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qui a travaillé sur la validité de sa traduction est celle d’Haddad et al. (2013b) (qui par ailleurs l’ont traduite en français). Récemment, une échelle de 0 à 100 a également été validée scientifiquement pour mesurer les RPE dans des sports collectifs (Scott et al., 2013b). D’un point de vue purement pratique, les RPE ont besoin d’être mesurés au moins 30 minutes après la fin de l’exercice afin que les évaluations du joueur ne prennent pas en compte uniquement la dernière intensité ressentie mais bien tout l’entraînement/le match dans son ensemble (Foster, 1998; Foster et al., 2001; Impellizzeri et al., 2004). Les scores des RPE sont multipliés par la durée de l’effort dans le but d’obtenir une mesure globale de la charge ressentie qui peut être appelée sRPE ou RPE-TL (de « training load », charge d’entraînement, en anglais) (Foster et al., 1995; Foster, 1998). sRPE a été validé scientifiquement, rapporté comme un outil pratique et une méthode efficace à coût réduit dans la quantification de la charge interne du joueur de football (Impellizzeri et al., 2004, Haddad et al. 2014) et est l’un des marqueurs les plus utilisés dans la littérature pour relier la charge de travail, en sport, à l’apparition des blessures et des maladies (Drew & Finch, 2016).

Tableau 6. Différentes variables corrélées aux RPE dans la pratique du football. Variables

Niveau de corrélation (r)

avec les RPE

Contexte de pratique Types de joueurs Références

FC à l’exercice 0,71 7 semaines compétitives Jeunes U18 Impellizzerri et

al., 2004

% FC maximale 0,60 Une saison entière

d’entraînements Adultes amateurs

Coutts et al., 2009

Méthode d’Edward

0,57 4 mois d’entraînement Adultes

semi-professionnels

Casamichana et al., 2013

0,50-0,80 Une saison entière d’entraînement

Professionnels de 2ème division de

Liga

Campos-Vazquez et al., 2015

Méthode TRIMP 0,35-0,78 Une saison entière

d’entraînement Professionnels de 2ème division de Liga Campos-Vazquez et al., 2015

Lactatémie sanguine 0,63 Une saison entière

d’entraînements Adultes amateurs

Coutts et al., 2009

Test sur Vitesse de

course à 3mmol.L-1 -(0,30-0,45)

Gains physiques entre la pré-saison et 2 mois plus

tard Jeunes professionnels Arcos et al., 2015 Test CMJ -(0,20-0,44)

Test de sprint sur

15m -(0,15-0,49)

DTP 0,74 4 mois d’entraînements Adultes semi

professionnels Casamichana et al., 2013 Courses à HI 0,61 38 semaines d’entraînement Professionnels de Premier League Gaudino et al., 2015 Accélérations 0,63

En football, les RPE ont été corrélés avec différents indicateurs physiologiques, avec des variations de performances physiques et avec l’activité physique en match et à

l’entraînement (tableau 6). Certains auteurs ont proposé de séparer les RPE d’ordre

musculaire et les RPE d’ordre respiratoire. Ils ont montré que le temps de jeu en match influençait ces deux variables, entre les joueurs qui avaient joué moins de 45min qui reportaient des hautes valeurs de RPE respiratoires, et ceux qui avaient joué plus de 45min, des hautes RPE musculaires (Los Arcos et al., 2016). Ils ont également montré que des hautes RPE musculaires étaient associées à des hautes charges d’entraînement, plus que les RPE respiratoires (Arcos et al., 2015). En établissant les moyennes de sRPE, des sessions d’entraînement étaient, par exemple, de 321 ± 23 unités arbitraires (U.A) chez des joueurs professionnels coréens (Jeong et al., 2011), 462 ± 238 U.A chez des semi-professionnels espagnols (Casamichana et al., 2013) et 447 ± 209 U.A chez des professionnels anglais (Malone et al., 2015). En établissant les moyennes des entraînements et des matchs, ces auteurs ont montré que des joueurs professionnels italiens montaient jusqu’à 644 ± 224 U.A leur sRPE (Manzi et al., 2013). Car l’effort perçu par le joueur de football pendant le match est évalué bien plus haut que lors des entraînements (Wrigley et al., 2012 ; Thorpe et al., 2016). En effet, certaines sessions d’entraînement sont dédiées à la récupération active ou au travail technique à basse intensité, alors que le match est toujours à intensité très élevée. Les sRPE hebdomadaires ont été reportés aux alentours de 2500 A.U en période compétitive dans plusieurs équipes de football (Bangsbo et al., 2006 ; Kelly & Coutts, 2007) alors que Coutts et al. (2008) ont suggéré que la charge hebdomadaire devrait se trouver entre 1900 et 2100 U.A pour envisager de répéter des performances dans la durée en football. Des disparités existeront systématiquement entre différentes équipes de football sur ce genre de quantification globale de la charge de l’effort perçu puisque le style de jeu, les philosophies d’entraînement et donc, les contenus d’entraînement diffèrent énormément d’un continent, d’un pays et d’un club à l’autre à travers le monde (Coutts et al., 2008). De plus, les sRPE présenteraient de hauts niveaux de variabilités durant toute une saison et seraient affectés par des facteurs contextuels comme le niveau de l’adversaire ou le lieu du match (Brito et al., 2016), ce qui renforcerait encore davantage les éventuelles disparités évoquées d’une équipe à l’autre.

En lien avec les blessures, une augmentation de sRPE a été observée la semaine qui précédait l’apparition d’une blessure chez des jeunes joueurs de haut niveau (Brink et al., 2010). Une étude plus récente a reporté qu’un ratio de la charge aigüe/chronique, qui est le ratio de la charge entre l’actuelle semaine d’entraînement (aigüe) et la moyenne des trois dernières semaines (chronique), entre 1 et 1,25 prévenait des risques de blessures bas chez des joueurs professionnels (Malone et al., 2017). De plus, quand aucun marqueur objectif n’était influencé par un calendrier d’enchaînement de matchs (2 ou 3 matchs / semaine vs. 1) (Carling et al., 2015), seuls des RPE plus élevés, des niveaux de récupération perçue plus bas (Gjaka et al., 2016) et de plus haut taux de blessure (Dellal et al., 2015a ; Carling et al., 2016) étaient reportés en football de haut niveau. Les résultats combinés des différents rapports de la littérature mettent en avant des liens étroits entre les RPE et l’apparition des blessures en football de haut niveau, ce qui rend une telle méthode de suivi indéniablement pertinente.

Photo 5. Joueur qui remplit son questionnaire RPE quotidien sur tablette.

Bien qu’il ait été reporté que les RPE ne soient utilisés que par 68% des clubs de football professionnels (Akenhead & Nassis, 2016), toutes les observations combinées donnent un aperçu convergent de la pertinence à utiliser les RPE dans le processus de suivi du joueur de football. Les RPE sont valides et fiables scientifiquement, quand ils sont reliés à la fois à des indicateurs de charge interne et externe et à l’apparition des blessures (Haddad et al., 2014). Peu de marqueurs peuvent prétendre avoir de telles associations aussi complètes. Il est important de noter que les évaluations de RPE utilisées dans la littérature sont celles de l’intensité de l’effort perçu par les joueurs, qui est assez différente de celle que pourraient percevoir les entraîneurs, qui la sous-estiment légèrement (Brink et al., 2014). Notons toutefois une limite importante à l’utilisation de l’outil RPE, car il s’agit d’une évaluation subjective. En effet, il est indispensable que tous les acteurs de son utilisation (joueurs et staff) soient impliqués à 100% dans ce dispositif avec des relations de confiance solides. Car certains joueurs pourraient tenter d’utiliser des fausses évaluations pour essayer de masquer ou au contraire simuler la fatigue par exemple, et en tirer un quelconque intérêt. Pour utiliser les sRPE avec de nouveaux joueurs, il est essentiel aux membres d’un staff de prendre le temps de briefer et communiquer auprès de ces joueurs sur les intérêts et les objectifs de chacun à utiliser un tel outil d’évaluation subjective au jour le jour.

Tableau 7. Echelles de bien-être (Hooper et al., 1995) et de RPE (Foster et al., 1996).