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Accroître le nombre et diversifier les profils des volontaires internationaux de

4 L’accessibilité au volontariat international reste limitée et sélective, aussi importe-t-il

4.2 Accroître le nombre et diversifier les profils des volontaires internationaux de

L’engagement citoyen à l’international des Français, sans distinction d’âge, concerne 4 000 personnes33. Le détail en 2013 se répartit ainsi : 2 301 VSI, 759 SCI, 902 SVE34. Comme 35 %

33 Discours du 13 février 2015 de Mme Annick Girardin, secrétaire d’État au développement et à la francophonie.

34 Les chiffres présentés ici concernent les volontaires comptabilisés dans l’année et non le nombre de départs en volontariat comme au 4.1, ce qui explique les différences d’effectifs.

7%

Niveau IV et V (bac et infra-bac) Niveau III (bac+2) Niveau II et I (bac+3 et au-delà)

seulement des VSI ont plus de 30 ans, on peut considérer que 3 500 jeunes sont concernés chaque année.

Bien que ne pouvant être comptabilisés dans le périmètre strict du volontariat de solidarité, d’autres jeunes s’engagent à l’international sur de courtes durée : les JSI et VVV/SI (environ 1 000) et les bénévoles sur des chantiers internationaux (environ 2 500 mais il est difficile dans ce dernier cas de préciser le pourcentage de jeunes, qui sont très largement majoritaires).

Les missions et leurs durées sont très diverses mais on peut dire qu’au total, toutes catégories confondues, les jeunes Français qui s’engagent dans une démarche de solidarité représentent environ 7 000 personnes par an. Cet effectif représente moins de 1 % d’une génération (environ 800 000 personnes) et reste donc marginal à l’échelle de la population française.

4.2.1 Le volume de volontaires à l’international est en croissance mais de manière inégale selon les dispositifs et pour des missions de plus en plus définies sur des profils professionnels

On enregistre ces dernières années une diminution du nombre de VSI. En 2008, on dénombrait 2 627 volontaires (dont 525 de 18 à 25 ans) contre 2 143 en 2013 (dont 407 de 18 à 25 ans), soit une baisse de 18%. En revanche, le service civique se développe fortement à l’international, même si cela représente seulement 2 % des missions attribuées par l’ASC.

Les VSI font bien davantage de missions à dimension professionnelle que les Volontaires du progrès dont ils ont pris la suite, lesquels étaient orientés davantage vers l’humanitaire, ce qui explique en partie l’évolution du niveau de formation requis. En consultant les offres de mission disponibles sur le site de France Volontaires, on constate qu’elles demandent pour la plupart un niveau de qualification élevé et une expérience préalable, s’apparentant ainsi à des offres d’emplois.

La situation est différente pour le service civique, même si l’ASC a dû « recadrer » certaines associations qui ne demandaient que des bac+5 et des diplômés de grandes écoles.

4.2.2 La demande sociale existe pourtant…

Il existe un réel désir d’engagement : un sondage de 201335 montrait une forte progression du pourcentage de Français prêts à s’engager dans un volontariat international (69 % contre 42 % en 2010), en particulier dans la tranche d’âge 18-24 ans (75 %). Les sondés déclaraient dans une très forte majorité (86 %) qu’ils approuveraient et soutiendraient un proche désireux de s’y engager.

L’enquête BVA d’octobre 2015 pour le SGMAP montre de surcroît que le désir d’engagement reste significatif, même dans le public jusqu’ici défavorisé pour l’accès à l’international. En effet, 44 % des jeunes ayant une formation inférieure ou égale au bac et 39 % des bac+1 et bac+2 se déclarent intéressés par un séjour de volontariat à l’étranger.

De leur côté, les opérateurs et les associations déclarent recevoir de 50 à 100 candidatures pour un poste ouvert.

35 Les Français et les volontariats à l'international TNS Sofres / France Volontaires - septembre 2013.

La mobilité internationale, sous toutes ses formes, est une expérience jugée nécessaire ou incontournable par six jeunes sur dix36, car elle est perçue comme une source d’acquisition de compétences qui seront valorisées sur le marché du travail (compétences linguistiques, capacité à s’adapter à un nouvel environnement, connaissance des autres), même si en France, du côté des employeurs, on n’y est pas encore très sensible.

4.2.3 …mais le dispositif favorise certains publics et en exclut d’autres

Jusqu’ici, en matière de mobilité internationale, on s’est attaché surtout aux résultats en termes de nombre de volontaires sans prendre assez en considération la nature et la qualité des publics.

 Les jeunes diplômés bac+5 bénéficient d’un accès correct : c’est le public le mieux sensibilisé et qui bénéficie le plus largement du dispositif à l’international. Les jeunes diplômés savent répondre à une demande des entreprises (VIE) ou des services publics (VIA) et sont bien informés, au cours de leurs études, soit par leurs professeurs, soit par le bouche à oreille, soit encore par le démarchage direct de certaines associations dans leur établissement.

 Les jeunes avec moins d’opportunités (JAMO), en revanche, y ont très peu accès. Ils sont surtout concernés par les dispositifs du service civique et du SVE. Les missions que l’agence leur propose sont orientées vers l’apprentissage de l’interculturalité et de la citoyenneté. Comme elles sont en principe réservées aux plus jeunes avec peu d’expérience, il n’y a pas d’exigence stricte de qualification au recrutement. Ces jeunes sont concernés aussi par des programmes européens comme la démarche IVO4ALL, déposée auprès de la Commission européenne et qui réunit plusieurs pays, la France (représentée par l’ASC, la DJEPVA et France Volontaires porteur du projet), le Royaume-Uni, l’Italie, le Luxembourg et la Lituanie. L'objectif est d’améliorer l’accès des jeunes les moins qualifiés à un service civique à l’étranger au niveau européen. Ce programme intègre, entre autres, des éléments de formation et de financement à la mobilité, et favorise l’échange de compétences et le partage d’expériences.

C’est un public pour lequel les problèmes financiers, de sécurité et d’environnement social se superposent au faible intérêt des pays d’accueil à les recevoir.

L’augmentation de leur nombre dans les départs dépend donc d’un engagement public résolu et de dispositions d’accompagnement spécifiques. L’augmentation prévue des moyens dédiés au service civique, traduisant une volonté exprimée par le Président de la République, aura une incidence mécanique sur l’augmentation des offres à l’international. Ce contingent devra être suivi en liaison étroite avec France Volontaires, mieux armé pour l’international, et devra faire l’objet de programmes spécifiques et d’un fort investissement dans l’accompagnement et l’encadrement.

 Des publics enfin sont peu représentés dans le dispositif actuel : il s’agit des personnes qui se situent entre les deux publics identifiés au point précédent, c’est-à-dire des jeunes qui n’ont pas de difficultés sociales particulières et qui disposent d’un

36 Cf. Une vision positive de la mobilité internationale des jeunes, Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC), rapport de juin 2015 pour la DJEPVA.

niveau intermédiaire de formation (entre BEP et bac+2, en passant par les CAP, les BTS etc.). En effet, ces jeunes ne figurent que pour un pourcentage dérisoire dans les VSI (3 %) et fort modeste (16 %) dans les bénéficiaires du service civique à l’international hors Europe.

Les pouvoirs publics doivent s’efforcer de corriger ce déséquilibre. En s’appuyant sur la progression du service civique voulue par le Président de la République, il est possible de se fixer un objectif de doublement des départs des volontaires de solidarité internationale, ce qui reviendrait de passer d’environ 2 400 départs en 2014 à 4 800 en 2017, en s’attachant à favoriser l’engagement des jeunes qui en sont jusqu’ici exclus.

Scénario d’évolution : Accroître l’accessibilité de l’engagement citoyen international des jeunes, en s’appuyant sur la dynamique du service civique et du service volontaire européen.

Préconisation 15 : Fixer un objectif de doublement, à échéance de trois ans, du nombre de départs de jeunes volontaires pour des missions solidaires à l'étranger.