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CHAPITRE III : OBJECTIFS ET HYPOTHESES

3.1. Hypothèses et objectifs

Deux hypothèses sous-tendent nos objectifs de recherche.

3.1.1.1. Première hypothèse

L’obésité abdominale telle que définie par les critères de l’IDF faiblement associée à une évolution défavorable des autres facteurs de risque cardiométabolique, alors que l’insulino-résistance mesurée par le HOMA-IR lui est fortement associée.

Justification

Une méta-analyse sur la relation entre l’indice de masse corporelle (IMC) et le pourcentage de masse grasse, dans différents groupes ethniques a rapporté que les Noirs ont un pourcentage de masse grasse plus faible que les Caucasiens et les Asiatiques à IMC identique [299]. De même à TT égal, Despres et al. [124] ont rapporté que les Noirs ont un pourcentage d’adiposité viscérale moindre que les Caucasiens. Ces observations constamment rapportées dans d’autres études [295, 300, 364] expliqueraient pour partie le meilleur profil lipidique des Noirs comparativement aux Caucasiens [124]. L’étude de grande envergure INTERHEART a rapporté que le risque d’infarctus associé à l’obésité abdominale définie par les seuils de l’IDF était plus élevé chez les Européens que chez les Noirs [29] du fait d’une masse grasse viscérale moins importante chez les Noirs. Ces constats laissent présager qu’avec les seuils de l’IDF dérivés des études chez les Caucasiens, les Noirs auraient un RCM plus faible à TT égal. Récemment, Fezeu et al. [365] dans une étude transversale multicentrique comparant les Camerounais aux Français, ont observé que les anomalies métaboliques et cliniques associées au TT n’étaient pas identiques selon les races, particulièrement chez les femmes. En effet, les auteurs ont rapporté que les marqueurs de RCM étaient moins élevés chez les Noirs que chez les

Français, sauf pour la TA, pour les tours de taille identiques. Enfin, en Afrique du sud et aux Etats Unis d’Amérique, des études ont rapporté que l’obésité abdominale était davantage associée au diabète qu’aux dyslipidémies chez les individus de race noire [301, 302].

L’IR est un meilleur prédicteur du diabète de type 2 que l’obésité [95]. Elle est un élément central des anomalies métaboliques dont la synergie confère l’excès de RCM [337]. La prévalence de l’IR basée sur la méthode du verrouillage hyperinsulinique euglycémique est plus fréquente chez les Afro-américains, [31, 103] lesquels ont des taux plus élevés de mortalité et la morbidité liées aux MCV et au diabète comparativement aux Caucasiens [292, 293]. Il est donc possible que l’insulino-résistance soit fortement associée à l’exacerbation des autres facteurs de RCM chez les Béninois.

3.1.1.2. Deuxième hypothèse

Un niveau socio-économique intermédiaire, un cadre de vie peu urbanisé, de meilleures habitudes de consommation alimentaire et d’activité physique contribuent à une évolution plus favorable du risque cardiométabolique évalué par le score de Framingham et le syndrome métabolique.

Justification

Des études antérieures dans quarante pays d'Afrique subsaharienne d'Afrique [366] et d'autres rapports d’Afrique du Sud (étude THUSA) [273, 367, 368] et de Tanzanie [369] ont confirmé la relation entre l’augmentation du RCM et la transition nutritionnelle.

Des études transversales menées au Bénin par l’équipe TRANSNUT ont rapporté une association positive entre la prévalence de l’obésité et le niveau socioéconomique chez les femmes [32, 264],à l’inverse du constat fait dans les pays développés [266].Au Congo démocratique, ce sont les niveaux socioéconomiques faible et élevé qui sont associés au risque de MCV par opposition au niveau socioéconomique intermédiaire [370]. Une récente

revue de littérature a rapporté que l’obésité bascule vers les groupes à niveau socioéconomique faible lorsque le revenu national augmente (PNB) [36]. Il est possible que les pauvres soient exposés à un RCM accru, que nous nommons «A», en raison d’une malnutrition in utéro ou tôt dans la vie [23, 25, 269] et une alimentation de moins bonne qualité à cause de leur faible pouvoir d’achat. De même, les riches sont aussi exposés à un RCM accru, que nous nommons «B», notamment en raison de leur tendance à adopter des comportements sédentaires et de « surnutrition » d’où leur forte propension à l’obésité [32, 280]. De ce fait, les sujets de niveau socioéconomique intermédiaire devraient avoir un moindre RCM «A» ainsi qu’un moindre RCM «B». C’est ainsi que les individus de niveau socio-économique intermédiaire pourraient être les moins affectés par le RCM.

Des études en Afrique du sud ont rapporté que l’urbanisation était associée à un RCM élevé dont l’HTA [371], l’obésité [372] et le stress psycho-social Les études transversales de Sobngwi et al. [248] au Cameroun et de Ntandou et al. au Bénin [32, 264] illustrent bien l’association du milieu urbain avec la prévalence élevée des facteurs de RCM ou le risque élevé d’en développer. Il est donc possible qu’un milieu peu urbanisé contribue à une évolution plus favorable du profil de RCM.

Les aliments dont la fréquence de consommation est cernée dans la présente étude sont ceux qui étaient liés à l’adéquation en micronutriments dans les études transversales de base. L’effet bénéfique des légumes et probablement des fruits dans la prévention des maladies chroniques est bien établi en raison de leur teneur en fibres, vitamines et minéraux [244]. Par exemple, Ricardi et al. [373] ont suggéré que la composition optimale de l'alimentation pour la lutte contre le SMet devrait répondre à deux exigences de base comme la réduction des graisses saturées et l’augmentation des légumes, légumineuses, les fruits et les féculents à faible index glycémique. Nous prévoyons que de meilleures habitudes alimentaires seraient associées à une évolution plus favorable du profil de RCM.

Des études transversales conduites en Afrique subsaharienne ont relevé le rôle protecteur de la pratique d’activité physique contre l’HTA [32] et l’obésité [245]. La pratique d’activité physique est associée à un meilleur profil lipidique [247]

comparativement à la sédentarité. Des études menées dans les pays développés ont rapporté aussi l’association positive entre les comportements sédentaires tels que le temps passé devant l’écran ou consacré aux loisirs sédentaires et le risque de diabète de type 2 [374], le SMet [375] ou le risque de décès par maladies cardiovasculaires [376]. Le présent suivi longitudinal confirmera, selon nous, la contribution positive de l’activité physique à l’évolution du profil de RCM chez des adultes béninois.

3.1.2. Objectif général de l’étude

L’objectif général est d’étudier l’évolution des facteurs de RCM et ses déterminants chez des adultes béninois sur une période de 4 ans.

3.1.3. Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques sont les suivants :

1) Décrire l’évolution des facteurs de risque cardiométabolique individuels (indice de masse corporelle, tour de taille, tension artérielle, glycémie, triglycérides, HDL- cholestérol, ratio cholestérol total/HDL-cholestérol, insulino-résistance) et agrégés (syndrome métabolique et score de Framingham) durant la période de suivi.

2) Examiner les relations entre la présence au début de l’étude d’obésité abdominale selon les critères de l’IDF ou d’insulino-résistance mesurée par le HOMA-IR et l’évolution des autres facteurs de risque cardiométabolique;

3) Examiner les liens entre les habitudes alimentaires, l’activité physique et les conditions socio-économiques y compris le milieu de résidence et l’évolution du risque cardiométabolique évalué par le syndrome métabolique et le score de risque de maladies cardiovasculaires de Framingham.