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LA CATASTROPHE DE ZOUG

Dans le document 1888 1 (Page 129-137)

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1 n'y a encore aujourd'hui clans toute la Suisse qu'un profond sentiment de douleur et de commisération en présence de l'épou-vantable désastre qui a frappé, d'une laçon si inattendue, la jolie petite ville de Zoug, le o juillet dernier. Toutes les préoccupations cessent devant une catastrophe de ce genre,, heureusement fort rare et dont on ne peut citer que quelques exemples da(\s le cours des siècles. Zoug lui-même avait déjà essuyé divers grands malheurs de ce genre.

La principale catastrophe avait eu lieu en U35.

Le 4 mars 1435, une partie de l'ancien faubourg disparut tout à coup dans le lac,, vers cinq heures du soir. Vingt-six mai-sons furent ainsi englouties. Des hommes, des femmes et des enfants périrent, au nombre de soixante environ.

On raconte que parmi les personnes qui se trouvaient dans les maisons elîondrées, une seule, un tout petit garçon, fut sauvé. Le berceau dans lequel il était couché surnagea, et, nouveau Moïse, l'enfant fut sauvé des eaux.

L'histoire a conservé son nom : Adelrich Vikart.

C'est un malhenr semblable qui vient de frapper une seconde fois la ville de Zoug.

Depuis plusieurs jours on remarquait, dans le quai nouvellement construit, des fissures assez nombreuses.

Au jour fatal, elles devenaient plus apparentes. A 2 ^/a.

heures, on vit subitement le lac bouillonner à cet endroit ; le mur se fendit prés de la maison du pêcheur Speck, une profonde crevasse se forma dans le quai et aussitôt après la partie extérieure tomba dans le lac, entraînant une bande de terrain d'environ 80 pieds de long sur 30 pieds de large.

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On s'empressa d'accourir. Six, ou huit personnes sor-tirent du café Spillmann, placé tout près. Dans le nom-bre, le tenancier lui-même, qui fut entraîné dans l'abîme.

Madame Spillmann vit la catastrophe de sa fenêtre. Aucun secours n'était possible. Les autres spectateurs purent s'écliapper à grand'peine.

Tout à coup un nouveau cracjuement se produisit.

Une hutte do pêcheurs, dont le propriétaire parvint à s'échapper, une maison habitée et une petite baraque s'enfoncèrent avec environ 40 pieds carrés de terre.

Le pont d'embarquement des bateaux fut arraché d'un seul coup et le bateau à vapeur qui s'y trouvait amarré fut lancé de 50 à 100 mètres en avant dans le lac, au moment même oîi les passagers allaient s'em-barquer.

Le pêcheur Speck et un de ses aides s'approchaient, vers 4 heures, du théâtre du sinistre, chacun avec un canot. Les deux canots furent engloutis par le tour-billon. Speck revint sur l'eau avec son canot, s'y tint cramponné et parvint à se sauver, mais son aide ne reparut pas. En même temps disparaissaient trois en-fants précipités dans le lac pendant leur sommeil.

Une femme voulut aller chercher son linge qui se trouvait dans un petit bateau à l'ancre, prés du quai.

Elle fut précipitée dans les eaux et périt.

C'est alors que les corps de sauvetage arrivèrent et formèrent un cordon pour éloigner le public. Dans trois ou quatre des maisons les plus menacées du faubourg, on sauva les meubles et le bétail. Malheureusement on crut que les autres maisons étaient à l'abri et on ne fit rien pour les évacuer. Ce travail de sauvetage dura deux heures. On chargeait les objets sauvés sur des chars et on les envoyait à Bergen, traînés par le bétail ou par des chevaux.

A 7 heures, second effondrement, bien plus grave, mais moins subit que le premier. Lentement, lentement on voit le sol descendre, les maisons se crevasser.

« Sauvez-vous ! sauvez-vous 1 crie-t-on de toutes parts.

On abandonne le sauvetage, les chars de meubles restent

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dans la rue; par-dessus les murs, les palissades des jardins, on se précipite loin du lac. Il était temps;

quinze maisons et une dizaine de baraques s'effondrent ; le Zûrcherhof, un hôtel de quatre étages, dégringole comme un château de cartes.

Les scènes qui se d.éroulèrent au cours de la catas-trophe principale sont indescriptibles. Les murs vacil-laient ainsi qu'en un tremblement de terre ; le sol se dérobait sous les pieds, et chacun, saisi d'une panique terrible, se sauvait de toute la vitesse de ses jambes.

Encore aujourd'hui, l'on voit des traces de cette fuite désordonnée ; on traversait les jardins et on brisait les balustrades en bois ou en fer.

La catastrophe a été accompagnée d'un craquement, d'un fracas, d'un mugissement des eaux que n'oublie-ront jamais ceux qui ont assisté à ce terrible spectacle.

Un épais nuage de poussière, presque noir, s'éleva dans les airs, couvrant, un moment,, comme d'un voile som-bre, la ville de Zoug si rudement éprouvée. Lorsque les survivants revinrent au bord de l'eau, et qu'ils cherchèrent à mesurer l'étendue du malheur, ils ne virent plus flotter sur la nappe liquide que des débris de toit, des poutres, des planches, des cimes d'arbre émergeant.

L'emplacement qui a disparu mesure en longueur de rive environ loO mètres; sa plus grande largeur du côté de terre est de 70 mètres; cela ressemble aune sortie de port. Tous les environs immédiats furent éva-cués, entre autres une rue entière où il y a beaucoup de vieilles maisons.

Comme le danger d'effondrement ultérieur n'était pas écarté, il avait paru prudent d'interdire certaines rues à la circulation. Un cordon militaire défendait impi-toyablement l'accès du théâtre de la catastrophe à l'im-mense foule de curieux accourus de tous côtés. L'attitude martiale de cette troupe, marchant d'un pas assuré dans les rues, relevant les postes, réagit favorablement sur la population déprimée et lui rendit quelque fermeté.

On doit même louer le courage et le sang-froid dont les

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habitants ont fait preuve aux heures les plus critiques, aïasi que le dévouement infatigable et merveilleux du corps des pompiers. Celui-ci a passé par des moments terribles, risquant de perdre la vie. Le conseil com-munal de Zoug a montré et continue de déployer beau-coup de calme et d'énergie.

D'après M. le professeur Heim, qui a été aussitôt appelé de Zurich, la catastrophe n'aurait pas été la suite de la formation de cavités souterraines, mais aurait été causée, comme jadis à Horgen, par un glissement de la vase du lac sur laquelle reposait le sol plus ferme accu-mulé dans le cours des siècles par la nature et par la main de l'homme. En même temps que la rive s'aiïais-sait, le fond du lac devait s'exhausser à une certaine distance. C'est, parait-il, ce qui a eu lieu. On raconte que des pilotis, plantés à quelque distance du rivage et qui d'ordinaire ne sont pas visibles, ont apparu soudain, au moment de la catastrophe, au-dessus de la surface de l'eau.

Pendant la nuit du 6 juillet, il y a eu de nouveaux effondrements, mais sans importance.

On n'a encore découvert que deux ou trois des onze cadavres ensevelis dans les flots.

Le nombre des maisons écroulées est de 30 ; beau-coup d'autres habitations menacent ruine et un grand nombre ont été ou vont être démolies.

Aujourd'hui (15 septembre), la somme recueillie pour les victimes s'élève à francs 331,870»72. Mais la charité publique est loin d'être épuisée et les dons continuent d'affluer de tous les points de la Suisse et de l'étranger. •

JL.» vitesse tie l'électricité.

De récentes expériences ont été faites à Washington pour déterminer la vitesse des signaux sur un fil télégra-phique. On a employé des instruments très exacts et le résultat a été de fixer la vitesse d'un point à un autre à 15,744 kilomètres par seconde, ou 944,645 kilomètres par minute. La vitesse e^t donc une fois le tour de la terre en deux secondes et demie.

V A R I É T É S

On pouvait lire dernièrement dans la chronique d'un petit journal (|ui disparaissait, ce petit chef-d'œuvre de l'orfanterie : « Nous ne cessons pas notre publication parce que nous manquions d'abonnés. Au contraire. »

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Vn maestro disait un jour: — Savez-vous quelle ilifïcrence il y a entre Suchard et un diapason? — Non.

— Suchard donne le chocolnt, et le diapason le la au choc.

* *

Deux tilletles de 7 à 8 ans faisaient la causette: — Quel âge as-tu maintenant, Louise ? — Sept ans. — Oh!

sept ans! Kn es-tu bien sûre? Les femmes se disent toujours plus jeunes qu'elles ne sont.

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•lusqu'où peut aller l'antipathie pour la musique: — Savez-vous que Liszt est mort? — Eh bien! cela fait toujours un pianiste de moins !

01) ! le malhonnête ! dira M"' F.

Le maître fait une dictée : « Le Seigneur, — virgule, * * dit l'Evangile, — virgule, — ne veut pas la mort du pécheur — à la ligne.

•k *

Certain monsieur a l'habitude de se faire passer pour Anglais chaque fois qu'il se trouve dans un endroit public. Comme on lui demandait le motif de cette ori-ginalité : — C'est, répondit-il, pour que cela me dispense d'être poli.

* *

La Société protectrice des animaux vient d'ajouter l'article suivant à ses statuts : « Quiconque aura traité son prochain d'animal, sera tenu de le proléger. »

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M. Chanemougavelayoudamolédidamodeliar vient d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur. Le gouverne-ment français a voulu à la lois récompenser un membre des plus distingués de l'Inde française, et un des plus grands noms de ce pays-là.

* *

On demandait à Liszt son opinion sur une pianiste :

— Oh 1 dit-il, ce doit être une femme charitable . . . car sa main droite ignore toujours ce que fait sa main gauche.

Denx nez illastres.

Mozart et Haydn éiaat invités à dîner, le premier, qui était un compaj^non très gai et grand amateur de Cham-pagne, dit à Haydn :

— Je parie six bouteilles de Champagne que je vais composer un morceau que vous ne jouerez pas à première vue.

— J'accepte le pari, répondit le maître en riant.

Mozart ee dirigrea vers le bureau, griffonna quelques notes et les présenta à Haydn.

Celui-ci, étonné do la facilité de la composition, se mit au piano en s'écriant :

— Mozart a une indigestion d'argent, il veut payer du Champagne.

— C'est ce que nous allons voir, répondit celui-ci en se frottant les mains.

Tout à coup, Haydn, après avoir préludé, s'arrêta.

— Gomment voulez-vous que je joue cela f s'écria-t-il ; mes deux mains doivent tenir les deux extrémités du piano, et il y a, en même temps, une note à toucher juste au milieu.

— Gela vous arrête f Eh bien ! vous allez voir, répondit Mozart en se mettant au piano.

Il prélude. Arrivé au fameux passage, Mozart, sane.

s'arrêter , touche la note du milieu en tapant avec son nez sur la touche. Tout le monde éclate de rire.

Or Haydn avait le nez camus, tandis que Mozart l'avait très long.

Haydn paya donc l'exiguïté de sa protubérance nasale avec six bouteilles de Champagne.

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