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Section II. Méthodes d’enquête :

1- La procédure d’enquête :

Elle est constituée de deux étapes : la pré-enquête et l’enquête proprement dite.

a- La pré-enquête :

La rigueur méthodologique exigeant l’énonciation des hypothèses à la suite d’une pré- enquête explique les conditions suivantes : il ne faut jamais créer des problèmes artificiels qui n’existent pas. Les faits à observer ne doivent pas être inventés mais produits par le terrain. D’où la nécessité, avant d’engager toute procédure théorique c’est-à-dire avant d’arriver à « l’hypothisation ou l’activité hypotisante » pour reprendre une expression de Grégoire Evequoz, d’organiser une pré-enquête auprès de la population d’étude qui nous amène à pressentir le ou les problèmes à partir du terrain d’enquête. Le problème à traiter doit donc émerger de la réalité du terrain elle-même.

La pré-enquête pour cette recherche a duré un mois et a été effectuée auprès des entrepreneurs de la ville d’ANNABA à travers deux organismes la chambre de commerce et de l’industrie et l’ANDPME. Elle est composée de deux phases : la pré-observation et le sondage d’opinion.

b- La pré-observation :

Un ensemble d’observation réalisée lors des réunions et séminaires organisés par la chambre de commerce et d’industrie a précédé la pré-observation de la gestion des connaissances des entrepreneurs au milieu de leur interaction avec des parties prenantes. Cette expérimentation en Algérie nous aura permis de nous rendre compte des comportements

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observables caractéristiques de la relation interactive entre ces parties prenantes. La pré- observation à Annaba n’est donc que le prolongement des observations déjà faites dans un contexte différent du contexte Algérien.

S’il est vrai que le milieu social a une emprise sur les individus et influe sur leurs comportements, il convient cependant de souligner l’existence d’invariants fonctionnels, même si un changement de milieu se produit. L’autorisation d’observer la dynamique des parties prenantes au niveau de la chambre nous a été attribuée par le président de cette structure. Il s’agit en effet d’un contact relationnel qui, en faisant état de mon statut d’enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication, m’a donné accès aux différentes PME tout en nous facilitant le contact avec les entrepreneurs.

Ce contact m’a donné certes, la possibilité d’observer les comportements des entrepreneurs, mais il fallait d’abord, avant d’engager toute démarche d’observation, s’interroger sur les différentes réactions (réactions de prestance ou d’inhibition) auxquelles nous devrions nous attendre en annonçant aux sujets à observer notre présence physique dans le milieu de recherche. La remarque faite par Pierre Negre est pertinente et applicable à ce contexte : « la préparation ne peut également éviter de se poser la question du statut de l’observé, ce qui implique notamment les modalités d’information de celui-ci sur les raisons et les résultats de la démarche d’observation »259.

La démarche suivie pour la pré-observation (la même pour la véritable observation) a donc été la suivante : dès le premier contact avec les entrepreneurs, le thème de recherche leur a été présenté de façon générale et que nous étions ici afin d’observer et étudier le mode de management qu’ils ont développé au sein de leur entreprise. Il s’agissait de les rassurer sur nos intentions et de leur montrer que cette démarche pouvait leur permettre d’être plus performants en termes de management et communication responsable.

Au fond de nous-mêmes, l’étude des interactions entre les parties prenantes dans les rapports et leurs aptitudes envers les nouvelles données économiques et de favoriser une culture entrepreneuriale durable étaient notre objectif d’étude. Le fait de tenir un discours nuancé et différent aux chefs d’entreprises n’était qu’une stratégie mise en place afin d’éviter des réactions de blocage, d’inhibition, dans la mesure où ils se sentiraient tous ensemble réellement observés. Les réflexions de Roger Mucchielli et de Pierre Negre viennent étayer ce sujet :

259 - Negre P, Khone – Ruthe (1991) : Les voies de l’observation, repères de recherche en sciences humaine,

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« Personne ne conteste qu’un étranger invité à la table familiale transforme par sa seule présence l’ambiance habituelle. A fortiori si cet étranger annonce qu’il est venu observer les relations interpersonnelles dans la famille. Toute le système des rapports quotidiens est modifié par le nouvel élément »260 ;

« Ne pas énoncer les véritables objectifs d’un projet de recherche est pratique courante, au nom de l’idée que les comportements observés risquent d’être dénaturés s’ils savent sur quoi va porter l’attention de l’observateur »261.

Il est bien évident que rien ne peut nous garantir que les chefs d’entreprise vont avoir un comportement identique ou à tout le moins très proche de celui qu’ils ont habituellement.

Roger Mucchielli dans ce sens affirme que« Se trouvant à une certaine place à un certain moment et pendant un certain temps non-indéfini, l’observateur ne verra et n’entendra dans la meilleur des hypothèses, que ce qui est perceptible pour lui de cette position »262.

Les outils manipulés pendant la pré-observation (également pour la véritable observation) sont présentés plus bas dans le paragraphe réservé à la technique d’observation. La pré-observation a été soutenue par une autre technique d’enquête : le sondage d’opinion

c- Le sondage d’opinion :

Technique courante d’enquête dans les sciences humaines et sociales, le sondage d’opinion fait partie des méthodes d’observation dites indirectes. Ici, contrairement à l’observation dite directe ou le recueil des informations peut se produire sans l’obligation ou la nécessité absolue de faire parler (on se contente tout simplement d’observer leurs comportements) les sujets concernés, le chercheur ou l’observateur s’adresse à eux afin d’obtenir des informations. En répondant aux questions du chercheur, les sujets interviennent activement dans la production des informations recherchées.

Les comportements relevés pendant la pré-observation en milieu d’étude à Annaba ont favorisé un certain nombre d’interrogations. Pour une meilleure hypotisation et sa vérification par une véritable enquête, les réponses à ces interrogations ont fait appel à la technique du sondage d’opinion.

260- Muchielli R (1988) : L’observation psychologique et psychologique et psychosociologique, connaissance du

problème, 3ème éd, Paris, ESF, p25.

261- Negre P & all (1991): op. cit. p 119. 262- Muchielli (1988): Op. Cit. p7.

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Ce sondage se déroulait de manière spontanée par des entretiens informels sous formes de discussion. Nous discutions en effet avec les l’entrepreneur pendant les moments de pause, à la fin d’une rencontre, à la sortie générale des réunions. De même qu’en apostrophant un chef d’entreprise hors du cadre du travail. L’attention et la mémoire étaient les seuls moyens utilisés afin d’enregistrer les réponses à nos questions.

Le sondage a cherché à obtenir des opinions sur :

- Les comportements des leaderships dans la société bônoise actuelle ;

- La vie des PME (rapports des parties prenantes).

- Les possibilités de l’appropriation d’une culture de développement durable.

La pré-enquête a donc favorisé l’hypothisation et a conduit à l’enquête proprement.