sa carrière de fonctionnaire. De juin 1843 à avril 1845 Tourgueniev travaille au ministère de l’Intérieur sous les ordres du folkloriste et lexicologue Vladimir Dal’.

L’amitié entre Viardot et Tourgueniev s’intensifie et devient fructueuse. L’écrivain russe séjourne chez les Viardot à Courtavenel de mai à novembre 1845 et pendant l’hiver 1845-1846 et initie Viardot à la littérature russe. Leurs entretiens et passe-temps amicaux aboutissent aux traductions de Pouchkine, Lermontov, Gogol et à la conception d’un célèbre article sur la littérature russe paru en juillet 1845 dans L’Illustration.

Il est remarquable que notamment les nouvelles de Gogol paraissent d’abord dans

L’Illustration et le Journal des Débats avant qu’elles ne soient publiées chez Paulin : il

s’agit des œuvres suivantes : Tarass Boulba, les Mémoires d’un Fou, Un Ménage

d’autrefois, la Calèche, le Roi des Gnomes. Cette publication anticipée dans L’Illustration

visait sans doute à donner un certain prestige culturel au magazine récemment lancé. Dans la Préface à l’édition de Paulin, Louis Viardot évoque clairement les encouragements reçus de ses intermédiaires russes pour cette entreprise :

Depuis la mort des poètes Pouchkine et Lermontoff, qui ont péri tous deux, à la fleur de l’âge, dans de funestes duels, on s’accorde à placer au premier rang parmi les écrivains russes M. Nicolas Gogol (prononcez Gogle, en mouillant un peu l’l), né en Petite-Russie vers 1808. M. Gogol a débuté dans les lettres par un recueil de Nouvelles, successivement grossi, et dont la dernière édition (1842) forme trois volumes in-8°. Puis il a mis le sceau à sa réputation naissante par la spirituelle comédie Revisor (le Contrôleur), et plus encore par le célèbre roman de mœurs Meurtvia Douchi (les Âmes mortes), dont il écrit maintenant la seconde partie à l’étranger. Pour le faire connaître en France, nous avons choisi, dans son recueil de nouvelles, celles que désignait à notre préférence, outre leur renommée et leur variété, un caractère plus général, qui permît mieux de les faire passer dans une autre langue et comprendre dans un autre pays.

Ce n’est pas aux traducteurs de M. Gogol qu’il appartient de vanter ses mérites, de faire remarquer par avance sa manière originale, pittoresque, pour nous peut-être un peu

148

Михаил Алексеев, « И.С. Тургенев – пропагандист русской литературы на Западе », Труды отдела

новой русской литературы [Mikhaïl Alekseïev, « I.S. Tourgeniev, propagandiste de la littérature russe en

Occident », Travaux du département d’une nouvelle littérature russe], Moscou-Leningrad, Académie des Sciences de l’URSS, 1948, pp. 39-80 ; Michel Cadot, « Un problème de collaboration littéraire : I.S. Tourgueniev et Louis Viardot », Actes du Ve congrès de l’Association Internationale de Littérature Comparée, Amsterdam 1969, pp. 603-608 ; Michel Cadot, « Le rôle d’I.S. Tourgueniev et de Louis Viardot dans la diffusion de la littérature russe en France », Cahiers Ivan Tourgueniev, 1981, n° 5, pp. 51-62 ; Claude de Grève, Gogol en Russie et en France : essai de réception comparée. Thèse d’État : Lettres : Paris III, 1984 ; Aline Fifils, Le rôle d’I.S. Tourguéniev dans la diffusion de la littérature russe en France (1856-1886). Thèse de doctorat : Lettres : Paris III, 1996, 483 p.

rude et sauvage, comme les mœurs et le pays qu’il retrace avec fidélité. Le lecteur, en arrivant à la fin de ce volume, saura bien cela sans qu’on le lui dise au commencement. Mais il me reste à expliquer comment, sans savoir un mot de russe, je publie la traduction d’un livre russe. Fait à Saint-Pétersbourg, ce travail m’appartient moins qu’à deux amis, MM. I[van] T[ourgueniev], jeune écrivain déjà renommé comme poète et critique et S[tepan] G[uedeonov], qui prépare, parmi des travaux plus légers, une Histoire des races

Slaves. Ils ont bien voulu me dicter en français le texte original. Je n’ai rien fait de plus que

des retouches sur les mots et les phrases ; et, si le style est à moi en partie, le sens est à eux seuls. Je puis donc promettre au moins une parfaite exactitude. Nous avons toujours suivi la règle que Cervantès donne aux traducteurs et que je m’étais précédemment efforcé d’appliquer à ses œuvres : « ne rien mettre et ne rien omettre »149.

En effet, comme le montre une courte mention élogieuse dans le Bulletin bibliographique du 5 octobre 1844, Viardot bénéficie d’un accueil chaleureux au sein de l’équipe de L’Illustration :

M. Louis Viardot est beaucoup trop modeste, en vérité. [...] M. Louis Viardot possède de nombreuses qualités rarement réunies : sa science égale son goût, son style n’est pas moins remarquable que son bon sens150.

En outre, nous avons retrouvé dans les archives moscovites une lettre de Louis Viardot adressée à Thadée Boulgarine, sans indication de l’année ni du lieu. D’après cette seule lettre il est difficile de déduire la qualité des relations entre Viardot, ayant déjà sans doute un entourage russe, et l’avisé Boulgarine cherchant des contacts avec les hommes de presse français. Par ailleurs, nous avons deux hypothèses sur la nature de cette excuse. Viardot se sert d’un argument trop habituel pour éviter une rencontre avec Boulgarine, qu’il ne goûte pas particulièrement, ou bien pour réellement justifier son empêchement :

Cher monsieur Boulgarine,

J’avais bien compté jusqu’à présent aller vous faire mes adieux. Mais j’ai fait une foule de [ ?] avec ma femme et des démarches pour le passeport, et des paquets, et des visites ; enfin il ne m’a pas été possible de remonter la perfection de votre côté. Excusez-moi, et recevez de nouveau, avec tous mes remerciements les plus sincères, mes adieux de l’étrier, et l’impulsion de mes sentiments les plus insignes.

Louis Viardot Mercredi 1er mars151

149

Louis Viardot, la Préface, Nicolas Gogol. Nouvelles russes, traduction française publiée par Louis Viardot, Paris, Paulin, 1845, pp. V-VII.

150

Bulletin bibliographique, « Les musées d’Allemagne et de Russie, guide et mémento de l’artiste et du voyageur, par Louis Viardot, 1 vol. in-18. – Paris, Poulin, éditeur », L’Illustration, 5 octobre 1844, p. 78.

Contenu des numéros

L’Illustration traite d’une très grande diversité de sujets politiques, littéraires,

artistiques, musicaux, économiques. Elle manifeste, entre autres, un intérêt pour les littératures anglaise et notamment pour Charles Dickens, naturellement française, et aussi russe.

Le domaine russe

Dans l’esprit d’une information événementielle et pittoresque, L’Illustration traite la Russie sous les aspects sociologique et ethnologique. Les articles sur la chasse, les fêtes, la résidence impériale, la tradition du thé, voire la littérature semblent viser un public capable d’imaginer et de réaliser un voyage en Russie.

Voici la liste des mentions relatives à la Russie :

1. Bibliographie, « Code civil de l’empire de Russie… par M. Victor Foucher. 1 vol. in-8, Rennes, Blin », L’Illustration, 11 mars 1843, p. 51.

2. [Alexandre Pouchkine], Le Tourbillon de Neige. Nouvelle russe, traduite de Poushkin, L’Illustration, 27 mai 1843, pp. 201-203.

3. Bulletin bibliographique, « Impression d’un touriste en Russie et en Allemagne ; par Pierre Albert. 1 vol. in-8 de 165 pages. Paris, 1843. J.-J. Dubochet et comp., éditeurs », L’Illustration, 27 mai 1843, p. 206.

4. Bulletin bibliographique, « La Russie en 1839, par marquis de Custine ; 4 vol. in-8°.—Paris, 1843 Amyot, 30 francs », 3 juin 1843, pp. 222-223.

5. Bulletin bibliographique, « Le Nord de la Sibérie ; par M. de Wrangell (Traduit du russe par les prince Emmanuel Galitzin) », L’Illustration, 21 octobre 1843, p. 126. 6. L[ouis] V[iardot], « Une visite à Kronstadt », L’Illustration, 10 août 1844, pp.

374-375.

151

Voir la lettre de Louis Viardot adressée à Thadée Boulgarine datant du 1er mars, RGALI, fonds 1231, inventaire 1, n° 4.

7. Louis Viardot, « Quelques chasses en Russie », L’Illustration, 24 août 1844, pp. 411-414.

8. Louis Viardot, « Quelques chasses en Russie », L’Illustration, 31 août 1844, pp. 427-430.

9. Louis Viardot, « Quelques chasses en Russie », L’Illustration, 7 septembre 1844, pp. 11-12.

10. Bulletin bibliographique. « Les musées d’Allemagne et de Russie, guide et mémento de l’artiste et du voyageur, par Louis Viardot, 1 vol. in-18. – Paris, Poulin, éditeur », L’Illustration, 5 octobre 1844, p. 78.

11. Bulletin bibliographique, « Voyage en Scandinavie, en Laponie, pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette la Recherche ; relation du voyage, par M. Xavier Marmier. Tome 1er », L’Illustration, 23 novembre 1844, p. 191.

12. « Les Étrangers à Paris, Parlerons-nous aussi de la colonie russe ? », L’Illustration, 15 mars 1845, p. 38.

13. [Louis Viardot / Ivan Tourgueniev], « De la littérature russe contemporaine. Pouchkine — Lermontoff — Gogol », L’Illustration, 19 juillet 1845, pp. 330-331. 14. Louis Viardot, « Encore des chasses en Russie », L’Illustration, 30 août 1845, pp.

422-423.

15. Louis Viardot, « Encore des chasses en Russie », L’Illustration, 6 septembre 1845, p. 10.

16. [Louis Viardot], « Nouveau pont fixe construit sur la Néva à Saint-Pétersbourg »,

L’Illustration, 27 septembre 1845, p. 53.

17. [Louis Viardot], « Mœurs et coutumes du Caucase », L’Illustration, 4 octobre 1845. 18. [Nikolaï Gogol], Un ménage d’autrefois. Nouvelle. Nicolas Gogol, auteur russe,

L’Illustration, 4 octobre 1845, pp. 74-75.

19. [Nikolaï Gogol], Un ménage d’autrefois. Nouvelle. Nicolas Gogol, auteur russe,

L’Illustration, 11 octobre 1845, pp. 86-87.

20. [Nikolaï Gogol], Les Mémoires d’un Fou, L’Illustration, 18 octobre 1845, pp. 106-107.

21. [Nikolaï Gogol], Les Mémoires d’un Fou, L’Illustration, 25 octobre 1845, pp. 122-123.

22. [Louis Viardot], « Le Caucase. Sous ce titre, Mœurs, scènes, paysages et costumes du Caucase il se publie en ce moment à Paris un magnifique ouvrage in-folio, dédié

par permission spéciale, à S. M. I. Nicolas Ier », L’Illustration, 20 décembre 1845, pp. 247-250.

23. Bulletin bibliographique, « Nouvelles russes, par Nicolas Gogol ; traduction française, publiée par Louis Viardot. Un vol. in-18. Paris, 1845. Paulin »,

L’Illustration, 24 janvier 1846, p. 334.

24. Bulletin bibliographique, « Les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la

Crimée et la Russie méridionale ; voyage pittoresque, historique et scientifique, par

M. Xavier Hommaire de Helle, chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Wladimir de Russie », L’Illustration, 7 mars 1846, p. 14.

25. [Louis Viardot], « Une nuit de Pâques au Kremlin de Moscou », L’Illustration, 11 avril 1846, pp. 86-87.

26. [Louis Viardot], « Une nuit de Pâques au Kremlin de Moscou », L’Illustration, 18 avril 1846, pp. 106-107.

27. [Louis Viardot], « Ekatérinoff », L’Illustration, 23 mai 1846, pp. 479-480.

28. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 23 mai 1846, pp. 186-187.

29. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 30 mai 1846, pp. 198-199.

30. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 20 juin 1846, pp. 250-251.

31. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 27 juin 1846, pp. 266-267.

32. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 4 juillet 1846, pp. 282-283.

33. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 11 juillet 1846, pp. 298-299.

34. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 25 juillet 1846, pp. 330-331.

35. [Alexandre Pouchkine], La Fille du Capitaine, Nouvelle, Par Alexandre Pouchkine,

L’Illustration, 1er août 1846, pp. 346-347.

36. [Mikhaïl Lermontov], Blanche. Nouvelle russe, L’Illustration, 26 septembre 1846, pp. 58-59.

37. [Mikhaïl Lermontov], Blanche. Nouvelle russe, L’Illustration, 3 octobre 1846, pp. 74-75.

38. [Mikhaïl Lermontov], Blanche. Nouvelle russe, L’Illustration, 10 octobre 1846, pp. 90-91.

39. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. II. Maxime Maximitch, L’Illustration, 17 octobre 1846, pp. 106-107.

40. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. III. Introduction. Taman, L’Illustration, 24 octobre 1846, pp. 122-123.

41. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 31 octobre 1846, pp. 158-159.

42. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 7 novembre 1846, pp. 154-155.

43. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 14 novembre 1846, pp. 170-171.

44. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 21 novembre 1846, pp. 186-187.

45. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 28 novembre 1846, pp. 202-203.

46. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. IV. La princesse Méry, L’Illustration, 5 décembre 1846, pp. 214-215.

47. Hippolyte Auger, « Résidence impériale d’automne en Russie », L’Illustration, 12 décembre 1846, pp. 231-232.

48. [Mikhaïl Lermontov], Nouvelles Russes. V. Le fataliste, L’Illustration, 26 décembre 1846, p. 266.

49. « La France et la Russie. Le traité de commerce et de navigation que la France vient de conclure avec la Russie », L’Illustration, 16 janvier 1847, p. 314.

50. Hippolyte Auger, « Résidences impériales d’automne en Russie », L’Illustration, 6 février 1847, pp. 363-364.

51. Hippolyte Auger, « Les fêtes de Pâques à Saint-Pétersbourg », L’Illustration, 10 avril 1847, pp. 87-89.

52. « Mœurs russes », L’Illustration, 29 mai 1847, p. 201.

53. [Louis Viardot], « Les théâtres de Berlin et de Saint-Pétersbourg », L’Illustration, 21 août 1847, pp. 587-590.

Le National (1830-1851)

Le 3 janvier 1830 paraît le premier numéro du National fondé et rédigé par Armand Carrel, François-Auguste Mignet et Adolphe Thiers. Pour le financement du périodique, ces initiateurs principaux de la révolution de Juillet obtiennent le soutien du banquier Jacques Laffitte. Le libraire Ph.-A. Sautelet met en route le quotidien et devient son premier gérant ; plus tard il le cède à Gauja. À peine engagés dans la vie du National, Thiers et Mignet l’abandonnent fin 1830 pour entrer dans l’administration du régime de Louis-Philippe. Le journal reste alors entre les mains de Carrel qui se détache des orléanistes et se déclare républicain en 1832. Sous Carrel, il est le plus influent des journaux des républicains conservateurs parus à Paris. Le duel de 1836 entre Armand Carrel et Émile de Girardin, hommes de presse concurrents, est fatal pour le premier. La mort de ce rédacteur en chef véhément ne provoque pas le revirement du National. Un nouveau directeur, Charles Thomas, ainsi que les rédacteurs en chef J. Bastide, Duclerc, Ulysse Trélat, Armand Marrast poursuivent avec modération la ligne républicaine.

Le National traverse toute la période de la Monarchie de Juillet et incarne l’idée

républicaine, contraignante pour le régime de Louis-Philippe. Cet organe fougueux est hostile au moindre abus du pouvoir orléaniste et adopte une attitude de méfiance et même d’hostilité contre les monarchies signataires de la Sainte-Alliance parmi lesquelles figure naturellement la Russie. Après l’abdication de Louis-Philippe, une poignée de députés républicains, dans les bureaux du National, décident de former un gouvernement provisoire avec Lamartine, Arago et Ledru-Rollin. Mais la victoire du bonapartisme, un autre adversaire de l’orléanisme et un grand rival du républicanisme, marque le déclin et la dissolution du National en 1851.

Dès sa disparition, ce grand journal d’opposition suscite l’intérêt et fait l’objet de nombreux ouvrages français152. L’article de Paul-Émile Daurand-Forgues alias Old Nick

152

B., Lettre à M. le directeur du National, ou Examen des doctrines politiques du National, du Globe, de la Gazette de France et du Journal des Débats, Paris, David, 1830 ; Armand Carrel, Œuvres politiques et littéraires d’Armand Carrel mises en ordre, annotées et précédées d’une notice biographique sur l’auteur, par M. Littré, ... et M. Paulin, Paris, F. Chamerot, 1857-1859 ; Gilles Crochemore, Armand Carrel (1800-1836) : un républicain réaliste, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006 ; A. d’Empremont, Armand Carrel, publiciste (1800-1836), Paris, 1907, “Les Contemporains”, n° 742 ; Louis Fiaux Louis, Armand Carrel et Émile de Girardin, cause et but d’un duel, mœurs publiques du temps, dessous de politique, Paris, M. Rivière, 1911; Angus McLaren, « Culture and politics during the July Monarchy : the case of the National », Journal of European studies, juin 1980, pp. 93-109 ; René-Gustave Nobécourt, Armand Carrel, journaliste. Documents inédits et textes oubliés. Illustrations de R. Dendeville. Préface de M. Fortunat Strowski, Rouen, A. Desvages ; Henri Defontaine, 1935.

sur Nikolaï Gogol publié par Le National en 1846 a déjà attiré l’attention notamment de Michel Cadot et de Claude de Grève. Nous tenons à prendre leur suite pour creuser le sujet russe tel qu’il est pensé par un porte-parole des républicains.

La mise en forme du National est commune aux quotidiens français de l’époque. La première page est consacrée aux actualités de politique étrangère et française. Parfois, la partie inférieure (les 32 dernières lignes) est utilisée pour le Feuilleton, qui est souvent une critique littéraire, musicale ou artistique. La deuxième page poursuit les articles de politique de la première page. La troisième comprend les nouvelles de Paris et de Province, les comptes rendus judiciaires, le résumé des séances de la Chambre des Députés ou des Pairs. La dernière page poursuit les nouvelles ou les comptes rendus et s’achève sur une dizaine de réclames qui permettent de percevoir quelques recettes supplémentaires.

Orientation

Le National apporte une contribution active à l’arrivée de la Monarchie de Juillet.

Pour convaincre son lectorat de la possibilité de chasser une dynastie sans détruire le trône, le cofondateur Adolphe Thiers a conçu, dans les bureaux du quotidien, la protestation orléaniste déclenchant l’émeute de 1830. Par la suite, Le National a formulé sa doctrine : « Le roi règne et ne gouverne pas ».

Tout au long de sa parution, la feuille reste politiquement engagée et voit en la politique « un sport pour individus à l’abri du besoin »153. Au début de la Monarchie de Juillet, elle se montre favorable au régime de Louis-Philippe sans avoir aucun engagement avec le gouvernement. Après le départ de Mignet et Thiers, Le National « glisse au cours du temps vers une sensibilité de gauche de plus en plus affirmée »154 et s’aligne sur le mouvement républicain : Armand Carrel entre à la Chambre des Députés et dans le numéro du 2 janvier 1832 il se prononce ouvertement pour le parti républicain. En revanche, contrairement à La Tribune des Départements, feuille ultra-républicaine, Le National privilégie une position modérée.

153

Jean-André Faucher et Jacquemart, Le quatrième pouvoir. La presse française de 1830 à 1960, Paris, n° hors série de L’Écho de la Presse et de la Publicité, 1968, p. 5.

154

Vincent Adoumié, Histoire de la France, De la monarchie à la république (1815-1879), Hachette, Supérieur, p. 41.

Les républicains ne tardent pas à former l’opposition la plus déterminée à Louis-Philippe, mais ils restent en minorité et une grande partie de la population les associe à la période lugubre de la Terreur155. Le gouvernement décide de prendre des sanctions contre