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Dans le football professionnel moderne, les joueurs doivent être capables de participer, en moyenne, à une cinquantaine de matchs par saison en participant à des périodes d’enchaînement de matchs tous les trois-quatre jours à plusieurs reprises dans l’année (Strudwick, 2012). Les périodes d’enchaînement de matchs se produisent particulièrement au très haut niveau, où les équipes participent aux compétitions internationales (ligue des Champions) en milieu de semaine, en plus des matchs de championnat national les week-ends (tableau 9). Les premières études de l’effet de ces enchaînements sur la performance en match datent d’un peu plus d’une dizaine d’années avec l’étude de l’impact de ce rythme de matchs sur le bien-être des joueurs, le taux de blessures, et la préparation à une grande compétition internationale comme un Euro (Ekstrand et al., 2004). Dès lors, toutes les études menées ont montré qu’aucun changement dans l’activité physique à HI ne se produisait malgré l’enchaînement des matchs, durant deux voire plusieurs matchs d’affilée (Rey et al., 2010 ; Dupont et al., 2010 ; Lago-Peñas et al., 2011 ; Carling et al., 2011 ; Folgado et al., 2015 ; Dellal et al., 2015a). L’activité technique en match ne serait pas non plus affectée par ces enchaînements de matchs (Dellal et al., 2015a), même sur trois matchs en sept jours chez des milieux de terrain professionnels (Carling & Dupont, 2011). En revanche, d’un point de vue tactique, une baisse des niveaux de synchronisation sur les déplacements entre coéquipiers a été observée lors d’un enchaînement de plusieurs matchs rapprochés (Folgado et al., 2015). Si aucune variation des performances physiques n’a été observée pendant les matchs, une étude s’est penchée sur l’après match en testant les facultés de sprint, de saut et de répétitions d’exercices intenses, sans non plus trouver de variations significatives en fonction du nombre de matchs joués par semaine (Rollo et al., 2014). D’un point de vue plus global, le nombre de blessures pendant les périodes observées ne semblerait pas non plus affecté (Carling et al., 2011). De telles observations ont été justifiées par l’utilisation des moyens de récupération d’après-match (e.g. massages, bains froids, nutrition/hydratation adaptée, etc.), la possibilité des équipes de faire tourner l’effectif sur le terrain et l’adaptation des charges de travail aux entraînements (Carling et al., 2015). Mais si aucun impact n’a été observé pendant les matchs, et pendant les périodes observées, il n’en est pas de même pour les périodes qui suivaient ces enchaînements. En effet, Ekstrand et al. (2004) ont observé que les joueurs ayant effectué le plus de matchs pendant une saison, étaient ceux qui étaient le moins performant et ceux qui se blessaient le plus pendant le grand championnat international qui suivait la saison (un Euro dans leur étude). Le taux de blessures a également été observé comme étant croissant dans les périodes qui suivaient les enchaînements de matchs observés par Dellal et al. (2015a) en Ligue 1. Ainsi, il semblerait qu’une certaine forme de fatigue accumulée apparaisse, avec un impact important notamment sur le taux de blessure. Une seule étude s’est récemment penchée sur les incidences physiologiques de trois matchs joués en sept jours. Les niveaux de CK étaient significativement plus élevés après le deuxième match, joué trois jours après le premier, qu’après le troisième match, qui lui était joué quatre jours plus tard (Mohr et al., 2016). De telles observations ont ouvert des perspectives assez larges dans l’étude des influences de tels contextes de matchs rapprochés sur les incidences physiologiques d’après-match, y compris pendant les jours qui suivent.

Tableau 9. Exemple d’une période d’enchaînement de matchs rapprochés avec 10 matchs joués par l’OGC Nice entre le 20/11/2016 et le 21/12/2016.

Des cas particuliers d’enchaînements de matchs ont également été analysés lors de tournois pour jeunes joueurs. Arruda et al. (2015) ont observé que les distances parcourues à différentes intensités n’étaient pas influencées par l’enchaînement de cinq matchs de 2 x 25 min, en trois jours, mais que la capacité d’Accel (en nombre par minute) était significativement meilleure lors du premier match. Dans le même sens, Moreira et al. (2016) n’ont observé aucune variation de l’activité physique et de l’activité technique de jeunes joueurs lors de sept matchs (matchs de 2 x 20 min) joués en sept jours et répartis en quatre matchs joués les deux premiers et trois matchs joués les deux derniers jours. En revanche, les gestes défensifs comme les tacles et les interceptions ont vu leur nombre diminuer lors des trois derniers matchs, tant pour l’équipe de référence observée dans l’étude, que pour ses adversaires respectifs (Moreira et a., 2016). Dans cette même étude, des taux de T salivaire assez bas ont été observés à la fin du deuxième jour, comme marqueur d’une certaine fatigue accumulée, malgré des évaluations de RPE inchangées (Moreira et al., 2016). Enfin, des niveaux de sIgA étaient également plus élevés en fin de deuxième et septième jours, suggérant que l’intensité et la difficulté des matchs, l’anxiété de la compétition et la pression de bien-faire pendant des matchs qui s’enchaînaient, induisaient des altérations du système immunitaire chez ces jeunes joueurs (Moreira et al., 2016). L’étude de marqueurs biologiques

reste une perspective encore ouverte de recherche sur les enchaînements de matchs dans le football de haut-niveau. La combinaison de marqueurs subjectifs de perception de l’effort et de la fatigue semble également réunir des points à prendre en compte dans de futures études sur le sujet (Carling et al., 2015).

Les différents facteurs d’influence sont déterminants dans la pratique et l’analyse des performances et des incidences physiologiques propres à un match de football, qu’ils soient liés aux conditions extérieures (température, humidité, altitude), au contexte de la compétition (heure, domicile vs. extérieur, type de stade, adversaire, importance du match, stratégies et tactiques adoptées, évolution du score, calendrier de matchs enchaînés) ou que ces différents facteurs d’influence soient directement liés aux joueurs (chronobiologie). Il est important de rappeler qu’ils peuvent cependant avoir des effets différents sur les joueurs et les équipes en fonction des styles de jeu adoptés (Barnett & Hilditch, 1993; Bloomfield, et al., 2005; Clarke & Norman, 1995; Lago, 2009). L’étude de ces facteurs d’influence offre de nombreuses perspectives d’approfondissement des connaissances de leurs niveaux d’impact et de la manière dont ils agissent en interaction. Bien connaître les différents aspects de chacun de ces facteurs d’influence permettrait aux personnes impliquées dans les staffs techniques et les staffs médicaux une préparation à la performance (e.g. entraînement, récupération, soins, analyses) optimisée.

La durée d’un match (e.g. 90 minutes), les variations d’intensités (e.g. ~3500m en marchant/trottinant, ~900m en courant à basse intensité, ~600m en courant à intensité modérée, ~450m à haute intensité, ~150m à très haute intensité et ~120m aux intensités maximales de sprint (Castellano et al., 2011b)), la répétition des efforts à très haute intensité (e.g. ~35 sprints (Di Salvo et al., 2009)), la caractéristique des déplacements (e.g. accélérations, décélérations, changements de direction, courses en avant, en arrière, courses latérales) et tous les facteurs contextuels et environnementaux (e.g la température, le taux d’humidité, l’heure de la journée, le lieu, l’altitude, les choix tactiques, l’importance du match, l’adversaire, l’évolution du score, le niveau de jeu) ont une incidence sur les réactions physiologiques des joueurs de haut niveau. Ces incidences physiologiques concernent principalement les processus inflammatoires de l’organisme liés à l’effort : les dommages musculaires (CK, LDH), le stress oxydatif (AU, protéines carbonyles, statut antioxydant) et les réactions immunitaires (IgA, IgC, IgM, leucocytes, cytokines, cortisol, testostérone) mais également tous les mécanismes liés à la fourniture d’énergie. De plus, il a été démontré à plusieurs reprises que les composants de la performance en football variaient significativement en fonction des postes de jeu, en lien direct avec leurs différents rôles tactiques au sein de l’équipe (Dellal, 2008).

Le football moderne impose aux équipes de haut niveau de réaliser un grand nombre de matchs officiels chaque saison, en raison de leur participation à différentes compétitions de manière simultanée (e.g. championnat national, coupes nationales, compétitions internationale comme la Ligue des Champions). Les joueurs au plus haut-niveau peuvent également être amenés à participer aux matchs de leur équipe nationale pendant les trêves prévues à cet effet. Ainsi, afin que les équipes puissent réaliser la totalité des matchs d’un calendrier sportif, il leur est régulièrement imposé des périodes où la fréquence des matchs augmente jusqu’à s’enchaîner durant certaines périodes tous les trois à quatre jours. L’étude de l’influence de ces matchs rapprochés sur les composants de la performance, de la charge induite et sur les incidences physiologiques des joueurs de football de haut niveau apporterait de nouvelles connaissances primordiales aux professionnels impliqués dans la préparation et l’entraînement d’une équipe au quotidien.

L’étude des efforts aux plus hautes intensités ainsi que l’étude des profils d’accélération dans la performance en football présentent un intérêt majeur. Cependant, aucune recherche n’a étudié l’effet de ces enchaînements de matchs sur l’activité physique calibrée précisément aux intensités proches des vitesses maximales atteintes pendant le match, ainsi que sur les différentes catégories d’accélération/décélération. De plus, aucune étude ne s’est non plus penchée sur l’effet des calendriers de matchs rapprochés sur les réactions physiologiques et leurs cinétiques d’après-match en lien direct avec les capacités de récupération. L’objectif de la présente thèse est donc de déterminer l’impact physique et

CHAPITRE V. SYNTHÈSES, PROBLÉMATIQUES