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Partie 1 – Historique des méthodologies de l'enseignement des

1.2. La méthodologie traditionnelle - grammaire-traduction

1.2.1. Présentation générale

Dès la fin du XVIe siècle, le mode d’enseignement des langues classiques ou mortes comme le latin ou le grec, base de l'éducation de cette époque, est également appliqué à l'enseignement des langues étrangères. C'est la méthode « traditionnelle », désignée également par l'appellation « méthode grammaire – traduction » ou « méthode classique ».

Cette méthodologie, fondée sur la grammaire et la traduction, a pour objectif de « rendre l’apprenant capable de lire les ouvrages littéraires écrits dans la langue cible » et « de développer les facultés intellectuelles de l’apprenant » (Germain, 1993, p 102). Pour atteindre ces objectifs on procédera par des exercices de mémorisation du lexique, de grammaire, et de traduction de morceaux choisis de textes littéraires d’auteurs retenus pour leur célébrité. Les activités sont centrées sur la lecture, l’écriture et la traduction de textes littéraires en langue étrangère. La compétence en langue orale est considérée comme moins importante et mise en second plan.

Pour cette méthodologie, l’objectif culturel était prioritaire. En effet, on étudiait une langue étrangère par et pour sa littérature, ses proverbes et sa culture en général. Ces connaissances devaient permettre d’accéder à une catégorie sociale et intellectuelle supérieure et distinguaient tout particulièrement l’apprenant de langue étrangère. Il s’agit d’une méthodologie qui a perduré pendant plusieurs siècles et qui

Puren, la méthodologie traditionnelle a donné lieu entre le XVIIIème et le XIXème siècle à des variations méthodologiques assez importantes, et a subi toute une évolution interne qui a préparé l’avènement de la méthodologie directe.

Les objectifs formatifs linguistiques sont donc caractérisés par la formation esthétique, intellectuelle et morale. Pour atteindre ces objectifs et pour justifier cette très grande place prise par l’enseignement formel de la grammaire et son exercice privilégié dans la traduction, l’enseignement scolaire du latin va d’une manière progressive annexer un troisième objectif formatif, celui de formation intellectuelle définit par Bréal en 1891 : « Transporter une pensée, un raisonnement, une description d’une langue dans l’autre, c’est obliger l’intelligence à bien se rendre compte de la valeur des mots ; de l’enchaînement des idées, c’est lui imposer un travail de transposition qui ne peut manquer de lui donner vigueur et souplesse » (cité par Puren, 1988, p 29). N’oublions pas qu’à l’époque, la valeur intellectuelle d’un individu se mesurait à sa capacité d’utilisation d’une certaine rhétorique et à sa connaissance des textes littéraires.

Par ailleurs, pour atteindre ces objectifs, les exercices principaux sont la mémorisation du lexique et de la grammaire relevés dans des textes littéraires et la traduction de morceaux littéraires d’auteurs célèbres dans leur langue maternelle.

Christian Puren schématise l’organisation des études latines au XVIIIe et au XIXe siècle de la manière suivante (Puren, 1988, p 30) :

CLASSES OBJECTIF

(3e, 2e) Apprentissage

Les objectifs sont inter reliés, l’objectif formatif représente l’objectif principal dans cet ensemble.

Il est difficile de dresser un bilan succinct de cette méthodologie traditionnelle d’enseignement des langues vivantes. En effet, comme le rappelle Cuq (2003, p 234), elle s’étale sur plus de trois siècles et elle prend par conséquent des formes variées au cours de son évolution.

1.2.2. Les textes littéraires dans la méthode grammaire-traduction

Les textes littéraires dans cette méthodologie traditionnelle constituaient à la fois l’objectif et le contenu de l’enseignement / apprentissage de la langue cible.

L’apprentissage est fortement lié à l’acquisition de connaissances et c’est grâce à ces dernières que l’apprenant va pouvoir agir en société. Dans cette méthodologie où lecture et écriture sont les exercices privilégiés, l’acquisition de la langue orale est mise au second plan. Ayant comme objectif ultime de rendre accessible aux apprenants les textes littéraires qui sont des chefs d’œuvre - souvent canoniques et sacralisés -, l’accent est mis sur la maitrise des compétences linguistiques : grammaire, lexique ; et ce en s’appuyant sur des dictionnaires bilingues.

Cette prépondérance des textes littéraires dans l’enseignement des langues étrangères est aussi le fruit de la conception traditionnelle ou classique de la culture

étrangère dans laquelle la littérature demeure la meilleure représentante. Pour cette approche, la langue littéraire écrite est supérieure à la langue orale.

Dans le cadre de la méthodologie traditionnelle, on trouve les textes littéraires sous la forme de « morceaux choisis ». Ils sont le point de départ d’une série de considérations qui portent plutôt sur l’histoire littéraire en général et sur la vie de l’écrivain en particulier. Ce type d'approche centre son attention sur « l’intention signifiante » de l’auteur et cherche à atteindre « le sens» du texte grâce à l’établissement des sources et à la référence aux courants littéraires qui ont pu influencer l’œuvre de l’écrivain. En réalité, cette méthode n’a pas été conçue pour des étudiants des langues étrangères, mais est calquée sur la démarche d’apprentissage d’une langue maternelle, et ne considère donc pas les différences fondamentales de culture et de perception de la littérature qu’on peut rencontrer chez des apprenants étrangers.

La langue était conçue comme un ensemble de règles et d’exceptions que l’on retrouvait et l’on étudiait dans des textes et qui pouvaient être rapprochées de la langue maternelle. Cependant on accordait plus d’importance à la forme littéraire qu’au sens des textes, même si celui-ci n’est pas totalement négligé. Par conséquent il existe une langue “normée” et de qualité, celle utilisée par les auteurs littéraires qui devait être préférée à la langue orale et imitée par les apprenants afin d’acquérir une compétence linguistique adéquate. La culture était perçue comme l’ensemble des œuvres littéraires et artistiques réalisées dans le pays où l’on parle la langue étrangère.

La méthodologie traditionnelle reste dominante tout au long du XIXe siècle aussi bien dans les manuels que dans les différents types d’études, et ses objectifs fondamentaux restent relativement inchangés.