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5. L A COLLECTE DES DONNÉES

5.3 Le déroulement de la recherche

Cette recherche a été réalisée en six temps répartis sur une période de sept mois.

Le premier temps a porté sur la circonscription du terrain de recherche mentionnée à la section précédente, voire de l’échantillon de l’étude. Cette dernière s’est déroulée pendant les mois de décembre 2013 et janvier 2014. Elle comprend aussi les courriels et les formulaires qui ont été envoyés aux organisations (annexe 1) et aux praticiennes et aux praticiens en santé mentale et en relations humaines (annexe 2).

Des treize gestionnaires contactés, aucun n’a répondu positivement à l’invitation à participer à la recherche. Les gestionnaires étaient tous navrés de décliner cette invitation prétextant un manque de temps, une période peu propice ou un malaise quant au ciblage des individus potentiels. Certains gestionnaires plus loquaces évoquaient leur crainte de démasquer des individus par leur état. Cette situation les rendait inconfortables comme si on leur demandait d’apposer des étiquettes sur certains membres de leur équipe de travail. Ces propos se rapprochent de la crainte de stigmatiser des individus par rapport à un groupe. On peut penser ici que les gestionnaires ont préféré garder le silence plutôt que de dénoncer une situation nuisible

et contreproductive. Il est à noter que les raisons avancées par ces gestionnaires pour ne pas participer à cette recherche correspondent, dans une large mesure à celles initialement recueillies par Lamarche (2006). Par ailleurs, dans la foulée des observations de Limoges (2001), il y a lieu de se demander si ces gestionnaires ne craignaient pas une forme de boomerang et de devenir des arroseurs arrosés ?

Sur quinze praticiennes et praticiens contactés, dix ont répondu défavorablement à l’appel. Ceux-ci se sont désistés de l’étude émettant des raisons telles que le manque de temps et la surcharge de travail que la participation à cette recherche leur exigerait. Ils ont aussi émis une crainte face à l’objet de recherche. Pour eux, participer à cette étude serait l’équivalent d’un suicide professionnel si leurs clients venaient à connaître le véritable but de l’étude. Encore ici, il y a la présence d’une peur de stigmatiser des individus, voire de se stigmatiser soi-même.

En résumé, la circonscription du terrain de recherche ne s’est pas déroulée comme prévu, car le recrutement de volontaires a été fait uniquement par cinq praticiennes et praticiens en santé mentale et en relations humaines de la région de la Montérégie. Les organisations sélectionnées et sollicitées par les critères de sélection, soit celles du domaine de la haute technologie en raison de l’introduction continuelle de nouveaux produits et de leur service en recherche et développement (de Grip et van Loo, 2002) ou celles des organisations syndiquées pour l’aspect de l’ancienneté et de la sécurité d’emploi créant des conditions d’émergence d’une routine (Limoges, 2001) ont décliné l’invitation qui leur avait été adressée.

Le deuxième temps s’est déroulé en février 2014 et a porté sur la demande d’évaluation éthique qui fut déposée au comité d’éthique de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. Le certificat d’éthique obtenu en avril 2014 est présenté à l’annexe 8. Afin de respecter les normes d’éthique impliquant la participation d’individus, ce certificat stipule que les informations recueillies doivent être strictement confidentielles et ne peuvent être directement reliées aux sujets. Pour ce faire, l’utilisation de pseudonymes dans la transcription et l’analyse des données qualitatives recueillies en entretien est recommandée. Les enregistrements sous forme audio ont été utilisés dans un seul usage, soit la transcription des données. La transcription des entretiens a été rigoureusement effectuée en raturant toute information pouvant mener à l’identification des sujets. D’une part, le matériau de l’étude a été conservé sous clé

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dans des fichiers numériques protégés par des mots de passe ou dans le bureau de la doctorante. Et d’autre part, l’accès au matériau a été réservé exclusivement à la doctorante et à l’équipe de recherche. Pour terminer, les données seront détruites au plus tard quatre ans après la soutenance de la thèse et auront un seul usage qui vise l’utilité de cette étude.

Le troisième temps a consisté à valider le guide d’entretien semi-dirigé afin de s’assurer de sa capacité à obtenir les informations nécessaires pour atteindre notre objectif de recherche.

Le quatrième temps a servi à sélectionner les sujets à l’échantillon. La lettre d’information, adressée aux répondantes et répondants au début de la recherche, contenait des renseignements (objectifs et déroulement) sur la recherche et fut accompagnée des formulaires de consentement. De plus, des renseignements ont été communiqués aux sujets par téléphone lors des prises de rendez-vous pour les entretiens semi-dirigés. D’autres détails furent également fournis au début de la rencontre notamment la durée approximative de l’entretien, la possibilité que l’étude requière des entretiens supplémentaires et la chance d’obtenir les résultats de l’étude.

Le cinquième temps a permis de faire une prévalidation du guide d’entretien semi-dirigé auprès du premier sujet à l’étude. Une attention particulière a été portée sur la compréhension des termes et des questions afin de vérifier leur clarté. En plus, la directionnalité recherchée par les questions a permis d’être vérifiée par le contenu des réponses du sujet. Après avoir fait l’analyse de la prévalidation, les autres entretiens furent poursuivis en gardant le même format étant donné l’accueil positif lors de l’entretien semi-dirigé. De plus, cette prévalidation a permis à la doctorante de se familiariser avec le format de l’entretien afin de trouver une aisance autant dans la formulation des questions que dans la juste part entre l’empathie, le respect et le sens critique (Imbert, 2010).

Le sixième temps a consisté à la réalisation des entretiens semi-dirigés. Ils se sont déroulés hors des milieux de travail des sujets dans un endroit assurant la confidentialité des échanges. Ils ont eu lieu sur une période s’échelonnant de juin 2014 à juillet 2014. La durée des entretiens était de 90 à 120 minutes. Les échanges ont été enregistrés à l’aide d’un support audio. Les sujets ont été interviewés une seule fois.

À la fin de chacun des entretiens, les sujets étaient informés qu’ils pourraient éventuellement obtenir les résultats de la recherche. En terminant, les sujets ont été remerciés de s’être déplacés et d’avoir accepté de partager leur expérience dans le cadre de cette recherche. Les sujets ont mentionné s’être sentis libérées ou plus légers après leur entretien. D’ailleurs, certains ont fait part par courriel des bienfaits de l’entretien sur leur vie.