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Maresh, 1998). En football, des températures du muscle du quadriceps ont été observées jusqu’à 40°C pour certains joueurs (Mohr et al., 2010), alors que même dans des environnements tempérés, les températures corporelles initiales pourraient atteindre 39-39,5°C, avec des individualités au-delà de 40°C (Ekblom, 1986 ; Mohr et al., 2004). La combinaison des effets de ces augmentations de température, en plus de la fatigue, induirait une diminution des DTP et des courses à HI en deuxième mi-temps de matchs de football et une réduction dans la capacité à répéter des sprints (Mohr et al., 2003). Ce problème s’aggraverait dans des conditions extérieures où le vent serait réduit et/ou le taux d’humidité importante, imposant au corps l’activation d’autres mécanismes physiologiques (plus fatiguant) pour réussir à évacuer la chaleur, la transpiration devenant compromise (Brewer & Warren, 2014). Il est important de noter que les risques d’hyperthermie existerait au-dessus de 22°C, mais pas en dessous (Grantham et al., 2010). Dans ce sens, Carling et al. (2011) ont observé une diminution des DTP par les milieux de terrain, en match, quand les températures excédaient 21°C. Ils ont également observé une diminution des courses à HI dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps (>21°C vs. <5°C). Plus généralement, Konefal et al. (2014) ont observé que de très hautes températures extérieures (>28°C) réduisaient l’activité à MI (11-14 km.h-1) et HI (>14 km.h-1), quand des hauts niveaux d’humidité supérieurs à 60% réduisaient l’activité à MI, et que la combinaison des deux réduisait le nombre total de sprints. D’ailleurs, en dessous de 60% d’humidité, il n’y aurait aucun effet sur le confort « thermique » (Hensen, 1990). Des diminutions de l’activité physique à HI, sous des hautes températures semblables (>30°C), ont également été observées dans d’autres études, en deuxième mi-temps et en lien avec des pertes hydriques >2% de la masse corporelle d’avant-match (Mohr et al., 2010 ; Ozgunen et al., 2010). Les courses à MI et/ou BI réduites en d’avant-match seraient sans doute une stratégie (volontaire ou non) des joueurs pour se préserver et réserver leur énergie pour les courses à THI sous des conditions extrêmes (Aughey et al., 2014). La fatigue d’après-match serait donc plus élevée après un match sous des conditions chaudes (vs. conditions normales) (Mohr et al., 2010), mais les adaptations physiologiques induites pourraient varier d’un individu à un autre (Ozgunen et al., 2010).

Si des conditions extérieures extrêmes augmentent la température corporelle et la sudation, d’autres mécanismes physiologiques d’adaptation permettraient au corps de réduire la chaleur, de réduire le stress thermique et de réduire ainsi la fatigue induite par ces mécanismes (Nybo, 2008). En effet, une période d’acclimatation à des conditions extrêmes permettrait d’atténuer l’effort physiologique (Racinais et al., 2015). Le fait de s’entraîner sous une chaleur sèche ou humide permettrait d’ailleurs d’améliorer son activité physique dans ces deux conditions. Néanmoins, l’acclimatation à une chaleur humide aurait pour conséquence d’augmenter la température de la peau et d’altérer certaines adaptations circulatoires, en comparaison aux conditions plus sèches. Ces différences seraient sans doute liées à l’augmentation du niveau maximal d’humidité de la peau et donc de son niveau maximal d’évaporation de la chaleur (Racinais et al., 2015). L’importance de l’acclimatation a également permis d’observer un net avantage aux locaux de pays du Golfe en accueillant des joueurs qui n’étaient pas de la région (Brocherie et al., 2015). Les marqueurs impactés par l’acclimatation de joueurs de football à la chaleur sont nombreux, et leur suivi permettrait d’individualiser et de gérer les différences interindividuelles. Ainsi, la FC, la quantité de sueur, le taux de sodium sudoral, la température corporelle et le volume plasmatique varieraient différemment d’un joueur à un autre (Racinais et al., 2015). Le rôle du volume plasmatique reste encore débattu dans la littérature mais il a été observé que les variations d’hématocrite lors d’un test sous la chaleur, après une courte période d’acclimatation, sont corrélées avec la performance physique individuelle réalisée (Racinais et al 2012). Le volume plasmatique serait donc un indicateur pertinent, même si ses variations ne sont pas liées directement aux mécanismes qui améliorent les performances physiques par temps chaud (Racinais et al., 2015). D’un point de vue des performances d’ordres cognitives, une étude a montré que des liens existaient avec le glucose plasmatique et la température corporelle. En effet, une corrélation de 50% a été observée entre ces deux marqueurs lors d’un exercice (tests cognitifs sur ordinateur) sous la chaleur (Bandelow et al., 2010). Le glucose plasmatique permettrait une augmentation de la vitesse de la réponse, et une diminution de sa précision, quand la température aurait des conséquences inverses. Ainsi, les effets combinés du glucose plasmatique et de la température corporelle auraient eu comme conséquence d’au moins maintenir les performances cognitives en condition de chaleur (Bandelow et al., 2010). Cependant, il serait intéressant d’observer les effets d’un exercice prolongé, à l’image d’un match de football entier, sur de tels marqueurs et ainsi observer jusqu’à quel point la performance cognitive reste inchangée. D’autres facteurs tels que la déshydratation et l’hyperthermie seraient également susceptibles de contribuer au développement de la fatigue pendant un match de football (Magal et al., 2003 ; Reilly, 1997). Il a été reporté que des joueurs de football perdaient jusqu’à 3 litres de liquides pendant un match dans des conditions tempérées, et pas loin de 4-5 litres dans des conditions chaudes et humides (Bangsbo, 1994 ; Reilly, 1997), et il a été observé que les performances sur 5m et 10m sprintés sont diminuées en état de sous-hydratation équivalent à la perte de 2.7% du poids du corps (Magal et al., 2003). Cependant, dans l’étude de Krustrup et al. (2006), une réduction significative de la performance sur sprint était observée bien que les joueurs n’aient seulement perdu que 1% de leur poids du corps. Aucun effet n’était observé sur la température corporelle ou musculaire dans une autre étude qui observait les mêmes pertes hydriques (Mohr et al., 2004). Ainsi, les pertes hydriques ne seraient pas systématiquement

un facteur important de la réduction de la performance observée en fin de match (Bangsbo et al., 2006). Cependant, aucune étude n’a encore montré de lien entre les pertes hydriques lors d’un match de football, et l’éventuelle baisse de performance, d’activité physique ou l’apparition prématurée de la fatigue pendant un match de football.

ii) Conditions froides

La chaleur et l’humidité ont une incidence sur la fatigue et la performance, mais aucun impact n’a été observé sur l’activité physique en match sous des températures plus basses (Carling et al., 2011 ; Link & Weber, 2017). D’ailleurs, comme décrit plus haut, c’est plutôt l’inverse qui a été observé puisque des plus grandes distances à HI dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps d’un match étaient observées en condition <5°C (vs. >21°C) sur trois saisons de Ligue 1 (Carling et al., 2011), et de plus grande DTP observées sous 13°C à -4°C (vs. >14°C) durant deux saisons de Bundesliga (Link & Weber, 2017). Il existe un consensus dans la littérature scientifique sur le sujet. En effet, il a été montré qu’une baisse de la température musculaire pouvait affecter la capacité à produire des contractions explosives et dynamiques (Nimmo, 2004) et une baisse dans la capacité à répéter les sprints (Mohr et al., 2004). Cependant, Maughan et al. (2010) ont montré que les températures extérieures idéales pour réaliser une performance optimale en vitesse et en endurance étaient situées entre 4 et 10°C. La limite des études de Carling et al. (2011) et de Link & Weber (2017) réside dans le contrôle des moyens utilisés pour augmenter la chaleur corporelle des joueurs. En effet, les échauffements d’avant-match, sont souvent plus longs quand les températures sont plus basses et peuvent comporter des exercices différents. La prise en compte également des couches de vêtements supplémentaires (sous-pulls, maillots à manches longues, gants), l’utilisation de crèmes chauffantes ou encore la mise en place de stratégies nutritives différentes, avec notamment l’ingestion de boissons chaudes. Tous ces moyens auraient sans doute permis aux joueurs de se réchauffer et de ne pas subir les éventuels méfaits des basses températures.

Des conditions météorologiques extrêmes (chaleur, humidité) ont un impact négatif sur la performance et sur la fatigue de joueurs de football. De larges recommandations ont été publiées afin que ces impacts sur la performance ne se transforment pas en impact vital (Racinais et al., 2015). Dvorak & Racinais (2010) ont décrit l’exemple des jeux olympiques de Pékin, en 2008, quand la finale de football était programmée, en plein été, à midi donc sous la chaleur, l’humidité, et sans un brin d’air. Les équipes médicales des deux équipes ont obtenu, de la part des instances du football, des accords afin de protéger un maximum les joueurs, qui encourraient des risques à jouer un match d’une telle importance sous de telles conditions. Pour rafraîchir au maximum les joueurs, toute une organisation avait été mise en place dans les vestiaires avant le match, pendant les deux mi-temps avec une pause au bout de 30 minutes de jeu, à la mi-temps et également après le match. Un bel exemple où les dirigeants d’un sport se sont mis aux services des connaissances scientifiques, pour le bien des acteurs, principalement. Ces conditions météorologiques sont donc à prendre en compte dans l’analyse de la performance, concernant la fatigue des joueurs de football, mais également pour prévenir d’éventuels problèmes liés à leur santé.