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1. L E PORTRAIT D ’ OBSOLESCENCE D ’A LEXANDRA

1.4 La dimension de la motivation

1.4.1 L’expérience sur le plan cognitif

Évaluation quant à une personne motivée – Alexandra évoque que, pour

elle, les éléments significatifs à ce sujet sont la bonne humeur, l’intérêt porté au travail, la satisfaction liée au service à la clientèle, l’engagement personnel basé sur

les sentiments d’appartenance et de loyauté envers la réussite de l’organisation et l’appropriation des règles internes de l’organisation tout en évoluant dans ce milieu.

Évaluation de son niveau de motivation – Alexandra estime que son

niveau de motivation est de 70 % à 80 %. Elle allègue qu’elle vit des situations malsaines, car la motivation est liée seulement à des facteurs externes et à son ego. En ce qui concerne sa perception des évaluations de ses collègues et de sa supérieure immédiate sur son niveau de motivation, elle mentionne que ses collègues lui auraient attribué 70 % et son supérieur immédiat, 60 %.

En ce qui a trait au résultat à l’échelle Motivation, Alexandra obtient 30 %, zone jugée « critique ».

Perception de sa perte de motivation – Alexandra affirme avoir vécu de

la motivation épisodique. Il lui est plus facile de trouver une motivation lorsqu’elle sait qu’un congé de maternité est prévu sous peu. Dans ces circonstances, il lui apparaît convenable de ralentir la cadence au travail et de s’investir totalement dans son rôle de mère. Lors du dernier retour au travail, elle a vécu de la démotivation. Elle l’explique par l’écart entre ses résultats et les objectifs qui lui étaient imposés découlant de la nouvelle philosophie organisationnelle. Elle ajoute qu’avant son retour définitif, la pression pour atteindre les objectifs lui semblait omniprésente. Elle mentionne que ses congés de maternité lui permettaient de s’y soustraire étant donné que l’évaluation se faisait sur une année complète. De plus, elle précise qu’elle trouvait sa motivation uniquement dans les résultats obtenus.

Je retournais travailler pour vrai et je ne repartais plus pour mes congés. Là, j’étais motivée au printemps parce que les résultats sont là. C’est tout de même satisfaisant de réussir. La motivation était reliée à mes résultats et non, nécessairement à l’emploi, à la tâche. C’est un peu superficiel.

Évènement déclencheur de sa perte de motivation – Aux dires

d’Alexandra, l’évènement qui a amené la perte de motivation est survenu à la suite d’une non-atteinte des résultats fixés par l’organisation. Elle remarque qu’elle a subi un choc lorsqu’elle a constaté que la reconnaissance de son milieu ne passait

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qu’exclusivement par la performance. « Il n’y a aucune reconnaissance autre que si tu performes. Si on ne performe pas, ça ne marche pas ».

Évaluation portée sur sa fierté au travail – Alexandra dit qu’elle était

fière autant de son équipe de travail que de son employeur; c’est une belle organisation où il fait bon travailler. « Je suis quand même très fière d’y travailler, je fais affaire là et j’incite les gens à faire affaire là et à ne pas arrêter ». Elle évoque que malgré la restructuration, il n’en demeure pas moins un très bon milieu de travail. L’organisation traite très bien le personnel et offre de très bons avantages sociaux. « On a tout de même de belles conditions malgré la situation actuelle ». De plus, elle ajoute que les relations sont harmonieuses et cordiales entre sa supérieure immédiate et ses collègues de travail. « Oui, ma gestionnaire, elle est vraiment super. Elle est vraiment très, très gentille, compréhensive. Les collègues, on a une belle ambiance de travail ». Elle précise qu’après son évaluation de rendement, la relation avec le cadre supérieur ne fut plus très harmonieuse.

Perception de son avenir professionnel – Alexandra exprime qu’elle est

dans l’incapacité d’entrevoir son avenir professionnel. « Je ne le voyais pas vraiment. C’était obscur et ça l’est encore ». Elle allègue qu’un nouveau travail lui permettrait de revivre et de continuer son évolution professionnelle. « De revivre! Je crois que je serais mûre pour un changement de la sorte. Pour recommencer à évoluer ».

Perception de la réussite d’une insertion professionnelle – Alexandra

pense continuellement à faire un changement de travail et elle évalue son niveau de réussite à enclencher des démarches d’emploi à 0 % parce qu’elle est actuellement dans une position qui ne lui permet pas d’enclencher des changements.

Perception du sens du travail – Alexandra voit son travail comme un

moyen d’assurer les besoins financiers de sa famille et de créer des liens avec des collègues de travail. « [Hésitation] La paie. Et aussi l’amitié parce que j’ai de belles relations ».

1.4.2 L’expérience sur le plan affectif

Plafonnement de carrière – Pour Alexandra, le plafonnement de carrière

signifie l’incapacité de progresser dans ses champs d’intérêt et dans ses compétences les plus élevées. Avec la restructuration, elle fut amenée à investir dans ses compétences les plus faibles et où elle ne retire pas beaucoup de satisfaction professionnelle.

Je pourrais dire oui, dans le sens qu’au niveau où je suis, dans ce que j’ai envie, mais je ne peux pas aller plus haut. Je ne peux pas évoluer dans le travail que je fais, ou il faut que j’aille dans d’autres fonctions qui ne me tentent pas du tout.

Frustration, tension et « mal-être » au travail – Alexandra exprime

avoir vécu ces trois états de tension psychique. Elle ajoute qu’elle était frustrée en raison de la façon dont les changements leur étaient imposés et qu’elle devait les subir sans pouvoir changer le déroulement des choses. « Oui, des choix avec lesquels je n’étais profondément pas d’accord. Et, je ne pouvais pas rien faire pour les changer. C’est trop gros, ça ne sert à rien ». Elle mentionne aussi que la tension était généralisée à tout le personnel. Cette tension se manifestait par du remaniement de postes de travail et des départs forcés et volontaires. Elle remarque qu’elle ressentait encore plus de tension, car elle n’avait pas répondu aux nouvelles exigences du poste. Par conséquent, elle vivait de la frustration, de la tension et du « mal-être » au travail.

Tensions… parce qu’il y a beaucoup de tensions actuellement avec tous les changements. Il y a beaucoup de gens qui partent. Tout est instable. Comme si on est 100 sur un voilier avec une corde grosse comme ça, on sent toute la tension, autant moi avec ma déception de descente, de non-réussite, de ma performance que pour l’ensemble de mes collègues aussi.

1.4.3 L’expérience sur le plan somatique

Alexandra a des signes physiologiques tels qu’une diminution d’énergie, une sensation de fatigue et des céphalées.

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1.4.4 L’expérience sur le plan comportemental

Pour Alexandra, l’expérience de démotivation se manifestait par de la frustration et de la colère qui se transposaient en manque d’ouverture. Elle souligne que ce comportement venait influencer négativement ses résultats de ventes. Elle ajoute qu’elle s’est redressée assez vite en utilisant son ego, tout particulièrement son orgueil, pour contrecarrer son état mental. Elle mentionne qu’elle a un tempérament combatif et qu’elle a pu trouver du positif dans sa situation, ce qui lui a permis de se propulser vers la réussite.

[Hésitation] Ça faisait juste que j’étais frustrée. Tout le temps à ne pas être contente. Quand tu n’es pas contente tout le temps, tu ne vois pas ce qui pourrait être le fun. Il faut arrêter… Il a fallu que je sorte de ce mood-là pour finalement me dire que je peux peut-être y trouver quelque chose en attendant. Présentement, c’est ça ma situation, qu’est- ce que je peux faire avec ça pour la rendre positive? Sinon, c’était difficile de rencontrer des gens et d’aller chercher de la business, si moi, je ne suis pas ouverte. Peut-être que c’est pour ça que c’était difficile de réussir dans mes rencontres. Mais ça, ça n’a pas duré très longtemps. Après ça, je l’ai viré [la situation] avec mon orgueil, je suis un peu orgueilleuse, je suis un peu combattante. Ce n’est pas vrai que je ne suis pas capable! J’ai mis les bouchées doubles, j’ai travaillé très fort, mais de façon différente. Ça eut un côté positif là-dedans. L’expérience sur le plan relationnel

L’équipe de travail entretenait de bonnes relations selon Alexandra, car le soutien entre collègues et l’échange d’information se faisaient malgré un appauvrissement du climat de travail. Cet appauvrissement était dû à la

restructuration. L’organisation subissait de grands bouleversements

organisationnels et technologiques. La relation avec sa supérieure immédiate était excellente, mais les cadres supérieurs signifiaient leur insatisfaction auprès du personnel provoquant un climat tendu.

1.4.5 L’expérience sur le plan contextuel

Alexandra évoque les éléments contextuels générant une démotivation telle que le manque de compréhension de la part des cadres supérieurs, l’approche déshumanisante dans la restructuration et le conflit de valeurs entre les nouvelles valeurs institutionnelles et les siennes.