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La facilitation de l’insertion professionnelle du volontaire

7 Les expériences de volontariat international de solidarité méritent d’être mieux

7.7 La facilitation de l’insertion professionnelle du volontaire

7.7.1 Le volontariat international de solidarité n’apparaît pas comme un accélérateur immédiat de l’insertion professionnelle

Il convient ici de mettre en exergue un extrait des conclusions de la thèse de C. LEROUX :

« À partir des parcours professionnels et du rapport au travail des anciens volontaires, il est possible de confirmer ou d’infirmer nos hypothèses. Ainsi, nous avancions que l’expérience de volontariat solidaire à l’international peut ouvrir de nouvelles voies professionnelles. Les orientations scolaires et professionnelles, les réorientations professionnelles opérées par les jeunes adultes confirment cette hypothèse. […]

« De plus, nous soumettions que l’expérience de volontariat contribue à créer un rapport au travail en adéquation avec ce que souhaitent les individus. Dans les premières années de la vie active, l’expérience de volontariat représente une période de socialisation professionnelle qui influe sur la suite des parcours des jeunes adultes. Ainsi, pour les individus qui envisagent le volontariat dans une logique de placement, si l’expérience de volontariat permet d’acquérir une légitimité professionnelle propre au secteur de la solidarité internationale, le réseau professionnel créé peut faciliter l’accès à l’emploi. De plus, cette expérience peut amener à se spécialiser dans des domaines spécifiques. […]

« Enfin, nous avancions que l’expérience de volontariat peut aussi s’avérer incapacitante dans la suite des parcours professionnels. Nous avons vu que la période de transition caractérisant le retour en France constitue un moment de perte de repères important mais qui s’estompe au fur et à mesure. De la même manière, si pour les individus en recherche d’emploi à l’issue du volontariat, les premiers postes occupés sont disqualifiés, leur statut évolue progressivement. Néanmoins, pour réaliser leurs aspirations professionnelles, l’expérience ne suffit pas sur le marché de l’emploi. Ainsi, le poids du diplôme freine ou facilite la réalisation de ces aspirations. De plus, une période d’expatriation longue peut être un risque et développer une identité professionnelle en dehors de l’emploi. […] »

Le volontariat international de solidarité entretient donc un rapport ambivalent avec l’insertion professionnelle : d’une part, il apporte un enrichissement des compétences, des aptitudes et du réseau relationnel du volontaire, et peut même être le déclencheur d’une nouvelle orientation professionnelle ; d’autre part, la spécificité de l’expérience d’expatriation solidaire peut brouiller la lecture du parcours du candidat par le recruteur (crainte d’une inadaptation à un emploi « classique », voire d’une instabilité supposée…).

70 Cf. www.lafrancesengage.fr.

Enfin, l’expérience de volontariat international ne peut gommer les inégalités d’accès à l’emploi liées au niveau de formation, ainsi qu’à la situation du jeune avant son départ en mission (recherche d’emploi, emploi précaire ou emploi stable).

L’enquête réalisée par C. LEROUX en 2011 fait apparaître un taux d’emploi pour les anciens volontaires du VSI qui passe de 69,9 % entre un et deux ans après le retour à 85,5 % entre deux et cinq ans, le taux de recherche d’emploi étant respectivement de 15,4 % et 6,4 %, à comparer au taux de chômage dans l’ensemble de la population active, qui s’établit à 10 %.

Situation professionnelle actuelle en fonction du délai depuis la fin du volontariat (VSI) (%)

Source : Thèse de C. LEROUX

Globalement, la proportion de demandeurs d’emploi parmi les anciens volontaires est de 9,9 %, soit un niveau comparable à celui du taux de chômage dans l’ensemble de la population active. Cette proportion varie cependant fortement en fonction de la situation des volontaires à leur départ en mission : elle est limitée à 5,3 % pour ceux qui disposaient alors d’un emploi stable, contre 7,9 % pour ceux qui étaient sans insertion professionnelle et 15,7 % pour ceux dont la situation professionnelle était peu stable. Au vu de ces chiffres, le volontariat international de solidarité n’apparaît pas comme un accélérateur immédiat de l’insertion professionnelle.

La situation se présente très différemment pour les VIA et les VIE : du fait du caractère professionnel des missions accomplies durant le volontariat, 68 % des VIE se voient proposer un emploi par leur entreprise d’accueil au terme de leur mission (source : Civiweb).

7.7.2 La perception différenciée des bénéfices de la mobilité internationale des jeunes peut être un élément d’explication à cet impact mitigé

Le constat du faible effet positif du volontariat international de solidarité sur l’insertion professionnelle des volontaires paraît d’autant plus paradoxal qu’il contraste avec la valorisation de la mobilité internationale des jeunes, telle qu’elle ressort de différentes enquêtes (1). Cette perception est cependant différente pour les jeunes et pour les recruteurs (2).

7.7.2.1 L’enquête d’opinion menée par le CREDOC en 2015, pour le compte de la DJEPVA71. Selon cette enquête, présentée au comité permanent de la mobilité européenne et internationale des jeunes le 9 septembre 2015, 64 % des personnes interrogées considèrent que, pour un jeune, effectuer un séjour à l'étranger pour une période d'étude, de stage, de travail ou de volontariat est nécessaire, voire incontournable.

Cette proportion croît avec l’âge et le niveau de diplôme :

7.7.2.2 L’évaluation réalisée par Pluricité et Dictys conseil en 2014 et 2015 pour le compte de la région Rhône-Alpes

Cette étude, dont une synthèse a été remise à la mission, évalue les bénéfices d’une mobilité internationale sur l’insertion professionnelle et sur l’activité des entreprises de la région Rhône-Alpes.

Elle met notamment en évidence le décalage entre la perception des bénéfices de la mobilité par les jeunes et par les recruteurs :

« Près de 95 % des étudiants partis en mobilité estiment que la mobilité représente un argument auprès des employeurs et/ou des recruteurs. Pour 40 % d’entre eux, c’est même un argument « très important ». 67 % des étudiants non mobiles rejoignent l’idée que la mobilité représente au moins « un plus » pour les recruteurs.

« Lors du recrutement, les employeurs rhônalpins interrogés sont avant tout sensibles, par ordre décroissant, à la personnalité du candidat, à ses expériences de stages/travail pendant les études, à ses compétences informatiques et à son niveau d’études. La maîtrise des langues ne convainc que 44 % des employeurs et les expériences à l’étranger que 36 %. Conformément à plusieurs mesures réalisées au niveau européen en 2006, 2011 et 2014, la mobilité n’apparaît

71 « Une vision positive de la mobilité internationale des jeunes », rapport réalisé par le CREDOC à la demande de la DJEPVA, juin 2015.

donc pas comme un critère décisif pour la majorité des employeurs, avec un avis toutefois plus favorable pour les entreprises ayant une activité internationale. »

7.7.3 La nécessité d’une meilleure sensibilisation des employeurs

Face au constat du décalage entre la perception des bénéfices attendus d’une expérience de mobilité internationale et la mesure d’un impact plus mitigé sur la situation professionnelle des anciens volontaires, les interlocuteurs rencontrés par les rapporteurs plaident pour une meilleure sensibilisation des employeurs aux compétences et aptitudes acquises durant une mission de volontariat de solidarité à l’international, particulièrement en direction des métiers où l’exigence de qualification se situe en dessous du niveau bac+3.

Préconisation 66 : Sensibiliser les employeurs aux acquis de la mobilité solidaire internationale, notamment par leur association au sein du comité permanent et des comités régionaux de la mobilité européenne et internationale.

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ANNEXES

Annexe 1 - Lettre de mission... 127 Annexe 2 - Fiche de cadrage de la mission ... 129 Annexe 3 - Éléments de bibliographie ... 133 Annexe 4 - Liste des personnes rencontrées ... 135 Annexe 5 - Éléments comparatifs des différents types de volontariat relevant du service civique 143

Annexe 6 - Les acteurs des différentes formes d’engagement citoyen international des jeunes et leurs interactions ... 147 Annexe 7 - Enquête BVA « L’engagement citoyen international des jeunes ... 151 Annexe 8 - Contribution du CLONG Volontariat ... 181 Annexe 9 - Glossaire ... 187