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La révélation chrétienne dans l’expérience de la foi

Dans le document La révélation selon Guy Lafon (Page 61-65)

3. La révélation chrétienne : Hypothèse de Christophe Theobald

3.2. La révélation chrétienne dans l’expérience de la foi

Christoph Theobald décrit l’expérience que les hommes font de la foi élémentaire avec l’expérience de l’Évangile. La foi naît à partir de la confiance originelle, c’est la foi élémentaire. Cette confiance originelle peut passer au seuil d’une foi en Jésus Christ. C’est là que la rencontre se fait. Pour lui, la rencontre avec Jésus suscite la foi en Lui :

[t]out se passe […] comme si la crédibilité de cette parole heureuse dite par Jésus venait du fait qu’il ne s’attribue pas la capacité de convaincre de l’extérieur ses interlocuteurs, mais qu’il suscite ce qui habite déjà leur cœur ou leur conscience, voire leur capacité de con-fiance, une foi dont il reconnaît ainsi qu’elle a son origine « ailleurs ». C’est exactement à cet endroit paradoxal de leur relation qu’il peut être question de Révélation de Dieu52.

De ce qui précède, Christophe Theobald met en évidence un paradoxe. D’une part pour lui, la Parole du Christ suscite quelque chose qui est déjà dans le cœur de l’homme. Cela veut dire que la Parole de Dieu s’appuie sur quelque chose, c’est-à-dire sur la foi ou la confiance. En même temps, cette foi a sa source ailleurs, sa source en Dieu. Autrement dit, dans le cœur de l’homme la foi y habite. Celle-ci est suscitée par la parole de Jésus, une parole qui est dite. La Parole ne s’impose pas de l’extérieur, mais elle vient rencontrer ce qui existe déjà. C’est comme si, sans la parole de Jésus, la foi qui nous habite reste au premier niveau. Mais elle devient tout autre. Elle surgit à la foi du fond de

51 Theobald, « Dans les traces ... », p..15. 52 Theobald, « Dans les traces ... », p. 24.

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l’existence de l’homme et grâce à la rencontre avec la parole de Dieu. « C’est l’ensemble de ce périple révélateur qu’il faut considérer ici son unité : la présence du Nazaréen, sa foi et celle qu’il suscite53 ». C’est une expérience croyante dans la pratique chrétienne. C’est ainsi qu'il appréhende la notion de révélation car, « la Révélation de Dieu n’est pas quelque chose de l’extérieur, elle vient à la rencontre de ce qui existe déjà dans le cœur de l'homme, de ce qui l'habite54 ». Ce regard nous amène à confirmer que nos existences ordinaires sont aussi des lieux de révélation. Nous pouvons alors comprendre ce que l’auteur affirme dans l’un de ses ouvrages pour montrer l’importance de l’approche de la révélation dans la réalité de nos vies. Il affirme clairement qu’« on parle de la révélation chaque fois qu’un événement décisif déclenche une compréhension qui dépasse cet instant et touche la totalité d’une existence55. »

La révélation n’est pas pensable en dehors de l’acte de réception. C’est ainsi que la révélation se situe dans l’articulation entre l'autocommunication de Dieu et la foi réceptive. Pour Christophe Théobald, la Révélation n'est rien sans l’acte de réception. Celle-ci si importante qu'elle soit, permet de réduire la distance historique avec l’Écriture Sainte dans son aspect culturel, pour rester dans l'aujourd'hui de la Parole de Dieu. Il y a un caractère unique et total de l’acte de réception dans le processus de Révélation. Aussi, dans son approche, Christophe Theobald part des exemples concrets d’initiation pour arriver à Celui qu’il nomme « le passeur de Nazareth ». Celui-ci vient à la rencontre de la foi élémentaire de l’homme pour la faire passer à la foi chrétienne. Il tente de montrer, à ce niveau que « l’expérience de Révélation, […] consiste à la reconstruire à partir de la confiance originelle et de ce que les récits évangéliques nous apprennent du passage de cette foi à la foi en Jésus-Christ56 ». Ce qui veut dire que la révélation de Dieu se poursuit dans l’expérience humaine de chaque jour. Elle ne s’impose pas, mais vient à la rencontre de ce qui existe déjà dans l’homme.

53 Theobald, « Dans les traces ... », p. 25. 54 Theobald, « Dans les traces ... », p. 22.

55 Christophe Theobald, La Révélation… tout simplement, Paris, Éditions de l’Atelier, 2001, p.16. 56 Theobald, La Révélation tout simplement, p. 24.

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4.

Conclusion

Le titre du chapitre troisième permet, par sa formulation, de comprendre ce sur quoi il reposerait. De notre survol que nous avons réalisé de la constitution dogmatique Dei

Verbum de Vatican II à l’exhortation apostolique Verbum Domini de Benoît XVI, en

passant par les analyses théologiques de Christoph Theobald sur la révélation, deux concepts se sont dégagés : le dialogue et les Écritures. L’accent mis sur ces deux termes permettra d’établir un lien avec la pensée théologique de Guy Lafon dont l’entretien constitue le maître-mot. « La Révélation de Dieu n’est pas quelque chose de l’extérieur, elle vient à la rencontre de ce qui existe déjà dans le cœur de l’homme, de ce qui l’habite57 », a déclaré Christoph Theobald. La révélation n’est pas extérieure non plus à l’entretien comme nous le verrons au prochain chapitre avec les deux concepts de dialogue ou de partage et de l’Écriture Sainte. Penser, à réfléchir l’expérience et le discours religieux et plus largement les grandes questions qu’on se pose à propos de notre vie et de son sens, tel est la vision de Guy Lafon. Elle consiste à le faire non pas de manière générale et abstraite, mais en fonction de ce qu’est concrètement la vie humaine dans le monde actuel et le rapport à la religion des hommes de notre temps.

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Chapitre 3

La révélation selon Guy Lafon

Après avoir mis en contexte et en perspective la pensée et la vie de Guy Lafon dans le chapitre premier et parcouru l’approche de la constitution dogmatique Dei Verbum sur la question de la révélation, nous voulons à présent aborder la problématique de la révélation chez Guy Lafon. Autrement dit, nous chercherons dans ce troisième et dernier chapitre à comprendre ce qu’est la révélation selon Guy Lafon. Nous y dégagerons également d’importants éléments sur lesquels repose sa pensée, dont le dialogue ou la communication, et les Écritures Saintes. Ces dernières constituent le fondement de ses convictions dans lesquelles il a puisé sa pensée théologique. La portée de notre démarche dans ce chapitre est d’arriver à montrer comment le théologien Guy Lafon parle de la révélation dans une perspective de dialogue, qui met en avant plan la lecture de l’Écriture sainte dans le processus révélateur. De ce point de vue, nous aurons une attention particulière sur sa pratique théologique, celle de la lecture des textes bibliques à travers la Table

de l’Évangile. Ce sera l’occasion d’établir un lien avec ce que nous avons présenté aux deux

précédents chapitres.

Il nous a plu de procéder par deux étapes. Tout d’abord, il nous a semblé logique de commencer par parler de la théologie de Guy Lafon. Par la suite, nous aborderons la problématique de la révélation. Il s’agira de répondre aux questions suivantes : Comment Guy Lafon parle-t-il de Dieu ? Quelle orientation a-t-il prise dans sa réflexion théologique ? Comment pense-t-il la révélation ? Comment la situe-t-elle par rapport à sa théologie de l’entretien ? Quelle place donnée à Dieu à l’intérieur de sa théologie ?

Dans le document La révélation selon Guy Lafon (Page 61-65)

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