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CHAPITRE IV : CADRE D’ÉTUDE

4.3. La politique nationale d’alimentation et de nutrition

Le plan stratégique de développement de l'alimentation et de la nutrition (PSDAN) 2009 – 2014 résume la politique en matière d’alimentation et de nutrition au Bénin. Le PSDAN est le résultat d'un exercice de priorisation basé sur l'évidence afin d'obtenir des résultats de réduction du taux de malnutrition dans un délai court et d'une façon pérenne. La vision du PSDAN est de faire du Bénin « un pays où chaque individu jouit d’un état nutritionnel satisfaisant afin de participer pleinement au développement d’un Bénin émergent ». L’objectif global poursuivi est le repositionnement de la nutrition au cœur du développement pour plus de visibilité du secteur dans sa contribution à la création de la

richesse et à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le PSDAN s'est inspiré des différentes stratégies nationales au niveau du secteur de la santé, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, de la famille, de l'éducation et, est partie intégrante de la 3ème génération de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté. Le PSDAN se décline en deux volets qui sont le « long route» ou actions de long terme et le volet «short route» aborde l'aspect de l'utilisation de l'aliment.

Le volet «long route» aborde les axes stratégiques sectoriels de la disponibilité et de l'accessibilité alimentaire et a la prétention de s'attaquer aux causes sous-jacentes voire fondamentales de la malnutrition. Ce volet appuie essentiellement la mise en œuvre du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) comprenant les sous programmes qui sont: l’intensification de la production des cultures vivrières, la diversification de la production agricole, la valorisation des produits agricoles et la gestion de la vulnérabilité alimentaire.

Le volet «short route» aborde l'aspect de l'utilisation de l'aliment, comporte cinq composantes et identifie les actions qui répondent aux causes immédiates de la malnutrition. Il s’agit de :

• l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant (y compris la promotion de l'allaitement maternel exclusif),

• l'alimentation de la fille adolescente, de la femme enceinte et femme allaitante; • la promotion de l'hygiène et l'assainissement;

• la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère à base communautaire; • les autres interventions en matière d’alimentation et de nutrition.

La gestion du PSDAN relève du Conseil National de l’Alimentation et de la Nutrition, et des Communes. Le Conseil National de l’Alimentation et de la Nutrition créé par Décret N° 2009-245 pris en Conseil des Ministres, le 09 juin 2009 est le maître d’œuvre tandis que les communes assurent la maîtrise d’ouvrage.

4.3.1. Situation alimentaire et nutritionnelle

Le régime alimentaire de la population béninoise est essentiellement basé sur les céréales, racines et tubercules (manioc, igname). Au sud, le régime est davantage basé sur le maïs et le poisson notamment. Quant au nord, les céréales traditionnelles (mil et sorgho) occupent toujours une place prépondérante avec la viande et les produits laitiers sont plus disponibles car il s’agit d’une population d’éleveurs. Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture en 2011 [382], les disponibilités per capita en racines et tubercules sont très élevées. Toutefois, leur part dans les disponibilités énergétiques alimentaires a un peu diminué au cours de ces quatre dernières décennies au profit des céréales. Le pays est relativement autosuffisant pour les céréales (à l’exception notable du riz), les racines et tubercules. Cependant, il est fortement dépendant des importations de produits d’origine animale pour lesquels les disponibilités per capita restent limitées au sud et au centre où se concentre la grande partie de la population. Les disponibilités énergétiques alimentaires sont supérieures aux besoins de la population. La prévalence de sous-alimentation (carences d’apport en énergie et en protéine), en baisse, est d’environ 10%, correspondant à la moyenne des pays d’Afrique de l’Ouest. L’insécurité alimentaire est, notamment, liée à des disponibilités alimentaires inégalement réparties dans le pays et à une forte incidence de pauvreté dans un contexte récurrent de hausse des prix des denrées alimentaires [382]. Au plan national, on estime que 972000 personnes sont en insécurité alimentaire, représentant 12% des ménages. Par ailleurs, bien que le reste de la population soit considéré comme étant en sécurité alimentaire, 13,2% sont à risque d’insécurité alimentaire [383].

Les risques de malnutrition jalonnent tout le cycle de vie depuis la phase fœtale jusqu’à l’âge adulte et sont liés à :

• la malnutrition intra-utérine ou tôt dans la vie,

• une alimentation des enfants et des adultes en quantité et en qualité défectueuse; • une mauvaise répartition des aliments au sein des ménages avec une discrimination

Soulignons également d’autres causes non directement nutritionnelles comme l’état vaccinal inadéquat, les infections et la faible accessibilité à des soins de santé de qualité insuffisante [384]. La mondialisation et le développement économique exposent la population urbaine aux aliments importés riches en sucre, en sel et en gras, ainsi qu’à des comportements sédentaires qui favorisent l’émergence des maladies chroniques liées à la nutrition.

Les problèmes de nutrition chez les enfants sont essentiellement : le faible poids de naissance (13 % en 2006), l’insuffisance pondérale (17,3 % en 2009 contre 23 % en 2006), le retard de croissance (37 % en 2009 contre 43 % en 2006) et l’émaciation (4,7 % en 2009 contre 8,4 % en 2006) chez les enfants âgés de moins de cinq ans, ainsi que les carences en micronutriments (anémie ferriprive, avitaminose A) [383]. Parallèlement, 9% des enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids en 2006 [382]. 54% des enfants sont allaités dans l’heure suivant la naissance et 43% des enfants sont allaités exclusivement au sein pendant six mois [385]. Chez les adultes, les déficits énergétiques (9% des femmes de 15 à 45 ans sont maigres) ou les carences spécifiques (61% des femmes de 15 à 45 ans sont anémiées) [385] sont encore observés ainsi que les signes de malnutrition par surcharge comme l’excès de poids et l’obésité qui émergent.