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Plusieurs classifications ont été proposées pour définir le « niveau » d’une équipe par rapport à une autre. Lors des tournois, il y aurait les équipes qui « réussissent » et celles qui « échouent » ; et dans les championnats, les équipes seraient différenciées par leur classement de fin de saison selon celles qui sont dites « (plus) fortes » et celles qui sont dites « (plus)

faibles » (Taylor et al., 2008). Lago et al. (2010) ont, eux, défini la qualité de l’opposition comme la différence dans le classement final entre l’équipe de référence et son adversaire. Le niveau de l’adversaire va ainsi influencer plusieurs marqueurs de performance d’une équipe en plein match. De nombreux auteurs ont montré que le fait de jouer face à un adversaire plus fort augmentait les DTP et les distances à basse intensité, courues ou marchées (<14 km.h-1) (Mohr et al., 2003 ; Rampinini et al., 2007b, 2009 ; Lago et al., 2010 ; Castellano et al., 2011 ; Hewitt et al., 2014). Concernant les HI (14-17 km.h-1) et THI (17-21 km.h-1), des auteurs ont montré qu’elles augmentaient également avec la qualité de l’adversaire (Rampinini et al., 2007b ; Castellano et al., 2011 ; Folgado et al., 2014). Lors d’une compétition internationale comme la coupe du monde de football, la tendance se confirmerait avec des vitesses moyennes de courses marginalement plus élevées face à des équipes avec un meilleur classement FIFA (Casamichana & Castellano, 2014). En revanche il existe un consensus dans la littérature puisque d’autres auteurs ont observé des courses à HI réduites face à des adversaires plus forts chez des internationales féminines (Hewitt et al., 2014) et aucune variation en fonction de l’adversaire sur les courses à HI et THI lors de matchs de championnat de Liga espagnole (Lago et al., 2010). Les différences pourraient sans doute s’expliquer par la nature des matchs et du contexte compétitif de chaque investigation. Hewitt et al. (2014) ont observé des matchs internationaux amicaux, Lago et al. (2010) des matchs de championnats espagnols et Casamichana & Castellano (2014) des matchs de coupes du monde FIFA. Aucune étude à ce jour n’a étudié l’influence des différents types de compétition sur toutes ces variables. De plus, les variables situationnelles (conditions climatiques, lieu, contexte, etc.) qui jouent en interaction les unes avec les autres, font du football un sport extrêmement complexe influencé par de multiples facteurs (James et al., 2002) et qui demande une analyse extrêmement précise et limitée par ces interactions permanentes.

Des variations de l’activité physique en match peuvent être dues : soit à une adaptation tactique, qui indiquerait que les joueurs sont capables de s’adapter à l’opposition de l’équipe adverse et au contexte du match ; soit à une apparition de fatigue. Lago-Peñas (2012) a suggéré que l’augmentation des courses à basses intensités reflétait une hausse de fatigue qui se traduisait par une augmentation du besoin de récupérer. Dans le même temps, il pourrait être suggéré que l’augmentation de l’activité physique générale face à un adversaire plus fort serait une adaptation sur le terrain visant à équilibrer les débats, voir à inverser la tendance. Car le fait de jouer face à un adversaire plus fort ne se découvre pas sur le terrain pendant le match, mais relève bien de la préparation en amont, que ce soit d’un point de vue tactique, physique, voire même psychologique. Il a été montré que le niveau de T d’avant-match serait influencé par le degré de rivalité de l’équipe adverse (Neave & Wolfson, 2003). Ainsi, face une équipe « extrêmement » rivale, les joueurs auraient des niveaux de T salivaire bien plus élevés que face à des équipes dites « modérément » rivales (Neave & Wolfson, 2003). Ces différences hormonales pourraient être la conséquence d’une préparation psychologique et d’un conditionnement d’avant-match qui, dans le cas du niveau de rivalité, dépend fortement de l’adversaire. Dans cette même étude, les auteurs ont également observé les effets combinés du lieu (domicile vs. extérieur) et de la rivalité (extrême vs. modérée) et ont montré que l’interaction du match à domicile face à des rivaux extrêmes augmentait

encore davantage les niveaux de T (Neave & Wolfson, 2003). De nombreuses études ont montré des différences significatives en fonction du niveau des équipes dans les performances sur sprint (Urhausen et al., 1998 ; Cometti et al., 2001), sur sauts (Arnason et al., 2004) et sur des relevés de lactatémie plus élevés en match (Stolen et al., 2005) notamment, indiquant qu’un meilleur niveau de jeu impliquerait une meilleure condition physique.

L’activité physique n’est pas la seule à être influencée par le niveau de jeu d’une équipe et son adversaire. Certains aspects technico-tactiques sont également impactés. Rampinini et al. (2009) ont observé un plus grand nombre de passes courtes, de passes courtes réussies, de tacles, de dribbles, de tirs et de tirs cadrés pour les meilleures équipes. Lors d’un Euro, les meilleures équipes auraient tendance à effectuer davantage d’attaques en possession (vs. en jeu direct) avec des indicateurs de nombre de passes et de corners plus élevés (Sgro et al., 2016). Ces données ont également été observées en matchs de ligue des Champions (Liu et al., 2015). Il a également été montré qu’en jouant face à un adversaire d’un niveau inférieur, la possession de balle serait meilleure (Lago & Martin, 2007 ; Bradley et al., 2014), et, de façon similaire, serait moins importante face à un adversaire d’un niveau supérieur (Lago, 2009). Cet impact sur la possession de balle varie en interaction avec le lieu du match puisque jouer à l’extérieur contre une équipe plus faible augmenterait la possession de balle par rapport à un match à domicile face au même adversaire (Lago, 2009). Taylor et al. (2008) ont montré que face à un adversaire plus fort, le nombre de passes avait tendance à augmenter et le nombre de dribble à baisser. De telles observations montrent que les stratégies de conservation du ballon changent en fonction de l’adversaire (Jones et al., 2004 ; Lago & Martin, 2007 ; Taylor et al., 2008). Almeida et al. (2014) ont montré que la qualité de l’opposition, en ligue des Champions, influençait également la façon dont l’équipe récupérait le ballon. Ainsi en jouant face à une équipe de même niveau, l’efficacité pour récupérer le ballon en taclant serait meilleure que face à une équipe d’un niveau supérieur. Dans le même temps, leurs analyses ont montré que les stratégies défensives adoptées face à des équipes plus faibles ou de même niveau résidaient dans la capacité à forcer l’adversaire à jouer sans intention de garder la possession, en le poussant à commettre des erreurs (Almeida et al., 2014). Une récente étude n’a pas montré de différence dans les performances techniques d’une équipe durant deux saisons après une montée en division supérieure (Morgans et al., 2015). Les perspectives de nouvelles études dans ce sens sont nombreuses. En effet, dans l’étude en question, une seule équipe réalisait les mêmes performances techniques dans deux divisions différentes, sans que pour autant ce ne soit le cas pour toutes les équipes engagées dans ces deux divisions. D’autant que les joueurs avec un plus haut niveau d’expertise ont une plus grande habileté à prendre la bonne décision technique en lien avec la situation tactique (Diaz del Campo et al., 2011). En interaction avec le score du match, l’équipe la plus faible qui mènerait au score se contenterait de stratégies défensives « passives », en attendant l’erreur de l’adversaire, alors que les meilleures équipes, même en menant ou en cas de nul (i.e. d’égalité), auraient une attitude défensive plus « active » en tentant des gestes défensifs (tacles et interceptions) pour récupérer le ballon (Pratas et al., 2012 ; Ruiz-Ruiz et al., 2013 ; Almeida et al., 2014). En interaction avec le lieu du match, les équipes les plus fortes, à domicile, seraient encore plus efficaces défensivement, en récupérant autant de ballons au

total, mais moins sur des interventions du gardien de but (Almeida et al., 2014). En revanche, l’avantage du match à domicile lié aux conditions météorologiques chaudes et humides, auxquelles les locaux seraient habitués, serait légèrement réduit lors de l’accueil d’une équipe plus forte (Brocherie et al., 2015). Le niveau de jeu et la qualité de l’adversaire sont donc des facteurs à prendre en compte dans l’analyse des données, tant physiques que techniques. Dans un sport où l’interaction est directe avec l’adversaire, la mise en place de certaines habitudes pourrait même servir à anticiper des comportements à éviter. La préparation psychologique d’avant-match aurait ici un rôle important à jouer.