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L’utilisation des patterns en général

5 Dans les familles, cette séparation a toutefois placé la

4. ANALYSE DES DONNÉES

4.1 L’utilisation des patterns en général

Les interprétations générales des données par rapport à l’expérience globale du processus de collecte des données seront présentées en détails dans cette section. La première interprétation traitée dans la section 4.2.1—les patterns offrent un langage aux usagers, démontrera que les patterns de Christopher Alexander présentés aux participants ont grandement enrichi leur vocabulaire technique. Les participants étant des non-professionnels du domaine de l’architecture et du design d’intérieur, cette première section démontrera un enrichissement marqué du vocabulaire utilisé tout au long du parcours méthodologique de la première à la dernière étape. Par la suite, la seconde section abordera les apports d’une structure organisationnelle rigoureuse durant la période d’idéation des ateliers. Cette structure fournie par les diverses étapes organisées autour du processus des ateliers participatifs semble avoir encouragé un foisonnement d’idées créatives. Le raisonnement se basera sur une prémisse avancée par Alexander dans son ouvrage The Timeless Way of Building qui sera renforcée à l’aide de nouvelles preuves et de nouveaux exemples.

Dans la troisième section, il sera démontré que les patterns font parler les désirs des usagers grâce au phénomène d’appropriation des concepts par les participants qui a lieu lors des ateliers. Comme les patterns constituent des balises générales pour régler un problème d’aménagement, chaque participant a le pouvoir de se les approprier en proposant ses propres applications des patterns.

Finalement, le rétablissement de l’équilibre entre nature et technologie dans les cuisines modernes sera étudié. Grâce à des exemples concrets et des citations recueillis durant les ateliers, l’hypothèse selon laquelle les patterns peuvent influencer de manière positive la présence d’éléments naturels sera démontrée, tout en rappelant implicitement au lecteur la valeur de ce type de présence.

4.1.1 Les patterns enrichissent le vocabulaire des participants

Dans cette section, il sera souligné comment l’accompagnement de la chercheure, en plus des documents fournis aux participants, ont joué un rôle majeur dans la réussite des ateliers participatifs. Les patterns ainsi que leur vulgarisation par la chercheure, lors de la présentation de la banqued’images et des documents introductifs proposés en lecture, ont permis aux participants de raffiner leur vocabulaire technique et de bâtir un processus réflexif plus approfondi.

L’évolution du vocabulaire des participants a pu être observée grâce à une comparaison en trois étapes. La première étant le questionnairepréliminaire auquel les participants ont répondu avant d’être instruits sur les concepts architecturaux d’Alexander. La deuxième étape prend la forme de la retranscription exacte de la verbalisation des choix d’aménagement des plans créés. La troisième, et dernière étape, est constituée du questionnairederetoursurlesactivités que les participants ont pris soin de compléter par écrit deux semaines après la séance d’atelier. Grâce à ces informations recueillies en trois étapes, les commentaires reçus pourront être comparés afin de démontrer l’enrichissement progressif du discours des participants sur une période d’environ quatre semaines.

Les réponses fournies dans le questionnairepréliminaire sont un très bon repère pour démontrer cette évolution du vocabulaire puisque, lorsque les participants ont pris soin d’y répondre, ils n’avaient pas encore été exposés aux concepts d’Alexander. De cette façon, les participants ont répondu au questionnairepréliminaire de la manière la plus franche possible et sans être influencés par les thèmes abordés dans les patterns. Ils ont donc répondu au meilleur de leur connaissance, en tant qu’expert de leur propre milieu de vie, et selon leurs préoccupations personnelles.

Lorsque l’on recense les réponses fournies aux questions E et F du questionnairepréliminaire, qui demandent respectivement les qualités et les faiblesses de leur cuisine, on remarque que les participants mentionnent à chaque fois les thèmes suivants :

- la forme ou la grandeur de la pièce,

- les électroménagers ou le rangement, - la lumière ou la vue sur l’extérieur

- et, dans quelques cas, la décoration ou le caractère moderne ou non de la pièce.

Présentées dans tous les cas sous la forme de notes ou de très courtes phrases, ces réponses doivent être traitées comme des faits et ne sont que très rarement accompagnées d’explications. Bien que tous les éléments mentionnés soient d’égale importance, ils sont aussi tous d’ordre technique et aucun n’aborde les interactions humaines. De plus, mis à part les mentions à propos des fenêtres et de la vue sur l’extérieur, les interactions entre humains et les éléments de la nature ne sont pas énoncées et ne semblent pas être une priorité.

Ainsi, suivant la même façon de penser, les modifications proposées par les participants dans le questionnairepréliminaire sont aussi d’ordre «pratique et utile». La question G du questionnaire, demandant quels seraient les trois changements les plus importants à apporter à la cuisine, a reçu en général les réponses suivantes :

- la réactualisation du style de la cuisine, - l’optimisation ou la réorganisation de l’espace

- et l’amélioration des fenêtres, soit par le changement d’habillement ou par leur agrandissement.

Encore une fois, le caractère vivant de la pièce, dû au niveau des interactions sociales ou à la présence d’éléments naturels, ne semble pas encore figurer en tant que priorité. Une seule participante, la mère de famille du ménage III, a mentionné les interactions entre les occupants de la demeure dans sa première réponse à la question G : «1. Changer le bar pour plus d’interactions avec les enfants et plus de fonctionnalités.» [Annexe VII, Ménage III, E.C.].

En résumé, grâce au questionnairepréliminaire, il est possible de constater que les réflexions des participants se sont alors arrêtées aux nombreux soucis techniques d’un lieu complexe comme la cuisine. À ce moment du processus, les participants ne perçoivent pas encore comment le lieu peut devenir un vecteur d’interactions et d’échanges dans la demeure.

traduction complète du pattern 139—cuisinedeferme, puis du recueildepatterns regroupant de façon très synthétique 15 patterns particulièrement importants pour les cuisines [Annexe I]. Les participants avaient de une semaine à une semaine et demie avant la deuxième rencontre afin de rendre compte des documents en les lisant et en les annotant. Ainsi, ils ont pu être exposés, à leur rythme, aux notions de patterns et aux diverses applications qu’ils pourraient en faire. Comme il était prévu que de petites interrogations subsisteraient chez les participants, un bref exposé d’environ une demi-heure préparé par la chercheure visait à mettre en mots et en images concrètes chacun des patterns. Une banque d’images illustrant chaque pattern a été présentée à tous les ménages [Annexe II]. Grâce à cette présentation des patterns, les questions ou les incompréhensions pouvaient être solutionnées. De plus, grâce à la multitude d’images présentées, les participants ont tous pu prendre conscience du caractère polyvalent des patterns. Cet accompagnement de la part de la chercheure a assuré un suivi spécialisé de chaque ménage. Ainsi, bien que certaines questions se soient répétées au fil des séances, chaque présentation a été différente, mais toujours jugée aussi utile par les participants.

La combinaison de textes et de discours rigoureux a permis d’éclaircer les participants sur les subtilités des patterns et de les encourager à utiliser la documentation afin d’exprimer leurs propres idées, sans toutefois les y contraindre. Ainsi, lorsque les participants ont dû verbaliser les idées qu’ils avaient incluses dans leur plans individuels ou de groupe, ils ont tout de suite adopté certains termes propres aux patterns pour faire référence aux changements apportés à l’espace. Par exemple, les mots ayant été identifiés avec la plus grande récurrence dans les discours de tous les participants sont les suivants :

Tableau II : Compilation des termes les plus récurrents dans le discours des participants

TERMES RÉCURRENCE DANS LES DISCOURS PATTERN(S) CORRESPONDANTS

«fenêtre» et

«lumineux» plusieurs fois par tous 128—180—ensoleillementbaievitrée intérieur

199—comptoirensoleillé

«table à manger» au moins une fois par tous 182—atmosphèrepourmanger

«différentes chaises»

ou type de sièges au moins une fois par tous 251—diverseschaises «espace ouvert» et

«centre» au moins une fois par 4 des 5 participants 129—airescommunesaucoeur «alcôves» plusieurs fois par 4 des 5 participants 179—alcôves

«couleurs chaudes» au moins une fois par 3 participants 250—couleurschaleureuses

«ornement» au moins une fois par 3 participants 249—ornements

«pattern» deux fois par une participante

Grâce au Tableau II, on note que les participants sont maintenant en mesure de joindre certains termes propres aux patterns à leur discours (par ex. : alcôve, ornement, pattern). Cet ajout fluide à leur discours démontre que les participants ont bien assimilé les notions globales qui leur ont été présentées. De plus, et, surtout, l’utilisation plus ou moins fréquente du vocabulaire issu des patterns souligne que les participants ont adopté ces concepts et ont travaillé de concert avec ces nouvelles notions en les jumelant à leurs propres réflexions. Ce vocabulaire vient contribuer à la richesse des idées produites par les participants durant les ateliers en plus de leurs discours suite aux ateliers.

Lors de la troisième étape, c’est-à-dire le questionnaire de retour sur les activités, on note encore une évolution dans la formulation des discours des participants. Le questionnaire, composé de cinq questions, devait être rempli par le porte-parole de chaque ménage et envoyé par courriel dans les deux semaines suivant la rencontre des ateliers participatifs. En survolant les textes que les participants ont écrits, on remarque que l’écart dans le développement des réponses fournies par rapport au questionnaire préliminaire est impressionnant. Même deux semaines après les ateliers, les termes associés aux patterns et les patterns eux-mêmes sont restés ancrés dans la pensée des participants. Les justifications offertes par les participants démontrent

avancées. Durant les pauses entre les trois étapes, les participants ont pu continuer à songer à leurs choix d’aménagement, leur permettant ainsi de renforcer leur justification. L’enrichissement de leur vocabulaire permet aussi d’avancer que la complexification de leur réflexion a permis aux participants d’avoir une compréhension plus adéquate de l’impact réel des patterns dans leurs interactions quotidiennes. Les participants étaient alors plus conscients de l’importance des choix réfléchis et adaptés. Par exemple, comparons les descriptions d’éléments ajoutés à l’espace lors de l’atelier avec la description de ce même élément d’aménagement dans le questionnairede retoursurlesactivités :

Tableau III : Exemple comparatif de l’évolution des discours des participants

M.T., MÉNAGE I La participante parle de l’aire commune guidée par l’application du