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4.3. R EF G OUV : Modèle de référence du domaine de la GSI

4.3.4. La notion de décision et concepts associés

Figure 4.13. Représentation du concept de décision dans REFGOUV

Dans la littérature deux types de décision se côtoient (Berthoz, 2003) : la décision rationnelle qui repose sur des arguments et la décision irrationnelle guidée par l‟instinct et la conviction du décideur. Le modèle REFGOUV se rapporte à la décision rationnelle et formalise un mécanisme de prise de décision argumentée.

La décision est un mécanisme de choix argumenté sur un ensemble de critères déterminants et aboutissant à la sélection d‟une action. Il existe plusieurs familles de décision. Deux familles retiennent notre attention :

 La prise de décision est effectuée sur un ensemble de critères : les méthodes actuelles peuvent être positionnées comme étant appropriées pour les prises de décision multicritères (choix, classement, agrégation), monocritères (maximisation d‟une fonction économique) ou sans argument (ad-hoc). Parmi les méthodes multicritères, nous pouvons citer les méthodes d‟agrégation MAUT (Dyer, 2005) ou ELECTRE (Roy, 1968).

 La prise de décision est une activité humaine qui peut être collaborative (modes : majoritaire, minoritaire ou unanime) ou non-collaborative (mode autoritaire) (Weill, 2004)

Nous ne traitons pas ici des méthodes pour la prise de décision, mais nous formalisons la notion de décision comme concept orientant le choix d‟une ou plusieurs actions parmi un ensemble d‟actions pertinentes dans la situation considérée. Nous rappelons qu‟une situation est mesurée par les

Décision +ID: Integer +description: String +date: Date 0..* Tableau de bord +ID: Integer +nom: String +date: Date

< repose sur Action

+ID: Integer +description: String opportunités 1..* But +ID: Integer +description: String +date: Date 1..* Ajustement Situation +ID: Integer +description: String Situation prévue Situation générée

75 métriques présentes dans le tableau de bord et la sélection d‟une action est guidée par l‟analyse des indicateurs de tableau de bord reflétant l‟état de la situation. Le concept de décision est ainsi associé à un tableau de bord et agrège un ensemble d’actions pertinentes.

Nous considérons une situation particulière de décision pour la GSI comme le constat d‟écart entre ce qui a été planifié (situation prévue) et ce qui a été effectivement réalisé (situation générée). Cela fait l‟objet de la création d‟un but d’ajustement dont l‟objectif est de compenser l‟écart. L‟analyse des écarts pour la prise de décision a notamment été utilisée dans le domaine de la finance pour la constitution des budgets (Gervais, 1998), (Nobre, 2001).

Nous pouvons prendre l‟exemple d‟un projet d‟une charge estimée de 300 j.h qui débute le 1er

septembre. La capacité utile est de 20 jours par mois. Le projet est planifié pour une équipe de 5 personnes soit une vitesse de développement prévue de 5 unités par jour et une date de livraison au 1er décembre. Une évaluation de la progression du projet est effectuée le 15 octobre : le constat est que le projet a progressé plus vite que prévu (6,6 unités par jour) et devrait être terminé au 7 novembre. La livraison est pourtant prévue 21 jours plus tard. Afin de faire correspondre la réalité à ce qui a été planifié il est ainsi nécessaire de procéder à un ajustement : le projet peut être planifié de nouveau au 15 octobre avec une équipe de 4 personnes. Les délais sont respectés et une ressource est libérée pour un autre projet éventuel. Le tableau 4.5 résume cette situation.

Indicateur Planifié (1er septembre)

Situation prévue Constat (15 octobre) Situation générée Planifié (15 octobre) Après Ajustement Charge restante (j.h) 300 100 100 Taille de l‟équipe (h) 5 5 4 Durée du projet (j) 300/5 = 60 100/6.666 = 15 100/4 = 25 Vitesse (h/j) 5 200/30 = 6.666 4

Date de fin 1er Décembre 7 novembre 21 novembre

Tableau 4.5. Exemple d‟ajustement pour une planification de projet

REFGOUV permet ainsi de représenter les situations pour la prise de décision. Nous constatons par l‟exemple sur les projets, que la décision aboutit à une modification sur le système des projets. Cette modification est la conséquence d‟une action.

Figure 4.14. Représentation du concept d‟action dans REFGOUV

Projet +nom: String +date: Date

+description: String Action

+ID: Integer +description: String <impacte 0..1 1 But +ID: Integer +description: String +date: Date < impacte 0..1 1

76 Le concept d‟action est mal défini dans la littérature en matière de gouvernance des SI. Pourtant nous allons voir que c‟est un concept fondamental qui permet d‟intégrer les évolutions nécessaires au processus de la GSI.

Le domaine de la sociologie des techniques définit la notion d‟action. (Akrich, 1993) s‟intéresse à la relation entre les processus d‟innovation et l‟analyse des formes d‟actions qui engagent les objets techniques. Dans le cadre de cette analyse, « il s'agit de rendre compte des modalités de

l'action et des conséquences que les formes prises par l'action avec des dispositifs techniques ou par leur médiation ont sur la définition même des intentions et des acteurs qui les portent ». Rapporté à un

système de GSI, l‟action porte sur un dispositif technique composé d‟objectifs, de projets (définis par leurs composants processus, ressources, risques), de mesures et de décisions. La médiation des décisions à prendre et des actions qui en résultent est assurée par un décideur (acteur) guidé par l‟unique but d‟avancer vers la cible et animé par conséquent par des intentions d‟ajustement dans la mesure où le projet, et encore moins le portefeuille de projets, n‟est pas un long fleuve tranquille. Des vents et des courants de toute nature viennent perturber la trajectoire prévue et il faut apporter des actions correctrices pour garder le cap.

Madelaine Akrich conclut dans son article (Akrich, 1993) sur le concept d‟action : « l'action peut être considérée comme une coopération entre l'utilisateur et le dispositif; le degré de coordination nécessaire à son bon déroulement varie selon les dispositifs de même que les moyens par lesquels se construit l'ajustement du dispositif et de son utilisateur ». Nous rejoignons cette idée que l‟action est la résultante d‟un mécanisme de prise de décision dont l‟objectif est l‟ajustement des composantes du SI et de sa gouvernance.

Dans notre méta-modèle REFGOUV (Fig. 4.4 et 4.14), le concept d’action est ainsi associé au concept de décision d‟une part et aux concepts de but et de projet par la relation d’impact d‟autre part.

4.4. Conclusion

Nous avons proposé le modèle REFGOUV qui définit un ensemble de concepts pour la gouvernance des systèmes d‟information. Les concepts, leurs caractéristiques et les relations qu‟ils entretiennent sont issus de l‟analyse de la littérature.

Nous montrons également le caractère novateur de l‟approche de la GSI par un mécanisme de conceptualisation : il nous permet d‟envisager une nouvelle structure pour le tableau de bord de la GSI suivant les axes stratégie, processus, ressources et risque. Il met également en lumière la nécessité de mettre en œuvre les activités de la GSI par l‟analyse des écarts et des objectifs d‟ajustement.

De manière plus générale REFGOUV prend en considération l‟ensemble des objectifs de la gouvernance. Il permet ainsi d‟anticiper les spécifications d‟un SI correctement architecturé et aligné

77 avec les processus métiers et les exigences de création de valeur, et de supporter les décisions d‟ajustement qui font partie du lot commun de la GSI.

Les chapitres suivants exploitent les concepts qui composent REFGOUV :

 Le chapitre 5 présente le modèle PROGOUV qui guide l‟architecte de système dans la sélection des concepts manipulés dans le processus de gouvernance du SI.

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Chapitre 5. PROGOUV : Modèle de

processus de la GSI

5.1. Introduction

Comme nous l‟avons développé précédemment, nous considérons que la gouvernance est principalement une affaire de prise de décision dans l‟incertain. La médiation des décisions à prendre et des actions qui en découlent, est assurée par un décideur qui est animé par la volonté d‟avancer vers la cible assignée au projet, ou au portefeuille de projets. Dans la mesure où cette cible est mouvante, le décideur est responsable de ses leviers d‟actions correctrices et des ajustements à mettre en place pour atteindre la cible. Nous appréhendons ainsi la GSI comme un mécanisme de contrôle et de régulation du portefeuille de projets SI.

Dans le chapitre précédent, nous avons présenté REFGOUV qui intègre les concepts de but, de

projet SI, d’indicateur, de métrique et de décision. Ce chapitre a pour objectif de présenter le modèle

de processus de la GSI (PROGOUV) qui se veut générique. Ce modèle positionne une démarche de gouvernance des SI, guidée par les objectifs, incluant les étapes de planification des projets, le suivi de leurs réalisations et les prises de décision s‟y référant. PROGOUV décrit aussi la dynamique des activités de la GSI et représente la manipulation du système de concepts de REFGOUV. L‟objectif du modèle PROGOUV est de représenter la démarche intentionnelle des gouvernants et des décideurs pour l‟ingénierie des SI.

Le fait de considérer le processus de gouvernance SI comme intentionnel et décisionnel nous a conduit à choisir le langage de la CARTE (Rolland, 1999) comme méta-modèle pour exprimer le modèle PROGOUV (c.f. § 3.3.3.2). La CARTE a notamment permis de guider les ingénieurs SI dans la construction de l‟alignement métier/SI (Etien, 2006), (Thévenet, 2009).

PROGOUV permet ainsi le guidage des dirigeants dans la construction d‟une architecture de GSI qui repose sur des objectifs et des portefeuilles projets qu‟il convient de mettre sous contrôle. Par extension, il représente le modèle des données que le SI de support à la GSI doit contenir.

Dans un premier temps, ce chapitre présente les concepts de la CARTE (c.f. § 5.2) qui sont utilisés pour formaliser PROGOUV. Une seconde partie est dédiée à la présentation du méta-modèle PROGOUV (c.f. § 5.3) et des processus intentionnels pour la GSI.

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