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1. GENERALITES

1.1 Précarité, pauvreté, grande pauvreté

1.1.1 Définitions

1.1.1.2 Approches conceptuelles

1.1.1.2.3 La grande pauvreté

Selon Joseph Wresinski, « l‘insécurité qui …) résulte (de la précarité) peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l‘existence, qu‘elle devient persistante, qu‘elle compromet les chances de réassumer des responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible»(3). La grande pauvreté apparaît alors, pour lui, définie plus comme une « conséquence » de la précarité que par une notion financière.

La grande pauvreté est une situation de rupture profonde qui n‘a rien de relatif ni d‘artificiel. Elle doit être appréhendée à l‘aide de différents indicateurs (5).

Contrairement à ce que certains disent, la grande pauvreté n‘est pas qu‘une notion « relative ». Un millionnaire ne sera jamais « pauvre » dans un pays de milliardaires. Il existe bien un moment où, à force de cumuler des précarités dans plusieurs domaines, une personne se trouve dans une situation de privations graves qui peuvent varier d‘une société à une autre et ne concernent pas que les revenus , une situation de rupture et d‘exclusion qui la prive d‘une existence sociale et de ses droits fondamentaux. C‘est ainsi que l‘économiste Amartya Sen a défini, dans les années 1980, la grande pauvreté comme un déficit de capabilités (6) de base permettant d‘atteindre certains niveaux minimalement acceptables, variables d‘une société à une autre : être bien nourri et logé, prendre part à la vie de la communauté, pouvoir se montrer en public sans honte, etc.

Cependant, alors que Sen et Wresinski insistent sur la dimension pluridimensionnelle de la grande pauvreté, les mesures officielles se basent, en France comme dans les autres pays, sur des indicateurs quantitatifs centrés sur l‘aspect monétaire et faciles à mesurer : les revenus, l‘accès à un panier de biens ou

o L‘indicateur monétaire

L‘INSEE mesure aussi chaque année le nombre de personnes dont le revenu est inférieur à 50% du revenu médian – que l‘on pourrait appeler le seuil de grande pauvreté – et de celles dont le revenu est inférieur à 40% du revenu médian – que

l‘on pourrait appeler le seuil de très grande pauvreté (5).

Elle utilise également un autre indicateur monétaire : l’intensité de la pauvreté, qui mesure en quelque sorte le revenu moyen des personnes en situation

de pauvreté il s‘agit plus précisément de l‘écart entre le seuil de pauvreté à 60% et le revenu médian des personnes vivant en dessous de ce seuil).

o L‘intensité de la pauvreté monétaire

Elle mesure l‘écart relatif entre le seuil de pauvreté à 60 %) et le niveau de vie médian des personnes pauvres. Il est calculé ainsi : (seuil de pauvreté — niveau de vie médian de la population pauvre) / seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.

o L‘indicateur d‘accès à un panier de biens de référence

Aux États-Unis et au Canada, la grande pauvreté n‘est pas seulement définie de façon relative, mais aussi de façon absolue en comptant le nombre de personnes qui ne peuvent pas s‘offrir un « panier » de biens et services de base. Cette approche a ses avantages et ses inconvénients (il est en particulier difficile de définir ce panier et de déterminer comment le faire évoluer au fil des années). En France, l‘Observatoire national de la pauvreté et de l‘exclusion sociale ONPES travaille à la définition d‘un tel panier en y associant des personnes confrontées à la pauvreté. Il est possible que l‘INSEE adopte prochainement un indicateur de ce genre, qui viendra compléter les précédents.

o L‘indicateur de conditions de vie

Chaque année, l‘INSEE (de même que des indicateurs européens) mesure également la « pauvreté en conditions de vie » avec des indicateurs absolus comptant le nombre de personnes qui cumulent un certain nombre de difficultés ou

privations dans quatre domaines : consommation, insuffisance de ressources, retards de paiement, difficultés de logement.

On considère conventionnellement comme « taux de pauvreté en conditions de vie » la proportion de ménages subissant au moins huit carences ou difficultés parmi les vingt-sept retenues dans l‘enquête sur les conditions de vie de l‘INSEE :

CONTRAINTE BUDGETAIRE

- Part du remboursement sur le revenu (supérieure à un tiers) ;

- Découverts bancaires (très souvent) ;

- Couverture des dépenses par le revenu difficile ; - Aucune épargne à disposition ;

- Recours aux économies ;

- Opinion sur le niveau de vie « c’est difficile, il faut s’endetter pour y arriver ».

RETARDS DE PAIEMENT : impossibilité de

payer à temps, à plusieurs reprises, au cours des 12 derniers mois

- Factures (électricité, gaz, téléphone, etc.) ; - Loyers et charges ;

- Versement d‘impôts ;

RESTRICTION DE CONSOMMATION : les

moyens financiers ne permettent pas de :

- Maintenir le logement à bonne température - Payer une semaine de vacances une fois par an - Remplacer des meubles

- Acheter des vêtements neufs

- Manger de la viande tous les deux jours - Recevoir

- Offrir des cadeaux

- Posséder deux paires de chaussures

- Absence de repas complet pendant au moins une journée au cours des 2 dernières semaines.

DIFFICULTES DE LOGEMENT

- Surpeuplement important ou modéré

- Absence de salle de bains à l’intérieur du logement - Absence de toilettes à l’intérieur du logement - Absence d’eau chaude

- Absence de système de chauffage Critiques du logement :

- Logement trop petit

- Logement difficile à chauffer - Logement humide

o Définitions sous l‘angle des privations

Ces définitions ne peuvent se limiter qu‘à un manque de ressources ; d‘autres paramètres peuvent être attribués faisant augmenter par là-même le nombre de personnes concernées.

On peut envisager aussi de définir ces concepts non plus par des mots mais sous l‘angle des privations, la privation monétaire, la privation matérielle sévère et la privation d‘emploi

 La « privation monétaire »

Elle ne suffit plus à appréhender de manière exhaustive la grande pauvreté, selon l‘Union Européenne.

 La privation matérielle sévère

Elle est mesurée à l‘aide d‘un questionnaire soumis aux ménages concernant leurs conditions de vie (difficultés à payer le loyer, alimentation … .

 La privation d‘emploi

C‘est le chômage qui se définit pour la population par son taux.

o Définitions en lien avec la domiciliation

 Sans abri

Les expressions « sans-domicile fixe » ou « sans-abri » sont fréquemment employées dans les domaines politiques, médiatiques et scientifiques, mais la quantification de cette forme extrême de précarité résidentielle est particulièrement difficile.

Revenons d‘abord au sens usuel des termes « sans-domicile » et « sans-abri ». L‘expression « sans-abri » a remplacé celle de sans-logis. Au sens strict, elle désigne les personnes qui ne disposent d‘aucun lieu couvert pour se protéger des intempéries pluie, froid . Elle s‘applique aux personnes qui dorment à l‘extérieur

catégorie des sans-abri est proche de cette acception. Dans le langage commun, une personne qui effectue des va-et-vient entre la rue et les centres d‘hébergement est souvent considérée comme sans-abri. Cette perception est particulièrement appropriée au cas des personnes hébergées dans des centres d‘urgence fermés en journée. Elles disposent alors d‘un lit pour la nuit, mais sont contraintes de passer la journée à l‘extérieur.

 Sans domicile fixe

La notion de sans-domicile fixe est plus large que celle de sans abri. Dans son acception commune, la notion de sans-domicile fixe renvoie aux personnes privées d‘une résidence fixe. Elle est plus large que celle de sans-abri puisqu‘elle inclut les personnes qui vont d‘un hébergement à un autre sans jamais faire l‘expérience de la rue. Elle repose moins sur le critère de l‘habitat que sur celui de la précarité du statut d‘occupation. Une personne contrainte de changer fréquemment de résidence est considérée comme sans-domicile fixe. Le sigle SDF qui date de la fin du XIXème siècle, mais qui s‘est imposé au début des années quatre-vingt-dix, est devenu un des symboles de la pauvreté extrême. L‘image sociale du SDF remplace celle du clochard qui prévalait pendant la période des Trente Glorieuses. Une différence essentielle dans les représentations est à signaler. Le clochard, personnage folklorique du paysage urbain, dans l‘imagerie commune aurait « choisi » sa situation. En tout état de cause, il n‘appelait pas d‘interventions publiques structurées. Au contraire, le SDF serait surtout victime d‘évolutions économiques et sociales. Cécile Brousse donne cette définition d‘une grande pauvreté liée au mode d‘habitat « Pour parvenir à une définition opératoire de la catégorie de « sans-domicile » dans une enquête, il importe de préciser les critères retenus mais également la période de référence » (7).

La première étape consiste à passer d‘une proposition négative le sans-domicile se définit par les lieux où il n‘habite pas : abri, sans-domicile, logement) à une proposition positive. Une personne est donc dite sans-domicile si elle dort dans un lieu non prévu pour l‘habitation ou si elle est prise en charge par un organisme fournissant un hébergement gratuit ou à faible participation. Ces organismes peuvent fournir des places dans des structures collectives, des chambres d‘hôtel ou

durées différentes : d‘une nuit à quelques jours, voire plusieurs semaines ou plusieurs mois. Les lieux non prévus pour l‘habitation sont les suivants : cave, parking fermé, grenier, cabane, voiture, wagon, bateau, usine, bureau, entrepôt, bâtiment technique, parties communes d‘un immeuble d‘habitation, ruines, chantiers, grotte, tente, métro, gare, couloirs d‘un centre commercial, rue, pont, parking extérieur, jardin public, terrain vague, voie ferrée.

 Sans domicile, hébergé accueilli

La situation des sans-domiciles est définie par la combinaison de deux critères : un critère morphologique, le type d‘habitat et un critère juridique, le statut d‘occupation. Cette définition présente l‘avantage de s‘intégrer aisément aux nomenclatures habituelles de logement, facilitant ainsi les comparaisons transversales entre des situations proches par l‘un ou l‘autre des critères.

C‘est le cas des personnes hébergées par un organisme ou par un particulier, ou bien la situation des locataires du parc social ou des personnes hébergées en logement par l‘intermédiaire d‘associations. Ainsi définie, la catégorie de sans-domicile est plus large que celle de sans-abri car elle inclut les personnes hébergées pour une longue durée comme, par exemple, les femmes résidant en centre maternel. Mais à l‘inverse, cette catégorie peut paraître restrictive, dans la mesure où elle ne retient qu‘une forme d‘hébergement précaire parmi d‘autres, excluant notamment des situations fréquentes comme l‘hébergement chez des amis ou la chambre d‘hôtel sordide.

 Grande pauvreté domiciliée (8)

Ce sont les personnes en grande pauvreté qui vivent dans lieu fixe, caravane dans un terrain fixe, masure, appartement délabré, bidonvilles…